Dimanche, tu auras à renaître. Il pleut sur la campagne, mais nous sommes avec toi; de vrai, la route est sûre, ainsi que le repos promis . Vois-tu, nous entendons tout bas ce que les gens qui errent ont eu par devers eux . Un blason et deux syllabes ouvertes sur le monde, pour un peu de lumières élevée par toi même, par toi seule ici-bas, et qu'il est bon de vivre, de vivre et puis d'aimer pour un peu cette voie . Des abeilles dansent déjà un tissu de lent miel, et l'or du jour tremble en feu sur les vignes et les bois .
Nous savons de quoi vivre ....
Un livre ouvert, ami d'encre et de verbe; un baiser sur ta joue qui restera la seule, et des portes très closes sur un petit menteur, à deux ailes aux chevilles et qui nous fait des farces .
Enfin, pour un portrait entre deux trois stations, voilà pour le prix du silence, et non,
nous sommes embarqués !
13h55, le 03.05.13. In vivo veritas
les pas par Helio_
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Les je sont faits par Fragonarde
Au jeu des familles, comme carte du tendre, c'est lui qu'elle avait pioché. Lui, l'homme marié. Et quand bien même il avait joué carte sur table, et quand bien même elle n'avait pas renchéri sur sa mise, elle n'avait pas pour autant rebattu en brèche les cartes à venir.
Au jeu de dames, c'est l'atout cur qui s'était imposé à lui. Et quand bien même il eut voulu une simple aventure, et quand bien même il n'envisageait pas de remise en je, il n'avait pas pour autant arrêté de s'engager sur le rouge flamboyant.
L'attrait du je autre les avaient menés à entamer une partie devenue peu à peu collée serrée même s'ils savaient que leur pas de deux seraient comptés. Peut-être leurs corps à cur qui les laissaient exsangues devaient cette intensité à l'imminence permanente d'une fin annoncée.
Ou alors il était question de sentiments, mais les en-je étaient trop risqués pour l'envisager ainsi, aussi ces maux-là étaient tabous entre eux. Valait mieux fuir ces mots de peur qu'ils ne se sauvent, puisqu'ils ne pourraient les sauver de l'impasse dans laquelle ils s'étaient engouffrés.
Même s'ils avaient toujours cru ne pas s'aventurer sur ce terrain- là, les règles leur étaient connues d'avance . Aucun joker n'amortirait l'issue fatale. La perte se profilait avant même l'annonce. Nul ne sortirait gagnant à ces je de l'amour et du hasard. Cupidon, pour se distraire, avait empoissonnés ses flèches pour mieux fausser les enjeux.
Ils ne dérogeraient pas à la règle. De toutes façons, les histoires d'A finissent mal en général.
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10 mai, journée mondiale du lupus par Abicyclette
Tu virevoltes.
Tu virevoltes, tu babioles, tu caprices, mais tes légers mouvements gracieux, saccadés, imprévisibles, ne temmènent jamais très loin ; tu primesautes, tu turbules, nerveux, indécis mais élégant, chorégraphiant ton chahut énigmatique à petits jets bondissants ou rétrogrades, élans fugaces, lignes brisées sans axe ni direction, tantôt fuyant, tantôt accourant vers ce qui te perdra, papillon, joli papillon viens dans mon filet que je tattrape, que je te libère, laisserai-je ta vie sauve ?, pose-toi sur mon bras, montre tes couleurs rutiler au grand soleil de midi, tépinglerai-je joli papillon ou ne tépinglerai-je pas ?
Jeu innocent, fantaisie vivante quune dérive de hasard fit venir dans mon jardin, il y a avait si peu de chances de croiser ta route. Une sur deux mille
tu es si rare
Tu veux me faire admirer de près le kaléidoscope de leur million décailles ?
Attention papillon, joli papillon, petit écervelé, fascine-moi de tes arabesques plutôt que de ton somptueux coloris, le tableau de liège nest pas loin
.. ton ballet cest ta vie, son arrêt signe ta mort.
Pourtant tu cesses ton infime tumulte.
Délicat tu déposes ton petit corps dinsecte sur le bout de mon nez, déploies tes larges ailes tout près de mon visage.
Je sens lombre dun voile brouiller mes perceptions, puis très lentement tes fines membranes sapprocher et se coller sur ma peau.
Et peu à peu je comprends que ton être, dans une seconde mue, vient de prendre possession de mon épiderme, que bientôt il nen restera rien quun acide térébrant senfonçant toujours au plus profond de mes chairs.
Papillon, le masque de ta maladie ne cesse dès lors de me défigurer. Tu tes fondu si intimement que ton corps étranger est devenu le mien - il faudrait désormais tarracher en grattant jusquà los.
Affreux papillon, je nai pas pressenti ta métamorphose, tu t'es fait loup pour me happer dans ta gueule et me ronger toujours plus, tu m'as cloué sur ton tableau de chasse et depuis tu danses, tu caprices, tu turbules, tu virevoltes notre autodestruction.
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8 mai, journée internationale de la Croix Rouge par Abicyclette
Monsieur Kafek Rème, mon prof de maths en 6è, qui voulait quon lappelle Théo,
Monsieur Harry Tmétique, mon prof de maths en 5è,
Alfred Gèbre, dit Al, mon prof de maths en 4è,
Madame Tétie ma prof de maths en 3è, une homo
Monsieur Lépipède mon prof de maths en 2nde (un ancien para),
Monsieur ou Madame Lation (
personne na jamais su son sexe, cherchez pourquoi
) mon/ma prof de maths en 1ère,
Mademoiselle Anna-Lise Complexe, une vieille fille qui en avait bien des, ma prof de maths en terminale.
