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Tant et temps par Annaconte

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Le prix du trajet en bus avait augmenté, il était passé de 1 heure à 2 heures. Elle ne s'y attendait pas. La montre à son poignet lui donnait exactement le temps qui lui restait. Elle n'avait qu'une heure et demi. Cela ne serait jamais assez. Le chauffeur lui conseilla d'y aller à pied. En courant elle pourrait arriver à l'heure. Elle voulait pouvoir serrer son fils dans ses bras. Lui dire combien elle l'aimait. Mais ce fichu temps était compté. Il ne lui restait qu'une heure et demi. Et son fils qui l'attendait. C'était elle après tout qui s'était chargée de remplir le questionnaire. Elle avait essayé d'être honnête, le plus possible, tout avait été calculé d'après son mode de vie et ses antécédents. Les chiffres étaient tombés. Le bilan d'évaluation avait donné le moment précis. On ne pouvait pas revenir en arrière. Depuis, sa montre décomptait aussi bien les années, que les heures, les minutes et les secondes. Régulièrement, elle émettait des vibrations codées qui signalaient qu'il ne fallait pas trainer. Au début, elle était programmée pour vibrer toutes les trente minutes en moyenne, puis au fil des ans, augmenta sa fréquence à tous les quarts d'heure, puis ensuite à toutes les cinq minutes. C' était un bon moyen de faire presser le pas. Ou peut-être de le ralentir. C'était selon. Une histoire de philosophie personnelle. Cela aidait bien à reconsidérer le présent, à apprécier l'instant et sublimer le temps restant. Elle reconnaissait paradoxalement l'aspect positif de cet étrange, morbide, et silencieux carillonneur. Il était essentiel de ne pas succomber à l'angoisse que tout cela pouvait générer. Il ne s'agissait pas pour cette horloge individuelle et personnalisée de pointer lugubrement les jours et les heures qui vous restaient, ni exactement combien de temps vous aviez encore, mais de vous obliger à réfléchir à ce que vous alliez en faire ! Et comment vous alliez l' utiliser de la meilleure manière possible. Avec sagesse. Avec parcimonie ou au contraire avec légèreté ! La conscience que tout a une fin, remet forcément les pendules à l'heure. On a moins tendance à gaspiller ses moments. Chaque seconde compte. Avant que ne sonne le glas. Le chauffeur du bus insista. Puisqu'elle n'avait pas assez, puisqu'elle ne pouvait payer son du, autant y aller en courant. Elle y gagnerait. Elle pensa une dernière fois à Einstein et à sa théorie de la relativité. Et se mit à courir. Son fils la vit arriver de loin dans la montée. Il comprit. Elle n' y parviendrait jamais. Déjà elle semblait s'affaisser sous le poids de l'effort et de la fatigue. Combien lui restait-il ? Il se décida à courir aussi. Le fils. A la rencontre de sa mère. Le temps allait manquer. Il ne put que l' empêcher de tomber en avant. Il la prit dans ses bras et la serra, inerte, contre lui. C'était trop tard. La montre, au poignet bleu de sa mère, vibra. Série de bips constants sur l'oscilloscope...Suivi d'un plat. Long. Clap de fin. Inspiré de Timeout un film de Andrew Niccol avec Amanda Seyfried, Justin Timberlake. que je n'ai pas vu ! et de la publicité pour deux montres d'enfer très anti-Rolex en somme ! que vous aurez tantôt l'occasion de découvrir n'en doutons pas ! mais à ma grande honte je ne résisterai pas à vous faire partager, tant pis ! http://www.huffingtonpost.fr/2014/02/01/durr-montre-sans-cadran_n_4701087.html http://www.clubic.com/insolite/actualite-591360-insolite-tikker-indique-vivre.html et si les liens ne fonctionnent pas vous avez les marques, débrouillez vous !

Lève-toi et marche par Abicyclette

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----------TEMPS 1--------- Dimanche dernier, en bicyclant sur les quais de Seine, je me suis pété connement la cheville par inattention et depuis je me déplace à béquilles. Hier, alors que je m’apprêtais à gravir les escaliers au sortir d’un tunnel métrosexuel d’une longueur infernale, (ces fameuses correspondances en formes de trompes de Fallope qui font rejoindre la ligne 1 et la 7 en passant sous la Défense via la Bastille), une de mes connaissances me dit : - T’as de la chance, les escalators remarchent ! - Ah ! (Pause) ---------TEMPS 2---------- Evangile selon St-Mathieu 9, 1-18 Jésus monta en métro, traversa les arrondissements et alla dans la ville de Capharnaüm (en réalité il s’agit d’un bout de quartier entre les Invalides, la rue du Pas de la Mule et la Folie-Méricourt, mais Invalides, Pas de la Mule et Folie-Méricourt, pour un palestinien non-initié, ça impressionne à peu près autant que, pour nous autres parigos, "Capharnaüm"). Et voilà qu’au sortir du trou des enfers on lui montre un escalator, couché sur une civière. Voyant sa foi, Jésus dit à l’escalator : « Confiance, mon escalator, tes dysfonctionnements sont pardonnés. » Or, quelques invalides fous, quelques méricouriens à dos de mule et autres péquins marchant au pas se disaient : « Cet homme blasphème. » Mais Jésus, connaissant leurs pensées, leur dit : « Pourquoi avez-vous en vous-mêmes des pensées mauvaises ? Qu'est-ce qui est le plus facile ? de dire : « Tes dysfonctionnements sont pardonnés » ou bien de dire : « Lève-toi et marche » ? Eh bien ! pour que vous sachiez que le Fils de l'homme a le pouvoir, sur la terre, de pardonner les dysfonctionnements... (et alors il dit à l’escalator) : « Lève-toi, prends ta civière, et rentre chez toi. » L'escalator se leva et rentra chez lui. En voyant cela, la foule fut saisie de crainte, et elle rendit gloire à Dieu qui a donné un tel pouvoir aux hommes… mais déplora que l’escalator remarche et ait foutu le camp. ----------TEMPS 3------------ Chez moi - nouveau converti, après 24 heures de réflexion : - Ah ! Si même l’escalator remarche, j'ai bon espoir d’y arriver aussi, un jour ! (Consigné illico ce samedi sur pcc et dans « L’Evangile pour les nuls à bicyclette » 9,1-18, scolie 7- alinéa 3)

