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Channel: Les commentaires de Pointscommuns.com
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Le chirurgien... par Loulette62

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Il a dit... Que c'était bientôt fini, que ses jours étaient comptés... Mais dans le silence d'une nuit, il a glissé en urgence un oeil, un bistouri, un doigt dans la soie de son ventre tendu... Et là il a vu, tout s'était mélangé ! Alors le grand horloger blanc au scalpel rouge du sang du petit oiseau, de la poulette, de la ptite cocotte, a refermé prudemment cet antre de femme devenu soudainement si proéminent, et il a dit... Ses jours sont comptés...désormais... tout va aller très vite ... Se pencher sur tes entrailles a enclenché une minuterie mortelle... A la grande horloge de la Vie... Tic Tac...Tic Tac, Ta Vie s'en va, l'autre rive s'approche... Mais lui, il avait cette nuit là avec lui d'insignifiantes petites choses, de celles qui furent négligemment oubliées dans ta plaie... ça n'était pas de la poussière d'étoiles, Et depuis, tout va plus mal... Tes jours sont comptés ...il l'a dit... Ta vie s'en va, ton coeur s'enfuit... Fièvre, infection, douleurs... Tes lèvres perdent leur couleur , Tes yeux battus s'enfoncent comme pour y voir de l'intérieur... Alors cette fois c'est le grand départ, faut pas que tu le rates ton dernier train, faut pas courir derrière, ni se tromper de wagon, tu as toujours été super organisée alors nous on sait que tu seras bien à l'heure, et on t'accompagnera sur le quai ma belle ! Dans ta gare tu seras des Pas Perdus, puisqu'on sera là, à tes côtés A te faire des grands signes et à te pousser dans la Lumière... Mais faut que je te fasse un dernier bec, et que je mette mon grain de malice pour le voyage dans ton petit baluchon coloré comme tes folies, gonflé comme ta tignasse de Lionne valeureuse au vent, Attends moi sur le banc, j'arrive ... Car tes jours sont comptés, et nous, ton coeur, on ne saura pas le remonter... Tic...................Tac................Tic.........Tac................Tic..............

On ne nous dit pas tout ! par Pervers84

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On nous balance des sondages d’une vacuité incroyable: « les hommes auraient en moyenne 19 partenaires sexuels durant leur vie, et les femmes 9 » ainsi commence, l’autre soir, une émission d’une chaine publique, qui se dit sérieuse, sur la sexualité. Je voudrais bien qu'on m'explique : étant donné qu'il y a à peu près autant d'hommes que de femmes (de 49 à 51 % selon la position dans la pyramide des âges), prenons un échantillon de 50 hommes et 50 femmes. Admettons qu’il y ait 18 bombasses qui couchent avec tous les hommes, 18 qui couchent avec 2 hommes, 14 qui couchent avec leur mari uniquement, la moyenne reste la même, étant donné qu’il faut toujours être 2 dans cette délicate opération. Et on voudrait tirer des explications sur le côté volage des uns et la fidélité des autres ! Je ne vois qu’une explication à ces sondages: soit les hommes fanfaronnent, soit les femmes mentent ! (j’en ai bien une autre, mais je la garde pour moi car pas politiquement correcte…)

Hommage à une lointaine disparue par Aupiedemonarbre

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"Dès que j'aurai le dos tourné, tutoyez-moi et offrez-moi à d'autres hommes" lui avait-elle écrit sous enveloppe parfumée. Il la savait à Londres, exilée dans la chambre d'un palace dont les fenêtres ouvraient sur la Tamise. Chaque après-midi, à l'heure précise du thé, elle allait faire rire sa vieille mère en lui chantant les noirceurs du "sublime Bataille". Depuis qu'elle avait décidé de copuler avec le néant, les théâtralisations grimaçantes de Bellmer et le sinistre Georges nourrissaient ses phantasmes. La dernière fois qu'il avait entendu sa voix, elle lui avait dit, avec une nonchalance désabusée: "Je laisse désormais au luxe et à la futilité le soin de me conduire au cercueil". Puis elle avait raccroché, sans préavis. Deux jours après son suicide, il reçut ces quelques lignes: Votre bienveillance fût tendrement cynique lorsque vous m'avez trouvée puante mais n'est-ce pas cela qui vous a tant fait me désirer?... J'ai aimé vos obscurités et je m'y lovais en me contant des histoires qui, sans un mot, sans un regard, chaque fois nous séparaient. Adieu, bien cher.