Si je me suis attardé aussi longuement à les nommer un à un, cest - identité remarquable quils étaient tous de la Croix Rouge. Cest stupéfiant mais cest vrai.
En général, chaque année, mes copies doubles étaient invariablement barrées sur chaque face de ces grands signes dun feutre aussi large que généreux - « ah ah ah, ah ah ah ! le nul ! » - ce qui exerçait une irrésistible fascination sur mes camarades de classe.
Oui, jétais visiblement nul. Cest pourquoi jai opté pour des études littéraires.
Bien men a pris, jai décroché plein de diplômes et comme jai la fibre sociale, jai trouvé du boulot dans un programme dalphabétisation devinez où ? à la Croix Rouge.
Au début ça ma rappelé quelques mauvais souvenirs, mais je me suis vite aperçu que je pouvais désormais me venger sur de frustres immigrés de toutes les vexations subies à lécole.
A mon tour de biffer du beau sigle rouge de la fraternité et de lentraide leurs ridicules erreurs dorthographe et de syntaxe. Si vous saviez comme je me gausse parfois
« Aujourdhui interro sur la-conjugaison-au-futur-antérieur-de-quelques-verbes-défectifs-
gésir-choir-ensuivre-ouïr-prenez-votre-stylo-cest-parti... »
waouuuh quelle rigolade !
Et quand il sagit de petits syriens craintifs qui ne baragouinent pas un mot de la langue de Bossuet, je nhésite pas à agrémenter de quelques torgnoles.
« Toi pas content toi rentres pays, ok ? ».
Aucun risque quils ne se plaignent et ça rentre plus vite dans leur crâne.
Car à la sortie des cours pas question de traîner, la Croix Rouge cest un engagement à plein temps, faut se former toujours et toujours si on veut rester au top, je file prendre moi-même des cours avec Dédé (action en milieu carcéral) et Maurice (soutien en quartiers en difficulté) : technique du cran darrêt, maniement de la batte de base-ball, poing américain, ce soir on va aller casser quelques gueules du Secours Populaire.
Cest pas parce quon fait du social quil faut marcher sur nos plates-bandes !
Ah
Jamais je ne remercierai assez Monsieur Gèbre, Madame Complexe, Monsieur Lépipède et consorts davoir décidé de mon engagement pour la cause.
On ne dira jamais assez que les profs de maths vous rendent plus humain.
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Houille ! aie ! âme ? par Lechainonmanquant
Gamin dans l'âme, ayant refusé de grandir et d'entrer dans le monde des adultes,
Guidé par ses certitudes Il avançait à tâtons dans cette vie qui le rejetait et l'ignorait.
Sa force de dire non et de sagripper à ses vérités contre vents et marées,
Le faisait rester debout dans la foule qui le bousculait et voulait le formater.
Du haut de sa tour d'ivoire, le vent balayait les certitudes et dressait les interdits,
A l'infini emportait son existentialisme virtuel et la fragilité de ses ailes diaphanes.
Son réalisme grotesque de l'avidité de vivre ses illusions chimériques,
Irradiait les soleils déterministes dun comportement qui se nourrissait de liberté.
Tout était prétexte à intérioriser ses peurs et ses rêves et faire jaillir les arcs en ciel.
Arrachant chaque souffle rauque de la bête inconsciente qui sommeillait,
Libérant les fantômes du subconscient dun passé écrit par des bonimenteurs,
Intégrant les inégalités de la nature humaine, gommant les indélébiles écrits,
Encore à la recherche d'une issue possible de cette grotte aux écueils,
N'hésitant plus à décrocher les amarres de la désobéissance ancrées didéologies,
Il naviguait sur la mer de la tranquillité à la recherche des Sylphes
Fuyant le battement oppressant de ce mal monde.
Lcm
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Arvo Pärt par Tourdyvoir
Il est de ces hommes qui sont frappés par la grâce et tout dans son uvre le laisse à penser..une uvre gigantesque et magnifique.
Arvo Pärt est né en Estonie en 1935, il compose très tôt mais n'est pas reconnu dans son pays, il s'essaie à plusieurs styles tout en continuant à apprendre de ses pères.
Je ne vous ferais pas sa Bio ici..il ya Wiki, l'ami des internautes pour cela!! :-)
Mais laissez vous porter par "fratres, Cantus in memoriam benjamin Britten et Tabula rasa"..une uvre minimaliste (qu'il nomme "tintinnabuli") mais non dénuée d'émotions et de sens..
Arvo Pärt est un magicien.. un illuminé, il suffit de voir son regard, ses expressions dans "Sounds of silence" un reportage sur la prise de son ou il apparait, pour voir la profondeur de son art, l'envie de faire toujours plus pur et cette émerveillement d'enfant qui le rend irrésistible.
Et surtout écoutez le dans de bonnes conditions.. seul.. peut être...et dans le silence.
https://www.youtube.com/watch?v=FK-KC2aQpcI&list=RDf-J8LNcZgTA&index=0
Bonne écoute! :-)
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Pas de porte à louer par Lechainonmanquant
C'était un début de soirée dun jour hivernal, pas un hiver qui vous englue dans une température si basse que les lèvres se gercent et se crevasse au plus profond de votre être, non plutôt une atmosphère revêtue d'un manteau de grisaille qui vous enserre le cur dans un étau et foutrait le bourdon à un cafard.
