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pendant trois mois par Sois toi

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Bien sûr, il l’avait quelquefois trompée, il s’emportait souvent en réponse à une question anodine qu’elle posait, et surtout, elle ne l’émouvait pas, ses demandes d’amour l’excédaient même , pensait Rocky en se rasant. Et quand elle pleurait, il claquait la porte. Elle supportait tout, en supposant qu’elle vivait une grande passion. Une passion dévorante, déchirante. Et déchirée, oui, elle l’était, mais consentante aussi. Car il savait, en prenant son temps, l’attirer de nouveau, la subjuguer et la laisser folle de lui. Il la prenait très doucement dans ses bras et sans prendre au sérieux son chagrin bafoué, il l’appelait sa biche en lui susurrant à l’oreille qu’elle était sa beauté à lui, avec le génie de l’enfance, celui des douleurs et des pudeurs, et qu’il voulait qu’elle soit à lui entière et offerte. Elle s’offrait alors avec élan et il jouait sur ses sentiments comme si elle était un violon. Quand il voyait qu’il était allé trop loin, il lui vrillait dans la tête combien il l’adorait, il lui chantonnait à l’oreille ce qu’il ferait pour elle, il lui murmurait des mélopées d’amour enchanteresses, il la regardait de ses yeux noirs où il ajoutait du velours. Elle était son violon. Il tirait d’elle les notes qu’il voulait : graves dans le don de soi, aigues quand elle devait accepter ses conditions, légères quand elle se sentait convoitée par lui. Peu après, cependant, Rocky partit. Il avait besoin d’aventure. Il partit sans rien expliquer, un beau matin. Dans le silence de sa maison désertée, Lina écrivit une lettre : « Un an après, j’y pense encore : je n’avais rien compris, je m’en voulais, je t’en voulais, je n’avais rien vu venir, et toutes les suppositions me venaient l’une après l’autre, pour expliquer une rupture en forme de répudiation, un couperet qui mit fin à trois mois qui auraient dû durer encore, et qui se termina, au petit déjeuner, alors que nous venions de faire l’amour. Toutes les suppositions me montaient à la tête, pour faire cesser cette torture de la solitude imposée. Tu avais vu mes rides, tu avais entendu un bruit, tu m’avais trouvée banale après tout, un je ne sais quoi t’inspirait de la répugnance, tu avais honte de moi. Tu avais peur. ? Peur de me sentir trop attachée à toi ? Peur de t’attacher à ton tour ? Je supposais tout, je supputais les probabilités, mon esprit retournait mille fois au moment où tu m’avais dit « je préfère être seul, c’est tout » Ces suppositions ne m’aidaient pas, elles ne faisaient qu’attiser la souffrance dans mon corps, et je retournais inévitablement, après errance de la pensée, à la case départ : je n’avais rien compris. Comprends-t-on la mort ? Non, eh bien , c’est un peu ça que je vivais, une incapacité à comprendre, incapacité qui fait souffrir. Voilà la raison de mon tourment. » Lui, malgré ses jeux de séduction, n’avait cessé de reculer depuis qu’il la connaissait. L’adulation qu’elle lui portait se répandait comme une flaque autour d’elle et creusait une distance chaque jour plus grande entre eux. Il lui devenait insupportable qu’elle ne s’en aperçut pas. L’inconscience de cette femme qui croyait vivre un roman l’agaçait. Mais plus encore, elle lui révélait son incapacité à lui de s’attendrir et il ne pouvait le lui pardonner. La patience angélique de Lina s’étalait comme un miroir où se reflétait le caractère violent qui faisait déjà pleurer la mère de Rocky. Son cœur de pierre, qui ne bat ni ne s’émeut. Elle continua sa lettre : »Je sais que je ne te verrai sans doute jamais plus, mais il reste cet amour que décidément je ne parviens pas à oublier, et qui continue, étrangement, à me remplir. Je t’imagine, ayant fait l’amour avec plusieurs autres femmes, m’ayant oubliée depuis longtemps, n’y pensant plus depuis le jour même où tu m’as quittée, et je suis là, à repenser à des mots que je ne parviens pas à effacer, et à la dimension que la terre avait prise puisque tu m’aimais. Le monde se colorait dès le matin, je jubilais, je t’écoutais, j’étais heureuse, l’amour recouvrait d’un voile rose les choses et les gens. Je me sentais au centre de l’univers, je me sentais une reine, je me sentais tienne. Je partais en flammes me promener le long de la plage, d’un pas planant et le sourire sur le visage. Le corps en feu, je marchais le long du bleu, et la splendeur de la nature manifestaient au dehors ce que j’éprouvais au-dedans. Tu croirais que je suis folle si tu lisais cette lettre. Que je ne t’enverrai pas. » Cette histoire avait laissé Rocky perplexe, et il se tenait pour responsable de sa froideur. Il en comprenait maintenant, après tant de mois, le pourquoi : il avait brisé un faux miroir. Peut-être n’ai-je pas changé, pas trahi, pas abandonné, se disait-il . J’ai seulement stoppé une relation minée par un chantage souterrain. Lina avait rêvé une histoire parfaite mais n’avait pas vraiment vu l’objet de son amour. Elle avait essayé à force de chantage de l’englober dans un point de vue affectif centré sur elle : « aimes-moi, mais à la condition que tu acceptes que ma mère m’envahisse » Il en avait vraiment assez d’être quatre à faire l'amour dans un même lit. Il s’enfuit de cette guêpière le premier. Il alla surfer avec les crocodiles.