Et vos rêves, les loups n’en font qu’une bouchée par Jules Félix

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La veille de Noël il y a trente ans, un grand poète s’était éteint. Louis Aragon, quatre-vingt-cinq ans au compteur, a été l’un des monstres littéraires du XXe siècle en France. Comme Sartre, il n’a jamais renié son engagement au parti communiste (dès janvier 1927 !), au contraire de beaucoup d’intellos qui, parfois dès le début des années 1950, ont vite compris qu’aucune cause, même juste, ne valait les morts du Goulag et de la Révolution culturelle. Il a nourri de nombreux chanteurs, notamment Jean Ferrat, Léo Ferré et Georges Brassens. À l’origine, il aurait dû devenir médecin, comme André Breton (Céline l’a été), mais il abandonna l’idée pour se consacrer totalement à l’écriture entre les deux guerres, où il sympathisa avec tout un vivier d’écrivains, comme Drieu la Rochelle, Philippe Soupault, Paul Éluard et plein d’autres. Pour lui rendre hommage, j’ai deux citations, l’une de lui, l’autre d’un témoin. La première que je trouve belle a été mise en exergue, uniquement pour ses quatre premiers vers, par la fille de François Mitterrand dans son premier livre. Je la trouve sublime parce qu’elle exprime excellemment la course folle du temps sur mon existence et cet impossible repos de la destinée. Elle provient de "La Beauté du diable" (1956). Je ne cite que quelques strophes mais ce poème est bien plus long. « Jeunes gens le temps est devant vous comme un cheval échappé Qui le saisit à la crinière entre ses genoux et le dompte N'entend désormais que le bruit des fers de la bête qu'il monte Trop à ce combat nouveau pour songer au bout de l'équipée. » (…) « Charlatan de soi-même on juge obligatoire Ce qu’un simple hasard vous a fait prononcer Demain ce n’est qu’un sou jeté sur le comptoir Ce qu’on peut à vingt ans se raconter d’histoires Et l’avenir est tributaire du passé On se crois libre alors qu’on imite On fait l’homme On veut dans cette énorme et plate singerie Lire on ne sait trop quelle aventure à la gomme Quand bêtement tous les chemins mènent à Rome Quand chacun de nos pas est par avance écrit On va réinventer la vie et ses mystères En leur donnant la métaphore pour pivot On pense jeter bas le monde héréditaire Par le vent d’une phrase ou celui d’un scooter Nouvelles les amours avec des mots nouveaux. » (…) « Et vos rêves les loups n’en font qu’une bouchée Quand je pense à ce qu’ils disaient avant l’épreuve La superbe l’éclat les refus claironnés Cette candeur de feu cette exigence neuve Pile ou face à tout bout de champ qu’il vente ou pleuve Pour un oui pour un non toute la destinée Et puis je les rencontre après les ans d’orage Dans cette face éteinte où flambe le défi Qu’ont-ils feint qu’ont-ils fui quels affronts quels outrages Pour tomber dans quel gouffre et subir quel naufrage Quelle faim leur a fait cette biographie Il y en a qui font semblant par habitude Ils ont la bouche impie et le geste insurgé Leur doute est devenu doucement certitude Ils sont les habitants de leur inquiétude Si l’on s’en tient aux mots pour eux rien n’est changé Il y en a d’assis sans vergogne à la table La fourchette à la main pour attendre le plat. » (…) Si j’apprécie beaucoup ces textes chantants, je dois avouer que mon analyse cérébrale a du mal avec l’absence de ponctuation, notamment de virgule et de point… mais c’est peut-être mieux que les points de suspension plombant en permanence les textes de Céline ? L’autre point, c’est peut-être une face (pas vraiment) cachée d’Aragon. Sa muse Elsa Triolet, qui avait un an de plus que lui, est morte douze ans avant lui. Visiblement, il avait pris goût aux plaisirs de la vie, universellement. Daniel Bougnoux vient de publier un bouquin de témoignages personnels sur l’écrivain, "Aragon, la confusion des genres", aux éditions Gallimard. C’est un passionné, un "éminent aragonologue" selon les termes de Pierre Assouline, qui l’a écrit puisque c’est lui qui, depuis seize ans, a dirigé la publication des œuvres complètes d’Aragon dans la Pléiade (le cinquième tome vient de sortir). Et le scandale éclate, disons, doublement. Le lundi 22 octobre 2012, Bougnoux accuse Jean Ristat, qui est le légataire testamentaire sourcilleux d’Aragon, d’avoir fait pression sur Gallimard pour censurer un chapitre de son bouquin. Il avait en effet reçu le 6 septembre 2012 un email de son directeur de collection lui disant : « Jean Ristat ne s’oppose pas à la parution de "Aragon, la confusion des genres" à condition que nous en retranchions le chapitre sept ». Il avait remis son manuscrit en mai et il avait justement recommandé de ne surtout pas le transmettre à Ristat pour s’éviter ces déboires. Le corps du délit ? Bougnoux l’explique chez NonFiction le 24 octobre 2012 : « J’y raconte une drague homosexuelle dont Aragon m’a gratifié, dans sa chambre n°5 de la résidence hôtel du Cap Brun, près de Toulon, par une chaude après-midi de juillet 1973. J’avais vingt-neuf ans, je venais de publier sur lui mon premier livre (…) et il s’était montré très content, et reconnaissant ! L’épisode de la chambre, assez carnavalesque, mais dans le fond plutôt drôle ou cocasse, m’avait mis devant un abîme, mais au lieu de m’éloigner d’Aragon, il m’avait révélé sa complexité, et la capacité chez ce veuf de "sur-vie", je veux dire, de vie excessive ». Bougnoux enseignait alors la philo au lycée Bonaparte, à Toulon. Mais la censure a bon dos. Car maintenant, il y a Internet, et le texte est quand même diffusé par son auteur. Et même gratuitement. Pour lui, c’est une anecdote essentielle : « Cette scène de drague homosexuelle tout à fait carnavalesque est fondatrice pour moi. (…) Cette amputation m’a meurtri. C’est un comportement d’un autre âge, c’est l’Union soviétique ! ». D’ailleurs, Daniel Schneidermann voyait l’effet contreproductif de cette censure et remarquait amèrement dans sa chronique du 25 octobre 2012 : « Pour un nombre indéterminé de lecteurs qui n'en connaissent rien d'autre (mais oui, il y en a), Aragon restera ce souvenir ridicule et flou de faux cils et de vaseline. Et Gallimard le synonyme d'une instance bureaucratique, soviétoïde et anachronique ». L’extrait le plus intéressant ne comporte que dix-huit lignes, mais je ne vais donc pas les reproduire ici, non pas parce que son auteur le refuserait (au contraire) ni qu’il soit trop licencieux (pcc en a connu des pires) mais pour éviter tout problème éventuel avec le dit légataire. Je le tiens cependant à disposition du lecteur intéressé. Cette polémique ne doit cependant pas faire oublier qu’Aragon fut un homme de lettres exceptionnel de talent qui a énormément compté au cours de mon siècle natal.