Je marchais seul dans la rue, enfin presque, le désert s'était accaparé des moindres nuances de vie. Je ne me rappelle plus bien de cette rue, c'était dans le Paris où j'aime tant cheminer, sûrement un quartier derrière la gare Montparnasse, je rejoignais mon fils pour aller manger ensemble et ensuite se faire une toile.
Le vent s'engouffrait dans cette artère exsangue d'âme qui vive et accompagnait les déambulations d'une pauvre hère qui avançait à une centaine de mètres devant moi. De zig en zag chaque pas étaient pareils à de grands coups de gouvernail pour garder le cap dans des eaux en furie.
Arriva ce qui devait arriver ou au moins ce que je pensais qui allait arriver: une bourrasque de trop, un pied pas assez levé, l'homme bascula et se retrouva les deux genoux à terre, la tête ballante entre ses épaules. Il n'avait même pas lâché les deux gros sacs en vinyle qu'il tenait dans chaque main.
La chute n'avait pas été spectaculaire, l'homme était un modeste ou introverti, les fioritures de style et les arabesques embellissant les circonvolutions n'appartenaient pas à son répertoire. Sa cabriole ressemblait à s'y méprendre à une génuflexion. J'avais hâté le pas pour lui proposer de l'aider. Avant même que j'arrive à sa hauteur, à mon grand étonnement, dans l'impossibilité de se relever je le vis opter pour une position allongée en chien de fusil au milieu du trottoir et rassembler ses deux pochons et les serrer contre lui.
Remis de ma surprise et arrivé à ses côtés je lui proposais de l'aider à se relever. Lentement il tourna son regard vers moi et d'un sourire édenté il accepta mon aide. Il était vêtu d'un épais manteau d'un bleu douteux en laine, mis par dessus une veste toute bien épaisse aussi, dans ses chaussures les chaussettes avaient été astucieusement remplacées par du papier journal. J'avais devant moi un crabe qui au temps de saison venait de faire sa nouvelle carapace, protection assurée contre vents et marées, mais à l'intérieur ce nétaient que vide et fragilité. La grisaille de son visage calquée sur l' ambiance environnante et dissimilée par une barbe hirsute qui n'avait pas encore subit les outrages du temps estompaient les origines ethniques de ce quidam.
Si la coque n'était guère pleine il m'a fallu beaucoup d'énergie pour arriver à le remettre debout, quelles que soient les prises auxquelles je m'exerçais je ne trouvais que des bourrelets de tissu qui faisaient saillir et rouler ses membres dans ce sarcophage de coton.
Posément, dans des relents de vinasse mal digérée il me glissa au creux de l'oreille qu'il n'avait plus la force de se tenir debout. Les reflux sophagiques s'accompagnèrent de grognements caverneux issus de son estomac. Ce que je pensais qui allait arriver n'arriva pas, dans un flash de déprime je le voyais me dégueuler dessus me recouvrant d'une liqueur bileuse rosâtre.
Je le délestais de son sac Tati rose et bleu qui devait contenir tout l'héritage de sa désocialisation et qui lui donnait un net balourd sur sa gauche, son bras ainsi libéré vint s'agripper sur mes épaules, il gagnait en stabilité ce que je perdais en assurance.
Bien sûr je ne lui fis pas laffront de lui demander où il habitait et ne savais quoi faire pour le remettre dans une ligne directrice, devant mon air ahuri et incapable de trouver une solution, il me dit "Déposez moi devant la porte". Nul doute qu'il avait une plus grande expérience que moi pour gérer ce genre de situation. Il avait joint le geste à la parole pour me désigner le pas de porte qu'il avait choisi. Il continua en m'expliquant qu'il lui fallait un peu de repos et de temps pour reprendre ses esprits.
Je l'aidais à s'assoir sur la marche en marbre de carrare de l'entrée dun immeuble, vraisemblablement ce n'était pas son lieu de villégiature habituel, mais il était de la race des escargots qui en ont tant bavé qu'ils savent rentrer dans leur coquille et attendre des moments plus propices.
Quand on fait du porte à porte il faut être précis dans la démarche, aussi il me demanda de l'aider à le caler dans l'encoignure dun pilier et du battant de la porte en bois, ainsi il serait protégé du vent et le maintien de lérection du buste favoriserait la digestion de ses amertumes bues à grandes tirées avides.
Je navais pas tout dit, ni tout fait, je venais de toucher du doigt la misère sociale, celle-là même qui minterpellait quand je la voyais et faisais naitre en moi de grandes théories. Nous avons tous une guenon dans le dos qui nous dévore la nuque, la guenon de ce pauvre type était devenue omniprésente en mon for intérieur.
Arrivé au restaurant je suis allé derechef me laver les mains, je fis mousser le savon tout autant que jai pu, mais un lavage de cerveau ne peut se faire en se frottant les mains et en les rinçant à leau claire.
Mon fils me racontait avec forces de détails les résultats quil obtenait avec les jeunes du quartier quil avait en charge. De la méthode pour créer le contact, laccompagnement pour les amener à se confier, laide apporté pour trouver des solutions à leur problématique, et les progrès obtenus. Je percevais au son de sa voix et aux expressions de son visage quil avait trouvé sa voie. Il me confirmait sa vocation et sa hâte dès ses études terminées de pouvoir entreprendre sa vie active dans létablissement qui lavait accueilli en alternance.