La grande lessive, du moyen-age... aux temps modernes par Capucine7434

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C'est en zappant que je suis tombée sur le télé-achat un dimanche matin et que je me suis rendue compte comme il est facile aujourd'hui d'acheter tout et n'importe quoi avec une facilité déconcertante, et que cette histoire m'est revenue en mémoire... L'un des premiers achats que Fanny avait été amenée à faire quand elle s'est mariée, c'était une planche à lavée... On ne la trouvait pas dans le commerce, Elle l'avait donc commandée au menuisier ainsi qu'une planche à découper... Elle s'était aussi équipée d'une bassine lessiveuse, indispensable pour faire bouillir le linge de maison. Ne souriez pas mes petites dames, il y a soixante ans, si les bourgeoises avaient une bonne qui se chargeait de l'entretien de la maison et des petits lavages, et que le plus souvent elles donnaient leur linge de maison à laver à la lavandière,... pour la petite jeunette qu’était Fanny, la lessive était un vrai casse-tête... Le lave-linge n'était pas encore rentré dans les foyers, le salon des arts ménagers venait à peine de présenter les premiers modèles familiaux. Rien à voir avec nos lave-linge actuels, il fallait effectuer manuellement les diverses opérations, trempage, lavage, plusieurs rinçages et essorage manuel entre deux rouleaux... Le jour de lessive à cette époque, avec ou sans machine vous mobilisait toute votre journée... Bref, une femme au foyer avait de quoi s'occuper, et malgré sa jeunesse se trouvait fourbue après une journée de lessive... Mais la technologie avançait à grands pas, et si les premiers modèles n'étaient pas très performants, d'année en année les modèles s'amélioraient pour arriver au semi-automatisme, puis au tout automatique... Avec l'arrivée des bébés, Fanny avait toujours plus de linge à laver,... Marius travaillait en costume et se changeait chaque jour... De plus avec la musique, venaient s'ajouter les tenues de scène que Fanny entretenait... Pantalons blancs et chemises blanches... Les costumes et les vestes fantaisies allaient au nettoyage chez le teinturier... Fanny avait bien tenté à plusieurs reprises de faire un appel du pied, mais Marius avait un argument fallacieux qui la déstabilisait, la culpabilisait: - "Ma mère n'a pas de machine à laver, elle travaille au dehors et lave même les draps"... Fanny avait beau dire qu'ils étaient quatre, qu'elle entretenait tout le linge de la famille y compris les draps, et ses tenues de musicien, rien n'atteignait Marius, il était sourd, fermé, buté... Et les années passaient,... Les jours de grande lessive, Fanny, la tête dans la baignoire, frottait, lavait, rinçait, tordait, rinçait encore et encore, et tordait son linge avant d'aller l'accrocher à l'étendage... Elle se relevait cassée, le dos en lambeaux... Neuf ans déjà qu'elle trimait quand, surprise, un heureux événement s'est profilé à l’horizon... Non, non ! pas de lave-linge en vue, mais la venue d'un nouveau bébé... Marius n'a pas apprécié, comme si il était étranger à l'affaire, mais fanny et ses petits, eux étaient ravis... Malgré le mal de mer et les nausées, elle s'acquittait de ses tâches sans broncher, mais son dos lui faisait de plus en plus mal. Elle n'avait pas pour habitude de se plaindre, seule comptait pour elle que ses petits et son homme soient en bonne santé. A cette époque, en cas de besoin, le médecin de famille se déplaçait à domicile. En ce début février 1962, son fils aîné était fiévreux en rentrant de l'école, ce qui inquiétat Fanny, aussi a-t-elle appelé le médecin pour qu'il passe après ses consultations. Marius était déjà rentré à la maison, et elle venait juste de finir sa grande lessive quand le docteur a sonné à la porte... Elle est allée lui ouvrir, à peine relevée de la baignoire, donc encore pliée... - "Comment Fanny, dans votre état vous n'avez pas encore de machine à laver ?" Puis se tournant vers Marius, - " Monsieur B. vous n'avez pas les moyens d'acheter une machine à laver pour la famille ?" Piqué au vif, mais surpris Marius n'a pu que dire : " Oh mais si..." - "Bien, a dit le docteur, voyons de quoi souffre ce grand garçon..." Dès que son fils a été remis, Fanny est allée se documenter chez les différents commerçants d'appareils ménagers, puis par acquis de conscience en a parlé à son père, électricien à l'EDF, qui pourrait l'aider dans son choix... Marius n'avait pas l'air pressé de faire cette acquisition, et n'a rien trouvé de mieux de mettre Fanny à contribution en lui disant que ce serait son allocation de mère au foyer qui financerait le lave-linge... Le seul argent dont elle pouvait disposer librement, mais qui servait aux faux frais pour ne pas grever le budget familial... C'est chez un ami de son père qu'elle a trouvé la machine de ses rêves, une Scholtès semi-automatique a hublot, qui lui a été livrée deux mois plus tard,... le temps de mettre de côté le premier apport, trois cents francs de l'époque, le solde ayant été réglé à raison de cent cinquante francs chaque mois pendant dix mois, après le passage de l'agent payeur des allocations familiales... Grâce à son père, Elle avait obtenu trente pour cent de réduction... Les jours de lessive, maintenant elle restait à côté de sa machine juste pour ouvrir et fermer l'eau, un ouvrage à la main, heureuse de ne plus avoir à se casser le dos sur la baignoire,... bien que les premières fois qu'elle la regardait tourner, le brassage alterné du linge lui donnait le tournis... Et dire qu'aujourd'hui, il est inadmissible de ne pas avoir tout...dès le début. Capucine7434 le 8 février 2014 http://www.clg-st-exupery-andresy.ac-versailles.fr/IMG/pdf/lave-linge_valentin_44.pdf