Reality par Sansqueuenitete

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Sur un site où la plupart des membres se rencontrent plus par écran interposé que de visu, écrire un papier sur Reality, le dernier film du réalisateur italien Matteo Garrone à quelque chose de piquant. Car le sujet du film c’est bien cela : qu’est-ce qui est réel, qu’est-ce qui ne l’est pas ? Sur quelles bases peut on établir ce qui fait partie de la vraie vie et ce qui est virtuel, irréel ? Luciano dirige une poissonnerie dans un vieux quartier animé de Naples. Une activité peu rémunératrice qui l’oblige à organiser une arnaque avec la vente par correspondance de robots mixeurs grâce à la complicité de sa femme qui travaille dans un supermarché ; à eux deux ils arrivent à peine à joindre les 2 bouts ce qui ne les empêche pas de vivre heureux, chez eux, en famille. Ca, c’est pour le réel. De l’autre coté, on a un immense centre commercial où se déroule un casting pour participer à une émission de télé-réalité, le Big Brother Italien. Sa famille convainc Luciano, connu pour faire rire l’assemblée pendant les mariages, d’y participer. Il réussit la première épreuve, puis est convoqué à Rome pour un deuxième casting. Voilà pour l’irréel. Un peu facile me direz-vous et je ne vous contredirai pas. Mais traiter du sujet de la télé-réalité au cinéma, transalpin de surcroît, possède un certain charme. Comment en effet imaginer un duel plus vivace que celui qui oppose le média prétendant filmer la réalité alors que l’on sait parfaitement que celle-ci correspond à un scénario écrit à l’avance par les producteurs du jeu, dans un contexte qui ne survient que très rarement dans la vie ( restez-vous souvent enfermé pendant plusieurs semaines à 12 dans une maison avec piscine et jacuzzi , à être filmé 24h/24 à ne rien faire ? ), la télévision donc opposée à l’usine à rêves dont Federico Fellini a écrit certaines des plus belles pages de son histoire, où tout est faux à commencer par l’illusion de mouvement, et où pourtant des courants comme le neorealism, le néo-réalisme Italien, le cinéma direct américain ou dans une moindre mesure la nouvelle vague en France ont tentés de témoigner des problèmes de leur époque en collant le plus près possible à la réalité. Et lorsque Garrone filme Cinecitta, les studios de Rome qui ont vu défiler les plus grands réalisateurs, c’est pour y camper les files d’attentes pharaoniques de prétendants à la télé-réalité. Déjà dans Intervista, Fellini déplorait la mort lente du cinéma Italien et l’accaparement de Cinecitta par la télévision. Entre ces 2 films, 25 ans se sont écoulés, le magnat du petit écran, Silvio Berlusconi a profondément étendu son empire médiatique et a été nommé à 3 reprises président du conseil… Garrone et son équipe de scénaristes pourraient se contenter de personnages caricaturaux, éblouis de bêtise par des lumières factices. Ils n’en font rien, se refusant à condamner des gens qui se débrouillent comme ils peuvent pour trouver leur place dans la société et qui rêvent de vie meilleure, plus facile. Tous les personnages sont suffisamment attachants pour que l’on souhaite leur réussite et quand on sait que le scénario fut écrit à partir d’une histoire vraie, on comprend que les cartes sont brouillées, qu’il nous sera difficile de porter un jugement. En résumé, allez voir reality si : - vous pensez que la télé-réalité, c’est bien, -vous pensez que la télé-réalité c’est nul, - vous pensez qu’un film dont l’acteur principal ressemble étrangement au Stallone de Rocky 1 et qui est en prison depuis 20 ans, c’est intriguant, -vous pensez que tout homme qui se respecte doit savoir parler Italien, - vous pensez que toute femme qui se respecte doit savoir parler Espagnol mais bon, Italien c’est déjà pas si mal, - vous pensez que si je vous dis d’y aller malgré la musique gonflante d’Alexandre Desplat, c’est que ça doit valoir le coup. Pour les raisons de ne pas y aller, excepté la musique, je vous laisse vous faire votre propre idée afin d’en faire profiter les autres dans vos commentaires. Bonne séance.

