Je cherche l'homme qui irait bien à ma vie...
Non je ne cherche pas, je voudrais le croiser...
Enfin, nos regards se croiser.
Ce moment subtil où la curiosité ronge, quand un regard interroge, ce frisson au creux du ventre d'aller vers...
Ce désir fou de se lancer mais cette peur évidente de l'échec, de la fin, de la douleur, de la rancur, même si le torse bombée j'avance, une main qui balaie les mauvais souvenirs, les souvenirs blessants, humiliants, les souvenirs déstabilisants mais j'existe.
Je suis, avec mes maladresses, leurs malhonnêtetés, leurs bêtises et ma crédulité. La peur donc, mais l'envie encore de ne pas en rester là, ils n'auront pas ma peau. Je ne suis pas femme à croire que je ne suis là pour personne.
Son regard, je le désir si profond que mon ventre l'imagine bien plus que mon cerveau, j'ai besoin de sentir cette animalité, ce désir profond d'être pour l'autre son inéluctable, qu'il soit mon indispensable. Je voudrais ressentir une atmosphère d'intense émotion, comme un brouillard troublant mes mots et les siens, une timidité adolescente, comme si neuves nos âmes redevenaient.
Croiser ce regard et vouloir...
Ne plus vouloir qu'il disparaisse de ma vision, sans pour autant être poison, je le souhaiterait vivant en moi, me secouant dans toutes mes vérités, mes oppositions, mes aberrations. Cet instant serait déterminant.
Ni un pas en avant, ni un pas en arrière, je reste là, relâchant les muscles de ma mâchoire, la tête à droite, la tête à gauche, mes cervicales claque en un bruit sourd comme si je peçois à demi mot les prémices d'une union émouvante, mon seul combat : l'écoute du moment.
L'homme qui croiserait mon chemin, devrait ralentir, se retourner et s'arrêter. Idéalement, il devrait faire marche arrière, comme on remonte le fil d'un instant, et, nos visages à hauteur de nos yeux, il m'obligerait à l'affronter, à affronter la peur qu'il disparaisse en un éclair de corps à corps.
L'homme qui irait bien à ma vie, arrêterait le cours de la sienne le temps d'une pause, d'un silence, d'une émotion, puis conscients d'être là l'un pour l'autre, c'est face à face que nous engagerions notre première expédition vers l'inconnue. Il me parlerait, je lui répondrais, le menton posait sur mes mains en fleur, je l'écouterais, je l'écouterais attentivement, consciencieusement, précisément. Car cet homme là, ne pourrait me mentir, si attentive à chacune de nos connections possibles, je ne remettrait pas en question ce que je suis et ce qu'il est. Nous ne pourrions nous manquer de sincérité tant nos yeux nous trahiraient.
Inutile de faire semblant, si nos regards se croisent, je saurais, tu sauras.
L'homme qui irait bien à ma vie par Reinette88
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Poudrerie par BARDAMU
Sur son manteau et sur sa peine
La lumière d'avril lui sourit
Elle s'étale, en poudrerie
Ses espérances sont hors d'haleine
De ce discret poison
L'il du vulgaire ne le discerne pas
Il le cercle pourtant au compas
Global positioning system sans trahison
Puisiez-vous le voir sur vos têtes
Vous chantant votre déroute
Et sans crainte et sans doute
Vous en faire le noir poète...
Et puisse alors le narguant
Malgré tout le grand vent
Vous en faire aussi le maître
Ensuite alors peut-être....
Faire de vous un matelot hardi.....
En attendant le paradis !
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"Dis, quand reviendras-tu ?" par Annaconte
C'est sur un coup de tête que j'ai décidé ce petit voyage, mardi matin. La veille, il n'était question de rien. Il n'était question de rien d'ailleurs depuis des lustres. J'étais devenue un chantre du voyage immobile. Et voilà que soudain, l'envie d'aller faire un saut "à la Capitale" m'a saisie. Le temps de glisser dans un sac un plan du métro, deux tickets de survie, et un livre en guise de casse-croûte, quatre heures de train plus tard, j'étais accueillie par un soleil radieux, gage d'un séjour parfait ! Devant moi, deux longues journées pour flâner. Clandestinement.
En effet, personne ne sait où je suis. Ni où je crèche. J'ai opté cette fois -crise oblige mais pas que -pour un vieil hôtel -une étoile oui ça existe- au confort plutôt spartiate à trois pas de Bastille. J'apprécie l'inconfort, c'est un de mes malins petits plaisirs. Cela me fait me sentir plus vivante, et me tient en éveil mieux que n'importe quoi. Je ne saurais expliquer pourquoi. Disons que l'inconfort est mon luxe. Je peux me le permettre. Je n'ai jamais manqué de rien. Ou plus franchement, je me contente de peu ! C'est mon côté "ascète"....
Dès que je suis à Paris, à peine tombée du train, en gare de Lyon, depuis toujours, mes pas me portent automatiquement vers le Jardin des Plantes que j'adore. Tout d'abord pour sa proximité, ensuite pour sa modestie, il n'est vraiment pas prétentieux, idéal pour un rendez-vous, on ne peut pas s' y manquer, enfin pour ses merveilleux parterres quand ils sont en fleurs. Simplement enjamber la Seine, piétiner un peu aux feux tricolores, vérifier que le dormeur sous sa cahute de carton est bien pourvu en couvertures, et m'engager enfin dans les allées tranquilles, désertes à cette heure. Ce matin, sous un beau ciel de nacre, un arbre immense et nu héberge sur ses plus hautes branches un groupe de corneilles, cela exige une photographie. Immédiatement s' impose cette mythique scène de cinéma, devant l'école quand les Oiseaux attaquent les enfants et s'accrochent aux blonds cheveux de la diaphane Tippi Hedren paniquée . Tout le monde connait.
Moi je ne risque rien. Je ne suis pas blonde.
Au fond du Jardin, dans la perspective, la Grande Galerie de l' Evolution. J'enfile les quatre étages, somptueux, au petit pas de course, sans état d'âme : je n'ai pas le temps de fignoler ! de toutes façons, j' y suis déjà venue plusieurs fois et je compte bien revenir mais là, j'ai déjà envie de soleil, et vite de me retrouver dehors. Sur les pelouses. De parcourir ensuite la serre tropicale, parmi les orchidées et les lianes, un véritable enchantement ! Depuis un balcon de pierres aménagé au-dessus de cette nature luxuriante, je me tiens comme en contemplation, suspendue, fascinée par l 'harmonie des courbes et tous ces verts qui rivalisent dans des jeux de lumière. Cris d'animaux et chants d'oiseaux exotiques, bruits d'eau et de cascades, en fonds sonore : on s'y croirait. J'ai une pensée mesquine : je voudrais être vraiment riche pour m' offrir une pareille jungle devant ma porte ! Il est vrai que j'ai déjà chez moi, l' agrément d' une véranda et le cd "ambiance véranda" ! un bon début, c'est déjà ça !
Mais je parle, je parle ! je ne voudrais vraiment pas vous ennuyer avec ce fastidieux rapport de ma visite au Jardin des Plantes, ou à la vieille -c'est relatif-, orang-outan de la Ménagerie, Nénette à la si triste figure.. Non, non, je veux surtout vous raconter cet émoi de marcher dans Paris.
Pas tant un émoi d' ailleurs qu'un émerveillement !
En fait, je vais, au cours de mon petit séjour parisien, de surprise en surprise. Déjà dans le train, en face de moi, cette jeune femme silencieuse, plongée dans sa lecture, les jambes repliées sous la banquette, ... à force de la regarder, je lui trouve un air familier. "Presque" familier. Il ne lui manque qu'un chapeau et ce pourrait être Itinerrance. Sur la plateforme, au bout du compartiment, ce papa et son fils qui discutent, assis sur une marche, il me semble les connaître...Ce pourrait être M..... de retour de vacances. Plus tard, à peine arrivée en gare de Lyon, c'est dans le hall que je crois apercevoir Misty, accompagnée elle aussi d'une petite fille adorable..Elle porte une robe fleurie et des paquets dans les bras. La foule ne me permet pas de la rattraper alors qu'elle disparait emportée par l'escalier roulant.
A la terrasse d' un café, c'est une joyeuse bande qui se retrouve pour un pot improvisé, je jurerais qu'il s'agit de Loli Lola, de Malki Milka, et de Lilas Loula et les autres !