Tout aussi grande que pouvait être ma fierté celle-ci narrivait à percer ce voile de honte qui maccaparait. Quelque part dans le tout Paris qui ne vous prend pas dans ses bras il y avait un paquet de linge sale que javais abandonné devant une porte.
Sil est des jours où Cupidon sen fout, il en est tout autre pour Destinée fille du Chaos qui inlassablement écrit notre histoire à lencre de notre sang et de nos larmes.
Lcm
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Blancanieves et les sept toreros nains par Sablaise1
Véritable Ofni, objet filmé non identifiable, Blancanieves ne ressemble à rien de connu.
Sorti en France en 2013, cest un film muet tourné en noir et blanc.
Lhistoire est un incroyable mélo qui sinspire du conte de Blanche-Neige et le transpose en Espagne dans les années 1920.
Le célèbre torero Antonio Villalta est gravement blessé lors dune corrida. Sous le choc sa femme accouche et perd la vie en donnant naissance à la petite Carmen.
Villalta reste paralysé et se remarie avec son infirmière qui le maltraite, dilapide sa fortune et persécute la fillette transformée en esclave.
A la mort de son père la jeune Carmen senfuit et trouve refuge dans une troupe de sept toreros nains. Bon sang ne sachant mentir, elle devient une grande torera sous le nom de Blancanieves.
Déguisée en aficionada, la marâtre folle de jalousie réussit à lui faire croquer la pomme empoisonnée et la fait entrer dans le grand sommeil.
Mais le conte sarrête là, aucun prince charmant ne viendra la réveiller et la fin du film est un sommet de lhumour noir.
Il y a le rêve et le cauchemar.
Il y a loutrance, la cruauté, la tendresse, la poésie.
Il y a la beauté époustouflante des images.
Il y a lEspagne, la musique, la danse, la corrida.
On pense aux grands du muet, à Buñuel, à Tod Browning (Freaks).
Je ne me suis jamais ennuyée malgré labsence de dialogue, je suis tombée demblée sous le charme et je me suis laissée entraîner dans cette histoire aussi cruelle quinvraisemblable.
Je ne pense pas quun tel film puisse laisser indifférent.
Je comprends quon puisse le détester même si je lai ai adoré.
Au réalisateur, Pablo Berger, je nai quun mot à dire : olé !
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tranche de vie par Elena21
Vague à lame .......
Au soir du grand orage, je demande le scintillement dune étoile.
Soulevé sous le vent crépitant et sauvage
un tourment de gouttes de grisaille senvole
cest une lame fiévreuse, floconnante et profonde.
De cet océan remuant je retiens lécume
et quelques larmes, caressantes.
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Autrefois, quand la Terre était solide... par Annaconte
"Autrefois, quand la Terre était solide, je dansais, j'avais confiance. A présent, comment serait-ce possible ? On détache un grain de sable et toute la plage s'effondre, tu sais bien."
Elle est devenue liquide ma terre sous mes pieds. Ai-je encore seulement des pieds ! qui tiendraient toute leur place sur la surface du globe et avanceraient petits pères pénards insouciants et vagabonds, à travers rondes et chemins, un coup à droite, un coup à gauche, reculant parfois pour mieux sauter !
Ai-je seulement encore toute ma tête ? L ' Alouette. Elle s'est bien déplumée. On finit toujours "par peler du cerveau et on sait qu'on pèle, c'est le plus triste." Et mes souvenirs, même les plus beaux, s' échappent, et se répandent en copeaux si fins que je ne peux plus les toucher, ils m'échappent surtout, en sciure de souvenirs mous, en chiures de mouches laissées derrière comme dirait quelqu'un. Tenez, même mon plus riche souvenir, un amour fou, convulsif, magnifique, solaire ! eh bien, je l'ai perdu... Je m'en souviens en me retournant un peu sur le côté. Il y a bien encore quelques senteurs de pomme verte et de tabac anglais...quelques vagues de tendresse, un peu d'écume sur les lèvres....mais de cette frénésie, de cette folie, il ne me reste que de la poussière, quelques étoiles, un peu de cendres....
Je me suis efforcée, tout ce temps, tu le sais, d'entretenir les braises. Comme on tient un sanctuaire. Une bougie parfumée par ci, quelques fleurs mauves par là....une prière, une chanson, deux ou trois larmes...Célébration vaine, il ne se passe rien. Les dieux ont abandonné la place. Il va falloir balayer . Les feuilles mortes....c'est bien vrai, se ramassent à la pelle...
"Quand le malheur tire son fil, comme il découd, comme il découd ! " . On en découd de même. Chacun son tour. Ce n'est plus cependant le même verbe qu'au début, alors qu'il s'agissait alors, d'en découdre, pour de bon ! C'était "Paris, à nous deux !" et pas seulement Paris : c'était ..le Monde entier , à nous deux ! Et me voici désormais immobile, enfermée, au milieu de "ruines circulaires".
De tes doigts, ne coule aujourd'hui que du sable. Autrefois, des étincelles jaillissaient de tes mains magiciennes ! Il ne fallait pas partir. Il ne fallait pas "nous" quitter si tôt. Gentil coquelicot Madame..."il y a un trou à la place du coeur", et des pétales de sang en cicatrice. Il y a partout des pétales froissés de fleurs mortes, au milieu des copeaux.
Je croyais aller là-bas. Je suis restée ici. Comme un voyage qui n'aurait pas eu lieu. Et les continents que je croyais fixes, ils dérivent, ils dérivent. Ces grands "radeaux de pierre" n'en finissent pas de s'écarter et d'ouvrir des abimes...et des abysses où je me fonds.