Vingt ans par BARDAMU

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On marchait dans les nuages On suivait les oies sauvages On venait d’avoir vingt ans Voyageurs des roses du vent C’est un pur matin d’été Ils sont entrés dans la cité Coup de bélier la porte bas La camionnette attend en bas On dessinait des nuages On se moquait des enfants sages Qu’on nous donne un peu de temps On déshabillera le vent Dans les escaliers tagués D’éclats d’abeilles déglinguées Leurs bottes font peur aux rats Plus jamais on ne dormira Au bord du ciel les nuages Édredons des oies en cages Nous font des tapis volants Les roses attendront longtemps Les troncs des ruches hantés Debout aux portes des cités Poudrent de jaune nos doigts Nous offrent des pinceaux chinois Nos routes sont de papier Nos désirs toujours en chantier Enfants on n’à pas vieilli Voyageurs des vaisseaux de pluie On marchait dans les nuages On tatouait des paysages Mais qui voudrait à vingt ans Voir mourir les roses du vent C’est un pur matin d’été Plus personne dans la cité Les yeux violets des abeilles Coupent des tranches de soleil Navigateurs des nuages Plus d’escaliers plus de cages Au pays des roses du vent Volent nos rêves de vingt ans Poème pour Sylvie, Hamed, Hichem, François et les autres.

le meilleur film réalisé par Clint Eastwood par Mars1329

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Clint Eastwood est un homme vraiment surprenant... lui que tous les amateurs de cinéma connaissent bien pour avoir tourné dans des westerns crépusculaires, ou avoir campé Dirty Harry. Etant amateur de vigilante movies (la série des Justicier) et de films policiers nerveux, c'était un vrai plaisir de voir Harry jouer du magnum 357 pour nettoyer la racaille de San Francisco ! :D J'aime moins le réalisateur... même s'il a fait quelques bons films : je pense notamment à "l'échange" avec Angelina Jolie, je n'ai pas aimé "Million Dollar Baby" dont j'ai deviné la fin à peine à la moitié du film, je me refuse à regarder "Gran Torino" qui ressemble à s'y méprendre à l'antithèse du "Justicier", et bof bof pour le diptyque sur Iwo Jima. Force est de reconnaître pourtant que ce "Monde Parfait" porté par un fabuleux Kevin Costner surpasse toutes ses autres réalisations à venir avec une description très pertinente de l'Amérique profonde au temps de JFK, et une charge émotionnelle extrêmement forte qui a sans doute fait pleurer plus d'un spectateur. La preuve que le cinéma peut réussir à nous émouvoir, là où d'autres cherchent la facilité en décrivant des histoires d'amour bidons, Eastwood, sans tomber dans le piège du pathos et du mélo, appuie là où ça fait mal. Un très beau film !

Filles de joie par BARDAMU

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Les réverbères ponctuent mon trajet d’œillets rouges. Je ne sais pas pourquoi, pourquoi ils me fascinent. Je ne sais pas. J’imagine que c’est parce qu’ils contiennent le contraire des trajectoires. Les réverbères ils ne vont nulle part. Ils oscillent. Ils portent en dedans un petit allumeur. Une image délicate de l’homme. Une image cruelle de l’homme les fusille à l’aube. Ils meurent et le cirque de la profonde foutrerie humaine se ramène. Il gagne. Il grignote. Il est armé d’ouvre- boites. Il ouvre ouvre ouvre ouvre ouvre la grande boite de cirage d’où le magicien insomniaque et sans mains tire les oreilles du soleil rouge malheureux. Rien à dire….. C’est correct … Les nuits nous protègent. Notre Dérision déraison des nous est câline. Debout contre les réverbères nous attendons que les hommes nous regardent avec les yeux doux. Je ne sais pas pourquoi, pourquoi je compte les pas qu’il y a entre leurs corps d’acier. Je ne sais pas. Mes talons m’empêchent au- delà d’’eux de marcher. Le petit allumeur allume nos clopes à chaque fois. Et dans son âme en feu je vois bruler, pétiller la joie. Rien à dire …C’est correct.. Aux pieds des réverbères..Candélabres ou tout ce que tu veux chéri.. Il y à des années que je vielle au grain en vue de me surprendre. De me faire la peau, avant que le troupeau armé d’ouvre-boites me monte à l’assaut. Le magicien insomniaque et sans mains pourra-t-il me défendre ? Je ne sais pas pourquoi, pourquoi la vague s’enroule autour de son propre vide. Son sexe. Sa chevelure. Les petits allumeurs nous ont gardés de la mèche d’amadou trop vite consumée. Les tracés en rouge sur la carte sont de lignes fossiles. Les allumeurs savent que les miroirs des phares sont infiniment perdus pour nous. Sirènes nous chantons des chants majeurs qui aux trottoirs nous cloue. Sirènes nous hurlons. Entrer sortir vite ! Sortir du costume d’écailles pris dans les filets du poissonnier Haut talons nous ne pourrons jamais marcher. Sortir entrer. Bateaux usines. Chambres froides chair froides. Rien à dire.. C’est correct. Le magicien insomniaque et sans main feuillette des magazines avec ses doigts de pied aux désirs caresses. Papier glacé aussi nous tient emprisonnées. Les réverbères ponctuent mon trajets d’œillets rouges . Je ne sais pas pourquoi, pourquoi lorsque leurs voitures ralentissent quelques choses s’ouvre à la hauteur du nombril. Un brasero posé sur une ile de couleur verte. A la chaleur de mon ventre, les petits allumeurs se réchauffent l’hiver. Lorsqu’ils frottent leurs mains justes à cet endroit-là les pierres du briquet brillent de tous leurs feux. et voila que d’un coup je me suis travestie de rimmel désespoir. Je n’en ai pas eu l’habitude puisque fille de joie je suis. Avant quand ça me prenait j’écartais les papillons venus sur moi se bruler les ailes. Seuls les hommes cruels avaient le droit d’entrer dans la lumière blanche et dénudée. Les projecteurs nous fond fards et masques au centre de la scène nocturne. IL était facile de les oublier. Avant je n’avais qu’effleuré l’immense possibilité des prisons qui nous séparent. Dès l'aube c’est la coulée lente vers le café noir. Les petits allumeurs ont mis leurs vêtements de deuil.