En traversant la place de l' Opéra, c'est Smart que je croise. Et Magic plein soleil en remontant le Canal Saint-Martin. Alors que je rejoins Bercy, , c'est xxx et xxxxx (ces fous du volant dois-je vraiment les nommer ???) qui grillent un feu rouge en voiture. J 'esquisse un signe de la main mais les voilà déjà envolés . Sous les Arcades de la rue Rivoli, j'avise la si coquette R.... qui fait du lèche-vitrines. Au Parc de la Villette, devant l'entrée de la Géode, c'est bien Abi et ses garçons qui attendent pour la prochaine séance cinéma. Je le reconnais, c'est sûr, c'est lui. Il me me remarque pas, trop absorbé qu'il est à veiller sur son impatiente tribu !
Je ne vous citerai pas les noms de tous ceux et celles que j'ai croisés dans les couloirs du métro !
Impensable, à croire que tout le petit monde de Pcc s'est donné rendez-vous sur la ligne 14 ! Et dans la rame, même le jeune xxxxxxx déplace ses longues jambes pour me permettre de m'installer, sans toutefois me reconnaitre bien entendu. Je n'ose le déranger de sa lecture. Et ce professeur (on dirait en tout cas un professeur je ne sais pas pourquoi) en face de moi, qui regarde à travers la vitre sale, puis qui se lève, rajuste son manteau, prend sa serviette et sort à la station Pyramides.... n' est-ce donc pas xxxx ? Cette écharpe rouge autour du cou, cela me dit quelque chose .... Et la jolie dame devant le Louvre, si élégante, qui semble chercher quelqu'un des yeux, et se met à courir vers un monsieur qui lui ouvre ses bras ? N'est-ce pas S.... ? Et ces deux là qui se bécotent sur un banc public ?? Et cette autre qui secoue sa chevelure dans la lumière ? et celui-ci qui gesticule sur le parvis de la Bibliothèque de France, et celui-là fébrile, qui téléphone attablé au Flore ?
Rencontres inattendues. Rencontres surprenantes. Illusions. Illusoires...oui et alors ? Au-delà de mon regard noyé d ' étranges brumes, de réminiscences et de confuses souvenances , se superposent, le long des rues, des squares, des rives, sur les visages des passants indifférents et inconnus, les petits portraits flous et incertains des profils de Pcc. De l'autre côté du couloir, dans le bus, dans le miroir de la vitre, j'entr'aperçois vaguement d'hésitantes figures que je crois reconnaitre alors que je ne les connais même pas ....
C'est la première fois que je ne me sens pas seule dans Paris. Paris est habitée soudain par des centaines de silhouettes imaginées que je dessine et que j'invente, malgré moi, comme autant de petits signes et de petits cailloux blancs sur mon chemin..
Au moment de repartir et de quitter la ville lumineuse, ils étaient tous là, sur le quai numéro cinq, à être venus, pour me dire au revoir : " dis, quand reviendras-tu ?" ... Même la séparation ne m'empêchera pas d'être heureuse de vous avoir connus, vous tous.
Désormais je prononcerai vos noms vrais et vos noms d' emprunt sur un tout autre ton. Oui je les prononcerai tout autrement. En riant certainement. Du bon et réel bonheur de nos prochaines retrouvailles.
http://youtu.be/nUE80DTNxK4 Barbara "Dis, quand reviendras-tu ?"
et un peu d'auto dérision !
http://youtu.be/wQFe3A5Rjtk
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Vêtements par BARDAMU
Vieilles femmes de noir et dennui vêtues
Jeunes femmes de peine et de noir fardées
Si je peins une femme rouge
Je crois que ça nest pas pour rien
Cest à vous en la créant que jai songé
Sur le marbre des poudres vives jai broyé
Sous mes doigts jai senti son ventre ému
Sarrondir amant dune cerise ardente
Des rouges-gorges jouaient entre ses cuisses
Et moi je voulais tant
Je voulais redonner aux femmes mon sang
Des couleurs dont la guerre que se font les hommes
Les a privés des couleurs comme
Coquelicot braise rubis soleil levant
Des couleurs quelles ont connues dont elles puissent
Tout entières se souvenir et se vêtir
Et moi je voulais tant
Teindre des couvertures de laine écrue
Dans un bassin de pourpre les tremper
Pour les en couvrir lorsque le froid les a pris
Après la longue vie sans amants sans amis
Et moi je voulais tant
Couper dans des rideaux des robes de rubis
Quelles mettraient se moquant des guerres des hommes
Couper aux champs des brassées de coquelicots
Couronnes dans leurs cheveux volant au vent
Si jai peint une femme en rouge
Je crois que ça nest pas pour rien
Sous mes doigts jai senti la bouche émue
Souvrir amante dune braise ardente
Croquant comme cerise le soleil levant
Et moi je voulais tant
Redonner aux femmes mon sang
Vieilles femmes vêtues de noir
Jeunes femmes vêtues dennui
Des couleurs fières des couleurs comme
Braise rubis soleil levant coquelicot
Et moi je voulais tant
Être le premier à teindre de mes mots
Sur le seuil du vent des vêtements nouveaux.
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le soleil et moi par Magic one
Le soleil et moi
le soleil émois
le soleil est moi
quel titre?
Le matin salue poliment la nuit
Tu ouvres lentement les yeux
Du lit tout doucement sortir
Je voudrais te garder un peu
Mais le soleil attend dehors
Pour te couvrir de reflets dor
Et tout là haut à lhorizon
Il annonce la saison
Aujourdhui encore il fera beau
Et peut être même un peu chaud
Tu restes un moment alanguie
Tu fais attendre lastre en feu
Il quitterait sa galaxie
Juste pour connaitre tes yeux
Sans toi cest quune étoilé égarée
Tout ce quil dore sen allait
Faisant cadeau de ses rayons
Un jour il perdra la raison
Te voilà à présent sortie
Il te suit des fonds des cieux
Il te dessine à lenvie
Ton ombre confirme son jeu
Il te caresse le corps
De si loin et sans effort
Douceur chaleur à lunisson
Je dois me faire une raison
Quand le foulard reste ton seul habit
Avec quelques mèches de cheveux
Quand sur le sable tu fais ton lit
Mes doigts feraient bien les curieux
Oh la la tous ces efforts
Même la main je me mords
Jai le sang en ébullition
Faut me prendre la tension
Je vais me redormir encore
Aujourdhui encore il fera beau
Jaurai même un peu chaud
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Parce que c'était lui, parce que c'était moi... par Arobas38
Ils avaient discuté trois heures ou peut-être cinq.
Le temps avait disparu.
Les autres ne comprenaient pas.
Les autres n'avaient jamais compris.
Au matin, il s'était éveillé avec un sourire au bord des lèvres, merveilleusement détendu.
"Lui parler me rappelle qui je suis".
Il avait déjà mille fois réfléchi aux joies d'une grande amitié, à ce bonheur, simple et rare, de pouvoir être soi, âme à nu, sans voile ou presque.
Toutes ces pensées retenues, ces élans contenus, ces espoirs trop frêles retombés en doutes depuis; ces joies agonisant mollement de ne pouvoir être partagées dans la vigueur de leur éclosion; cette vague de tristesse nimbée de culpabilité devant les horreurs du monde pour celui qui se sait béni par la providence de ne pas être né en des lieux où la Terre ressemble à l'Enfer; cette honte du plaisir mesquin de se dire qu'on a tant de chance, et puis l'impuissance...
Il ne lui avait rien dit de cela.
Il n'en avait pas eu besoin.
Ils avaient parlé tout simplement et ce tourbillon intérieur lourd de tout ce qu'il avait avalé et qui l'étourdissait depuis trop longtemps avait trouvé une brèche par laquelle s'échapper et le libérer.
Il voulait partager avec lui sa délectation de la virtuosité sauvage d'Oscar Wilde.
Il lui avait répondu que Wilde ne le touchait pas.
Il aurait pu se sentir incompris.
Il l'avait écouté.
Ils s'étaient écoutés.
Dans le fond, ils étaient d'accord.
C'est un constat qui s'impose souvent quand on prend le temps d'écouter quelqu'un jusqu'au bout.
Quand ils parlaient ils avaient pris cette mauvaise habitude de faire disparaitre le temps.
Il lui avait dit un jour que l'on ne commence à vraiment vivre les choses que quand le temps disparait. Il avait sans doute raison.
Ce matin, il comprenait que l'amitié était plus qu'une libération, une autorisation à être soi, enfin, ce soulagement de pouvoir ôter les masques, de cesser les faux semblants.
Quand la marionnette humaine reprend vie durablement, l'amitié n'est pas loin, oui! mais ce n'était pas que cela.
Lui parler, le libérait d'un trop plein, de cet excès de soi qui étrangement nous aveugle sur qui nous sommes et ce que nous voulons et devons faire.
C'était peut-être aussi tout simplement parce qu'il lui faisait confiance pour lui rappeler ses essentiels ou plutôt peut-être parce que la connaissance intime que son ami avait de lui l'aidait à mieux discerner ce qui dans ses préoccupations du moment était secondaire de ce qui constituait "sa statue intérieure" pour reprendre les mots de François Jacob.