Il n'y a plus de repères. Les grands voiliers blancs ensevelis continuent de cingler , mais les vents sont contraires au-dessous de la mer, et j'ai manqué tous les départs.
"Hier, tu n'avais qu'à étendre un doigt. Pour nous deux, pour tous deux, tu n'avais qu'à étendre un doigt".
Des guillemets -Guillaume Guillemette Guillemots (n'est-ce pas Elena)- pour Henri Michaux, et son Plume lointain et intérieur
pour l' image du" Bonheur dans le pré" de Paul Fort qui saute par-dessus la haie
pour la beauté "convulsive" de Nadja chez Breton
pour le "Paris à nous deux" de Rastignac merci Balzac
pour Borges et ses "ruines circulaires",
pour la pauvre "Alouette Alouette" qui se laisse plumer
pour la "Tête Raphaëlesque éclatée" de Dali, que j'ai vue un jour en vrai et qui m'a sidérée
http://www.nationalgalleries.org/collection/artists-a-z/D/3035/artist_name/Salvador Dalí/record_id/240
pour le coeur rouge du "Dormeur du Val" de Rimbaud
pour des "Feuilles Mortes" de Prévert
pour l' image inspirante du "Radeau de pierre" de Saramago
et pour les grands voiliers blancs......tout simplement; qui croisent en silence, au large de la Côte Bleue
aussi pour la musique si triste et si belle de Schubert
http://youtu.be/Bm_AKMV0ME0
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Sourires printaniers ..... par THEO1890
Sourires printaniers,
Se parant de ses habits dadolescente,
De touches de rose, de verte naissante
De quelques pointillés tout en blanc
De jaune les frondaisons illuminant,
La nature sépanche au doux firmament.
Les bocages épousent de légères ceintures,
De jeunes insectes à loisir sy aventurent,
De timides agneaux, au pré, batifolent
Tout en appréciant les saveurs de lherbe folle,
Et, délans fugaces, leurs mères, abandonnent.
Les ruisseaux dans ces bois touffus sans êtres,
Laissent des reflets étincelants transparaître,
Que lastre dispense aux cimes à peine feuillues
De ces chênes centenaires, témoins des poilus,
Dont lécorce porte encore leurs traces évanouies.
Dans la nonchalance du jour apaisant
Des trilles, des ki, des tsip tsip, des oueit stridents
Enlacent les derniers bruissements tout en cadence
Des joncs et des ramures, berçant sans véhémence
Un temps aux épanchements divresse légère
Abbaye_De_Vauclair_2014_05_13
Le temps de linfini nous subjugue, il nous envahit de ses délices et nous emplit de ses maladresses, parfois si infimes, quà peine avouables, nous nosons en percevoir ni les timides caresses, encore moins les douces réminiscences dun passé, dun lieu ou dun regard dont laura nous courtisera encore bien davantage que les simagrées ou autres verbiages, qui eux ne sont léphémère juxtaposition de syllabes indigestes qui sépuisent dans le cours des choses
Saint Augustin en parlant du temps disait « Si personne ne me le demande, je le sais, mais si on me le demande, et que je veuille lexpliquer, je ne le sais plus ».
Alors oui, le temps de linfini porte en lui cet éveil de lhomme, et nous ouvre ainsi les portes de son énigme
le temps nous procure cette paix de lâme, une sorte de béatitude
.sait on seulement le deviner et lapprécier
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12 mai, journée internationale des infirmières par Abicyclette
Lorigine du fantasme de linfirmière chez lhomme est compréhensible.
A première vue elle incarne tout ce dont il peut rêver.
Dune part elle soigne, elle apaise, dautre part elle impose les médicaments, les piqures.
Figure de douceur et dautorité cest la figure maternelle par excellence.
Et comme elle est entièrement nue sous sa blouse, elle pourrait nous donner facilement le sein.
Mais en réfléchissant un neurone plus loin, la compréhension balbutie : le contact avec linfirmière suppose au préalable quon ne soit pas dans un état terrible-terrible, provisoirement ou définitivement.
Simaginer tripoter linfirmière cest le propre du type en bonne santé qui rêve dêtre malade parce quêtre malade cest pas grave quand on est en bonne santé.
C'est une pensée qui se mord la queue.
Et que le type qui se mord ainsi la queue prenne garde à ne pas finir à lhôpital pour des problèmes de dos.
Il verrait que son inconséquence lui a joué un tour (de rein) plutôt que lui offrir den donner des coups (de reins) pour lutiner linfirmière.
Car les films que jai vus sur linfirmière pour me documenter - surjoués comme tous les films muets - (Sévices de nuit à la clinique, Ovaire-dose au dispensaire, Coloscopie transcendantale) infirmeraient sa supposition : le cinéma cest du cinéma, du grand nimporte quoi. Ça ne se passe jamais comme ça dans la vraie vie.
Non, vraiment je dois dire quil ny a que la scène finale de « Quand lambulancière fait le plein
» où le docteur palpe avec son thermomètre les plantureuses prothèses pip de Clara, la naïve garde-malade, qui mait parue assez convaincante. Mais là on assiste pas au fantasme de lhomme pour linfirmière, mais celui de linfirmière pour le docteur, ce qui est tout autre chose.
Lors de mes séjours à lhôpital, les visites des infirmières ne mont jamais suscité le moindre ébranlement viril.
Au contraire : hontes, suées abondantes, resserrement des sphincters, trouillomètre à zéro : elles vous mettent le suppo, vous emmènent au bloc-opératoire, découvrent que vous vous êtes pissé dessus durant la nuit.