Un permis … 4 points ! par Taupa_z

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Comme probablement quelques-uns ici, je me suis plié à l’exercice d’un stage de sensibilisation à la sécurité routière, vulgairement appelé stage de récupération de 4 points de permis. Tout ça parce que j’ai très régulièrement perdu un point à cause d’un léger excès de vitesse verbalisable. Comme je suis légaliste, je ne râle ni ne conteste. J’ai dû perdre en tout 8 points, deux m’ont été restitués, j’en attends un troisième si tout va bien. Mais j’ai compris qu’avec seulement 6 points au compteur, je n’étais à l’abri de rien, et surtout pas d’une annulation brutale du permis qui m’handicaperait certainement. Ce que je n’avais pas bien compris est que si on perdait à nouveau un point moins de six mois (ou un an) après en avoir perdu un autre, ce point était au mieux restituable dans un délai de 2 (ou 3 ans) et au pire 10 ans plus tard si le compteur n’a jamais eu l’occasion de passer par la case zéro dans l’intervalle. C’était ma première découverte. Je dois dire que je n’ai commencé à faire des excès de vitesse qu’avec l’apparition des radars automatiques, je n’avais jamais été verbalisé pour ce motif, ni pour d’autres, auparavant. En statistique, on appelle ça « une dérive » ... Donc en route pour le confessionnal. Et j’ai passé deux jours très intéressants, sur bien des points. Tout d’abord, au plan humain. Vingt candidats au repêchage, entre 24 et 70 ans. Motifs : alcool, cannabis, refus d’obtempérer, feux rouge, mais le plus souvent excès de vitesse, léger dans la plupart des cas. Trois éléments caractéristiques de conducteurs qu’on n’a pas envie de croiser sur sa route. Le jeune accro au cannabis, 24 ans, chauffeur-livreur dont le patron flirte en permanence avec la correctionnelle pour son mépris du code du travail. Il se définit comme un « cas social », entendez un asocial qui a déjà perdu deux fois le permis pour conduite sous l’emprise de substance illicite. Et qui n’est pas prêt de s’amender. On se disait entre nous que seule la prison lui permettrait de rester vivant pour fêter sont trentième anniversaire. Un autre, 38 ans, dont 20 de conduite, toujours à la limite. Totalement « border line », considérant que les feux rouges, les stops et les limitations de vitesses ne sont là que pour l’empêcher de faire son travail la semaine. Mieux : les panneaux « poussent » à son arrivée ! Paradoxalement, le week-end, quand il se déplace avec sa femme et ses deux gamines, il est impératif que les autres ne mettent pas sa vie en danger, et donc qu’ils respectent le code de la route. Un dernier, entrepreneur individuel de 40 ans dans le photovoltaïque. Il fait environ 3.000 KM par semaine pour voir ses clients et suivre ses chantiers. Il travaille beaucoup pour gagner beaucoup. Et comme il n’est pas payé pour conduire, sa voiture est son bureau. Pas d’alcool, pas de fumette, il conduit très bien et les limitations de vitesse ne sont pas faites pour lui, ni les stop d’ailleurs. Pour résumer deux jours de contestation permanente, il faudrait faire un code de la route spécial pour lui, ou alors lui consentir le statut de véhicule prioritaire, avec deux tons et guirlande sur le toit. En retour, deux exemples exemplaires. Deux jeunes de 27 ans avaient perdu des points pour conduite en état d’ivresse ; l’un des deux avait même aggravé son cas par un refus d’obtempérer, il n’avait pas vu qu’on lui faisait signe de s’arrêter. L’un a arrêté de boire, l’autre de conduire ! Au plan technique ensuite. Là aussi, riches journées. En particulier et en vrac : la durée du feu orange est de 3 secondes. Elle sert à vider le carrefour. Donc inutile de se précipiter à cette couleur, s’arrêter, c'est tout indiqué. Ensuite, la vitesse maximale de collision sans gravité pour une personne physique est égale à 30 km/h. Au-delà, « Allo maman bobo ». Mieux : les limitations de vitesse sont liées à l’angle du champ visuel et de l’état des routes. Ainsi, la limitation de vitesse à 130 KM/H (120 en Suisse) n’est en rien le résultat d’une décision arbitraire, mais de savantes études sur nos capacités de réactions en fonction de la vitesse, du temps de perception d’un obstacle, de la compréhension d'une situation "impossible a priori", ... C’est ainsi qu’on peut avoir sur un parcours donnée des changements de vitesse maximale de 110 à 90 km/h, puis 110 à nouveau sur une double voie périurbaine, ou bien sur autoroute, des réductions temporaires de 130 à 110, voire 90 km/h. La raison en est la limitation du champ de vision (réduction du nombre de voies, virages, croisements autoroutiers, ...) qui rend excessive la vitesse habituelle. La preuve ? En Allemagne, certaines voies sont sans limitation de vitesse. En fait, elles sont conseillées à 130 KM/H, libre aux conducteurs de s’adapter aux conditions de sécurité. Mais les compagnies d’assurance ont prévu dans les contrats d’assurance automobile qu’en cas d’accident responsable, s’il était avéré que la vitesse du véhicule était inappropriée aux conditions de circulation et supérieure à la vitesse conseillée, soit 130 KM/H, certaines garanties ne seraient pas appliquées ! Enfin, the last but not the least, un petit exercice pour vérifier que les lieux et moments de surveillance par la maréchaussée sont précisément ceux où les accidents sont statistiquement le plus souvent mortels, à savoir : en plein jour, par beau temps, sur des voies larges, droites et parfaitement entretenues, à plat ou en descente. C’est d’une logique imparable ! Pour conclure, n’oublions jamais : « Au volant, la vue, c’est la vie » et « Méfiance, le champignon de la voiture peut être mortel». Bonne route ! 06710/2012

Un nuage par Abicyclette

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Il existe en ce moment quelque part dans notre atmosphère un nuage parfaitement sphérique. Il réalise l’expression achevée des infinies configurations possibles de gouttelettes givrées. Nous pourrions dire de lui qu’il est un animal fabuleux, une curiosité pensable, au même titre que le sphinx, la licorne, l’antilope à 6 pattes. Pour le peuple des nuages qui n’a que faire de nos avis il est la forme des formes, la monade des monades. Certains visent secrètement à conquérir sa perfection mais beaucoup finissent par y renoncer, éclatant de colère ou pleurant leur chagrin. Nombre païens, sachant que leur existence ne durera que le temps de brefs émois, l’oublient. Ils jouent à exhiber leurs rondeurs, dansent l’éphémère, s’agglomèrent, à la va-que-je-te-pousse. Quelques imperturbables stoïciens se déplacent à vitesse constante, processionnant en majesté, par glissade continue. Pourtant, pour chacun, le reflet de son existence est enclos dans chacune de ses perles glacées. Mais pour nous, simples observateurs terrestres, ils sont tous pareils aux dieux ; leur rythme ne concerne ni la trépidation des machines ni les battements des cœurs. C’est la fin du temps…

La gym du dimanche matin par NapoleonIV

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Entendre le tube de mascara rouler alors que l'on se brosse les dents consciencieusement. Saisir à l'impact final qu'il s'est coincé pile-poil derrière la machine à laver, comme pour faire exprès. Sortir un « merde » la bouche pleine de mousse de dentifrice afin de mieux pourrir le miroir. Constater, la bouche une fois rincée, que ce petit salaud de tube de mascara est hors d'atteinte. Tirer en ahanant la grosse Bertha à laver et se jurer qu'on se trouvera un Musclor avant l'hiver. Escalader la baignoire et s'accroupir en s'accrochant, comme il se doit, le genou nu sur le robinet. Serrer les dents en silence par respect pour les voisins et tendre le bras en vain. Maudire sa mère qui ne vous a accordé que 162 ridicules centimètres et des bras proportionnés à votre petitesse. Aller dans la cuisine chercher sa meilleure amie, la spatule Tefal, qui palliera aux centimètres manquants. Grimper à nouveau dans la baignoire et déclencher cette fois-ci le robinet qui en profite pour arroser généreusement d'eau glacée les cuisses, jambes et pieds. Tendre la spatule et constater que celle que vous croyiez votre alliée, s'amuse à faire rouler le tube sous la Bertha afin de vous compliquer davantage la tâche. S'imaginer que vos objets du quotidien se sont ligués contre vous ce matin mais ne pas en saisir la raison. Se pencher encore plus et se coincer la tête entre le carrelage poussiéreux et les tuyaux de la Bertha. Fermer les yeux et pester contre ce refrain de Baden Baden qui vous assure que la descente est douce. Se donner pas si peu contrairement à ces types, tirer la langue, jurer, souffler, éructer, suer, bouillir pour finalement avoir gain de cause. Se faire des yeux de biche du coup même si le dimanche, c'est le jour « sans » d'habitude, histoire de reposer la peau et les yeux fatigués du labeur de la semaine et des excès du week end. Se hurler mentalement toujours par respect des voisins « Allez hop, trois couches pour la peine, c'est qui la boss ? » Faire sa belle pour aller à la boulangerie en bas où le public possède comme droit d'entrée une carte Vermeille déjà bien écornée. Croquer, pour se consoler, un quignon de baguette chaude et filer chez soi déguster un café. Choisir un disque qui vous réconciliera avec la vie et vous fera oublier illico vos déboires matinaux. Tiens, le dernier Baden Baden justement ... Tes douleurs sont mes couleurs Je sens les coups à l'avance Je ferme les yeux Je dors si peu http://www.deezer.com/album/5742621