Peut-être son ami le connaissait dans le fond mieux qu'il ne se connaissait lui même.
Il n'avait jamais envisagé cela jusqu'à présent mais l'idée lui plaisait.
Nous sommes souvent brouillés avec nous même par ce que le présent charrie avec lui de graves ou de futiles.
L'ami qui nous connait ne subit pas cet aveuglement permanent.
Un ami en qui l'on a confiance est une seconde conscience, une formidable chance, pour soi et pour les autres.
C'est peut-être pour cette raison que les rois et les empereurs sont si souvent devenus fous.
On peut penser qu'ils se grisent de leur toute puissance et en veulent toujours plus comme des moteurs qui s'emballent jusqu'à l'explosion. Si les grecs nous ont averti avec tant s'insistance sur l'ubris: l' excès, l'arrogance, c'est parce qu'ils craignaient la folie des tyrans.
"Le roi est nu" dit on quand le roi est secrètement découvert à son insu.
En fait, c'est de ne jamais pouvoir être nu qui est peut-être le drame des rois.
Enfant, on pense que les rois, tout puissants, peuvent avoir tout ce qu'ils désirent. En grandissant, on comprend qu'ils ont aussi parfois des responsabilités. Et puis, un peu plus tard on saisait que les joies d'une véritable amitié sont presque interdites à un roi.
Un roi par sa naissance est condamné à perpétué à vivre sous le joug de sa seule conscience.
Personne n'ose dire à un roi ses quatre vérités. Et à qui le roi peut il livrer ses pensées sans crainte d'être manipulé?
Avec qui un empereur peut-il parler sur un pied d'égalité?
Paradoxalement, avec l'homme qui règne sur le pays voisin, souvent ennemi.
Mais tout roi sait que pour vaincre son ennemi, le connaitre est une voie redoutable, alors comment faire confiance ?
Il se dit qu'il avait de la chance de ne pas être un roi.
Et très naivement, il souhaita que tous les puissants du monde puissent goûter aux joies et aux vertus de l'amitié.
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Au fil des jours par Platonov
Quand j'étais jeune je me cherchais dans les livres
et je flânais d'étal en étal prenant l'air
frais du matin goûtant les ponts de brumes ivres
ruminant les pensées précises d'un ciel vert
rien ne me retenait à la douceur de vivre
j'allais confiant en ma propre tristesse vers
les pages blanches du temps que je croyais suivre
aux berges de la Seine d'approchants hivers
Mon corps tu me guidais comme un fleuve au cours libre
toujours un peu devant moi gardant l'équilibre
instable de ma vie au fil des vieux quartiers
et maintenant je me retourne mon cur vibre
j'ai tant laissé de moi dans ces jardins altiers...
Paris, mon amour... tous les lieux sont les derniers...
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Ville par BARDAMU
Une ville fardée vieillie qui penche
Qui joue de lil et de la hanche
Pour se tromper sois même
Et planquer ses rues blêmes
Ma ville a tant souffert
Ma ville a ses enfants derrière ses grilles en fer
Fiévreux et fières
Ma ville a ses enfants qui lui crachent au parterre
Ma ville est sans manières
Blasée elle retrousse ses ruines ses maisons
Ses écoles sa mairie ses prisons
Ses enfants se libèrent
Ma ville à ses mystères .....
Et autour de la terre
Ses enfants font la paire...
Sans gueules d'atmosphère
Ma ville manque dair
Elle allumera bientôt toutes ses belles lumières
Et bercera les hommes de chants pétrolifères
Enfumage des cadences ouvrières
La nuit ma ville sait y faire
Pour embaucher de grand apothicaire
Sur sa peau noire Chewing-gum
Qui colle aux pieds des hommes
Ma ville est somnifère
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Et noublie pas les pauvres ! par Jules Félix
Cest un cardinal français qui la dit
à la planète entière à vingt heures douze :
« Annuntio vobis gaudium magnum ;
habemus papam :
Eminentissimum ac Reverendissimum Dominum,
Dominum Georgium Marium,
Sanctae Romanae Ecclesiae Cardinalem Bergoglio,
qui sibi nomem imposuit Franciscum ».
Tas vu ?
Le pape a un an.
Cest un pape anti-élyséen.
Cest-à-dire, qui est très très populaire.
Il rassemble les gens.
Même ceux qui ne croient pas en lui.
Moi, je laime bien, cet homme.
Il respire la confiance et la foi.
Lui-même semble aimer les gens.
Cela se lit sur son visage.
Je ne dis pas que ceux qui ne sourient pas ne sont pas aimant.
Mais ceux qui sourient, à lévidence, sont aimables.
Il a fallu attendre un peu plus dun jour avant de connaître le successeur de Benoît XVI. Malgré les nouvelles technologies, on ne saura pas grand chose du conclave mais nul doute quil y aura plein de fuites au prochain conclave : même au conseil des ministres, cest déjà la fuite. Cest une question de technologie.
Donc, le 13 mars 2013, une fumée blanche sort de la chapelle Sixtine (quelle modernité !) à dix-neuf heures six. Jorge Mario Bergoglio enfile le grand modèle du costume blanc (il y en a trois dans le placard, un petit, un moyen et un grand) et avant de sortir au balcon, il doit choisir son nom.
Son collègue de Sao Paulo, cardinal Claudio Hummes, lui lance : « Et noublie pas les pauvres ! ». Du coup, il choisit saint François dAssise, le saint des pauvres, symbole de paix, qui est venu dans son cur naturellement. Ni Adrien, ni Clément.
Messiaen avait joué avec cet écologisme religieux. Saint François « nous enseigne le respect profond de toute la création et de la protection de notre environnement que trop souvent, même si cela est parfois pour le bien, nous exploitons avec avidité, au détriment dautrui ». Ce sont les mots du pape fin mars 2013 et plus tard, le 14 janvier 2014, il dit : « Dieu pardonne parfois, nous pardonnons parfois, mais lorsque la création est maltraitée, elle ne pardonne jamais ». Une encyclique est même en préparation sur lécologie de lhumanité, annoncée par
le Président français en audience au Vatican le 24 janvier 2014. Petit télégraphiste.
Sa première déclaration au balcon est très simple et pleine dhumanité.
Noël au balcon, Pâques au tison.
Euh, non, ce nest pas cela.
Avant la bénédiction urbi et orbi qui clôt traditionnellement les déclarations pontificales, François dit un petit truc anodin : « Et maintenant, je voudrais donner la bénédiction, mais auparavant, auparavant, je vous demande une faveur : avant que lÉvêque bénisse le peuple, je vous demande de prier le Seigneur afin quIl me bénisse. La prière du peuple, demandant la Bénédiction pour son Évêque. Faisons cette prière en silence de vous tous sur moi ».
Après cette prière puis la bénédiction, il sen va sur ce mots : « Frères et surs, je vous laisse. Grand merci de votre accueil. Priez pour moi et à bientôt ! Nous nous reverrons rapidement. (
) Bonne nuit et bon repos ! ».
« Priez pour moi ! »
Cest dit en langage clair et direct, sans fioriture et finalement, accompagné dune très grande humilité. Sans le peuple de Rome, le pape nest rien.
Sans les autres, on est rien.
Rien du tout.
Cest un peu le principe de la communion.
Le recteur de luniversité catholique de Lille, qui est aussi un prêtre, le rappelait le 23 février 2014 sur la chaîne parlementaire, dans lémission "Grand écran", en lui demandant de continuer ce type de prière dans ce sens : « François, continue à nous demander de prier pour toi ! ».
Alors, François, puisque cest ton anniversaire,
Je prie pour que tu me demandes de te prier de me demander de prier pour toi.
Un pape noir ?
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=106755
http://www.vatican.va/holy_father/francesco/elezione/index_fr.htm
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Thérèse Desqueyroux par VANY04
Thérèse Desqueyroux,
En 1930, dans les Landes, une trés belle description des mariages arrangés aux seules fins de réunir les terrains et allier les familles.
Thérèse est une jeune femme aux idées avant gardistes et ne respecte pas les conventions ancrées dans la Région. Elle est mariée par raison, sans amour, seule au sein du couple, étrangère à son mari, Thérèse se sent prisonnière, sa vie ne lui appartient plus. Thérèse a alors l'idée d'empoisonner son mari. Il faut comprendre dans son geste, plus un "appel au secours" vis à vis de son mari que l'acte en lui-même. D'ailleurs c'est inconsciemment qu'elle le commet.