Elle voulait voir la mer par Pivert

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Elle voulait voir la mer, Marie-Ange c'était son truc, sa réplique favorite. Hiver comme été, jour et nuit, encore, elle voulait voir la mer. Et le bleu, et le vert. Flux et reflux. Obsession. Mission... J'ai enfin compris une fois arrivé sur les bords de l'océan au soleil couchant. Incendie involontaire allumé sur les eaux salées. Le soleil rouge descendait lentement, il s'enfonçait là-bas au loin, solitaire. Marie-Ange avait plongé droit devant, illuminée, presque embrassée rejoindre l'horizon, l'astre flamboyant qui doucement changeait d'atmosphère. De profundis en latin. Et c'est sur ce fond d'or façon peinture qu'elle se noya volontaire. Je veux voir la mer qu'elle disait sans cesse. Alors voilà, c'est fait ! J'ai aimé Marie-Ange comme on aime un enfant, envers et contre tout. Tout autour d'elle, j'avais dressé des remparts pour la protéger des ennuis de la vie d'ici. Un édifice bien fragile pourtant, remparts de brindilles en fait, que le souffle du temps a dispersé au vent mauvais. Et puis d'abord, la protéger de quoi ? Qui suis-je pour tenter d'inverser le cours des choses ? Les fleuves vont à la mer, inexorablement. Et les amoureux n'ont que leurs yeux pour pleurer. Mais ça, tout le monde le sait. On aime parfois une femme plus fort que les nuages dans le ciel ou le bleu de la mer. C'est un feu qui brûle toujours. À la source de nos pensées, notre amour occupe ainsi l'espace en entier, au profond. Alors noyée, Marie-Ange marche sur mes eaux alcoolisées. Morte, elle vit autant qu'avant au-dedans. Et tant pis si je mens pour dire la vérité. On fait comme on peut, désolé.

D'aimesure par Alma-dies

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Les mots d'amour sont les sésames d'un irrépréssible besoin de déclarer sa flamme à qui elle revient Certains aiment les dire, d'autres les lire D'autres n'aiment ni les dire et encore moins les lire Pudeur? Impression génee du récepteur de ne pas être à la hauteur De l'attente inscrite ,dans les mots délivrés, par le prolixe émetteur Peur de se livrer ou de se délivrer qui refrène la spontanéité Se perdre dans la d'aimesure ... ou se cantonner dans la aimesure A quoi servent donc tous ces exaltants poémes Portés par l'amour et la fiévre , de ceux qui les ont déclamés Pourquoi se limiter à la tiédeur quand le coeur est intense chaleur Pourquoi donc craindre la puissance des mots joie Par peur de l'enchaînement escalade des émois Pourquoi ne pas offrir ce que l'on reçoit Quand on est si amoureux...Pourquoi s'accrocher ainsi à son quant à soi? Nous les affirmons sans retenue...Notre âme mise à nue Les mots les plus désintéresses, les plus sincères Ils ne demandent rien en retour, aucune surenchère Aucun contrat d'engagement , juste un écho aimant Les mots d'amour ne se prononcent pas sous condition C'est juste un divin prolongement qui nous porte à les énoncer A les entendre en se délectant de leur sonorité Au travers du son voilé de la voix émue et grave Ils rendent perceptibles à l'oreille,l'évidente réalité des sentiments Ils l'expriment , la font vivre , exister... Et puis...S'entendre dire je t'aime...C'est aussi s'écouter dire... Je m'aime

Hommes lumières par Cyn0484

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Danse et un deux trois, un deux trois... Le corps solitaire évolue doucement, glisse sans bruit comme le cygne sur l'eau qui dort. Danse et un deux trois, un deux... Comme souvent je suis subjuguée par la légèreté, par la grâce impétueuse qui traverse l'air sous nos yeux, et vient redire à chaque fois le mystère des possibles. Juste quand l’œil croit saisir ce qui se déroule là-devant, la rupture survient : l'imprévu, l'obligation d'imaginer un tracé différent, une nouvelle progression. Entrée sur la piste d'un autre dompteur de chair, de temps, de souffle et de muscles. Par sa présence neuve, il défie l'autre, qui croyait pouvoir s'approprier les instants fracturés de son propre passage. On appréhende la suite, on ne sait comment ces deux corps-là vont pouvoir dialoguer ou s'ignorer, se haïr ou s'embrasser, s'infuser ou se disloquer. On redoute ou on souhaite la rencontre percutante. L'un chasse l'autre, sans le toucher. Il déclenche le geste sans plus d'effort : sa force-chaleur traverse tout l'espace jusqu'à nous, avides observateurs. Un autre se jette, à corps perdu, claquant au contact de la peau, formant un entrelacs sévère de membres qui ne peuvent qu'être d'accord. Deux hésitants dans la lumière s'improvisent siamois et inventent une nouvelle façon de se mouvoir : l'Homme est remodelé. Finalement, l'effleurement des assoiffés restés seuls en scène, poétise tout être à proximité, irradie tous les curieux pris eux aussi dans la folle embardée.

AMOUR par Rivale

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Avis au lecteur : Comme l'a fait remarquer un rédacteur de ce site, la photo en support de Michael Haneke est celle de FF Coppola. "Amour" de Haneke J'avais décidé de ne pas aller le voir. Avec le souvenir de la Pianiste de 2001 que j'avais adoré. Moins vulnérable à l'époque, je pouvais digérer davantage la déchéance de l'âge. Or, de concert avec Maman, aujourd'hui était un jour propice à Amour. Pas de musique de fond. Générique silencieux, noir et blanc. Un mari et sa femme, une femme et son mari. Dans la cuisine. Ils prennent leur petit-déjeuner. Il lui parle et soudain, elle est absente, hagarde dans son peignoir-éponge vert. Il fait tout pour la ramener à elle, cependant que coule le robinet de l'évier. Il sort de la pièce et tente d'appeler au secours. Puis elle l'appelle pour lui dire qu'il a oublié de fermer le robinet. Elle a oublié son absence, plus présente que jamais. Ce n'est que le début. Un huis clos de l'amour pour le meilleur et le pire. Il tiendra tant qu'il pourra, jusqu'à l'extrême limite. Leur fille s'inquiète, déboule sans crier gare car le père n'écoute pas les messages téléphoniques, tout consacré qu'il est à sa belle. Un pigeon débarque à l'épilogue. Il a senti une odeur sans doute. Une vie s'est écoulée dans un grand appartement haussmannien où trône un piano à queue qui a fait vivre Bach, Beethoven et Schubert.