L'appel de l'au - delà... par THEO1890

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L'appel de l'au - delà ... Juillet se mourrait lentement, les rayons de l'astre timidement caressaient les volets descendus, dans la chambre l'heure était à une douce forme de quiétude, les bruits des escaliers en chêne se faisaient sourds, leurs craquements aigus ressemblaient à ces images entretenues pour parfaire et embellir ces films qui font frémir nos semblables.... J'étais , du monde extérieur ne me parvenaient que par bribes ces cris aigus d'enfants, mes semblables, ceux avec lesquels mes jouets n'avaient guère de raison d'exister, eux me dévisageaient tel cet apatride aux mille facettes, aux mille images d'un passé jamais révolu et dont l'unique espoir en la résurrection de mon aïeul était la force qui me reliait encore à ce monde vulnérable, quémandeur de jouissances inassouvies, indigestes, mal entretenues, viles , là à espérer en cette ultime étape de vérité , étape de beauté indicible... J'étais , l'enfant qui donnait toujours et encore la main à cet homme, celui qui l'avait si souvent guidé sur les traces d'une vie, riches en rebondissements, en épreuves diverses, celles de ces tranchées lors de toutes les campagnes de la Grande Guerre, mais aussi celles d'un retour sur ses terres d'Europe Centrale, la boue encore nouée comme un cadenas à ses brodequins, les guenilles d'un jour étant celles de la débâcle , drôle de marche forcée après tant d'épreuves endurées et toujours épargné par ces tirs dispersés et disparates de l'équipe d'en face, ces gars venus du pays Basque, de Bretagne et de bien d'autres contrées de l'hexagone, qui en voulaient, pour certains, et qui aiguisaient leur rancoeur à l'aune de leurs verbiages incompréhensibles, de leurs mensonges si bien entretenus, de leurs vindictes populaires si bien formulées, de leurs fadaises de jeunes , et qui, aujourd'hui emplissent ces lieux de quiétude dans une forme d'indifférence générale... à l'arrière on s'amusait , les jeux frivoles et les cabarets et autres endroits de débauches ne désemplissaient point... tout était à l'image de cet automne agonisant, la beauté des belles caressaient encore et toujours le comportement de ces semblables bedonnants et imbus de leur savoir ou de leurs avoirs...... Le retour vers ces lieux, vers cette terre où il a , comme d'autres , souffert de l'indifférence générale, le ramena encore plus bas dans ces galeries , aujourd'hui abandonnées, mais où hier la sueur coulait lorsque de ses mains adroites et âpres au combat, il frappait la roche , la pierre, pour en extraire cette houille ... là encore, son courage , sa force l'épargnèrent de bien des avatars et autres désagréments... La justice et la bonté furent sa raison d'être , ses sarments de vie il me les a transmis.. J'étais là, l'enfant, le confident, lui mon maître à penser, mon mentor, que sais -je d'autres, lui qui me guida si souvent sur les traces de la vérité, et m'enseigna l'histoire, les auteurs qui l'imprégnaient avec une sagesse constante, développa en moi la force, le combat, la constance dans la poursuite des choses bien faites, bien ciselées, bien posées, si bien qu'à l'aune de mes premières classes, ne parlant toujours pas la langue de François 1er, mais bien celles de Goethe, de Copernic, de Charlemagne, je m'envolais assuré de sa présence pour acquérir humblement le savoir de savoir, l'azur de l'azur de la vie , la connaissance de moi -même au travers de ces limbes de vie... Oh, qu'il est dur de s'en aller , de laisser choir les siens, de partir en toute simplicité, par la faute d'autrui, personne de science mais dont la science s'est avérée insipide, inexacte , dont l'esprit décisionnel fut trop tardif ... laisser partir vers l'au - delà alors qu'une simple étincelle aurait permis à ce mois de juillet de ne point sombrer dans une quête jamais achevée, Saint Ignace le rappela et les cieux s'ouvrèrent... Aujourd'hui , demain, à jamais ces jours resteront gravés comme autant de prémices de vie, ces moments sont autant d'instants d'éternité...

DIX, CENT, MILLE par Naphtalinne

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Le gars, l'était un brin fainéant. Bien brave, toujours gouleyant, bon mari, bon voisin, bon fidèle, mais un brin fainéant ! Préférait jeter ses lignes dans l'eau plutôt que labourer, préférait faire la sieste plutôt que semer, préférait compérer plutôt que faucher ou descendre un coup plutôt que récolter. … Préférait la bonne vie plutôt que s'échiner !!! Quand la bonne femme lui demanda ce matin où il se rendait, il répondit - Ben, travailler au champ pardi ! Évidemment qu'il n'y allait pas, qu'il n'avait nullement l'intention d'y aller, vous l'avez compris. Mais quand la bonne femme glissa dans sa besace une de ces bouteilles du vin du Bordec, le coteau d'en face, il partit, bien brave, bon mari, en direction de son champ ! Des semaines, des mois qu'il n'y avait pas travaillé ! Vous imaginez l'herbe haute, la ronce sauvage … Alors, le gars s'assit là, déboucha la bouteille et s'en avala une lampée... – Nous sommes 10, nous sommes 100, nous sommes 1000, pouvons bonne fortune t'apporter tant et tant ! Dix petites voix aiguës, dix petits korrigans velus qui dansaient, là, dans le champ ! Et hop hop hop, vingt petits bras à herser ! Et hop hop hop, en un rien de temps ... le champ fut hersé. Ce jour là, le gars lança ses lignes dans l'eau, fit la sieste, compéra et descendit un coup … avec plus de joie encore ! Et le lendemain, quand il retourna à son champ. - Nous sommes 10, nous sommes 100, nous sommes 1000, pouvons bonne fortune t'apporter tant et tant ! Cent petites voix aiguës, cent petits korrigans velus qui dansaient, là, dans le champ ! Et hop hop hop, deux cents petits bras à semer! Et hop hop hop, en un rien de temps ... le champ fut semé. Ce jour là, le gars lança ses lignes dans l'eau, fit la sieste, compéra et descendit un coup … avec plus de joie encore et encore! Et le surlendemain, quand il retourna à son champ. - Nous sommes 10, nous sommes 100, nous sommes 1000, pouvons bonne fortune t'apporter tant et tant ! Mille petites voix aiguës, mille petits korrigans velus qui dansaient, là, dans le champ ! Et hop hop hop, deux mille petits bras à faucher! Et hop hop hop, en un rien de temps ... le champ fut fauché. Ce jour là, le gars lança ses lignes … Et le lendemain quand il alla à son champ. … le lendemain ? Et bien le lendemain, pas de petites voix aiguës, pas de petits korrigans velus à danser, là, dans le champ ! Rien, plus rien qu'un champ d'herbes hautes et de ronces sauvages ! Me croirez, me croirez pas que je vous raconterai que le ventre de la bonne femme s'arrondit, grossit, forcit et que, onze mois plus tard, oui, onze mois plus tard, dix, cent, mille mouflets et mouflettes en sortirent. Assez pour satisfaire l'instinct maternel de la bonne femme, assez pour respecter l'instinct fainéant du gars ! Cette histoire qui est de vérité vraie ne possède aucune morale, unique, multiple ou obscure ! Non puisque, je vous le dis, c'est une histoire vraie !