Son mari ne l'a jamais aimé ni jamais vraiment regardé. Pour sauver l'honneur de la famille et au nom des conventions, d'abord, il séquestre Thérèse mais sa santé se dégrade jusqu'à se laisser mourir. Par respect des convenances, il décide de lui rendre sa liberté et l'accompagne à Paris où il l'abandonne à elle-même sans remords ni regrets.
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Où que quand on le retourne, il y a la neige qui tombe. par Misty44
Sa maison est un capharnaüm d'objets dépareillés : on dirait quelle a rapporté de ses escales toute la culture du monde et qu'il en est resté ces bribes matérielles, chacune si belle, et si vibrante de vie...
un oud de Turquie,
des tablas dInde
des flutes d'un peu partout...
des batiks d'Indonésie,
une icône peinte d'Arménie
des patchworks du Rajasthan
des statuettes dogons du Mali,
des petites bouteilles de sable de toutes les couleurs,
une infinie collection dobjets où que quand on le retourne, il y a la neige qui tombe.
des twin towers où que quand on les retourne, il y a la neige qui tombe
un chameau où que quand on le retourne, il y a la neige qui tombe
un cocotier des Maldives où que quand on le retourne, il y a la neige qui tombe
un bouddha où que quand on le retourne, il y a la neige qui tombe.
La lumière ricoche sur toutes ces traces de migration.
A chacune de mes visites chez elle, à chaque thé siroté, à chaque nuit d'étape sur ma route, souvre un chant du monde où ma fascination se revigore.
Dans sa caverne de baba béate, dans l'air vibrant de son humour décapant, des histoires flottent, elle raconte.
Elle a remarqué que je semble toujours rêveur en regardant deux objets côte à côte.
Deux petits cadres ornés de nacre, lun avec une vieille photo delle dans les bras dun homme dont on ne voit pas le visage, lautre avec une vieille photo de moi tenant une femme dont on ne voit pas le visage.
Ce jour-là, avec son éternel sourire, elle me dit : « On repart ? »
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Poèsie au courant d'air .. par BARDAMU
Ma beauté mon ennemie
À la place des mots que nulle ne ma écrits
Jai tracé le poème
Ma sur mon amie
Ma solitude éblouit
À la place des mains pour caresser mes nuits
Ont neigé des diadèmes
Mes couronnes de pluies
Mon infante ma folie
À la place des vents pour défricher la vie
Souffle un songe bohème
Ma musicienne ravie
Mon émerveillée mon cri
À la place des pas avec les miens unis
Un rouge-gorge sème
Au creux labour de mon désir
Des mots mes graines dinfini.
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Circulation alternée par Abicyclette
Aujourdhui cest seconde fois depuis 1997 que des mesures de circulation alternée sont imposées. A lépoque je navais pas de bagnole, mais aujourdhui , jai une bagnole, une bagnole comme tout le monde, pour faire les courses, pour aller à la campagne, pour aller travailler.
Ma plaque, javais jamais prêté attention à ça auparavant, elle se termine par zéro.
Zéro cest rien, cest le néant. Celui qui conduit une zéro si ça se trouve il existe même pas.
Ne pas exister ça rend soudain plus léger, plus fluide.
La preuve, jai mis dix minutes au lieu de 3 heures pour aller au boulot, je me suis faufilé partout, les autres semblaient ne pas me voir, jai pris des couloirs de bus rien que pour le plaisir.
Jai passé ma journée au bureau, à ne rien faire, ce qui donne toujours les mêmes résultats que lorsque que je travaille intensément. Maintenant que je sais que je nexiste pas, jai compris pourquoi.
Le soir je suis rentré chez moi, jai embrassé ma femme et mes enfants qui nexistent pas, jai allumé la télé, regardé un programme débile qui ma confirmé que je nexistais pas, je me suis endormi devant, jai passé une nuit sans rêve, sans cauchemar, sans rien.
Ce matin je me suis réveillé devant la grille dair chaud de lHippopotamus du coin de la place de la Bastille. J'ai remarqué un type qui m'a remarqué. Partait-il bosser avec un voiture un plaque qui se termine par zéro ?
Sur le matelas qui git au niveau des pots déchappements, ma femme et mes 3 enfants sont emmitouflés. Leurs yeux rougis, pic de pollution ou pas, sont encore fermés.
Je nai aucun avenir, je crains que mes enfants non plus, je suis sale, jai la peau qui me gratte, jai mal partout, jexiste.
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Annexion et déraison par Jules Félix
Nous vivons une époque formidable.
Pas sûr que nous pourrons faire la fête sur la plage de Popivka durant la nuit avancée de lété, mais nous vivons une époque formidable.
Tu penses bien.
Tu vois sous tes yeux une annexion dune région européenne en quinze jours top chrono, net vendeur. Cest historique. Cest sans précédent. Tu penses bien, la dernière fois, cétait lAnschluss. Ca ne se dit pas, ces choses-là. Et les accords de Munich... Le pauvre Daladier. Il croyait quil allait se faire lyncher en rentrant chez lui, et en quittant lavion, il sest finalement fait ovationner : « Les c*ns ! » résuma-t-il synthétiquement sa pensée
Alors, bon, cest sûr, il y a lhistoire. La Crimée a toujours été russe. Enfin, toujours jusquen 1954. Ce ne sont pas les Ukrainiens qui ont demandé à Nikita de leur livrer la Crimée. Ils navaient rien demandé. Cest lhistoire. Mais si on reste dans lhistoire, Vladimir, tu penses bien quil va devoir foncer jusquà Kiev. Cétait là, le premier État russe. À Kiev. Pas à Moscou. Ni à Saint-Pétersbourg. À ce compte-là, la Russie pourrait aussi garder ses frontières du 9 mai 1945.
Et la légitimité populaire ?
Ah, voilà le grand mot.
Le référendum !
Décidé
en quinze jours !
Super pour faire ta campagne.
Au moins, tu as le temps de fabriquer tes petits drapeaux russes, cest sympa.
Le plus rigolo, ce sont tous ces soldats armés. Tu ne sais pas sils sont russes (officiellement, indéterminés), mais ils sont là, bien présents, avec larme au poignet. Tu serais un militaire ukrainien, ils te diraient de rester tranquillement à récurer les toilettes de ta caserne. Tu ne tinquiéterais pas, ils penseraient à tout, ils te fourniraient en papier toilette. Ils ne sont pas comme ça, ce ne sont pas des diables.
Et puis, quest-ce que tu as à tinquiéter ?
Aucune goutte de sang.
Pas un seul blessé.
Pour linstant.
Cest sûr, pour écouter les informations, tu nas plus que la version russe. La télévision ukrainienne a le mal du pays, elle a rendu lâme. Franchement, tu interroges un mec au fond de lArkansas, tu lui dis : bouh, les Ukrainiens nont quune télé russe, on te regarde avec des gros yeux, style BigMac explosé. Déjà, savoir où se trouve lUkraine. Ensuite, faire la différence entre lukrainien et le russe. Trop savant, tout ça.
Bon, et puis tu as la question.
Elle est sympa la question.
Elle est jolie.
On te demande : tu veux que ta Crimée soit russe aujourdhui ou quelle soit russe demain ?
Tu vois, cest hyperdémocratique.
Tu peux aller aux urnes sous la vigilance bienveillante de tous ces militaires anonymes. Tu es bien protégé. Cest important la sécurité. Il faut être sécurisé dans un pays démocratique. Pas de liberté sans sécurité.
Tu peux aller répondre tranquillement à la question.
Attention, cest vrai, il te manque la mention : Jveux rester ukrainien, mais franchement, tu veux vraiment rester dans un pays fasciste, extrémiste où sont au pouvoir plein de méchants qui veulent manger du Russe ? Tu nas aucun sens de lintérêt des autres, toi. Aucun sens de la mesure.
Du coup, dimanche 16 mars, ça te donne quatre-vingt-seize pourcents soixante-dix-sept.
Là aussi, cest surper.
Et très subtil.
Ce nest pas quatre-vingt-dix-neuf pourcents comme autrefois.
Non, quatre-vingt-seize pourcents soixante-dix-sept.
Seulement.
Il y a quand même trois pourcents vingt-trois qui sont un peu lents.
Ils préfèrent prendre le temps.
Ils préfèrent réfléchir un peu.
Bon, il paraît quils sont déjà en route pour la Sibérie.
Nan, pas dans un goulag, juste pour visiter leur nouveau pays, voyons !
Tiens, donc, ce lundi, tu devrais avoir une demande officielle.
Puisque mon peuple veut russoyer, je te demande officiellement mon rattachement à toi, ô grande Russie ! ô beau Vladi.
Tu penses bien que Vladimir va être rouge de confusion.
Lui, le macho karateka, comment peut-il laisser la gonzesse faire elle-même tout le boulot, la demande en mariage ?
La Douma va dailleurs se prononcer.