Poisson d’avril par Jules Félix

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Depuis déjà pas mal d’années, une personnalité politique n’a pas plus de considération dans les sondages qu’une péripatéticienne (à la différence près que la première apporte certainement un peu moins de plaisir que la seconde). Comment la classe peut-elle remédier à ce désintérêt sans arrêt croissant de l’électorat vis-à-vis de ses élus ? J’aurais tendance à dire : en restant sincère, en faisant ce qu’on dit, en disant ce qu’on fait, en ne mentant pas, en étant honnête, en ne maniant pas la facilité démagogique, en étant courageux, en étant original, en étant intelligent, en étant gentil, en étant bon, en étant beau… Oups, oh la la ! Mais je m’égare. La réponse était bien plus facile. Le mercredi 12 février 2014, les sénateurs ont adopté définitivement la proposition de loi qui institue le vote blanc. Cela a l’air banal, mais jusqu’à maintenant, le vote blanc n’a jamais été comptabilisé. Seuls, les bulletins blancs ou nuls étaient comptabilisés, et parmi eux pouvaient se trouver de vrais bulletins blancs mais aussi des bulletins nuls, souvent modifiés par erreur (un nom barré, un nom rajouté, deux bulletins différents) ou volontairement (une insulte inscrite), etc. La loi, qui a mis deux lectures et quelques navettes pour être pondue avec son texte final (et qui va donc être promulguée dans les heures qui viennent, à moins que des parlementaires ne saisissent le conseil constitutionnel), fait donc obligation, à ceux chargés des opérations électorales, de séparer le vote blanc du vote nul. Il provient d’une proposition de loi qu’a déposée Jean-Louis Borloo, député du Nord et ancien ministre, et quelques autres de ses collègues, sur le bureau de l’Assemblée nationale le 24 juillet 2012 (proposition numéro 107) et qui a pu être discutée grâce aux nouvelles "niches" réservées aux groupes parlementaires (depuis la réforme de 2008). Le texte est exprimé exactement de cette manière : « Les bulletins blancs sont décomptés séparément et annexés au procès-verbal. Ils n’entrent pas en compte pour la détermination des suffrages exprimés, mais il en fait spécialement mention dans les résultats des scrutins. Une enveloppe ne contenant aucun bulletin est assimilée à un bulletin blanc ». La dernière phrase est essentielle car il est possible que certains bureaux de vote aient oublié de mettre à disposition des électeurs des bulletins blancs. Elle nécessitera également de modifier les opérations de vote électronique (dont le principe me paraît totalement antidémocratique, mais c’est un autre sujet), car le blanc n’y était pas proposé. Il y a des élections municipales les deux derniers dimanche de mars, en particulier, dans le cas d’un second tour, le dimanche 30 mars 2014. Mais cette loi ne sera pas appliquée à cette occasion. Pour deux petits jours. Elle le sera donc en principe seulement à partir des élections européennes du 25 mai 2014. Le texte en effet prévoit cette mesure : « La présente loi entre en vigueur le 1er avril 2014 ».

la con plainte des cons perdus‏ par Fragonarde

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Rousse acajou elle est pour moi un peu voyou suis pas de bois Plein de coucous pour commencer plein de bisous pour l'amorcer Baisers dans l'cou sourire vampire d'elle je suis fou mais c'est pour rire Comme un zazou veut l'allécher comme un matou veut la lécher Nul doute filou sourire rapace aussi ripou désir salace Veut une nounou ses seins toucher dans son boubou veux me nicher On m'veut des poux surpris et pris suis pas époux suis pas épris Trop de bisoux j'ai abusé pas de tabou j'ai tout brûlé Avec bagou l'ai attiré coup de bambou j'l'ai trop tiré Pu de joujoux seul dans mon lit bijoux au clou seul dans ma vie