Chipie n'aime pas les voyages par Capucine7434

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Il nous arrive de temps en temps de quitter le Sud pour rejoindre nos montagnes natales... Marie-Thé, ma voisine se propose bien de venir ouvrir et fermer la chatière, regarnir le distributeur de croquettes et mettre de l'eau fraîche pour Chipie. mais Julio n'envisage pas de laisser la minouche seule pendant la dizaine de jours prévue... Cette chatte c'est son centre du monde, elle le manipule à sa convenance pour obtenir un apéricube, une miette de jambon, ou autre friandise qu'elle quémande tout au long de la journée dès qu'il se rend à la cuisine... Lorsque nous devons partir, nous mettons en place toute une stratégie pour ne pas la stresser. Ainsi, je me cache pour faire les valises, et nous évitons de laisser trainer quelque chose qui pourrait lui mettre la puce à l'oreille,... (malgré son traitement anti-puce chaque mois) car la mâtine nous observe à notre insu. Rien ne lui échappe, le moindre petit changement dans notre rythme de vie, une valise dans un coin de la chambre, un sac de voyage qui n'est pas là d'habitude, à croire qu'elle sait quand les choses ne sont pas à leur place... Lors de notre dernier départ, tout avait l'air de bien se passer... La veille, Julio avait chargé les bagages dans le coffre de la voiture pendant qu'elle était au jardin... Le jour du départ, elle est allée faire son tour au jardin pendant que nous prenions notre petit déjeuner, puis sentant une certaine agitation par les allées et venues de Julio au garage et dans la voiture, la belle s'est éclipsée au grenier au-dessus du garage pour se planquer derrière les cartons... Comme nous avions décidé de partir quand nous serions prêts, mais sans nous presser, Chipie a dû penser à une fausse alerte et quand Julio est allé l’appâter avec la bombe de Chantilly,... son péché mignon,... mise en confiance, Julio l'a attrapée et mise dans sa cage de voyage. Et tranquillement nous avons pu prendre la route... Pour le retour, les choses ont pris une autre dimension... Bien sur, elle a ses habitudes et ses marques aussi dans l'appartement, accès au balcon et à la véranda, mais son endroit favori, c'est un tapis moelleux sur le radiateur, au bas de la baie vitrée d'où elle voit tout ce qui se passe dans la rue... Comme à l'aller, les valises et sacs avaient été préparés dans la discrétion, mais comme la voiture était garée sur le parking, pas question de la charger le soir, aussi le matin, les allées et venues de Julio avec les bagages n'ont pas échappées à notre Chipie qui n'a rien trouvé de mieux que de s'enfiler sous mon lit entre deux bacs de vêtements... Julio et mon fils, à plat ventre sur la moquette pour essayer de récupérer la chatte... qui n'avait pas l'intention de se laisser attraper,... qui crachait sa colère, les yeux qui lui sortaient de la tête, prête à mordre celui qui oserait l'affronter... Enfin, elle s'est enfuie dans le séjour, se glissant sous le living, puis allant se cacher derrière le fauteuil adossé au mur. Nous avions fermé les portes des chambres, de la cuisine et de la véranda... Seule la porte de la salle de bains allumée était ouverte... En remuant le fauteuil, nous avons vu bondir, je dirais même voler, la minouche hérissée de la tête au bout de queue, comme si elle avait doublée de volume, les yeux exorbités, qui s'est réfugiée d'un bond sur le lavabo... Julio n'a plus eu qu'a enfermer dans sa cage la pauvre Chipie acculée... Après cette demi-heure de rodéo, nous avons enfin pu rejoindre le Sud... Décidément Chipie n'aime pas les voyages... Capucine7434 13/12/2012

grande semaine de braderie par Chou-darcy

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"Bonjour mesdames, bonjour messieurs, Excusez moi de vous déranger, je ne vous prendrai pas beaucoup de votre temps. Je ne demande pas votre pitié, je ne demande pas votre amitié, je réclame seulement un peu de votre attention..." Voila comment il commençait son speech. Cet abruti rougeoyant dans la lumière naissante de cette journée de Septembre. Sa couperose de cinquantenaire excessif en prenait presqu'un aspect cuivré. Il s'accrochait à la barre verticale, juste derrière le chauffeur du bus 6 qui menait ses auditeurs vers leur destin laborieux de la proche banlieue de babylone-sur-styx. Son ton larmoyant par moment, résonnait aussi comme une cloche rurale, un tocsin, puis comme les grognements d'un chien de garde, des aboiements ; en professionnel confirmé du discours culpabilisateur, il jouait de son organe puissant et souple comme le réalisateur contraint la vision des spectateurs, par des effets de champ, contre-champ, il manipulait les émotions par traits successifs. Si bien que les sentiments des pauvres passagers impuissants se trouvaient amenés sur des terrains glissants, où leurs appuis rétifs dérapaient dans une gadoue glissante et collante. Mème ce couple d'age mùr, chez les personnes aisés d'aujourd'hui, il semble qu'on ne vieillisse plus jusqu'au seuil de la mort, ne semblait pas savoir comment retenir ses tripes de tirailler, malgré un entrainement lustral, un polissage de carrosserie maintes fois affiné. Son propos ne laissait pas percevoir tout de suite là où il voulait en venir. Il racontait une histoire de vie "normale". La maison qu'il avait construite pour y accueillir sa famille, sur les ruines d'une vieille ferme dont il avait agrémenté la rusticité de tous les conforts modernes au fur et à mesure de leurs apparitions, puis éliminé les obsolescences. Le "foyer chatoyant de la modernité" disait-il. La vie professionnelle, sa "ci-devant carrière", partant d'une paresse scolaire, à une vénalité industrieuse d'artisan maquignon, puis retour, la faillite n'étant que le signal de départ d'une descente, lente et déchirante. Ses amours compliquées ou simples, sa sexualité de tacheron, puis insincère et de plus en plus raffinée, le tourisme finalement honteux. Tout y passait. Jusqu'à sa prière aux pieds de sa fille, l'imploration d'un pardon, pour ne pas sombrer dans l'oubli. Quand il en fut à l'évocation de sa vie intérieure, certains passagers avaient laché son fil de discours et se ployaient vers leurs ventres, leurs genoux. Mais d'autres continuaient de le regarder, leurs paupières infèrieures semblaient vouloir descendre vers le milieu de leurs joues, et leurs épaules s'enrouler sur leurs torses. L'abruti n'était plus rougeoyant, il n'était plus que gris et diaphane, sa personne semblait se vider de tout caractère propre, son souffle s'altèrant, s'adoucissant. Ce n'était plus qu'une voix de brise dans les feuilles des peupliers bordant une voie romaine au printemps qui racontait encore ses joies d'enfants, et tous les moments de douceur et d'émerveillements, toutes le choses qu'il avait nié. Timidement brandies tentaient aussi les peurs et les angoisses de se dresser au dessus de sa tête. Elles dessinaient des nuages grisâtres Mais ce n'était plus que pour être balayées par des yeux d'une douceur retrouvée, grand ouverts, les traces des brulures effacées par un murmure s'estompaient insensiblement. Enfin le chauffeur annonça son arrêt. Stoppa le bus, ouvrit l'unique porte avant. Puis il se mit debout et empoigna la pelure du Compteur par le col, étrangement tout vint, et tout fut jeté en dehors de bus, dans un nuage de poussière aux reflets bleutés, ocres, et cuivrés. Une fois la porte refermée, il se tourna vers les passagers restants. Il plongea la main dans sa poche de poitrine. Lorsqu'il la retira elle tenait un ticket de bus. Il ferma les yeux avant de le lancer dans le bus, le ticket tournoya, voleta, et aterri sur les genoux d'un homme de 75 ans à peu prés, "mais encore trés vert". Celui-ci le contempla, sans bouger, tétanisé. Le chauffeur n'attendit pas plus longtemps, laissa les passagers entre eux décidé de qui auraient le droit de payer son ticket, et de descendre du bus.