Démocratiquement.
Elle va dire oui.
Parce que dans ce pays, tout est impeccable.
Le peuple, les parlementaires, tout le monde a la parole.
Même les kalach.
Au cas où.
Bon, cest vrai, tu vas te retrouver dans une tragédie typique des Grecs.
Le père de la mariée na pas eu son mot à dire.
À peine au courant, quil est.
Il est fâché. Normal.
Il réfléchit sur quoi faire.
Vladimir vient de signer un décret reconnaissant l'entière liberté de mademoiselle Crimée.
Super.
Monsieur Kiev nest pas content.
Il a plein de copains avec lui.
Et qui en ont des aussi grosses que Vladi.
Mais va-t-il se bagarrer ?
Car le problème, cest que si tu transposes lopération en France
Admettons, lAlsace (oui, je prends exprès).
Le conseil régional dAlsace se réunit et annonce la couleur : jveux devenir allemand. Dailleurs, lhistoire
Heureusement, les soldats allemands avaient bien protégé les conseillers régionaux, sait-on-jamais.
Puis, le conseil régional tannonce un référendum pour dans deux semaines, comme ça. Tu passes trois ans à faire ta campagne électorale et là, hop ! cest la Blitzkrieg ! Chut, il faut pas le dire, ça godwine sinon.
La question, un truc comme : Veux-tu que lAlsace soit allemande au 1er avril 2014 ou au 1er mai 2014 ? Toi, si tu veux rester français, tu restes chez toi. Ou plutôt, tu as intérêt à déménager. Comme en 70 ! Dommage que mémé ne soit plus là pour me raconter !
Cest là tout le problème de ce qui se passe aujourdhui en Crimée.
Si la presquîle est essentiellement russe, elle est officiellement ukrainienne et les règles du droit international, cest quil y ait accord entre la Russie, la Crimée mais aussi lUkraine pour quil y ait ce transfert de souveraineté.
La constitution ukrainienne bafouée ?
Le droit international bafoué ?
Le contrôle des urnes par des militaires russes ?
La diffusion interdite de la télévision ukrainienne ?
Pfff !
Tu exagères, franchement !
La démocratie, je te dis, le peuple a parlé !
Comment peut-on douter de la sincérité et de la liberté dun vote qui va dans le bon sens, voyons ?
Là, cest vraiment fait avec les gros sabots (lorrains).
Pas très subtil, le Vladimir, mais efficace, hyper efficace.
Enfin, pas du tout subtil.
Il te prend pour un gogo.
Adolf aussi nous prenait pour des gogos.
Ca comme par l'Autriche.
Puis la Tchécoslovaquie.
Enfin la Pologne.
La Pologne.
Justement la prochaine après l'Ukraine.
Que va dire la Biélorussie ?
Qu'en dit Loukachenko qui voulait lui-même annexer la Russie et prendre la place de Vladimir ?
Au fait.
La différence avec lAlsace ?
Cest que lUkraine na pas daccord dalliance en cas dagression extérieure.
Cest peut-être là, le véritable enjeu.
Une course contre la montre.
Entre lannexion de fait de la Crimée à la Russie et la signature dun accord dassociation entre lUkraine et lUnion européenne.
La signature doit intervenir le 21 mars. Vendredi.
À partir de cette date, peut-être que lUkraine sera en droit de demander une aide en cas dagression extérieure. Peut-être puisque cest toujours en négo.
La Crimée sera-t-elle intégrée à la Russie avant ou après cette date ?
Malgré un pays de bureaucratie très longue parfois (essaie de faire des paperasses en Russie, il y a de quoi sarracher les cheveux et même apprécier la diligence des fonctionnaires français), la Russie pourrait faire très vite.
Lundi, mademoiselle Crimée demande officiellement à monsieur Vladimir sa main.
Mardi, madame Douma, mère de Vladimir, dit ok.
Mercredi, Vladimir se fait beau.
Jeudi, Vladimir et Crimée se marient.
Vendredi, monsieur Kiev se marie avec madame Europe.
Karamba !
Trop tard !
NB. Plus fort que la musique : l'accord de rattachement de la Crimée à la Russie a été signé le mardi 18 mars 2014 par le tsar Vladimir.
Épisodes précédents :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=109530
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=109580
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=109594
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Inflation cosmique par Jules Félix
Je ne sais pas si vous avez eu linformation, mais elle a fait exploser les considérations de tout genre sur létat actuel de la science. La principale indication, ce nétait dailleurs pas son contenu mais lidée que cela pourrait valoir un prix Nobel, comme si cétait suffisant pour sextasier (cest vrai quoi, il y en a un voire plusieurs tous les ans, pas de quoi non plus sarracher le cur).
Le problème, avec ce genre dinformation, cest que les journalistes qui essaient de retranscrire la chose sont parfaitement ignorants du domaine et cherchent donc à coller au plus près avec les déclarations des scientifiques qui annoncent ou qui commentent.
Tout provient d'un petit article dans "Nature" publié sur Internet et d'une conférence prononcée le lundi 17 mars 2014 après-midi : "Telescope captures view of gravitational waves : images of the infant Universe reveal evidence for rapid inflation after the Big Bang" dans le volume 507, pages 281 à 283, daté du 20 mars 2014.
Le lien est ici et accessible au tout venant (même au non abonné) :
http://www.nature.com/news/how-astronomers-saw-gravitational-waves-from-the-big-bang-1.14885
Larticle commence par une jolie photo avec cette légende : « The Bicep2 instrument at the South Pole has detected signs of ripples from the Universes first moments ».
En gros, larticle explique que le radiotélescope Bicep2, opérationnel depuis novembre 2009, a réussi à capter, dans lAntarctique, les soubresauts de la création originelle de lunivers. Ou plus exactement, les ondes gravitationnelles primordiales consécutives au fameux Big Bang. Au moment de ce quon appelle linflation cosmique (très forte et rapide expansion de la matière).
Cest une équipe internationale dirigée par John Kovac qui a fait la découverte.
En clair, ce qui a été observé, cest un résidu du tremblement du cosmos pendant la première pouillième seconde après linstant zéro, le zéro absolu du temps, le Big Bang, détecté à partir dun rayonnement émis trois cent quatre-vingt mille ans après. Ce sont des tremblements très diffus qui ont été produits en même temps que lénergie se transformait en matière avec une très forte accélération (énergie égale masse multipliée par la vitesse de la lumière dans le vide au carré, la fameuse équation dEinstein).
Ces petites ondes diffuses ont été prédites par la théorie de la relativité générale en 1915. Il y a presque un siècle ! Jusquà maintenant, les astrophysiciens navaient pu les observer que de manière indirecte, en étudiant des couples de trous noirs ou à coups détoiles à neutrons. Ce qui est nouveau, cest quon vient donc de les détecter de manière directe, ces ondes proviennent, réellement, du Big Bang et parviennent jusquà nous maintenant parce quelles étaient très éloignées.
Bien sûr, cette découverte nest pas suffisante pour sabler (sabrer) le champagne. Il faut une confirmation par dautres moyens dobservation, comme le télescope spatial européen Planck dont léquipe a assuré quelle publierait en automne 2014 ses propres observations sur lensemble du ciel (alors que Bicep2 na observé que 1% du ciel).
La localisation du télescope au Pôle Sud nest pas anodine ; elle permet de pointer vers le "sud" de la Voie lactée, notre galaxie, et de réduire au maximum (mais pas complètement, doù la nécessité de faire ensuite des corrections) la pollution en micro-ondes des poussières, gaz et étoiles de notre galaxie (qui émettent à peu près aux mêmes longueurs donde que le rayonnement fossile). Les corrections peuvent se réaliser à partir des observations déjà faites par le télescope Planck sur les poussières de la galaxie.
En fait, les chercheurs du télescope Planck sont un peu amers par cette découverte car ceux de Bicep2 n'ont pas présenté de résultats très "propres" (il y a encore des corrections à apporter ; en d'autres termes, le travail a été bâclé) et ceux de Planck auraient voulu, eux aussi, être à l'origine de la découverte (c'est une course de vitesse). Ils ne seront que ceux qui confirmeront la découverte, pas les découvreurs...
Cette observation de Bicep2 reste cependant exceptionnelle dans lhistoire de la science et signifie un certain nombre de choses.
Dune part, les prédictions dEinstein sur ces ondes sont exactes et confirmées. Encore une fois, Einstein, par le calcul et son puissant modèle, a pu comprendre les lois de lunivers sans les outils dobservation très sophistiqués et très puissants mis aujourdhui à la disposition des chercheurs.