manteau rouge par Elena21

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Je me souviens de mon manteau rouge. Ce n’était pas un rouge ordinaire. C’était exactement la couleur de la soupe à la tomate que faisait maman avec de vraies tomates du jardin et dans laquelle elle venait de rajouter une pointe de lait pour la refroidir. Un rouge qui ne demandait qu’à devenir rose mais qui restait rouge. J’adorais les soupes que faisait maman mais elles étaient toujours un peu trop chaudes. Elle prenait les légumes au potager sauf les patates qu’elle achetait. Papa ne voulait pas faire les patates au jardin. Il était fort surtout pour les salades dont maman ramassait les toutes jeunes pousses car elle n’aimait la salade que si elle était très tendre. Elle disait que ce n’était pas poli de couper sa salade au couteau dans son assiette et que comme elle avait un petit gosier elle ne pouvait pas avaler les grandes feuilles de salade plus dures. J’avais toujours un peu peur quand le saladier arrivait sur la table. J’avais peur que papa houspille maman parce qu’elle avait cueilli ses salades avant qu’elles deviennent de vraies laitues. Mais non il ne disait rien. Papa ne m’a jamais dit non plus que le manteau rouge couleur soupe à la tomate avec une pointe de lait m’allait bien. Pourtant je le sais qu’il m’allait bien. C’est mon parrain et mon oncle qui le disaient et maman aussi. Le manteau était un peu poilu un peu rêche au toucher avec le col qui me grattait le cou. Il avait une bonne odeur d’ours en peluche et il me tenait bien au chaud. Maman me le mettait le dimanche matin pour aller à la danse . C’est bizarre d’aller à la danse le dimanche matin mais les activités en semaine cela n’existait pas à ce moment là. Et sur le chemin qui menait à la salle de danse je n’avais pas froid dans mon manteau rouge les dimanches matins glacés et sombres de l’automne ou de l’hiver. J’adorais son odeur sa couleur et son gratouillis au bord du cou. Il paraît que je voulais faire de la danse dès mes deux ans et demi mais maman ne m’a inscrite au cours de danse que vers huit ans. Je n’aimais pas la prof de danse. Elle était âgée. Il faisait froid dans la salle et j’avais des chaussons demi-pointes alors que je voulais faire tout de suite les pointes. Et puis la vieille femme tapait sur le plancher avec sa baguette et hurlait qu’il fallait rentrer le popotin. Et moi j’avais surtout envie de rentrer à la maison avec mon manteau rouge. E.

Sauvons les vieilles expressions françaises par Abicyclette

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" Se claquemufer la tarpouinette " : Plonger d’une hauteur de 35 mètres dans une cuvette de w.c, modèle standard, remplie au ¾ d’eau additionnée d’un kilo de gros sel, afin de recréer les conditions d’un plongeon en mer. " Etre en phase de cistron romplonplon " : Se dit d’un anglais qui s’est attaché à un transfo EDF, une pomme dans la bouche et deux sifflets dans les oreilles, afin de recréer l’atmosphère générale de Radio Londres pendant la 2ème guerre mondiale. " S'enluminer les cabirotades en trogne broute-nappe " : Abuser de mignardises apéritives, ancienne façon, à base de piment confit. " S’être déplasturé le bout de tripe d’un demi-pied " : Conséquence fâcheuse et culière du précédent abus. " Se plastiquer les cervoines " : Marcher du pied gauche dans un excrément de bœuf du charolais, un matin de printemps qui serait ni trop pluvieux, ni trop venteux, mais plutôt doux. " Avecques savate tétons ne tâtons " : Devise de gentilshommes : sachons chaloir l'amour courtois. " Embourber un syruguet dans les quatre-arpents " : Situation dans laquelle se trouve Charlotte Léopoldine Langrumes de Meldeuse se faisant sodomiser par le monstre Marcellin. Et aussi : « Saoûler les rognons de l’ermite », « Gambayer la pucelle », « Gerber les mémentos de l’archi-diacre »…

île par Luc1968

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Abolissant une rose que le pauvre a dans l'âme vers laquelle en sa nef une île meurt et renaît sous le soleil vrai juste mais gauche en son juillet même ici dès octobre un nouvel an se pâme Je te laisse o ma vie un simple suaire d'argent une coupe pour tout trésor sur une table de bois tombé en échelon où Jacob a sa joie où s'abolit la peine qui devers tous a rire dans une joie non jalouse d'un meilleur et beau temps où nous sommes tous ensemble selon le verbe dire et au pardon qui va se nommer en oiseau Casoar aboli tu n'est pas corbeau tiens ni oiseau de malheur mais oiseau en chemin avec tous les oiseaux qui chantent en eux le beau In Memoriam Peter Carey's novel . Luc Earl Grey much appreciated ... Zoroastre, Bonne année !

Couler par Chamallowette4

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S'agripper au rocher, mince bouée d espoir. encore un peu, encore un effort. Il y a toujours ce rai de lumière, minuscule, il est présent. Ne pas le perdre des yeux, le scruter encore et encore, témoin de l'existence. Soudain, une lame de fond plus intense que les précédentes. Une lame, là, au fond de la désespérance, celle qui condamne à tout jamais. Ultime coup de poignard qui fait bien plus que blesser, meurtrit, assassine la vie, les rêves. Les aspérités du rocher torturent ses mains déjà écorchées. Lâcher prise lentement. Souffle ralenti, se laisser glisser. se naufrager. La douleur se calmera, les déferlantes la happeront. Puis, la nuit obscure viendra et avec elle, enfin, le possible de la sérénité.