Hommage au Cercle par Pomi1912

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Faut il avoir une foi? Alors j'en ai une ! Dois je croire en un destin ? Alors ce destin est mien ! C'était notre serment. Nous étions un cercle uni, soudé. Nous avions reproduit Le Cercle, celui des poètes disparus. Chacun d'entre nous avait été touché par le film. L'un par le professeur, l'autre par les poèmes, l'un encore par la charmante demoiselle... Mais nous avions tous une raison d'être ici. Nous nous inventions des avenirs plein de promesses, des moments de gloire, des études, de l'argent... Il était tard, nous étions en plein forêt à revivre notre vie d'ados et vivre notre future vie d'adultes ! Bien des années après, par hasard, je me suis retrouvé au même endroit. Je pensais que ce coin du bois avait été détruit pour en faire une route, un lotissement, que sais-je encore... Mais non. Il était presque comme je l'avais quitté. Bien sûr la végétation avait évolué avec le temps. La magie, pourtant, elle, n'a pas bougé. Je l'ai senti de suite en franchissant un dernier buisson. J'ai reconnu la clairière et j'ai entendu nos voix d'enfants. J'ai reconnu l'arbre sur lequel, chacun notre tour, nous avions écrit le prénom de l'un d'entre nous en signe de fraternité. J'ai aussi reconnu l'arbre contre lequel j'ai éprouvé mon premier frisson, contre lequel j'ai embrassé pour la première fois une fille. C'est fou comme le hasard ou le destin est joueur. J'avais, dans ce cercle d'initié, la mission de déclamer les poèmes. Parfois, il m'arrivait de m'essayer péniblement à en écrire un. En tout cas, j'apprenais à coup sûr à aimer les mots. Cette ambiance particulière, ce secret qui nous habitait m'a donné une grande perception du poids des émotions et des mots qui les décrivent. Les lampes que chacun apportait représentaient les feux de joie de se retrouver ainsi dans notre antre. Nous étions un univers à nous seuls et parfois pour célébrer une occasion particulière l'un d'entre nous venait avec une bouteille d'alcool !! Oui le mot est lâché ! De l'alcool circulait parmi nous... Généralement, c'était une canette de bière à partager en cinq. Seul le goût nous donnait un air adulte car nous attendions tous la sensation de la beuverie que les grands décrivaient mais qui chez nous n'arrivait jamais... et pour cause. Aujourd'hui, je reviens ici avec sous le bras mon dernier ouvrage. Finalement, ce ballet des mots a provoqué en moi une passion de l'écriture. Balbutier comme je le faisais alors avec mes vers innocents aurait pu me lasser ou pire me dégoûter. Au fond de moi, plutôt, le virus a germé. Les lignes se sont mises à danser dans ma tête avec le temps, insidieusement. Nous nous sommes apprivoisés à mesure que je grandissais. Elles m'ont paru de plus en plus familières et bientôt amicales. Elles sont même devenues mes meilleures défenderesses quant il s'est agi de rencontrer des femmes. Je n'ai jamais été très à l'aise avec le genre féminin dès lors qu'il s'agissait de l'affronter en face à face. Ce type de duel, je le perdais à chaque fois. Les autres parlaient plus haut, plus fort, se pavanaient. Moi, je ne pouvais que baragouiner au mieux. Mais dès lors que je pouvais débuter une rencontre par un mot, une lettre, un poème, le monde s'ouvrait à moi. Je pouvais leur dire qui j'étais réellement, quel être se cachait derrière cette gêne, cette gaucherie. C'est comme cela que j'ai trouvé celle qui allait devenir ma femme... Hum ! Que c'est bon d'être ici, seul. Lorsque je ferme les yeux, je revois tous les visages, les uns après les autres. Qu'êtes vous devenus ? Nous nous sommes égarés sur le chemin de la vie. L'un a déménagé très vite après notre cercle et les autres ont suivi leur voie. Nous avons échangé un moment mais le temps a fait son oeuvre ou peut-être les tracas du quotidien... Ils ont disparu mais à cet instant, ils sont bien présents. J'entends leur voix, je vois leur figure, leurs vêtements, leurs manies. Je sens un flot de jeunesse m'envahir avec des rires, des rêves, des chamailleries aussi. Je ne sais pas si l'un d'entre est jamais revenu ici avant moi. J'aimerai que les arbres autour, qui ont bien vieilli eux aussi, me parlent. Qu'ils me disent que je ne suis pas le seul à avoir une petite pointe de nostalgie, que ça leur manque. En tout cas, je ne vois aucune trace d'un passage. Aucun de nos bouts d'écorce n'a été sculpté récemment. Nos noms sont à peine visibles maintenant. Là encore le temps a passé. Je m'installe au centre. Avant, il y avait une souche qui a disparu maintenant. Je jette un regard circulaire à mon ancien théâtre de la vie. Que le décor était magnifique ! Je m'imprègne de l'odeur de sous-bois. Je photographie scrupuleusement avec mes yeux toute la scène en détail pour la graver dans ma mémoire. Je respire profondément pour trouver un calme serein... Petit, tu peux être fier de ce que tu es devenu. Tu as eu la foi et tu t'es créé un destin à la hauteur des rêves secrets qui t'habitaient. Un sourire se dessine sur mes lèvres. Je suis juste heureux de rendre hommage à mes camarades, mes inspirations. Et alors qu'une larme de bonheur coule sur ma joue, je me baisse pour creuser un trou dans le sol. Ce livre, sous mon bras, mon livre, s'est inspiré de notre histoire. Alors pour que ce lieu en garde la mémoire et en remerciement de tout ce que j'ai appris ici, je l'enterre... Je dois encore faire une dernière chose avant de partir. Je veux qu'ils sachent, si un jour ils reviennent, que je suis passé ici et que j'ai pensé à eux. Je m'approche de l'arbre qui nous était le plus cher et avec mon petit canif, comme avant, je grave mon message. « Mes amis du Cercle, ici, je suis passé et j'ai pensé à vous. Que votre vie soit belle comme elle l'est pour moi grâce à vous ! Signé M. »

Les centres par Peponide

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J’ai pris l’autocar de la ville aujourd’hui. Il le fallait. Direction le centre. Ligne 3 - Arrêt : Place de la Victoire. Rapidement, le bus s’est débondé. J’ai suivi le flux cadencé des passagers jusqu’à la sortie et nous nous sommes éparpillés dans cet espace urbain si ordonné. En réalité tous, sauf deux adolescents des beaux quartiers qui se sont arrêtés sur le quai, nous obligeant à les contourner, collés, embrassés, serrés qu’ils étaient... Ainsi déterminés à montrer fièrement au monde entier qu’ils étaient enfin arrivés à l’âge des baisers. Le but de leur sortie, c’était cela. La place de la Victoire leur suffira. Nous autres, qui n’avions rien à revendiquer, passions notre chemin, bien décidés à rejoindre le but que chacun s’était fixé. Le mien quel était-ce ? J’y repenserai plus tard, il suffit juste d’avoir l’air de savoir où je vais. Tout est dans l’attitude. Mon pas s’accélère à peine, pour l’instant je préfère rester dans le tempo. Je veux du mouvement, être bousculée légèrement, glaner ici ou là des fragments de conversations. Je me laisse porter par le courant. Tout ça finira bien par me mener quelque part... Très vite me voilà comblée, je suis prête à emprunter les voies dépeuplées, là où ne s’engouffrent la plupart du temps que le vent et les chats errants. Je pourrai ainsi dénombrer les portes d’accès, écouter résonner le claquement de mes souliers sur la chaussée bitumée. Et sans doute vais-je croiser un habitant du quartier, peut-être même deux... Qui sait ? Nos regards se croiseront, c’est inéluctable puisque nous serons seuls. Nous ne pourrons pas nous éviter. C’est inscrit. A cet instant, d'un imperceptible haussement de sourcils, nous nous reconnaitrons. Forte de ces rencontres interstitielles, je rebrousserai chemin et reprendrai l’autocar. Direction mon centre. Ligne 3 - Arrêt : L’Ermitage.