Quand vous êtes réduit en poudre, les os broyés par un camion, ou à létat de loque suite à une dysentrie, voire dune fibromyalgie (évocation succincte, cen est aussi la douloureuse journée), vous nêtes pas dans les meilleures dispositions pour expérimenter la brouette de zanzibar.
Ainsi donc, après ce long préambule, jen viens en trois temps à lexposé de ma thèse démontrant la mascarade qui consiste à promouvoir une journée en faveur de linfirmière :
1) On aura compris que, pour le commun des mortels (quand cest moins grave, pour le commun des malades) le fantasme sur linfirmière cest un fantasme appliqué à une figure dautorité.
2) On aura vu quà ce titre, comme toute figure dautorité, elle suscite un désir de renversement. En loccurrence la culbute.
3) On conclura avec moi que la journée mondiale de linfirmière nest rien dautre quun complot des puissants afin de dévier sur ces pauvres innocentes nos fantasmes de renversement dominant-dominé, une journée instituée par ceux qui craignent la vindicte du peuple, une journée où on lui livre en pâture une figure autoritaire de substitution pour satisfaire son excitation.
CQFD
Pauvre infirmière, jouet des dictateurs et de notre ignorance
Tu es aussi utile que le pain pour calmer les révolutions !
« Du pain, du vin et des bourses pour les infirmières » (un certain fromage persillé - dictature industrielle)
« Il ny a plus de pain ? Quon leur donne des infirmières ! » (Marie-Antoinette - dictature politique)
« Tu mangeras ton pain à la sueur de ton infirmière (Moïse dictature religieuse)
Mais un jour !
MAIS UN JOUR !!
Tyrans de tous poils.. Craignez que la piétaille lassée de vos subterfuges ne vous embroche par tous les trous, que vous ne finissiez agonisants sous les doigts courroucés dune infirmière du peuple sans-culotte.
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totalement inutile... par Mars1329
Réalisé en 98 par Gus Van Sant et se présentant comme le remake du chef-d'oeuvre d'Hitchcock dont il se permet de reprendre le film plan par plan, "Psycho" avait certainement pour but de sensibiliser un jeune public, allergique pour la plupart au format "noir et blanc". Une intention louable, certes, mais souvenons-nous bien que l'enfer est pavé de bonnes intentions...
Vince Vaughn reprend ici le rôle d'Anthony Perkins, il n'en a ni la stature, ni la carrure, ni le talent... Nous trouvons également Anne Heche, dans le rôle de la femme qui se fera plus tard poignarder en prenant sa douche...
Le film a par ailleurs obtenu des nominations aux Razzie Awards (l'équivalent des Oscars pour les films les plus mauvais), ce qui est en soi une indication... "Psycho" ne se situe pas à la cheville de son prédécesseur... pire, le manque d'innovation et d'originalité du film en fait clairement un plagiat, une copie fade et sans saveur, qui n'en fait nullement une oeuvre à part entière... s'il existait un autodafé de films, mon choix se porterait sur "Psycho", un choix artistique totalement inutile qui n'apporte certainement rien au 7ème art, à part la sensation d'une imposture à grande échelle...
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la femme de leur vie par Felinexa
Elle tombe un 11 mai cette année.
Hier en faisant mes courses, beaucoup attendaient à la caisse, certains, sages portant leur pot de fleurs comme un cierge, certaines plus discrètes, posant un bouquet enveloppé dans leur panier, d'autres débordés avec leur môme dans les jambes, sur les bras ou très souvent occupés à vider patiemment des petites mains pleines de doigts s'étant appropriés des friandises comestibles ou non....
Petites fleurs blanches enrobées d'un voile de verdure, palmier imposant laissant briller à travers son feuillage des lunettes de soleil posées sur des yeux invisibles, roses arc-en-ciel, serrées comme des sardines, paquerettes et fleurs de pissenlit emprisonnées dans des menottes potelées d'un bambin rêveur, cactus changeant de main comme un furet au sein d'un groupe d'adolescents bruyants et boutonnants eux aussi....
Ici sur ma planète, c'est la fête des mères aujoud'hui, mais je reviendrai le 25 , et comme chaque année je suis heureuse d'envoyer à la mienne, deux fois de suite, des bisous mélés de voeux de santé et de bonne humeur!
http://www.youtube.com/watch?v=COMDaYKJCWs
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Esquisse par Fragonarde
Frôlements d'elle
îl refuge, îl caresse
baisers câlins
baisers salins
enamourés
embrasés
corps cambrés
peaux abrasées
allegro endiablé
tarab enlevé
incandescence
réminiscence
fusion d'âmes nour
jouissances mêlées
fragment de désir
fragment de vie
Parfois l'obligation de mettre au moins 200 caractères est pesante, car je voulais une esquisse, juste quelques mots, une épure
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"Non merci" par Peponide
"- Il m'a dit : "Tu veux voir le cockpit mon grand ? Je te fais visiter !"
...
- Jai dit non maman !!! Pourquoi jai dit non ??? Comment cest possible ça ?!?
(Il voulait dire oui, tout lui le voulait et il a dit non... Un non poli, un "non merci...")
- Ah oui... Oh... Ça... Ça vient de lintérieur on ne sait trop doù mais cest là où ça tiraille, juste là, puis ça prend la première à droite en cédant la priorité aux affaires obligatoires et ça se faufile jusquau fond de la grande salle qui mène vers la sortie, ça empreinte le long couloir coudé... Il y fait de moins en moins sombre et ça prend tournure implacablement car ça parvient à lembouchure et le vertige aidant, ça se prend les pieds dans le tapis, ça tombe à la renverse et ça claque à hue et à dia un «non merci» funeste.