Tous à poils !? par Jules Félix

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Décidément, non contents de jouer la comédie, la classe politique, ou plutôt, ses représentants les plus ambitieux s’investissent de plus en plus dans le spectacle (on ne peut même plus dire politique spectacle). Après Manuel Valls (ministre de l’Intérieur) devenu attaché de presse de l’humoriste Dieudonné il y a quelques semaines, voici Jean-François Copé (chef du principal parti d’opposition et potentiel candidat au poste de grand schtroumpf) devenu, lui aussi, le meilleur attaché commercial de Rouergue, petite maison d’édition de livres pour la jeunesse. En effet, ce mardi 11 février 2014, le livre "Tous à poil" (sans s, ce qui est une erreur à mon sens) est devenu le quatrième livre le plus vendu chez le fameux site Amazon, et le premier livre pour la jeunesse ! Pourquoi un tel succès ? Parce qu’il vient de se retrouver au cœur d’une de ces polémiques insipides, stupides, bêtifiantes comme notre République en connaît trop régulièrement. Jean-François Copé lui a fait un sacré coup de pub dans l’émission "Grand Jury" sur RTL le dimanche 9 février 2014. Voulant s’indigner contre la perte des valeurs notamment de la famille orchestrée par le gouvernement actuel, il a sorti le livre au cours de l’émission et l’a feuillé devant les micros (oui, c’était une émission de radio, c’est ballot ; bon, certes filmée par une chaîne de télévision). « Ca vient du centre national de documentation pédagogique, ça fait partie des livres recommandés aux enseignants pour faire la classe aux enfants de primaire. (…) À poils le bébé, à poils la baby-sitter, à poils les voisins, à poils la mamie, à poils le chien… À poils la maîtresse… Vous voyez, c’est bien pour l’autorité des professeurs ! » et d’ajouter : « Quand j’ai vu ça, mon sang n’a fait qu’un tour ! » Avec cette petite note très géodémagogique (dont il est coutumier ; il a l’habitude de fustiger les germanopratins) : « Il y a un moment où il va falloir qu’à Paris, on atterrisse un petit peu sur ce qui est en train de se faire dans ce pays ». Vu les réactions depuis cette sortie, il ne s’est pas vraiment grandi auprès d’une opinion publique qui le boude depuis déjà quelques années. Personne n’a jamais imposé ce livre aux enseignants. Il est allé le chercher dans une liste d’une centaine d’ouvrages conseillés par une association ardéchoise (loin de Paris !), l’Atelier des merveilles, qui propose depuis 2009 une bibliographie régulièrement remise à jour sur l’égalité filles et garçons, diffusée par certaines délégations aux droits des femmes et reprise aussi par le site Internet du centre régional (pas national) de documentation pédagogique de l’académie de Grenoble. Et cette bibliographie est assez originale puisque ce sont les familles qui l’ont établie en sélectionnant elles-mêmes les titres et en rédigeant les notices, ce qui fait dire à un libraire pour la jeunesse : « Renversant l’ordre habituel, c’est l’expertise des récepteurs et non des prescripteurs qui est mise en avant ». D’ailleurs, le livre n’est pas sur la liste officielle des livres proposées par le ministère aux enseignants (portail Eduscol), mais il le sera peut-être prochainement ! Le livre de quarante pages, accessible à partir de quatre ans, a été réalisé par un couple ayant quatre enfants : pour le texte, Claire Franek (quarante-sept ans), auteure de plusieurs ouvrages et créatrice de nombreuses cartes postales et affiches, et pour les dessins, Marc Daniau (quarante-neuf ans), illustrateur de plusieurs ouvrages et qui enseigne le croquis de nu et la peinture à Paris. Marc Daniau s’était étonné de la polémique alors que le livre est sorti il y a près de trois ans, le 20 avril 2011, et jusqu'à maintenant, il n’y a jamais eu de contestation : « Ce [livre] n’est absolument pas de la provocation, nous ne sommes pas des naturistes militants. C’est au contraire un livre joyeux ». Le "au contraire" est d’ailleurs amusant (on peut en déduire que le naturisme est triste). Le livre montre beaucoup de personnages familiers dans la vie d’un enfant qui enlèvent leurs vêtements pour aller se baigner dans la mer : « Nous sommes assaillis en permanence d’images de corps retouchés, qui imposent une pression sociale. On voulait dédramatiser la nudité, montrer la diversité ». Le titre du livre (qui n’est pas dans la base de données de pcc) est ici : http://ecx.images-amazon.com/images/I/51Q11Dh0OzL._SX300_.jpg La quatrième de couverture explique doctement : « Avec ce livre, on a décidé d’apporter un regard décomplexé sur la nudité. Sur chacune des pages, est représenté un personnage ordinaire ou particulier, qui fait partie du quotidien ou de l’imaginaire des enfants, en train de se déshabiller. Les personnages peints existent mais ne posent pas. Nous les voyons se déshabiller, acte quotidien qui les met tous dans des positions cocasses… Le trait et la couleur proposent un regard sensible, chaleureux et réaliste qui ne se moque pas et accepte la diversité des corps ». Effet magique de la soudaine médiatisation, les commentaires sur le site Amazon se sont multipliés à partir du 10 février 2014, presque toujours de façon élogieuse, après un silence à partir du 1er octobre 2011. Commentaires de lecteurs très favorables dont je donne ici quelques extraits (corrigés). « Livre rigolo, qui ne se prend pas la tête, où tout le monde est tout nu. (…) Convient à tous les âges. Mon enfant a deux ans et l’aime bien. Mon cousin de neuf ans s’y est intéressé. Jolis dessins réalistes mais pas vulgaires ». « Au lieu de prôner l’autodafé, [les hommes politiques] feraient mieux de s’indigner au sujet des idioties abrutissantes qui défilent quotidiennement sous les yeux de la jeunesse à la télévision. Ce livre n’est qu’un livre et rien d’autre, totalement inoffensif. Ceux qui cherchent à le censurer sont des esprits tordus ». « On pourrait croire qu’à l’ère d’Internet, tout le monde sait ce qu’est un zizi, une zézette, et ce très tôt. Mais non, c’est toujours un sujet tabou, qui dérange ! N’oublions pas qu’avant de croquer le fruit défendu, Adam et Ève étaient nus et cela ne les gênait pas ! Pourquoi avoir honte de son anatomie ? Aidons plutôt nos enfants à s’aimer tels qu’ils sont en leur montrant que tout le monde, bien que différent, est semblable une fois dénudé ». « Un album drôle et malin pour aborder la nudité sans se prendre la tête. Les auteurs en profitent pour nous glisser un message plein de tolérance et de bienveillance. À lire ! » « Acheté pour mon fils de trois ans, c’est un réel plaisir de voir que la nudité n’est pas une honte, et j’espère que ce genre d’ouvrage lui permettra de ne pas complexer sur son corps. Pour une fois qu’un livre n’est pas qu’un ramassis de stéréotype pour garçon/fille, ça fait plaisir ». « Ce petit livre réjouissant est plein d’humour et une jolie façon d’aborder le problème du corps et de la nudité. Nous sommes au vingt-et-unième siècle et la nudité fait encore peur. Il est terrible de le constater ». Petite remarque finale : le 20 avril 2011, date de publication de l’ouvrage, c’était l’un des principaux lieutenants de Copé, Luc Chatel, qui était …ministre de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et de la Vie associative. Couverture du livre : http://ecx.images-amazon.com/images/I/51Q11Dh0OzL._SX300_.jpg Le magicien : http://md1.libe.com/photo/618787-poil.jpg Les femmes de la cantine : http://md1.libe.com/photo/618788-cantine.jpg La maîtresse : http://md1.libe.com/photo/618790-maitressetop.jpg

Le cœur des ouvriers par BARDAMU

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Le cœur des ouvriers ne soupe plus des cadences Aujourd'hui faut manger bio et lire confidence Le cœur des ouvriers ne s'arme plus aux présidences Il faut fermer sa gueule et faire face aux urgences Le cœur des ouvriers n'est plus rouge garance Il cherche la tête lourde une légère espérance Le cœur des ouvriers ne bondit plus dans la violence Il bat dans les télés et dans l'accoutumance Le cœur des ouvriers n'aime plus la désobéissance Il dit oui à son chef et croit en la croissance Mais bientôt les cœurs des ouvriers souperont de la danse.. Mais bientôt les cœurs des ouvriers briseront le silence Et dans le cœur des ouvriers, il y aura l’insouciance …