Compartiment C voiture 193 par Misty44

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Virginia loue toujours le compartiment pour elle seule. Elle aime par-dessus tout ces échappées, la nuit. D’abord au crépuscule avec ses teintes fauves et violacées, le train qui file, qui fuit, les pensées qui se diluent. Une illusion de fuite, quand son passé s’insinue. Mais ce sera bientôt fini… fini ! Dans l’enveloppe volumineuse reçue la veille, il y avait une lettre et puis des cahiers d’écolier. Il a fallu, avait-elle pensé, qu’elle fasse encore sa coquette avec ce papier cyniquement parfumé, pour lui annoncer qu’elle allait mettre fin à ses jours. Elle n’y avait pas cru, ce n’était pas la première fois. .. Et puis elle avait reçu ce matin l’annonce officielle. Virginia s’est habillé en noir, est-ce parce que cela sied à son teint de rousse ? Comme prise au jeu, des larmes lui échappent, elle croyait son chagrin parfaitement enfoui. Elle avait forgé sa vie solitaire à force de volonté, de fierté, de fureur. Surtout ne pas lui ressembler. Elle hait ces larmes, cette femme ne les mérite pas. Cela fait longtemps qu’elle s’est inventé une autre mère, parce que celle-là n’en a jamais été une, juste une femme qui l’a pondue entre deux amants. Comment oublier la pension, les dimanches à l’espérer en vain ? Elle déplie avec rage et dégoût la lettre qu’elle a roulée en boule, elle parcourt hâtivement l’écriture infantile et instable. « Je sais, ma chérie, que tu me pardonneras. Il ne faut pas m’en vouloir. Quand tu es née, j’étais trop jeune, tu comprends… J’ai toujours eu peur de vieillir. Avoir des amants me rassurait. Et puis lorsque tu es devenue une star, j’ai préféré rester dans l’ombre pour ne pas gêner ta carrière. Lis mon journal, peut-être me comprendras-tu mieux ? Maintenant je n’ai plus la force de lutter contre les rides et la solitude, alors… » Pardonner, et puis quoi encore ! Elle ne parle que d’elle….Ah ! « ses rides et sa solitude » !! A qui la faute ? La mort ne rattrape pas tout. Elle ne les lira pas ces cahiers. … Mais ils sont là, avec leur couverture qui luit dans la faible lumière du compartiment. Juste les entrouvrir pour passer le temps… Des photos, des commentaires, des pages couvertes de cette écriture changeante. Au milieu de tous ces lieux de villégiature, de maisons, de portraits d’hommes, de sa mère entourée d’amis, Virginia a la surprise de voir, à intervalles plus ou moins réguliers, des photos d’elle-même, soulignées de légendes écrites avec application. Photos d’elle bébé… (enfin elle suppose que c’est elle qui est dans ce landau photographié de loin – comment a-t-elle pu faire cela ?), d’elle à l’école, à l’université où elle avait eu le titre de miss Virginie en 1924, puis de ses premiers films, des coupures de journaux innombrables, des lettres que sa mère n’a jamais envoyées… Pourquoi ? Trop d’émotions la traversent, trop de questions, elle se sent mal. Elle étouffe dans ce compartiment fermé, elle voudrait descendre, ne pas aller là où elle se rendait pour enterrer une fois pour toutes ce lourd fardeau. Mais le train arrive bientôt à destination : Chesapeake. Elle prend un taxi vers sa maison natale. Elle a séché ses larmes, elle s’est blindée de toutes ses forces. Comme un automate, elle va accomplir les dernières volontés de sa mère, répandre ses cendres au bord de la baie de Virginia. Rétrospective Edward Hopper au Grand Palais du 10 octobre 2012 au 28 janvier 2013 http://secondechappee.wordpress.com/2011/10/03/compartiment-c-voiture-193/ http://www.chrysler.org/ajax/load-collection-item/28 ( New York pavements) http://www.artliste.com/edward-hopper/soleil-balcon-407.html http://www.metmuseum.org/toah/works-of-art/1974.356.25 (Coast Guard Station, Two Lights, Maine, 1927 http://architecturous.blogspot.fr/2010/04/summer-in-city-edward-hopper-no-date.html ( Summer in the city) http://www.math.univ-montp2.fr/~herzlich/divers/images/hopper.html (Summertime)

Points communs, points de croix, même combat ! par Lovelavie

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Commun ou point commun de se livrer sur Points Communs ? A quoi bon comparer ses points communs en sachant qu’ils ne servent à rien sur Points Communs ! Qui sur Points Communs tient compte des points communs ? Qu’en est-il de tous ces profils qui défilent Avec en commun des tas de points ? Les points communs, c’est comme les lieux communs, C’est trop banal pour tenter C’est trop commun pour attirer… Les points communs, c’est comme les points de croix, C’est long et monotone à la fois… Qu’est-ce qui pousse à ouvrir la porte d’un profil ? Un regard, un com, ou encore un pseudo subtil… Bref tout cela ne tient qu’à un fil ! Oui mais parfois quel beau fil ! Un grand merci à ce tisseur de fils qu’est PCC Et qui permet en lisant des coms de s’éclater … De suivre le fil de belles pensées Et de nouer ainsi de beaux émois... N’est-ce pas une belle finalité en soi(e) ?

Cette nuit j'enlève le bas et j'éteins la télé par Annaconte

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Minuit. Edition de la Nuit. Je n’aurais pas du. Je le sais. Ce n’étaient que douves profondes, forêts sombres, épaisses et sans issue Bosquets coupe-gorge, pas lourds, main assassine Eclats de voix, éclats d’obus Portes qui claquent, fenêtres et volets clos Verrous, obscurité, vengeance Couteaux, morsures, étranglement Rues sinistres et sinistrées Quartiers maudits Et bidon vides Pavés de trous et d’intentions Fumées obscènes et fumerolles Ecrous qu’on visse Cercueils qui grincent Bois vermoulu et manque d’eau Famines et guérilla Impôts, escrocs, désordre, chaos Foutoir foutraque Braderie Ruines, fissures, écoulements, sang, dévastation Un vol de corbeaux hideux au-dessus de la terre Piaillant et criant fonçait sur mes cheveux Un couteau acéré me déchirait la peau. Une hyène au fond hurlait à la Une. Et dans cet océan de turpitudes J’allais sombrer au fond. Cependant.......Il faut aussi le dire Cependant dans la nuit Il y a aussi des merveilles Des étoiles des rêves Des trains qui filent dans le noir Des cargos impassibles Un air de piano Un papillon doré Le tic-tac de l’horloge Un froissement de paupières Un enfant qui s’endort Un parfum de jasmin Des pays inconnus Des voyages immobiles Il y a, il y a aussi Des fleurs qui sortent de ton nez Du persil des oreilles Et des envies d’aimer ! Car dans la nuit il y a aussi Ta main alanguie et ta bouche Et tes yeux pleins de fièvre Et tes baisers velours Dans la nuit il y a toi Qui t’obstines A me ramener sur la rive Chaque matin et aussi chaque soir A me faire accoster à ta rade lumière et me hisser au trapèze du ciel !

L'absent en toute lettre par Cyn0484

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Demi-tour ! J'ai sur le front une ride qui t'appartient. J'ai dans un coin de l’œil une mémoire vive, J'ai dans le fond de la gorge un cri qui ne te rattrape pas, J'ai dans les jambes une course après toi qui ne pourra jamais s'élancer, Je sens parfois au creux de ma paume le picotement des orties que tu as empoignées. Rien ne m'appartient pourtant. Ta plume noire a tracé quelques notes : j'y love ton souvenir, brillant, pudique, ainsi fait, ainsi fini. Elle agrippe la feuille maculée, la froisse, la fait rouler entre ses dents et en fait une boule chaude. Papier mâché, papier passé et repassé. L'encre goutte et dégorge au fond de sa bouche. Et pourtant déjà, le sourire pointe, acéré mais sans plus d'amertume. Il faudra recommencer à chercher des mots.