Des clous par Tcherenkov

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J’ai failli revenir sur pcc. 0n se trouvait à quelques heures de la fin d’été, j’étais pressée que ça se termine, je n’aime pas les fins d’été, plutôt un bon vieux début d’hiver, bien raide, gelé aux embouchures, avec des nuits à couper au couteau. Mais il fallait encore se taper un automne poétique, parce que cette saison a quand même le chic de rendre n’importe quel abruti poète, on ne sait pas pourquoi, les jours deviennent mous, on se couvre de langueur, de l’histoire des feuilles, des ponts, du vent, de tout ce qu’on n’a pas encore réussi à faire, de tout ce qu’il reste encore à espérer avant de mourir, des balayettes qui ramassent le tout venant à la pelle, des phrases à la Bobin « Le corps irait tout seul vers l’abîme, avec l’élan acquis de l’âge. Et sous la fraîcheur du sang, une faiblesse, une cendre. Une nostalgie : l’âme. Malade, oui. Sans doute : malade. Le vrai nom de la maladie, ce serait l’enfance. Comme telle, inguérissable ». Des phrases qui pendouillent couvertes de poussière au bord des étagères, parce qu’il y a belle lurette qu’on est guéri de tout. Mais qu'on garde accrochées derrière soi, parce qu'il est impossible de savoir combien de temps on peut rester ainsi guéri de tout. La souveraineté du vide est un état royal mais nous ne régnons jamais très longtemps. Il nous faut alors revenir vers ce qui un jour a répondu provisoirement à la question, ou a su la formuler en quelques lignes qui nous avait semblé alors d'une exquise limpidité. J’étais pressée mais je savais qu’une fois dans l’hiver, je ne serais encore arrivée nulle part, et que sans doute la seule manière que j’avais d’avancer c’était de me dire que ça devait forcément servir à quelque chose, même si la destination n’était qu’une chose abstraite et sans consistance. Je suis donc allée me camper devant le rayon visserie clouterie pitonnerie d’un grand magasin. J’avais à une certaine époque de ma vie deux dépendances importantes : pcc et les clous. Mon enthousiasme pour les crampillons galvanisés, les tirfonds, les chevilles nylon, les points d’ancrage, les clous calotin et toutes les variables des pointes à tête d’homme me porta évidemment aux nues, et les indices d’un retour d’addiction clignotèrent aussitôt au dessus de l’enseigne quincaillère, m’incitant à fuir ces œuvres dont la sensualité des cylindres et la finesse des pointes ne cesseraient jamais de me mettre hors de moi. Tandis que paisible et revenue à moi même je retournais à ma queue d’été en train de bouillir, j’eus l’envie soudaine d’aller parler de mes clous sur pcc, histoire d'envoyer un clin d'oeil à quelques vieux fantômes qui n'y étaient plus mais qui peut être tomberaient dessus par hasard (et que je salue donc). Mais lorsque je me souvins de la procédure - on envoyait un texte, après on faisait clu clu clu clu clu clu (le clu du clavier) jusqu’à ce qu’enfin le texte apparaisse. Généralement on rotait de satisfaction et après on faisait à nouveau clu clu clu clu pour lire les réactions, et ainsi de suite, clu clu clu clu, clu, clu, clu, jusqu'à ce qu'on ait les yeux ronds comme des simplets qui découvrent sur le tard comment on noue ses lacets - je décidai de m'abstenir. Voilà pourquoi, finalement, je ne suis pas revenue.

con prendre ... par Luc1968

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C'est une conne ou un con ordinaire Ah, que la vie est quotidienne elle cherche un poème c'est une triste histoire sur une île en amère qui saurait dire je l'aime c'est une belle âme sainte autant qu'un désespoir elle m'en veut comme moi de n'avoir pas possible su comprendre à l'époque combien les fontaines sont consignées sans changer par devers indicible d'un pauvret tourment simple de l'attendre malgré tout et malgré toi comme moi je le sais vois-tu dire des divans moi aussi j'ai usé de la plainte petite âme et grande âme je t'estime et admire ta jeunesse en-allée vers une marche de sainte notre secret cousine est ainsi et de même nature complexe ainsi et l'Auteur, moi je l'aime 29.10.12. Pause de 14h18 en écoutant Avishai et en regardant Solaris ... Respect à Toi, Salut & sororité ! Alexandre & Luc te saluent ... L'ART DE SE TAIRE est mon verger . On s'en tape le coquillard, Ame de génie, va ...!