Cela confirme aussi les prédictions du physicien théoricien Alan Guth (du MIT, Massachusetts Institute of Technology) quil avait proposées dès 1980 : « This is a totally new, independent piece of cosmological evidence that the inflationary picture fits together ». Il avait ainsi émis le fait que le cosmos sétait étendu avec un taux exponentiel pendant les quelques premières dizaines de billionnième de billionnième de billionnième de seconde après le Big Bang (soit environ dix puissance moins trente-cinq seconde, un un derrière trente-cinq zéro après la virgule).
De plus, cela renforce la complémentarité entre la relativité générale et la physique quantique. Ces ondes gravitationnelles découvertes ont été provoquées par la polarisation des photons lors de cette inflation cosmique et libérées trois cent quatre-vingt mille années après lors de la formation des atomes. Le refroidissement par lexpansion et la dilution de lunivers a permis la capture des électrons par les protons, ainsi que lémission dun rayonnement fossile de lordre des micro-ondes.
D. Hanson et al., "Detection of B-mode polarization in the cosmic microwave background with data from the South Pole telescope", Phys. Rev. Lett. 111, 141301, publié le 30 septembre 2013.
http://dx.doi.org/10.1103/PhysRevLett.111.141301
Petit retour personnel sur la polarisation du vide :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=89503
Dautre part, cela permet de mieux dater le Big Bang puisquon a un témoignage patent de celui-ci. Mieux dater et, avant tout, cest le principal, confirmer son existence. Lexpansion de lunivers à cette époque était gigantesque. Lunivers date avec ces mesures de treize milliards huit cent millions dannées.
Enfin, dun point de vue intellectuel, cette observation va permettre dapprofondir un peu plus la théorie sur le Big Bang et en observant bien la cartographie des ondes détectées, cela va permettre déliminer une très grande partie des spéculations intellectuelles oiseuses associées au Big Bang. Les frères Vokdaboff (surtout, ne prononcez pas leur nom exact dans ce com, cest sous observation google) nont plus quà aller se rhabiller !
Nous vivons une époque vraiment formidable.
Les découvertes décisives se multiplient, en ce moment, pour confirmer la théorie.
Higgs :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=108380
Après la découverte du boson de Higgs, la détection de linflation cosmique est un élément majeur dans la compréhension des premiers instants de lunivers. Un peu comme lorsquon retrouve, à soixante ans passés, un cliché déchographie lorsquon était dans le ventre de sa mère
De quoi fondre en larmes.
Les ondes observées :
http://lc.cx/GZM
La tête de John Kovac :
http://goo.gl/aTQEpT
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Dans le silence du temps..... par THEO1890
Dans le silence du temps ....
Le jour semble long
Et les phrases sont à l'abandon.
Le soleil est présent,
Mais du coeur il est absent.
La nuit s'égrène,
Le vide coule dans les veines
La lune s'efface
Et les voiles restent de glace.
Rien ne danse,
Rien ne chante,
Tout s'arrête en cette absence.
Et les mots s'évaporent dans le silence...
Bruissement timide des limbes de vie
Qu'on entend dans la campagne à l'envi...
Vauclair_2014_03_18
Pensées délicates inspirées par ces pierres douées de mémoire et auprès desquelles les voiles d'une Muse se devinent secrètement ....
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Conciliabules d'une Muse,d'une Princesse,d'une Femme... par THEO1890
Conciliabules d'une Muse,d'une Princesse,d'une Femme....
Dans un discret jardin
Aux couleurs printanières,
Parmi les herbes folles
Un corps alangui paresse.
Et le soleil le caresse,
A travers ses voiles légers
Qui laissent par endroit
Sa peau dénudée.
La bouche framboisée
Sourit sous la chaleur,
En pensant à l'amant
Qui pourrait se pencher
Et goûter son baiser fruité.
Une brise légère dévoile
Un sein au teint laiteux,
Qui frémit sous l'effleurement,
Tel celui des doigts de l'amant,
Léger , doux, amoureux...
Imaginant les arabesques
Par les mains dessinées,
Tout au long de ses courbes,
Ce corps se remplit d'envies
Et de désirs ardents,
Telle une fleur naissante
Désireuse d'eau fraîche
Pour éclore plus belle.
Viendra-t-il cet amant,
Ce jardinier attentionné
Prendre soin de cette fleur
Qui l'attend et l'espère....
Chemin_Des_Dames_2014_03_17
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fascination par Magic one
C'est le printemps alors....
Coquillage rosé, aux lèvres carmin, il est le centre des couleurs.
Secrètement caché sous un satin diaphane,
Du rose le plus pâle au plus vif vermillon.
Il est là, source de nuances, attirant,
Prêt à se montrer, impudique, à la douceur des yeux aimés.
Bouton de rose, tendu, prêt à éclore, il est le centre du désir.
Douillettement pointé entre deux lèvres dodues,
De laudace, ou du plus total secret il va à la plus folle exubérance.
Il est là, source de plaisir, frémissant,
Prêt à se dresser, héroïque à la douceur des doigts aimants.
Fleur vénéneuse, aux senteurs enivrantes, il est le centre des senteurs.
Langoureusement lové entre des jambes sculptées,
Des odeurs, de jasmin le plus léger aux plus lourdes flagrances.
Il est là, source de parfum, envoûtant,
Prêt à embaumer, magique, pour le bonheur des sens.
Friandise sucrée, aux contours moelleux, il est le centre des saveurs.
Discrètement couché sous sa toison dorée,
Son goût, du nectar le plus doux au plus vif piment.
Il est là là, source de sel, exhalant,
Prêt à soffrir, bucolique, à la douceur de la bouche qui le touche.
Fourreau damour, écrin divin, il est le centre de l'amour.
Amoureusement creusé dans un ventre plat,
La moiteur, de la rosée la plus légère au plus torride orage.
Il est là, source de plaisir, éclatant,
Prêt à souvrir, extatique, à la raideur dun désir.
Convulsé de folie, dans lextrême plaisir offert,
Des mains accrochées à des reins, dans lexquise extase de labandon
Dans les regards rivés, dans les larmes dorées aperçues, du bonheur
A lharmonie de la vue, à la musique des paroles, à la mélodie du plaisir l esprit sera comblé.
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Caramba. par Zigzagone
Peret : Que levante el dedo.
Quelque part entre Jerez - pas le terremoto - et Tijuana, aux confins du gitano et du chicano, des airs à se danser parmi, une espèce de flamencorazon : ça swingue suave, ça mixe moelleux. Y a des trémolos dans les churs, du très mollo dans le macho. On mâche un caramba; on apprend les femmes (Ella es asi), leur perfidie (Para olvidarla), la sagesse (La fama no me cambiara),le slow tangoté (Que voy a hacer), les dissonances (Xavi). On sait plus ce qu'on apprend. On fait de la rétention de joies.
C'est comment qu'on draine ?
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Rencontres fortuites au Salon du Livre 2014 par Jules Félix
Un trajet en RER, rapide pour une fois, mais jétais malheureusement entouré de deux zigotos, des "djeunes" dorigine indéterminée, et surtout, à la langue indéterminée, je pencherais pour de lindonésien, je navais rien contre eux mais les effluves daisselles de fin de journée plus la bière vitaminée plus des chips en forme de petits cornets dont le quart est tombé sur mes genoux, cela me donnait une idée très irrespirable de la promiscuité.
La correspondance avec le très moderne tramway qui borde le périphérique nétait pas meilleure : la ligne est désormais complètement saturée, un peu comme la ligne treize du métro. Du coup, compression de genre boîte de sardines, et une malheureuse femme a quand même réussi à y mettre sa large poussette (quelle ambitieuse !). Pendant tout le trajet, particulièrement chaotique (les chauffeurs de tramways aiment bien les manèges pour enfants), jai eu droit à un bras juste au niveau de mon cou, parfois jouant le rôle de guillotine à loccasion dun arrêt (toujours brusque), me faisant par ailleurs bénéficier de la fraîcheur dune aisselle de fin de journée (bis). Jai pu déceler à loccasion que le bras et laisselle appartenaient à un monsieur aux cheveux blancs un peu en bataille arborant un joli badge de lunion des poètes. Du coup, je me suis dit quil allait à la même destination que moi. Porte de Versailles à Paris.
Jétais un peu en retard. Il était 17h56 aux portes du parc des expositions. Pas de queue, cétait déjà cela. Pas mal de policiers et dautres personnes de sécurité. Mais, à mon grand étonnement, aucune fouille, aucune vérification de rien du tout. Jaurais eu dans mon sac un couteau ou un revolver quils seraient passés inaperçus. Heureusement, javais mon précieux carton dinvitation. Un sésame nécessaire (quand jétais parti, je lavais oublié parce que javais changé de veste, mais je men étais aperçu à temps, ouf). Pas de quoi pavoiser quand jai vu les milliers de personnes déjà à lintérieur.
