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Channel: Les commentaires de Pointscommuns.com
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L'Inspirante par Gill _

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Elle est assise sur son lit, elle se prépare, se pare pour son rendez-vous. Ma présence l'énerve, elle me chasse comme un chiot fou. Mais je reste, elle tend un bas sur sa jambe musclée, se renverse pour l'attacher. Sa posture me fait rire, elle rit aussi. Je rôde devant sa coiffeuse, caresse du doigt les pots mystérieux. Le 2e bas est mis, elle choisit une robe marine à la taille très cintrée, de sublimes escarpins assortis à la robe. Elle s'installe devant la coiffeuse, crache sur une brosse à cils, charbonne avec précision ses yeux magnifiques, je la regarde toujours, assise sur un pouf orange à hurler. Puis d'une houppette en duvet de cygne, elle nacre son teint laiteux, je suis jalouse tant elle est belle, mais je suis si fière d'elle aussi. Elle me demande d'attacher son collier de perles, cadeau de Mamie pour ses 20 ans. Les voix nous appellent, vite, elle sort d'un tiroir une bague et pose un doigt sur mes lèvres « mais c'est la bague de » « chut c'est la bague de maman mais si tu te tais, je te maquillerais » Un pas de danse devant la glace je souris à son reflet. Plus tard, nous la verrons partir au bras de son soupirant. La soirée s'étire, elle me manque je l'attend. Un bruit de moteur, une portière s'ouvre, l'homme la plaque, froisse la robe, je vois ses cuisses frissonner, sa gorge palpiter, j'en reste interdite. Elle remonte lentement sa jambe contre la jambe de l'homme. Dire que Chez nous, on m'envoie me coucher quand passe à la télé un film avec BB !!! Elle grimpera doucement l'étage qui mène à nos chambres, il est minuit. Elle s'arrête devant ma porte « tu dors ? » je réponds non, alors elle entre, me prend par la main m'entraîne dans la sienne. Assise sur son lit, j'assiste à la métamorphose inverse, la sublime créature redevient ma sœur. Elle ne me dira rien, juste qu'au moment de dormir, en caressant mes cheveux, elle murmure à mon oreille « bientôt tu vivras tout ça » Dédié à Ana, mon rêve de sœur

De l'humour, encore de l'humour, toujours de l'humour par Passeraile

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"Les inconditionnels du sérieux n'ont jamais cessé de me demander : pourquoi racontez-vous toujours des histoires contre vous-même Romain Gary?" Mais il ne s'agît pas seulement de moi, il s'agît de notre "je" à tous. De notre pauvre petit royaume du Je si comique, avec sa salle du trône et ses enceintes fortifiées" "L'humour, cette façon habile et entièrement satisfaisante de désamorcer le réel au moment où il va vous tomber dessus" "L'humour est une déclaration de dignité, une affirmation de la supériorité de l'homme sur ce qui lui arrive" Romain Gary L'absence d'humour est rédhibitoire. Ceux qui n'en ont pas ne le savent pas, évidemment.Ils marcheront toujours en regardant droit devant eux, sans jamais lever le nez, sans jamais s'arrêter sur leur étroit chemin. Les beaufs ne savent pas non plus qu'ils le sont.. Un jour que je marchais avec une amie âgée de 57 ans, qui avait des kystes tellement gros qu'on aurait dit une femme enceinte, un de ces gueux vint lui demander finement : "c'est pour quand?" Il était content d'épater sa bande, sa bande de beaufs. Ils sont comme ça, ils se croient comiques. Un des maîtres de l'humour fut incontestablement Winston Churchill. Il n'avait pas beaucoup d'estime pour le Major Atlee. Voici ce qu'il en dit un jour : " un taxi vide est entré à Buckingham, et le Major Atlee en est sorti." Méchant, certes,mais si drôle! L'humour, c'est souvent l'auto-dérision, la prise de distance qui fait que l'âme s'élève. Humour, je ne peux vivre sans toi, alors que je peux vivre sans amour.