Toits ,toi ,,,et moi ! par Capucine37

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Le tout premier ,j'ai oublié ,il faut le dire. Celui d'aprés ,la pluie laissait passer,passons ! Dans la campagne fut abritée ,si éloignée ... Puis au village fumes installés,le toit allait, c'étaient les murs qui pleuraient. Premier enfant y était né ,de belle santé! Un toit à deux on a cherché ,et une petite est arrivèe Pour du travail on a laissé ,ailleurs posés ! Mais toi tu t'es carapaté, sauvé ! Eux et moi nous sommes réfugiés, Et encore le temps a passé, Du travail il fallait chercher , manger ... Vers mes parents me suis tournèe, Au bord de l'eau ,les bateaux j'ai fait glisser ,dur ,dur ! Et les enfants jouaient ,bien occupés... Vers l'Arabie sommes envolés Un toit terrasse ,bougainvillées ,j'ai pas révé ? Le paradis ai traversé ,trois années ! Paris ausi ,j'ai habité,ce fut un temps inespéré ! Tout plein de toits se profilaient,médusèe... Mais la routine t"a rattrappée ...toi. Le temps de vivre est arrivé ,la campagne fidèle attendait La pluie ,le froid découragèe, pour le Sud j'ai voyagé ,quelques meubles m'ont accompagnée, valises posèes ! Le soleil m'a réchauffé ,il y eut toi un temps passé... De toits en toits je lézardais, anesthésièe Et les arènes qui acclamaient tous les artistes qui déclamaient ! Malade et désenchantèe ,j'ai pris le train pour regagner un autre endroit Dans un pays connu ,traversé par le passé Un toit pour moi , une vraie maison à habiller ! Et là dehors ,arbres ,foret un grand jardin à décorer Capucine.

Stent par Topoli

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Elle essaie d'entrer en contact avec lui depuis 4 jours, mais rien. Serait-ce la fin ou le début d’une autre ère, de celle où ils se percevront différemment, ou de celle où elle ne pourra plus jamais le rencontrer parce qu’il sera passé de l’autre côté du fleuve, le Léthé. Cet épisode de vie fut très court et elle ne peut pas encore se représenter qu’elle puisse déjà cesser. Elle avait eu un pressentiment après leur rencontre qui se fit si vite, si brusquement, mais elle ne voulait pas s’adonner à ce genre de comparaison. Ce n’est pas parce que leurs atomes avaient si vite accroché qu’ils arrêteraient tout aussi vite de fusionner. Les mains qui s’occuperont de lui ces deux prochains jours sont des mains expertes, reliées à un système nerveux savant et entraîné et il n’y a aucune raison pour que l’intervention tourne mal! Il avait fait sa tournée d’adieux tout le week-end, s’était offert une ultime cuite et n’était pas rentré deux nuits durant, n’avait pas plongé, ne serait-ce qu’un petit doigt dans la Toile, mais il semblait ne pas vouloir lui parler. Avait-il peur à ce point que les barrages cèdent, que les belles résolutions s’écroulent, celles de rester serein jusqu’au bout, d’être pleinement conscient de sa complète impuissance à gérer quoi que ce soit dans cette histoire, lui qui contrôlait tout, qui était maître de lui-même, mais qui depuis quelques mois et surtout depuis qu’il avait fait sa connaissance, avait lentement pris conscience que ce qu’il vivait dans le présent, était peut-être pour une dernière fois. Il avait soigneusement gardé la déclaration d’amour qu’elle lui avait faite, un peu par surprise, sans qu’il s’y attende, l’avait ressentie comme précieuse parce que peut-être ultime et elle avait ri à gorge déployée pour cacher sa gêne et combattre l’étau qui se serrait soudain autour de sa gorge.

Cesar doit mourir par Ishtar deux

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Paolo et Vittorio Taviani sont de retour avec un film magnifique. Il n'avaient plus donné de grand film depuis La Nuit de la San Lorenzo, il y a ... des décennies. On n'entendait plus parler d'eux ni n'attendait plus rien de ces alertes octogénaires italiens quand survint ce "Cesar" d'après Shakespeare. Les Taviani sont allés filmer en prison, dans la forteresse qu'est la prison de Rebbibia près de Rome, chez les grands criminels des quartiers de haute sécurité, la préparation, la répétition et le montage en prison de la représentation du Cesar de Shakespeare. Mais il ne s'agit pas du récit linéaire de la préparation de la pièce qui en eut fait une sorte de documentaire. Les deux frères appréhendent leur mise en scène de Shakespeare à partir des prisonniers-acteurs mis en position de pivots du scenario, où se conjuguent leur véritable identité qu'ils assument et les raisons de leurs détentions (nombreux membres de la mafia, condamnés à perpétuité) leur vie carcérale et la découverte du génie de Shakespeare et de l'histoire de la Rome antique. La pièce de Shakespeare est adaptée : Cesar doit mourir, elle est centrée sur le pouvoir, le meurtre, la tyrannie, la trahison et l'honneur. Les Taviani filment les prisonniers partout, dans leurs lieux quotidiens, répétant partout dans la prison, entre eux dans leur cellule, apprenant leur texte, échangeant leurs impressions sur la pièce et les échos que cela fait naître en eux, sous le regard médusé des gardiens découvrant eux aussi Shakespeare et l'histoire de la Rome antique en même temps que les talents des (excellents) acteurs qui se dévoilent chez "leurs" prisonniers. La totalité de la prison est mobilisée, tous les prisonniers rassemblée pour composer le peuple de Rome acclamant Cesar, prêt à se soulever, clamant sa liberté... et jusqu'aux gardiens de la prison qui ont un rôle. L'espace de la prison complètement investi, avec des scènes de foule dont on se demande avec admiration comment les Taviani ont pu les filmer dans des quartiers de haute sécurité. (Hommage au directeur de la prison !) Le film tourné en noir et blanc pour l'essentiel, ce sont de magnifiques images qui captent les visages des acteurs, restituant la rudesse d'une beauté brute, en une esthétique qui s'inscrit dans la tradition du néo-réalisme italien, et qui transcende ainsi les conventions ayant façonné les regards actuels à travers les nombreux reportages sur les prisons ou films policiers qui y introduisent le spectateur. Là, la crudité, la violence et la cruauté sont unies dans la vérité de la situation, par l'authenticité du jeu des acteurs-prisonniers qui s'y sont adonnés à fond et par la mise en scène de la caméra qui s'introduit dans prison de sorte que le cinema s'ajoute au théâtre, pénétrant le cadre carcéral, de sorte que pour les prisonniers "rien ne sera plus comme avant le passage de Paolo et Vittorio" comme le dit un condamné à perpet' aux deux frères.