Réponse à Cyn sur Demi Tour par NewPhoenix

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Bonjour, Je viens de m'inscrire sur ce site et j'y trouve des personnes et des choses sympas. Notamment les commentaires de certains membres qui vont, qui viennent, au gré des humeurs et des mots qu'ils ont dans le coeur. J'ai été touché par la prose de Cyn, qui semble sortie spontanément. Alors j'ai eu cette envie, irrésistible, de poser mes propres mots pour y faire écho. Vous avez beaucoup de style, miss Avril, et j'aime beaucoup. Voici donc la suite, en tour complet, qui reprend vos mots pour s'accorder avec les miens! Avec votre accord bien entendu...:) (c'est qu'il y a du copyright!:)) -------- Tour complet, J'ai sur le front une ride qui t'appartient. J'ai croisé ton regard sur un tout petit rien, J'ai dans un coin de l’œil une mémoire vive, J'ai pourtant perdu le souvenir de cette autre rive, J'ai dans le fond de la gorge un cri qui ne te rattrape pas, J'ai donné tant de sens aux couleurs de ma voix J'ai dans les jambes une course après toi qui ne pourra jamais s'élancer, J'ai dans les mains un coeur ouvert sur ton monde pour mieux te saluer Je sens parfois au creux de ma paume le picotement des orties que tu as empoignées. Je sens toujours sur ma joue une ride qui s'étire devant les maux que tu as soignés Rien ne m'appartient pourtant. Tout s'évapore dans le vent, Ta plume noire a tracé quelques notes : j'y love ton souvenir, brillant, pudique, ainsi fait, ainsi fini. La musique d'une page s'est envolée : J'y écoute ton avenir, exubérant, unique, le jour, la nuit. Elle agrippe la feuille maculée, la froisse, la fait rouler entre ses dents et en fait une boule chaude. Papier mâché, papier passé et repassé. Elle jete la branche assoiffée, la casse, la fait manger au feux de joie pour en sortir une émeraude Pierre animée, pierre allumée et rallumée, L'encre goutte et dégorge au fond de sa bouche. Les mots s'égouttent et inondent sa langue qui se couche, Et pourtant déjà, le sourire pointe, acéré mais sans plus d'amertume. Et déjà la fin d'une illusion, réalité d'un esprit qui s'assume, Il faudra recommencer à chercher des mots. Il faudra donner un sens à tout ce qui est beau. ----- Après avoir terminé et relu, j'ai souris par l'harmonie qui s'y dégage et je vous le présente en partage. J'ai eu plaisir à jouer sur ces mots et j'espère que vous aimerez,

Absences par Rivale

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Je constate depuis quelques temps des pertes de mémoire fréquentes : le pli que j'ai mis à la poste (je m'en suis souvenue ensuite). Le rendez-vous chez un médecin, prévu pour demain : j'y suis allée aujourd'hui. L'heure de mon cours de piano. Le spectacle auquel je vais vendredi. Une amie me dit que c'est grave, que je ne suis pas du tout concentrée. C'est vrai. Les prémisses de la maladie d'Alzheimer à mon âge? ... Un excès de souffrance depuis 2005 et avant. La douleur physique au quotidien (aujourd'hui, je n'ai aucune douleur), les deuils, la ménopause, les mauvaises nouvelles, mon tempérament à broyer du noir, mes problèmes au travail avec la menace d'un licenciement. La peur de la mort de Maman (qui va merveilleusement bien pour son âge). Je prends du lexomil en excès depuis des années et mon médecin m'a mise en garde. Je continue car je suis addict. Cercle vicieux mais je peux imaginer ce qui entraîne insidieusement une personne à oublier : un excès de souffrance qui fait basculer vers l'oubli. Dieu, que la vie est effrayante!

Camping sauvage chez les Martiens ! par Jules Félix

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Eh oui ! L’information est récurrente et s’intitulerait un peu comme un album de Tintin ("On a marché sur la Lune"), du genre : "On a trouvé de l’eau sur Mars". Ce n’est donc pas nouveau et j’en avais déjà parlé il y a quelques temps déjà (en décembre 2006). Sur la piste des Martiens : http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=53197 Et pourtant, c’est quand même un peu plus nouveau que d’habitude. Certes, déjà en 2005, on avait découvert des résidus d’eau liquide, et pas seulement solide, mais aujourd’hui, c’est bien plus clair dans les esprits. Vous le savez, on a envoyé un robot genre Twingo sur Mars. Il est arrivé sur la surface martienne le 6 août 2012. Eh bien, c’est un bosseur. D’autant plus qu’il bosse vingt-quatre heures sur vingt-quatre sept jours sur sept. Ne croyez pas que ce n’est qu’une machine, il est piloté par des vrais humains de chair et d’os, sous contrat de travail et convention collectif. Robocop arrive sur Mars : http://www.pointscommuns.com/mission-to-mars-commentaire-cinema-104220.html En un mois et demi, Curiosity a déjà fait du bon boulot. Le 27 septembre 2012, la NASA a en effet annoncé que le robot avait peut-être mis ses traces sur les pas du camping des flots bleus martiens. À moins que ce ne fût sauvage ? Il aurait découvert un petit ruisseau tout adapté pour la toilette à l’air pur des campeurs. Ce n’est pas nouveau, mais là, l’observation est nouvelle : la dépêche de presse raconte que Curiosity a observé sur son chemin des graviers, des cailloux ainsi que du sable cimenté dans une couche de roches conglomérées dans une quinzaine de centimètres d’épaisseur. Tout cela proviendrait du lit d’un ruisseau. Et ça, c’est nouveau. Le scientifique californien William Dietrich est assez enthousiaste : « De nombreux papiers ont été écrits au sujet des canaux sur Mars avec de nombreuses et différentes hypothèses à propos des écoulements dans ceux-ci. Mais c’est la première fois que nous voyons réellement des graviers transportés par l’eau sur Mars ». Ce qu’il y a de bien avec la science, c’est qu’on peut mener l’enquête avec des outils fiables et performants. Ainsi, la grosseur des cailloux (très variable) a pu déterminer la vitesse d’écoulement d’eau dans ce ruisseau, soit autour de quatre-vingt-onze centimètres par seconde. Les randonneurs martiens pouvaient ainsi se baigner jusqu’à la hanche… hanche humaine, bien sûr (c’est-à-dire que la profondeur du ruisseau pourrait atteindre un mètre). D’un point de vue historique, le ruisseau devrait dater de quelques milliards d’années ! Rebecca Williams, astronome de Tucson, précise : « La forme des graviers révèle qu’ils ont été transportés et leur taille confirme qu’ils n’ont pas été transportés par le vent mais par le flot de l’eau ». Le fait que ce soit arrondi voudrait dire que ces graviers ont été transportés sur une longue distance. Quant à John Grotzinger, lui aussi de la mission (non, il n’est pas avec le robot), il est même très optimiste : « Un ruisseau au long cours pourrait être un environnement habitable ». Évidemment, dans cette dernière phrase, c’est le conditionnel qui est le plus important. La potentialité que les Martiens aient pu établir un camping dans cette belle région (entre le cratère Gale et le Mont Sharp) il y a quelques centaines millions d’années reste quand même …à probabilité très faible ! L’intérêt de l’étude de ce coin-là de la planète, c’est que nous avions déjà des milliers clichés de la zone prises par d’autres sondes dans le passé, ce qui permet d’accroître la base documentaire et de recouper certaines observations et analyses. Il ne resterait plus qu’à retrouver une vieille brosse à dent dans les gravas ou mieux, un vieil ordinateur laissé avec son disque dur… Et c'est même chose déjà faite depuis le 10 octobre 2012, puisqu'on a retrouvé un bout de plastique (bon, certes, le robot a bien le droit de secréter ses propres déchets). Autres com’ sur Mars : http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=53197 http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=69895 http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=70624 http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=71121 http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=104220

Mon écran est vivant! par Magic one

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Mon écran Se comporte étrangement Mais ce n’est qu’une machine finalement Qu’a-t-il en dedans Un micro processeur Ou des sentiments Mon écran Se comporte étrangement Mon écran se sent seul Mon dieu quelques nouvelles Un écran qui se sent seul Est une drôle de nouvelle Mon écran Se comporte étrangement Il faut le voir Quand il va lire On dirait même qu il va sourire Je n’ose pas le dire Mais je crois Que je l’ai entendu rire C’est peut être de l’humour Ou il a de l’amour C’est que les mots sont arrivés Ils sont tels qu’il les attendait Il ne s’est jamais trompé Pour lui ils ont Si belle allure Comme un souffle d’air pur Si parfois étrangement Votre écran vous réclame C’est que lui aussi A une âme C’est un bidule Qui fait ce qui peut Le mien Je l’aime un peu