A propos d'Albert... par LeTempsDesOranges

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Hiver 2006, je suis en vacation dans un grand hôpital marseillais, un jour aux urgences, l'autre en service médecine. Il fait un mistral pénétrant et Albert décide comme tous les jours à 18h de tenter de dormir tranquillement chez nous ; le foyer d'en face est surpeuplé et frère Jean connait bien Annick... Albert est fatigué, sale, très.. malade aussi, une maladie floue, indescriptible tant tout est lié..une mauvaise maladie de vie... Comme tous les soirs depuis que je suis là je prends 5 mn pour fumer une cigarette avec lui : il est né à Alger comme moi, il m'appelle Marie sa bienfaitrice et je sens la glycine. Annick me sourit en prenant son stéthoscope, Albert empoigne son sac Lidl crevé et rentre dans un box. Annick ressort, passe un coup de fil au 2ème étage : Pas de lit.. il restera ici. Deux jours plus tard : 7h du matin je retrouve Albert ch.107 médecine : - tu étais où hier? - de repos... t'as pas droit à la confiote, mais je te donne 2 beurres et 2 pains, après on va sous la douche.. - j'aime pas l'eau. - tu fermeras les yeux et tu penseras à Ford de l'Eau.. en attendant donnes moi un doigt. Il est nu comme un ver, tremblant comme un enfant peureux, les yeux bien fermés, se cramponnant à mon épaule. Je balance sur le gant de fortune autant de béta rouge que je le peux, il mousse, bulle, je frotte, m'accroupis, lui fait faire autant de tours et de danse sur pied que je lui demande. Il n'est plus tremblant, il semble carrément en hypothermie et moi je sue à grosses gouttes dans ma casaque. - Ah! ben voilà! un coup de lame sur le visage et tu vas être le plus beau.. La dignité que je viens de lui rendre me remplie d'orgueil. Je le borde et il me fait signe de lui mettre son sac crevé au pied du lit.. 15h : il dort un peu, il a bien mangé à midi : tempet :34°5 TA: 8,5/4 16h : Dans son sac je trouve Camus , l'Etranger, écorné, surligné sur quelques pages... entre un slip douteux et un tee shirt taché .. seuls effets personnels à énumérer sur une page listing. Dans le couloir une infirmière explique à une élève que les couches successives de crasse protègent le corps des gens de la rue et que les "décaper" peut produire un choc... Annick est montée faire le constat ... - Il était abimé de partout tu sais, le coeur, les poumons... Elle me sourit.. - Tu n'y es pour rien.. 19h : je sors du service, mon fils m'attend et j'ai envie de hurler.

un regard acéré par Vladimirgorski

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Ce film que j'ai vu il y'a quelques mois en faisant la vaisselle est un clin d'oeil formidable adressé sans complaisance à nos amis SDF, bourlingueurs du bitume, personnages complexes avec un coeur gros comme ça et un foie plus gros encore. On se prend d'affection pour ces clochards magnifiques, amateurs de Villageoise et de coup tordu. Timsit campe un chef de clan dur mais juste, un rôle sur mesure pour cet alcoolique notoire a la gouaille aiguisé comme un Laguiole. Vincent Lindon quant à lui, apporte une touche émotionnelle qui permet de mieux faire passer la pilule, et Zabou son accent chantant et ses formes de jeune femme. Une bonne comédie sociale donc, sans chichi et qui ne se prend pas le melon.

pas de chichis par Vladimirgorski

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Ce film que j'ai vu hier en faisant la cuisine est un clin d'oeil formidable adressé sans complaisance à nos amis SDF, bourlingueurs du bitume, personnages complexes avec un coeur gros comme ça et un foie plus gros encore. On se prend d'affection pour ces clochards magnifiques, amateurs de Villageoise et de coup tordu. Borhinger campe un chef de clan dur mais juste, un rôle sur mesure pour cet alcoolique notoire a la gouaille aiguisé comme un opinel. Jugnot, quant à lui, apporte une touche émotionnelle qui permet de mieux faire passer la pilule, et Tiki Olgado son accent chantant du sud ouest. Une bonne comédie sociale donc, sans chichi et qui ne se prend pas le melon.