Ecris moi un mouton par Lechainonmanquant

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Ici ou las, il y a des hauts et des bas, ça va de soie. Des vers pour soie, pour boire son délire, lever un soupçon de doute, tenter l'infortune. Echanger à couteaux tirés pour couper la couverture du média. Tomber de haut, des nues pour s'enrouler, se lover d'amour. Appeler, crier, se cacher, observer, susciter à trop citer, cesser sa cécité Voir ce que l'on ne peut boire, boire les maux jusqu'à plus soif Je ne comprends pas pourquoi j'écris, je ne comprends pas ce que j'écris Mais je m'accomplis. Lcm

déambulation dans mon quartier, parmi les vivants, le jour des morts par Abicyclette

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1- Nous sommes un 12 août, jour de grande chaleur. Au 20 rue des écouffes, second étage, se meurt un célèbre peintre classique, l’austère Philippe de Champaigne. Il semble qu’il lui était venu une aussi soudaine que malheureuse envie de nouilles sautées aux crevettes accomodées à la sauce d'huître. Il existe à cette même adresse, au rez-de-chaussée, un restaurant déjà repéré par les services d'hygiène, "Ji Xi" spécialités asiatiques, d'apparence fort miteuse, arborant une vitrine ornée de plats et de fleurs très artificiels ainsi que 2 néons rose-fluo. 2- Plus à l’est, à l'angle de la rue de Sévigné et de la rue du Parc Royal, un square. Le roi Henri II y entame une atroce agonie. Lors d'un tournoi chevaleresque - joyeux badinage - une lance ayant trouvé au préalable l'étroit chemin de sa visière vient de lui perforer la face. Pourtant il est indiqué dans le règlement des parcs et jardins de Paris, affiché à l'entrée dudit square et signé du seigneur Delanoé : "la circulation des chevaux s'effectue uniquement sur les espaces aménagés et doit rester compatible avec la sécurité des promeneurs". De plus " l'utilisation d'armes de toute nature y compris frondes, arcs et boomerangs est prohibée". On peut aussi penser que par ses hurlements le roi Henri II contrevient au fait que "les bruits gênants par leur intensité, leur durée, leur fréquence, leur caractère agressif sont strictement interdits" 3- Quelques rues vers le sud, au 2 rue du Roi de Sicile, après une parodie de procès la fraîche et jolie princesse de Lamballe, premier cercle de Marie-Antoinette, se fait sortir par un groupe de fanatiques de la prison de la Grande Force, sous les yeux d’un écrivain déjà déprimé par la folie du monde – Il s'appelle Stephan Zweig et il en écrira le récit. La princesse est abattue, décapitée, dépecée et ce qu'il en reste traîné dans la ville sous les vivats d'une foule hystérique. Les sauvages se transportent quelques minutes plus tard à une cinquantaine de mètres plus au nord, 4 rue des Rosiers devant une façade régulière et austère au frontispice indiquant « Ecole de travail ». Le directeur et les élèves sont arrêtés sans délai et déportés dans le camp d’extermination d’Auschwitz. L’un des barbares divague encore quelques instants dans le quartier juif, une grenade en main. Il dégoupille l’objet et le lance comme un automate chez Goldenberg, à l’angle de la rue Ferdinand Duval. Les grandes vitres du restaurant explosent et les petits carreaux émaillés de jaune du bas de la façade se couvrent de stupeur et de sang. 4-Sur le parvis de l’église Saint-Paul-Saint-Louis, au 99 de la rue Saint-Antoine, Monsieur Marc-Antoine Charpentier sort de l’office célébré par les Jésuites, desquels il est au service depuis une décennie. On vient de donner l’un de ses grands motets à double chœur. Il fait un pas de côté et esquisse un salut à mademoiselle Hugo, en robe de mariée, qui donne le bras à son papa Victor aussi droit qu'un i, fier comme Artaban. Marc-Antoine s’avise aussitôt de ma présence et, connaissant ma profonde amitié, me donne l’accolade. Je le félicite que les premières mesures de son Te Deum aient été choisies pour le concours Eurovision et l’avise que la France a reçu cette année les palmes, grâce au talent de la chanteuse Marie Myriam, son oiseau et son enfant. « Le Roy, dont la finesse du jugement artistique est connue - bien qu’il m’ait toujours préféré Monsieur de Lully - en sera content ». A ces mots, lui pressant chaleureusement la main, je lui assure que je n’ai rien écouté de plus émouvant que ses Litanies à la Vierge, qui peuvent me tirer des larmes. 5-Je me tourne en direction de la Bastille alors que d’innombrables sons de cloches se mettent à scintiller tous azimuts. Pendant que des communards les armes en main se préparent à périr dans les recoins, une invraisemblable foule bigarrée envahit la rue. On me dit que c’est fait : les Forces Françaises Libres défilent, la coupe du monde de football est gagnée. Je me laisse porter par la joie du reflux jusqu’au pied de mon immeuble alors qu’une grêleuse averse de novembre disperse en un instant tous les participants.
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