Ce jeudi 20 mars 2014, cétait linauguration du trente-quatrième Salon du Livre de Paris. Lédition 2014 donc, qui est ouverte du vendredi 21 au lundi 24 mars 2014. Et ce jeudi soir-là, donc. Pour cette année, le pays à lhonneur est lArgentine et la ville à lhonneur est Shanghai. Je suis toujours étonné de cette conception (originale) de mettre un pays et une ville du monde à lhonneur. Un moyen de multiplier par deux les manifestations et échanges culturels. Jimagine le boulot que ça sous-tend.
Première opération, donc, se dévêtir (car il faisait très chaud) et chiper un plan des stands (sans localisation des toilettes) et la petite sélection des nombreuses manifestations qui sy dérouleraient. Je dois bien avouer que lorientation nest pas mon fort et que les indications sont fort mal faites pour sy retrouver. Les lettres, les nombres, comme damier pour se localiser, sont très mal indiqués, comme dhabitude. Jai donc laissé mon sonar intérieur me guider secrètement.
En fait de sonar, cétait le bruit et la foule qui mont attiré. À 17h58, je me suis retrouvé au grand stand de lArgentine. Une table derrière laquelle étaient assises cinq personnes bien habillées faisait face à une foule dune ou deux centaines de personnes maniant des petits appareils photos, des smartphones, et même dénormes caméras avec micro perché. Certains levaient même leur tablette électronique pour prendre des photos, bousillant le reportage dune ou de deux chaînes de télévision.
Au début, je navais pas vu grand chose. Javais réussi à minsérer au milieu de la foule, mais impossible de mavancer plus près. Grâce à lagitation (avec cris à consonance espagnole) des personnes devant moi, jai pu quand même découvrir lorateur dont la voix ne métait pas inconnue : Jean-Marc Ayrault, le Premier Ministre de la France, parlait assis, lisant et peut-être découvrant en même temps que moi son discours, rappelant les liens qui unissaient la France et lArgentine, les cinquante ans de partenariats culturels et scientifiques. A priori, le discours devait commencer à 17h30 mais je doute quil ait duré aussi longtemps. Du soporifique classique.
Jean-Marc Ayrault :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=105063
Ayrault semblait particulièrement épuisé, les cernes pendantes, sans doute entre deux meetings de campagne et la gestion du pays. Je lai beaucoup observé. Il y a quand même une grande chance pour que cet état ne soit pas permanent. Peut-être que dans dix jours, monsieur rendra son tablier, par nécessité institutionnelle ou électorale
Mais la plupart de mes voisins se moquaient bien de lancien maire de Nantes. Ils navaient dyeux que pour sa voisine. Une dame charmante. Elle a pris la parole à 18h05. En espagnol. Je nai donc rien compris. Sauf les mots approchant du français. Jai remarqué par la suite quil y avait deux traducteurs uniquement pour des oreilles ministérielles. La dame était entourée, à sa gauche, de Jean-Marc Ayrault, et à sa droite, dAurélie Filippetti, la ministre de la culture et de la communication.
La dame, cétait Cristina Fernandez de Kirchner, Présidente de la République dArgentine depuis le 10 décembre 2007 (officiellement "Présidente de la Nation argentine"). Elle a soixante et un ans, a été élue le 28 octobre 2007 et réélue le 23 octobre 2011. Avocate, elle avait succédé à Nestor Kirchner (1950-2010), son mari, Président du 25 mai 2003 au 10 décembre 2007.
Visiblement, Cristina est une femme qui a un très fort charisme. Beaucoup lapplaudissaient sans cesse. Elle a évoqué Peron dans son allocution, ainsi que Mafalda, héroïne de bandes dessinées argentines, qui a fêté ses cinquante ans cette année.
« Mafalda a du caractère (
). Son objet préféré est sa mappemonde : elle voit en elle une représentation du monde, monde quelle juge malade. Elle a une aversion viscérale pour la soupe et raffole de la meringue » (wikipédia). Dommage que je ne lai pas connue étant petit. Je me serais bien amusé avec elle. Je ne la connaissais que de vue.
Le discours sest terminé à 18h21. Tout le monde sest levé. Ce fut la cohue. Cristina a embrassé Jean-Marc. Beaucoup de gardes du corps, mais aussi beaucoup de contacts avec les gens. Visiblement, beaucoup dArgentins résidant à Paris. Jean-Marc Ayrault et la reine Cristina sont allés dans le stand limitrophe pour voir des dessins humoristiques argentins. Ayrault sest éclipsé très vite tandis que Cristina est restée faire quelques photos avec le public, une fillette était là, tout impressionnée de lhonneur qui lui était fait, etc.
Puis, à 18h28, Cristina sest hissée dans la petite voiture du Salon. Vous savez, les voiturettes pour le golf ou dans un camping pour aller dun bungalow à lautre. Pourquoi une voiturette et pas un peu de marche jusquà la sortie ? Je ne le sais pas. Cela a duré aussi longtemps quà pieds. Dailleurs, elle était suivie par tous ses admirateurs jusquà la sortie du grand hall donnant sur la rue empruntée par les VIP. Là, une grosse voiture française lattendait, avec un petit drapeau argentin sur le capot. Encore une petite séquence de dédicaces et de photos pour ses admirateurs. Puis, grand sourire, elle sest enfournée dans lautomobile qui a quitté les lieux à 18h35, suivie de quatre ou cinq autres voitures officielles.
Alors quelle nest pas loin de la fin de son second mandat, je ne savais pas quelle était aussi populaire dans son pays. Question sécurité, comme jexpliquais plus tôt, je me suis retrouvé à plusieurs reprises très près delle et jaurais pu sortir de mon sac nimporte quelle arme de destruction massive (des croquettes maléfiques par exemple).
Cette agitation passée, je suis allé donc un peu au hasard des stands visiter le Salon (en gros, tous les stands en étaient à lapéro, pour se goinfrer avec leurs invités). Il y avait beaucoup de monde un peu partout et ça arrivait en permanence.
Mais je me suis retrouvé très vite au stand de la Fnac, à 18h42, où il y avait une autre inauguration. Il y avait lArgentine mais aussi Shanghai : « Charmes de Shanghai, splendeurs de Chine ».
Là, les officiels étaient de rang inférieur. Je suis arrivé juste quand lambassadeur de Chine à Paris a commencé à prendre la parole. Un ton monocorde particulièrement ennuyeux (et inaudible), doublé par une jeune et jolie traductrice qui lisait sa traduction. Je me croyais dans un compte-rendu dun congrès du parti communiste chinois. Cependant, il disait des trucs plaisants, que chaque nouvel échange culturel entre la Chine et la France était enrichissant, et quil fallait multiplier ces occasions.
Le public était beaucoup moins dense quavec Cristina. Essentiellement des journalistes chinois ou des Chinois résidant en France (apparemment). Je navais pas trop de souci pour atteindre le premier rang.
Derrière lambassadeur, il y avait deux autres officiels chinois, dont sans doute (si jai bien compris), lun des responsables de Shanghai. Cela navait lair de rien, mais cela correspondait à une personnalité politique très influente en Chine. (Hélas, je nai pas retenu les noms).
Et puis, il y avait le seul officiel français à la manifestation, un visage qui ne métait pas inconnu et qui a lhabitude du Salon du Livre, à savoir lancien ministre (bien oublié) Xavier Darcos, en tant que président de lInstitut français. Ce dernier a pris la parole à 18h50. Ce nétait pas plus percutant que le précédent orateur. Javoue ne pas avoir tenu plus de deux minutes supplémentaires. Du blabla conventionnel. Pourtant, Darcos semblait un peu stressé ; derrière lambassadeur qui blablatait, il révisait ses notes.
À 18h53, je suis passé au stand de la littérature russe, toujours présent au Salon depuis quelques années. Un peu plus tard, jai vu quil y avait aussi un stand, beaucoup plus petit et éloigné (hasard
), dun éditeur ukrainien : "Open Ukraine" (stand U77).
Encore du bruit à 18h55, des acclamations et, attiré par la lumière, je me suis dirigé vers le stand des éditions du Québec pour quelques minutes. Là, une assistance qui applaudissait, et quelques écrivains. Au micro quelle venait de prendre, une personne très grande qui ne métait pas inconnue, Dany Laferrière parlait des écrivains canadiens. Je savais que cétait le stand où il fallait parler du Québec, mais cétait amusant de voir que cet écrivain revendiquait sa québéquitude (le mot est de moi). Assez modeste, pas un mot, ni de lui, ni des organisateurs, sur sa récente élection à lAcadémie française (le 12 décembre 2013). Lanimateur a ensuite repris le micro et a rappelé quil y avait aussi un prix Québec-France pour récompenser des Français senthousiasmant sur le Québec et a demandé à ceux qui ont été récompensés de lever la main. Dans lassistance, le prix 2010 et le prix 2012 se sont signalés.