- Ah daccord ! ça test déjà arrivé à toi ?
- Oh oui plein de fois...
- Et comment ça sappelle ?
- C'est un accès de timidité, fils.
- Ah c'est donc ça !"
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cordon bleue par Vladimirgorski
La fille et moi étions au bord de la rupture. Notez: je dis "la fille", pour créer une distance, une distinction dans mes priorités du moment, non que je lui manqua de respect, car "la fille" méritait mon respect, et surement un peu plus encore, tout comme elle méritait celui des autres en général, car c'était une bonne personne avec un bon fond, et puis les habits qui allaient avec pour se faire aimer. Et puis elle cuisinait le riz pilaf et le créole, en faisant le curry elle-même, et s'habillait en la circonstance de somptueux oripeaux brodés de faux argent et de rivière d'or, échancré à la naissance de deux seins qui pointaient comme des museaux. A table elle ne parlait pas, sauf pour demander: "Pourquoi les gens qui s'aiment sont-ils toujours un peu les mêmes?". C'était un jeu entre nous. Un échange d'amabilité. Je répondais invariablement: "Les gens qui s'aiment m'ennuient". Puis nous buvions du vin, portant notre verre à la bouche d'un geste ample et théâtral.
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Intransigeance maladive par Paddy_fycyl
Voilà, le vrai gâchis, digne ce nom, il s'impose à moi lorsque j'écoute, comme en ce moment, « There she goes » de The La's, extrait de leur unique album éponyme de 1990. Vous imaginez un peu : ce groupe anglais au talent insolent a commis cet imparable single à la beauté immédiate, patente, mais leur leader, Lee Mavers, ce génie torturé, n'a jamais pu se satisfaire de la production du disque, qui leur fut imposée par une major et qu'il jugeait (abusivement ?) inadéquate. « N'achetez surtout pas cette pourriture technologique ! », déclarait-il au public déconcerté en guise de promo de son album mal-aimé.
Il a logiquement fini par découragé ses acolytes, partis former d'autres groupes moins compliqués, moins empêchés chacun de leur côté. Et cela fait maintenant 25 ans qu'il tente de ré-enregistrer, selon sa vision maniaque et vétilleuse, cette collection de chansons pourtant impeccables - qu'il peaufine pathologiquement dans le sous-sol de ses parents, qu'il n'a jamais quitté.
Storytelling, quand tu nous tiens... Cela doit être l'essence d'un certain romantisme, chez moi, cette fascination morbide pour les destins brisés : les musiciens dépressifs et suicidaires Elliott Smith, Nick Drake et Donny Hathaway ; les leaders profondément névrosé des La's, donc, mais aussi du Pink Floyd première époque (Syd Barrett) ; le sinistrement fameux "Club des 27" (Kurt Cobain, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Amy Winhouse...), j'en passe et des meilleurs.
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SOLITUDE par Minos36
Je pus ainsi, du plus profond de mon obscurité pousser mes fantasmes vers labsolu, vers la clarté. Je me donnai lillusion de briser ainsi, étrange manière, la réalité de tous les dangers.
Jour après jour je bâtissais mon uvre. Quelles forces brûlais-je dans cette construction ? Quel gaspillage dénergie ? Cette dépense négative de moi, devenait une sorte de luxe, un raffinement aristocratique, une solitude précieuse, flamboyante. Me voilà nouveau dandy égaré dans une caserne universelle. Mon refus du monde me tenait lieu de révolte. Je croyais mapprocher du cur de la fission, connaître lexplosion extrême, atteindre la lumière. Un lieu où tout homme pouvait se désintégrer.
Je mis en place un catalogue de commandements. Je rédigeai une mini-constitution pour ma république solitaire.
« Je menfermerai sous un épais silence. De sa lourde couverture je ferai une tombe qui me défendra contre les bruits du monde.
Je fuirai tous les lieux où règnent les femmes. Je fuirai boutiques, cafés, restaurants, salles de spectacles et lieux de vacance.
Je boucherai mon nez pour ne pas sentir lodeur animale des femelles qui cherchent lhomme.
Sil marrive de prendre la parole en public je ferai état de la plus grande prudence.
Jéviterai les conflits qui trouvent leur source dans le Verbe.
Jappliquerai, partout, la politique de lescargot : sortir les petites cornes pour massurer quil ny a pas dobstacle, pas de dangers.
Javancerai dans la vie doucement, lentement. Je biaiserai. Jeffectuerai des demi-tours si nécessaire, mais toujours lentement.
Une certaine dose de surdité me siéra pour ne pas entendre les mots des hypocrites.
Jirai lentement vers la cécité pour ne pas voir, sous les habits étincelants, la vulgarité, lignominie, la lâcheté, lamour sali, la vénalité.
Je ne lirai plus dans les curs humains. Il ny a plus dhumanité, ni dhommes. Ils ont été remplacés par des individualités animales.
Je dirai mes sentiments profonds au lézard qui se chauffe au soleil du printemps. Je confierai mes secrets à lhirondelle qui senvole vers lAfrique en automne. Je la prierai de les lâcher avec ses fientes dans les forêts équatoriales. »
Certains animaux se défendent en attaquant, en montrant griffes et dents, dautres sadaptent au milieu par leur mimétisme. Je ne souhaitais ni férocité, ni mimétismes. Sil fallait être un animal, il valait mieux être une marmotte. Dormir, hiberner, tant que sur la terre existeraient les effets de la Peste Rouge et de la COM.