Une apparition par Nadarc

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La social-démocratie vacillante, plus liberticide et doctrinaire que jamais, envoyant ses chiens de garde aboyer autour de tout ce qui n’était pas conforme à sa dictature molle et les médias se chargeant, avec maestria, de lyncher transfuges et dissidents, il se demanda s’il devait, en ce matin de février, consacrer une ou plusieurs heures à mettre noir sur blanc l’éloge qu’il souhaitait écrire. Cette déclaration d’amour qu’il avait un brûlant désir d’exprimer par des mots venus droit du cœur et de publier sur son blog littéraire n’allait pas, il le savait, manquer de lui valoir le rejet du plus grand nombre. Depuis toujours il vénérait le féminin et cette citation de Kurt Cobain, « nous serions bien avisés de donner aux femmes, qui ont somme toute des instincts bien moins meurtriers que les nôtres, d’avantage de pouvoir », lue dans le journal de la défunte rock star, il se l’était gravée dans la mémoire. Il se l’y était gravée parce qu’elle correspondait exactement à ce qu’il pensait du beau sexe. Des icônes il en avait tout un panel et la liste allait en s’allongeant. Côté brunes il adorait à s’en damner l’actrice Arletty, Patti Smith la poétesse émule de Jean Genet, Wanda Jackson la reine du rockabilly, PJ Harvey l’incantatrice rock’n’rollienne, Siouxsie Sioux la grande prêtresse gothique. Côtés blondes il vénérait comme des divinités l’écrivaine Nelly Arcan, Courtney Love la baby doll grunge à fleur de peau dont la chirurgie esthétique avait ravagé le corps et le visage, Deborah Harry la sensuelle interprète de X Offender et Jennifer Miro, figure de proue des Nuns, une formation punk début eighties, originaire de Los Angeles ou San Francisco, qu’il réécoutait avec une régularité métronomique. Puis Marion, semblable à la vierge illuminant Bernadette, lui était apparue. Vingt-sept ans, d’une classe aristocratique et députée du Vaucluse, elle portait un nom diabolisé depuis des décennies et tenait tête à ses détracteurs avec un calme, une élégance, une grâce qui le laissaient aussi songeur qu’admiratif. Le cœur ayant des raisons que la raison ignore il était tombé éperdument amoureux d’elle et passait le plus clair de son temps à rêver de déposer le monde à ses pieds. L’imaginant, la fantasmant nue, il préservait sa pudeur en la couvrant de roses bleues, de roses blanches, de roses rouges. Les roses bleues existent, il le savait pour en avoir offert à Juliette, une affriolante brunette caractérielle à forte odeur de prédatrice en rut qu’il ne voyait plus depuis des années. Juliette, c’est sur, aurait abhorré Marion, mais Juliette c’était de l’histoire ancienne et la page était définitivement tournée. Marion c’était, ici et maintenant, la Marianne dont il désirait ardemment voir le visage sur des timbres postes à la place de celui d’Inna la triviale ukrainienne, walkyrie des ignobles Ragnanas. Témoignant un respect inconditionnel à Marion, au soleil qu’était sa chevelure irradiante, à la nourriture spirituelle qu’était son visage, à la douceur qu’il dégageait, il ne se masturbait pas en pensant à elle. Lors de ses séances d’onanisme il préférait s’imaginer la tête entre ses cuisses, à lécher le clitoris proéminent d’une pulpeuse amante de quatre-vingt kilos. Raffolant des « grosses » dans la virtualité d’une branlette comme au plumard, il cultivait un jardin secret pour les muses qu’il n’aurait touchées, de crainte de les salir, sous aucun prétexte et Marion en était la fleur qu’il arrosait avec une eau dont la pureté évoquait celle du cristal. Qu’on se le dise, son engouement pour cette nymphe sibylline, évoluant avec droiture et majesté dans ce panier de crabes qu’est le microcosme politique, n’était pas seulement lié à la sensualité qui émanait d’elle. Il appréciait également le son de sa voix et trouvait ses propos souvent très judicieux. Sa manière de clouer, avec un sourire radieux, le bec de ses interlocuteurs le fascinait, au point qu’il en restait souvent béat de gratitude. « Tu es irrésistible ma chère et tendre » pensait-il alors en joignant ses mains en prière pour remercier le tout puissant d’avoir mis cette créature, moitié ange, moitié démon, moitié féline, moitié reptile, mais toujours rayonnante, sur sa route. « Irrésistible et par les temps qui courent il est réconfortant d’avoir dans sa vie une femme pour laquelle on se sente prêt à mourir ».

Beauty & Silence par Sysy Lovisa

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Vous ne comprendrez jamais pourquoi Il est cette beauté silencieuse, Un masque facilement posé Sur un visage trahi, tourmenté, Un déguisement pour cacher Certaines choses qui ne s'effaceront jamais, Quand tout s'écroule en un murmure Je réalise à quel point le monde Peut être fragile, Cette Vie n'est pas pour lui Mais il m'a appris que la beauté N'a besoin que d'un murmure, Vous ne comprendrez jamais pourquoi Il compte pour moi, Je voudrais parfois le rejoindre M'évader, Même quand je marche droit J'aboutis toujours à ce cercle parfait Où la routine est un désordre De tics communs, Mes lèvres remuent fardées De mots si vagues, Je rêve de coeur Je reçois du pique noir, Je rêve d'un regard Je reçois un rire moqueur, Quand je vois son reflet Je dis que ça n'est pas lui, Alors nous prenons un autre chemin Moi-même et ma douleur, Vous ne comprendrez jamais pourquoi Je ne peux pas m'en détourner, Si ma douleur disparaissait Je ne veux pas disparaître Avec elle.

Ne désiste pas par Ashaninka

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Ne désiste pas, tu as encore le temps d'y arriver et de recommencer. Accepte tes ombres, enterre tes peurs, libère tes liens, reprends ton envol. Ne désiste pas car la vie est de continuer le voyage, poursuivre dans tes rêves défier le temps, courir dans la pénombre et éclaircir ton ciel. Ne désiste pas, s'il te plait! N'abandonne pas Même si le froid brûle, même si la peur mord, même si le soleil se cache, et que le vent se tait. Il y a encore du feu dans ton âme, de la vie dans tes songes! Parce que ta vie est tienne ainsi que ton désir et personne ne peut te les voler. Parce que tu le veux! Parce que je te veux! Parce qu'il existe la tendresse et l'amour. Parce qu'il n'y a de blessure que le temps ne guérisse! Tombent les murailles qui nous protègent, nous laissant vulnérables à un nouvel amour. Vis la vie! Accepte les défaites, retrouve le sourire, chante à nouveau, baisse tes défenses, et tends tes mains. Déploies tes ailes et essaye encore, célèbre la vie et recommence tout, comme au premier jour. Ne désiste pas, s'il te plait! N’abandonne pas, ne m'abandonne pas . Parce que chaque jour est un jour unique. Parce que arrive le moment de meilleurs instants Parce que même si ton âme est en désarroi, moi je t'aime et tu n'es pas seul.