Dany Laferrière :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=108891
Comme jétais un peu perdu et que le plan ne métait daucune aide, jai cherché (comme pour les puzzles) à retourner vers un bord. Cest là, à 19h08, que jai aperçu Joseph Joffo. Il était tout seul, assis sur sa petite chaise, derrière une petite table bleue sur son petit stand, toujours au même endroit, une année après lautre. Habillé dun pull bleu clair léger, le dos courbé, il sennuyait sec alors quautour de lui, ça rigolait et ça grignotait. Il va avoir dans quelques jours quatre-vingt-trois ans.
Joseph Joffo :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=86548
Jai découvert tout près de là, à 19h10, une exposition intéressante qui présente des planches de bandes dessinées avec pour thème la femme dans lhistoire. Il y a notamment du Claire Brétecher. Jy suis resté sept minutes. Peu de monde. Peu de planches aussi. Mon attention sétait portée sur "La Geste dAglaé" (éd. Misma) dAnne Simon qui fait vivre une oie féministe qui tombe dans lépluchage des patates (la planche des Océanides est assez rigolote sur lamour classique). Aussi sur "Savoir vivre ou mourir" (éd. Les Échappés) de Catherine Meurisse qui met en scène une femme trouvant que seul Chirac sait saluer (avec un baisemain) alors les autres saluent avec une main tendue et lautre dans la poche : « Cest de lordre de linsoutenable » dit-elle en sautant de colère. Il y avait des planches un peu plus "sexuelles" comme "Démon du soir" (éd. Dargaud) de Florence Cestac, ou encore "Un petit goût de noisette" (éd. Dargaud) de Vanyda.
Je suis passé ensuite devant le stand Haribo, si si, Haribo a un stand au Salon du Livre. Certes, près dune crêperie, mais quand même, hihi ! En face, un énorme stand de la SNCF. Quasi-désert. Peut-être que les cheminots sont des amateurs de confiseries ? Puis, à 19h19, je suis tombé sur une chanteuse avec ses deux musiciens qui faisait sa (belle) prestation dans le (grand) stand de la littérature du bassin du Congo.
Quand je suis repassé du même côté, à 19h27, Joseph Joffo, ankylosé, sétait levé pour se remuer un peu, comme dans un avion. Quelle tristesse de le voir dans cet ennui. Ses voisins de stand étaient sans compassion. Il y a pourtant une affiche en grand pour appâter le chaland : « Joffo, premier grand prix RTL » pour "Le carré das".
Pendant sept minutes, à 19h29, je me suis retrouvé au stand des éditions du Monde. Il y a des numéros spéciaux (anciens) de Télérama et du Monde, sur Aragon, sur De Gaulle, sur Turner, sur Hopper, sur Dali, sur la Chine
Jai résisté. Pourtant, une revue gratuite pour lachat dune autre. Jai vu aussi des petits fascicules dans une collection particulière sur létat du monde. Vingt tomes. Jai entendu que la collection sétait arrêtée, dommage me disait-on dans loreille. Derrière moi, javais deux auteurs de ces livres. « Vous avez fait quel tome ?
Ah oui, moi, cest
». « Je ne sais pas sils ont mis Nasser dans les hommes du Vingtième Siècle »
Bride de conversation entre auteurs même pas cités dans la page de couverture.
Il y a dans certains stands quelques bornes de lecture avec liseuse électronique, mais méfiance, j'ai arrêté tout de suite, car au centre, il y a une caméra qui semblerait filmer les mouvements des yeux pour les étudier... Pas envie d'être un cobaye sans en être averti.
Jai zigzagué du côté de lentrée où le flux ne cessait toujours pas et à 20h05, jai enfin entrevu les abonnés du Salon, les fameux frères Tokbunoff, tout habillés en noir. Ils sont venus du côté de Grasset lun après lautre vers lentrée, se sont fait happer par des touristes, ont accepté une photo dun petit bonhomme entouré deux et sont repartis vers là doù ils venaient. Pourquoi sétaient-ils déplacés ? Ma seule réponse, pour se faire voir par les gens qui affluaient. Je ne vois aucune autre explication.
Jai poursuivi mon petit tour de reconnaissance. Beaucoup de monde dans les allées. À 20h16, jai croisé le physicien Étienne Klein, les cheveux toujours en bataille, le jeans négligeant avec une veste de chercheur sans souci de look.
Je me suis très peu attardé à un stand de littérature pour la jeunesse, à 20h19. Les éditions Balivernes (jaime bien le nom) proposaient plusieurs titres félins dont : "Le chat perlipopette".
La foule faisait que ça venait de partout. Inutile de dire quil y avait un peu de tout. Des vieux beaux, de jolies jeunes filles très séduisantes, parfois avec des talents hauts avec lesquels une séance de Salon devrait éreinter les plus sportives. Oui, beaucoup de belles femmes dans les salons, en général, et en particulier (petit clin dil à lamateur !). À 20h23, jai croisé aussi Cynthia Fleury, lair plutôt soucieux et dynamique.
Enfin, jai retrouvé deux stands qui ne me sont jamais indifférents : à 20h28, le stand du CNRS, quoique je ne trouvasse aucun nouveau livre intéressant, si ce nest une biographie de Robespierre. Et à 20h35, jétais au stand assez embouteillé dArte où jai quand même succombé à la tentation dun dvd, le film "Les ailes du désir" de Wim Wenders.
Ensuite, je me suis encore attardé devant des livres (bon, cest un peu normal, hein). Ce qui est moins normal, cest loffre immense de bouquins. Comment avoir des lecteurs avec une telle production ? Bien sûr, cest rassurant pour la création, pour la liberté, pour tout ce quon veut, mais comment choisir des nouveaux auteurs ? Au hasard ? par les libraires ? par des prescripteurs (de type pcc) ? Cela donne vraiment le vertige. Chaque fois que jouvre un bouquin dans ce Salon, je me dis : "cest pas mal". Les contingences ne suivront jamais.
Aux éditions du Pommier à 20h49, quelques livres scientifiques, un (ancien) qui explique bien la physique quantique : "Le Nouveau Monde de M. Tompkins" de George Gamow et Russell Stannard (éd. Le Pommier). À 20h58, jai demandé au stand du BRGM (Bureau de recherches géologiques et minières) un gros badge en couleur "Jaime la géologie" et le rapport dactivité. Puis, tout près, je suis tombé sur le programme des "Rencontres des sciences". Programme dense mais aucun thème ne ma vraiment alléché. À côté de moi, trois jeunes filles charmantes qui se goinfraient de petits fours (« Tas vu ? Elle sest pris un énorme morceau de gâteau au chocolat »).
Les Rencontres des sciences ont aussi un stand de livres et deux mont particulièrement plu à 21h00 : "Le grand roman de la physique quantique ; Einstein, Bohr
et le débat sur la nature de la réalité" de Manjit Kumar (éd. Lattès) qui raconte le très historique cinquième congrès Solvay réunissant tous les physiciens du monde à Bruxelles du 24 au 29 octobre 1927, congrès essentiel pour comprendre comment les idées se sont développées.
Et puis, ce livre assez original "Datavision, mille et une informations essentielles et dérisoires à comprendre en un clin dil" de David McCandless (éd. Robert Laffont) qui présente beaucoup de données statistiques (surtout anglo-saxonnes) sur plein de sujets, comme, sous forme dune spirale, les probabilités de chance de mourir
dun arrêt cardiaque (un tiers), dun cancer (un cinquième), etc. dun accident davion (une chance sur trois cents et quelques), etc. et à la fin, dune invasion dextraterrestres, etc. Beaucoup dhumour et de vérité à la fois.
Dernière étape au stand de FIP où une émission se produisait, l'interview de Bertrand Morisset, le commissaire général du Salon, qui expliquait pourquoi il mettait à lhonneur chaque année à la fois un pays et une ville.
Jai quitté le hall à 21h25, laissant derrière moi un vendeur de merguez brochettes sans succès, arborant fièrement le logo de la CGT comme au temps nostalgique des mythiques meetings de Méluche. Le ventre des gens était de toute façon rempli de petits fours et ce nétait pas trop le standing des circonstances.
Méluche :
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=102235
Comme tous les salons, errer le long des allées, cétait du sport.
Cétait la première fois que javais réussi à me dégager pour arriver à lheure aux allocutions. Lan dernier, cétait Big Guimauve lui-même qui avait fait linauguration. Maintenant, il bosse. Rue du Cirque.
Pour avoir le programme complet, cest sur Internet :
http://www.salondulivreparis.com
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