Pas de relation. Pas de combat. Pas de conflits. Mettre en veilleuse ma subjectivité. Désamorcer ma charge vitale. Éteindre ma libido. Enfermer Eros dans un coffre-fort. Me replier sur moi-même. En autonomie. En autarcie. Les vagues des marées océaniques sapprêtaient à mettre bas le monstre suprême. Je ne voulais plus un horizon si proche et si funeste.
Comme laraignée qui tisse sa toile, javais fini par construire ma forteresse. Je croyais que cen était une. Cétait un léger cocon, faible, provisoire, où venaient se prendre mouches, moucherons, et autres minuscules insectes, ainsi que les plus venimeux déchets de la nature. Contre ce misérable cocon, contre ce minable château de sable, tous les déchets de la société venaient toujours sabattre en faisant trembler le fragile édifice. Je croyais misoler, mais Thanatos cognait.
Les souvenirs, comme une nuée de sauterelles, sabattaient contre le bâtisseur qui se donnait tant de peine à sisoler. Ayant à peine mis hors de nuire lennemi extérieur, du moins je le croyais, voilà que je me faisais attaquer par lennemi intérieur !
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Sortir de la solitude par Minos36
Un jour, passant devant une librairie du dix-huitième arrondissement, je fus attiré par un livre exposé dans la vitrine : « La politique du rebelle ». Y avait-il encore des rebelles ? Avaient ils une politique ?
Depuis que javais entamé mon isolement et mon refus du monde, je navais plus aucun intérêt pour la vie politique du pays. Les bonimenteurs politiciens de tout poil, se branlant lesprit, avec laide de journalistes condescendants, sur la couleur de la cravate présidentielle me laissaient de marbre. Les marécages puants, où nageaient des crocodiles affamés comme mon frère Emmanuel, ne me disaient rien qui vaille.
Et pourtant, devant ce livre dans la vitrine, comme par enchantement, lancienne passion se ralluma. La politique du rebelle, mon dieu que ce mot métait doux ! Jachetai le livre. Je le feuilletai à Barbès. Jentamai la lecture au Père Lachaise. A Nation jen goûtai tout le miel. A République je décidai que je lirais tous les autres livres de lauteur. Ainsi je dévorai « La sculpture de soi ». Je plongeai dans « Lart de jouir ». Je me délectai avec « Cynisme ». Je ressentis une forte émotion et compassion avec « Le désir dêtre un Volcan ». Je brûlai toute mes mauvaise humeurs, je purifiai mon sang avec « Les vertus de la foudre »
Etrange, je commençai à me sentir sur la voie de la guérison. Jentrai en convalescence. Après la désillusion et lamertume que mon frère mavait procurées, voici le baume apaisant ! La vie mavait filé le cancer de lâme, les livres que je venais de dévorer stoppaient la métastase ! Un livre peut nous guérir !
Jétais impuissant, malheureux, sacrifié, utilisé, soumis, nombre et objet dans la marche folle du monde. Jétais matériel et matière première comme tous mes semblables. On mavait obligé au silence, dépouillé des sanglots de ma jeunesse, plié sous la violence des temps. Jétais noyé dans le mépris du monde, déchiré jusquà la dernière fibre de mon âme. Miracle de cette lecture : me voilà, à nouveau, avec lenvie dêtre un rebelle. Un brin de printemps inattendu. Il me tombe sur la tête sans crier gare. Dabord il massomme, et me plonge dans le brouillard. Au réveil je savoure létat de la convalescence ave la certitude de la guérison !
Quoi de mieux quune convalescence pour lire ? Et je cherche Chamfort, Sade, Fournier, Holbach, Helvétius, dans mes rayons depuis longtemps abandonnés. Jenlève la fine poussière déposée par le temps sur les couvertures. Je relis ! Jai envie de goûter à nouveau aux cadeaux de la vie ! Cette vie mutilée par les autres et par moi-même. Plus de mutilations, au contraire, je veux quelle soit simplement solaire. Je commence à guérir ! Sois maître et sculpteur de toi-même
change constamment en lumière et en flammes ce que tu es, ainsi minvite à être la lecture de Nietzsche !
Je sens un feu étrange brûler en moi ! Je me dégage de ma grisaille, de la fumée purulente infiltrée dans ma forteresse. Encore un effort, Marc ! Romps tes propres chaînes ! Sois dans le jubilatoire ! Vas-y, élance-toi dans les rues !
Les corps des femmes recommencent à me parler. Des ondes naissent de ces corps désirables et viennent me frapper au plexus. Et je bande à nouveau en regardant une femme assise croisant les jambes à une terrasse de café. Me voilà suivant une de ces belles plantes qui arpentent les rues de la capitale en tailleurs sexy et bas affriolants. Je respire son parfum, je menivre de ces odeurs de femelle qui donnent goût à la vie.
Des forces étranges remuent dans mon esprit. La terre, à l'approche du printemps, doit ressentir la même chose lorsque perce-neige et coucous tracent un chemin vers la lumière. Légers tressaillements, douces secousses qui n'ont rien de tellurique. Me voilà en état de recevoir quelques agréables sensations que le monde extérieur avait cessé, depuis longtemps, de me donner.
Presque guéri, je suis à nouveau disponible pour m'ouvrir au monde !
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