Je me souviens par Douve

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Ca faisait longtemps que je ne m’étais sentie aussi lourde, les pieds lestés de plomb, la tête pleine de chagrins et d’ombres. Me vient l'envie d'évoquer pêle-mêle les choses qui me rendent heureuse même si beaucoup d'entre elles n'existent plus que dans ma mémoire: Ta main dans la mienne sur la Grand-Place de Bruxelles. Cette grenade partagée, parfaite, dont les grains sucrés explosaient sous la dent. Les gaufres de Meert, une fois déballées soigneusement de leur papier doré. Le sapin de Noël illuminé, mes nièces qui déchirent leurs paquets cadeaux l’une appliquée et douce, l’autre façon Terminator. L’odeur de la maison de mes grands-parents. Le bruits de mes pas sur le gravier de leur allée. Le ciel de Honfleur, ses nuages bas et gonflés comme des barbapapas. Le sticker « vitrail » sur la vitre de la cuisine de ma Mamie, la façon dont le soleil colore la pièce quand il le frappe. Les mots d’amour que Petite chérie me jette sans pudeur. Les mots d’amour que Grande chérie retient mais que j’entends quand même. Le goût de ce thé au marron glacé un jour de grande fatigue. La galette de Sève boulottée à deux sur le canapé, le fondant de la frangipane, le croquant caramel du feuilleté. Nos baisers sur Calton Hill Le coin de drap frais qu’on trouve du bout du pied La brioche à la praline de Pralus, moëlleuse, croquante et fondante à la fois. Ton rire quand je suis bête. Tes doigts qui cherchent les miens dans ton sommeil. Mon galet rouge en forme de coeur. Le marché du vendredi, les fleurs que je n’achète jamais, en me promettant toujours : la prochaine fois Fourvière dans la brume. Ce ciel orangé un soir de juin, qui semblait avoir embrasé l’immeuble d’en face. Tes boucles autour de mes doigts. Le parfum de ma mère sur ses oreillers. Mon père sur le rocher des Grandes Dalles, ses ongles comme des coquillages, ses cheveux d’écume. Les orages d’été. Les amandiers lisboètes au printemps, les pasteis de Nata, la voix d’Amalia. Le museau du chat ronronnant dans mon cou quand j’ai de la fièvre, sa fourrure douce, ses oreilles fraiches. Les amandes émondées. Dinan sous le soleil, Dinan sous la pluie, Dinan tout le temps. Notre paradis aux volets bleus, son étang, ses canards, la façon dont le temps s’écoulait là-bas. L’odeur des livres partout autour de moi, le bruit des pages qui se tournent, leur poids dans mon sac. Et dans mon âme.

Poème bête par BARDAMU

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Par une avide journée de printemps Dans une bête prairie Deux amants s'en allaient broutant Les serments et l'herbe fleurie Dans une bête prairie Ils mordaient rudement le bonheur Et leurs cœurs ras de terre Battait en tambour de guerre Rencontrant la chaleur Ils mordaient rudement le bonheur Et le printemps et ses douceurs Ainsi qu'on pouvait s'y attendre Vole la robe vole les cœurs Et le débat était très tendre Ainsi qu'on pouvait s'y attendre Caresse salives et cou Haleine cuisse et genou La passion étant revenue plus sereine Et rebroutant fleurette et gazon Honorant d'un regard à peine Sa Majesté des horizons Et rebroutant fleurette et gazon Un bruit leur fait lever la tête Écoute est-ce très bêtes ? "On a marché dans le grand bois " Ils aperçoivent un regard roux Et deux grandes oreilles acajou Maître renard en tapinois Les regardent et leurs envois Les belles plumes de son festin Et la douceur de ses yeux argentins Les belles plumes de son festin Et la douceur de ses yeux argentins

Le comédien paysan par Jules Félix

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Complètement décalé et "déchronisé", la mâchoire carrée, la gueule géante, des sourcils sévères, le nez grimaçant, petite corpulence, du stress à en revendre et un regard intrusif qui perce l’âme, avec son petit côté à la fois monarchiste et anarchiste (oui, je sais, c’est troublant). Enfin, faux air d’anarchiste et vrai air de légitimiste. Une sorte d’Henri Vincenot côté cinéma. La ruralité, il connaissait bien parce qu’il avait fait des études d’agriculture et qu’il était passionné par les chevaux, au point de participer à des concours hippiques (et passionné aussi par les Bugatti, mais c’est une autre histoire). Il se destinait à la sculpture et à la peinture alors qu’on l’aurait voulu pharmacien. Et là, en allant à Bègles, près de Bordeaux, personne. Pas une âme qui vive qui se rappelle le comédien. Personne pour son centenaire ce mercredi. Personne non plus à Ponsampère, dans le Gers. Le pauvre homme est allé fleurir d’autres lieux le 28 août 2005. Quatre-vingt-onze ans. Donc. Jacques Dufilho, au patronyme impossible à orthographier correctement du premier coup, est de ces seconds rôles qui passent et se font oublier par les jeunes générations. Je ne l’ai pas oublié, car je l’adorais. Un film avec Dufilho, c’était la garantie que même un navet serait appétissant. J’avais parlé d’autres seconds rôles, au regard humain et attendrissant, comme… Jacques François : http://www.pointscommuns.com/jacques-francois-commentaire-cinema-108718.html Hubert Deschamps : http://www.pointscommuns.com/hubert-deschamps-commentaire-cinema-109047.html Dufilho avait bien connu l’Hubert, ils faisaient des sketchs ensemble juste après la guerre, dans d’obscurs cabarets. Ah, je suis très injuste. La "critique" avait au contraire largement encensé Dufilho. C’est même prodigieux : Deux césars du meilleur second rôle en 1978 et 1981. Sept d’or du meilleur acteur de télévision en 1988. Molière du meilleur comédien en 1998. Clap clap clap ! Plus de cent soixante films (ou téléfilms), dont "Pétain" (1993) et le Commissaire Juve dans "Fantomas" (en 1980), et plus de cinquante représentations théâtrales dont "L’Avare" qui fut un très grand succès en 1962. Je n’ai pas vu "Chut !" de Jean-Pierre Mocky (sorti le 23 mars 1972) qui paraît excellent en duo avec un merveilleux compère, Michael Lonsdale (avec Philippe Castelli en ministre). C’est l’histoire d’une escroquerie assez classique et elle devait d’abord s’appeler "Pavane pour un crétin défunt ". Tiens, j’aurais pu utiliser cette expression pour mon titre, mais ce n’était pas un crétin. Je recommande par ailleurs un film que j’ai beaucoup aimé et qui est peu connu, "Ce cher Victor" de Robin Davis (sorti le 21 mai 1975) où il tient la première place aux côtés de Bernard Blier, un coup de deux vieux qui se détestent et veulent pourrir la vie de l’autre (Philippe Castelli y tient également un rôle). Le web n’apporte pas beaucoup de diversité aux rares scènes en ligne. J’ai retenu celles-ci. "Victorine et la visite du château" (26 octobre 1957) : http://www.youtube.com/watch?v=xCKlxf5xeco "Les Loups" (16 février 1969) : http://www.youtube.com/watch?v=MyFCkO-oejU "Le Paysan prisonnier" (16 février 1969) : http://www.youtube.com/watch?v=yElCGgt3W90 "Les Bidasses en folie" (1973) : http://www.youtube.com/watch?v=BvDV1dIvrr8 "Ce cher Victor" (21 mai 1975) : http://www.youtube.com/watch?v=b7J2rdxs9zQ "Milady" (1975) : http://www.youtube.com/watch?v=DsEyHudWjuM Interview sur "C’est quoi la vie" (1998) : http://www.youtube.com/watch?v=e157SSTzqUg