Y a-t-il un Romney dans l’avion ? par Jules Félix

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Gros éclat de rire quand j’ai lu l’information. Au début, j’ai cru que le candidat républicain à l’élection présidentielle américaine (c’est bientôt, c’est le mardi 6 novembre 2012) avait un peu ironisé et avait fait une analogie entre son pays et un avion et que lorsque le pays était en crise, c’était ennuyeux. Mais non, pas du tout. Je ne sais pas si vous connaissez Mitt Romney, qui est l’adversaire de Barack Obama. De séjour en France en 1968 (si si !), Romney est devenu évêque mormon (responsable de la mission basée à Paris) et s’est beaucoup enrichi dès son jeune âge. Il a maintenant soixante-cinq ans. Uniquement de la spéculation financière qui a bien tourné. Il est donc plus-que-millionnaire (sa fortune est estimée à deux cent millions de dollars). À ce titre, j’imagine qu’il a dû effectuer des milliers de vols aériens et en tout cas, depuis un an, pour sa campagne des primaires et pour la campagne présidentielle, il a fait beaucoup de déplacements à l’intérieur des États-Unis (et il avait déjà été candidat aux primaires de 2008 face à McCain). Bon, donc, ce monsieur a été interviewé par le Los Angeles Times le samedi 22 septembre 2012 lors d’un de ses déplacements à Denver, et il a eu la trouille de sa vie la veille car madame Ann Romney (sa femme) était dans un avion qui a dû atterrir en catastrophe à Santa Monica. Je laisse de côté l’hilarante coïncidence qui fait évoquer Monica, l’égérie de Clinton. Dans le flot de l’interview, se montrant un peu plus humain, Romney a alors lâché ces propos extraordinaires : « When you have a fire in an aircraft, there’s no place to go, exactly, there’s no — and you can’t find any oxygen from outside the aircraft to get in the aircraft, because the windows don’t open. I don’t know why they don’t do that. It’s a real problem. So it’s very dangerous. And she was choking and rubbing her eyes. Fortunately, there was enough oxygen for the pilot and copilot to make a safe landing in Denver. But she’s safe and sound. » Qu’on peut traduire ainsi : « Quand un incendie se déclare dans un avion, il n’y a aucun endroit où se réfugier, et vous ne pouvez pas trouver de l’oxygène de l’extérieur pour la faire pénétrer dans la carlingue, car il n’y a pas de fenêtre. Je ne sais pas pourquoi ils font cela. C’est un vrai problème. C’est vraiment dangereux. Et elle était choquée et évanouie. Heureusement, il y avait assez d’oxygène pour le pilote et le copilote pour un atterrissage à Denver. Et elle est saine et sauve. » Je n’ose même pas répondre à une telle densité d’inepties qu’un gosse de dix ans devrait pouvoir éviter de dire. Mais je le fais quand même, car Romney connaît la France pour y avoir vécu pendant deux ans, mais ne l’apprécie pas (la considère comme archaïque et has been). Alors, disons au candidat à la tête de la première puissance militaire et nucléaire du monde que si l’on rajoutait de l’oxygène lorsqu’il y a un feu, ça craindrait beaucoup et le feu continuerait de plus belle ! Que si les hublots sont fermés, c’est parce que si l’on les ouvrait, il n’y aurait de toute façon plus d’oxygène dehors à onze mille mètres (déjà à trois mille mètres, c’est limite pour les alpinistes). Que si les hublots sont fermés, c’est aussi parce que la cabine est pressurisée, car l’organisme humain a besoin d’un bar pour survivre (rapport aux cellules vivantes avec membrane qui est pas si solide que ça, et tout ça). Que cette pressurisation est nécessaire car à onze mille mètres, justement, il y a moins de poids de l’air car moins d’air et donc, la pression est très très faible, insuffisante à la survie (il y a eu des cas de parachutistes miraculés, mais c’est très rare). Enfin, il faut vraiment être débile pour vouloir se réfugier quelque part dans un avion en feu qui se crasherait de toute façon tout entier sur le sol quelques minutes après… Débile ou autruche. Parfois, les juristes devraient prendre quelques cours de science… Ce niveau est-il plus bas ou plus haut que l’incapacité de Dan Quayle, vice-président de George Bush père entre 1988 et 1992, à écrire le mot "patato" au pluriel ? Je ne sais pas, mais quelquefois, comme citoyen du monde, j’ai peur… parce que le 3 octobre 2012, lors du premier débat présidentiel, Romney a battu à plates coutures Obama l'intello, et a inversé les tendances dans les sondages... Mais heureusement, le 16 octobre 2012, lors du deuxième débat, Obama a mis la raclée à Romney (parce qu'il a été "combatif" : il s'est levé de son fauteuil et a avancé vers son concurrent en le regardant bien dans les yeux l'air féroce, en fait, nous sommes en plein zoo). Rendez-vous au troisième débat, le 23 octobre et bien sûr à l'élection, le 6 novembre ! http://www.latimes.com/news/politics/la-pn-romney-beverly-hills-fundraiser-20120922,0,2317962.story

histoires de rencontres par Ishtar deux

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Chroniques ordinaires de la vie ordinaire, à propos de rencontre. Rencontre dans un café, lui, elle, totalement inconnus l'un pour l'autre. Allaient-ils seulement se reconnaître après cette annonce par laquelle ils avaient eu l'occasion de voir leurs chemins se croiser ? Premiers pas, premiers regards, premiers mots, premières impressions fugaces, timides, légères et la conversation s'amorce, plutôt bien, s'amplifie sans gênes et sans blancs. Semblant. Il l'avait remarquée sur internet, un signe, une image, un fantasme. Un fantasme qui s'était mis en route tout seul et s'exprimait sans retenue et sans détours. Pourquoi des détours puisque chacun est supposé être en chasse , pensait-il ? Lui du moins dans cet état d'esprit, qui se le tient pour acquis puisqu'il y avait un signal d'appel auquel il avait répondu sans attendre et qui ne voulait pas attendre davantage, ni prendre son temps pour arriver au but. Aussitôt, à peine les premiers mots échangés ou presque, il entonna la chanson de Lady Marmalade, voulez-vous coucher avec moi, ce soir ? Et si les mots enveloppaient nos échanges comme un écrin enveloppant les corps ? Parlez-moi de vous, cher ami. Moi, ce que j’ai à vous dire c’est mon désir de vous. Vous me plaisez, invitez-moi. Sur moi, rien de particulier je ne suis pas sectaire, tout m’intéresse, je suis ouvert à tout, très disponible, et très disponible pour vous. L’homme pressé, très occupé, tellement affairé, craignant que les choses lui échappent, court en tous sens après toutes les occurrences qui s’offrent à lui pour les attraper et les faire siennes, les dominer, toujours soucieux de ne pas perdre son temps, comme si le temps pouvait lui appartenir, désireux de se saisir de tout il passe ainsi à côté de toutes les choses de la vie, jamais vraiment investies faute de temps, faute de les laisser vivre en elles même pour les regarder vivre hors de lui, un objet poursuivi succédant à l’autre, s’ajoutant et s’empilant en suivant un rythme effréné. Toujours faire le plein. Jamais de vide qui ouvrirait l'espace de la pensée. Crainte maniaque de perdre du temps, crainte de mourir sans avoir tout dévoré et espoir de différer la mort magiquement en mettant la main sur tout, les êtres, les événements, les situations, les relations, tous réduits à l’état d’objet qui se pourraient collecter et rassembler. Par crainte de perdre du temps, il le gâche, ce temps qui lui est donné par la vie. Rencontres manquées, inachevés, épuisées avant d’avoir commencé. Pourrait-il un jour découvrir et apprécier réellement ce qui est dans l’instant, tel qu’en lui-même et pour soi-même, aimer en somme quelque chose ou quelqu'un ? Est-ce ainsi que les hommes vivent ? - Aragon que chante Montand https://www.youtube.com/watch?v=fK1RDFUsSzc -
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