L'inconnue par Sulyvan

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L'inconnue Où couche la lumière dans le vent bleu de la nuit a – t – elle soulevée la haute Mer de minuit Vénus pionnière dans le combat des myriades — et ma voile répugne aux vents de cette pléiade La lune idole surgit — noire et vide comme un trou ces symboles bousculent l'espace que le temps encloue avec une éclipse à son image — en silence le souvenir d'un jour cruel s'envole — absence L'étoile de mon silence — dans son hamac rêve les autres dans le vide flottent errantes et sans trêve Les tempêtes de l'hiver — funérailles du soleil — et j'apprendrai le printemps sans l'horloge vermeil A l'horizon oblique des sommets l'anathème coagule énigmatique — révolte et requiem vivre plus près de la mort — est force de Vie — l'Azur nous est fidèle loin du Monde des ravis La chevauchée vole au – dessus des barrières dans le parcours du temps — cavalière guerrière — des cités au déserts — l'âme libre est sans bémol Dans l'obscur orage L'inconnue chante et s'envole http://www.youtube.com/watch?v=VJVqykKMvTk sulyvan Le 10 Février 2014 .

C'est vendredi .... par BARDAMU

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De la fenêtre y’à une corde raide Un ciel de merdre qui plaide Pour une pluie bien drue Disait le père Ubu Sur ma fenêtre y’a une mésange Un ciel bleu sans mélanges Un beau soleil ému Se disait Bardamu De ma fenêtre je vois les deux héros Tour à tour se brûler le cerveau Car dans la vie il ne faut Ni trop vrai ni trop faux... (Petit pas chassé du poète et révérence il dit au revoir au père Ubu et à Bardamu qui n’ont pas que ça à faire le vendredi …) Relisant son texte il se met sa plume là où il pense, et boit son encrier ...N'y tenant plus (le vol est assez bref et demande peu d'adresse ) il va rejoindre accablé et vaincu le père Ubu et Bardamu….

La grue par BARDAMU

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Regarde la grue qui trône là-haut Elle est pas faite pour nous construire un chapiteau C'est un autre cirque c'est un autre lot Faut pas confondre logements sociaux et Medrano C'est pour des clowns, mais en moins beau C'est fais de sciure, mais sans chevaux Regarde la grue qui trône là-haut Elle nous fabrique des pauv châteaux Pour RMiste pour les augustes les sans gâteaux Faut pas qui s'plaignent y s'ront au chaud Arrête-t-on cirque et crève là-haut ... Dis le clown blanc aux cas sociaux Pistes aux étoiles sans magicien et sans chapeau Regarde la grue qui trône là-haut.....

Filles de joie (suite et fin) par BARDAMU

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Et voila que rimmel désespoir me pousse à ouvrir la porte au bout de la scène . Le magicien insomniaque et sans mains s’est endormi une clope aux lèvres. Il m’a demandé d’un regard de l’allumer. Si je parviens à descendre de là je reviendrais quand la cabriole noctambule commence. Je reviendrai chercher les petits allumeurs. Là où nous irons, il ne manque pas d’œillets rouges à incendier sur des costumes d’herbe verte. Là où nous irons, des diamants de rosée ferment les serrures de nos nombrils. Avec eux je me ferai une tunique de vagues espérances toute rapiécée. Les pièces seront de couleurs vives. Déjà il est vrai les allumeurs ne sont plus cloués au cœur de la Cité. Compagnons du vent et de ses ribambelles de nuages ils parviennent à se tenir hors de portée du jet violet des frondes. Le cirque de la profonde foutrerie humaine hésite encore un peu. Les œillets fleurissent dans le ventre des enfances périphériques. Lorsque je sortirai d’ici je déferai la pièce rouge sur ma poitrine. Je ne sais pas pourquoi, pourquoi elle a tant grandi. Jusqu'à se déployer en claquant au coin des rues. Je ne sais pas pourquoi, pourquoi je n’ai pas peur de mourir. Au moment où la dernière voiture s’arrêtera, j’aurais déjà accompli douze fois le cycle du plaisir. Le magicien aura des lèvres d’herbe verte et un corps printanier malgré le temps déposé comme un masque entre nous. La ronde des allumeurs se reflétera dans la vitre qui nous entoure et nous retiens captifs d’un ancien rêve se faufiler entre les paumes battantes des spectateurs. La trajectoire des œillets rouges ponctue de ses points d’exclamation le chemin des usines où l’on fabrique des somnifères des paquets de clopes des talons hauts et des corps de papier glacé. Une image délicate de l’homme nous maquille l’un l’autre de petits jours pour ne plus nous quitter. Fille de joie le chemin des usines passe par mes hanches le dimanche quand il fait si bon dormir. Et mon corps enlacé au tien garde dans la prairie de nos draps l’odeur de sueur tendresse des petits allumeurs.
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