«Landmarks», une invitation au voyage par Lilablan

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C’est l’un de ces rares albums dont chaque écoute confirme le plaisir ressenti dès la première, d’où mon envie de le partager ici. Voici ce qu’en dit Brian Blade lui-même : «J’aime l’aspect aventureux de «Landmarks», «sa dimension de voyage dont les chansons constituent les différentes étapes. Certains morceaux sont brefs, poétiques, d’autres beaucoup plus longs, sortes de paysages épiques que nous traversons» (1) A chaque composition une ambiance singulière et des arrangements subtils, signant la diversité et la qualité du voyage qu’il nous propose avec son «amicale» de musiciens. 1ère étape, après une courte introduction au mellotron : Landmarks. Le thème progresse délicatement au piano, soutenu par les cuivres, la pulse du batteur se laissant à peine deviner. Puis, insensiblement, on glisse dans une transe lancinante autour de quelques notes (un peu à la E.S.T.), durant laquelle tout l’art de Brian Blade se dévoile peu à peu. La suite ? Une fois embarqué, suivre la balade est facile, à chacun son rythme… J’aimais déjà écouter le batteur de jazz (et le regarder jouer !) aux côtés de Wayne Shorter, Danilo Perez, Joshua Redman ou même Joni Mitchell, pour ne citer qu’eux. Autre temps, je le découvre compositeur, ouvert à des styles différents et plutôt à l’aise avec une guitare ou un micro entre les mains (2). Joli parcours ! Je suis sous le charme de ce fin musicien-voyageur... 1) http://www.fipradio.fr/fip-actualite-le-batteur-brian-blade-the-fellowship-band-de-retour-chez-blue-note-avec-landmarks http://vimeo.com/40516208 http://www.youtube.com/watch?v=lz4B5rMuRSA&list=RD6qwv2f5m0xM&index=4 2) http://www.youtube.com/watch?v=mIkHoGtlWeE http://www.youtube.com/watch?v=oNWa9_tcnuw#t=47

RomainGary par Passetoutgrain

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« Il m’a souvent paru qu’à partir d’un certain degré de sérieux, de gravité, un homme, dans la vie, est un infirme, on a toujours envie de l’aider à traverser la rue » Romain Gary aurait eu 100 ans le 8 mai…Pour ce centenaire, on publie l’entretien qu’il accorda, avant de mourir à Radio-Canada Un livre inédit, son premier texte, « le vin des morts » a été publié par Gallimard en mai. Le 3 avril, sortie d’une nouvelle version de « La Promesse de l’Aube », illustrée par Joann Sfar, dessinateur, scénariste et réalisateur. Romain Kacew est né en Lituanie en 1914.Kacew est le deuxième époux de la mère de Romain Gary. Pendant la seconde guerre mondiale, il prend le pseudonyme de Gary comme nom de résistant. Il embrasse la carrière diplomatique en 1945. Il quitte le Quai d’Orsay en 1961, après avoir représenté la France en Bulgarie, en Suisse, en Bolivie et aux USA. Il utilise très tôt dans sa carrière des pseudonymes. Dans les années 70 il utilise à la fois les noms de Romain Gary, Shatan Bogat et Emile Ajar. Unique double lauréat du prix Goncourt (pour « Les Racines du Ciel » et pour « La vie devant soi » sous le nom d’Emile Ajar, en 1975, prix reçu par son cousin Paul Pawlovic). Il révèle cette supercherie dans son œuvre posthume « Vie et Mort d’Emile Ajar » Un peu plus d’un an après le suicide de son épouse, Jean Seberg, il se donne la mort à Paris, à 66 ans. Son roman très humoristique « Au-delà de cette limite votre ticket n’est plus valable », histoire d’un homme qui perd sa virilité avec l‘âge, est révélateur de sa peur de vieillir. Quand j'ai lu "La Nuit sera Calme", présenté comme une interview de Romain Gary par un de ses amis, je n'ai pas aimé le personnage. J'avais pourtant lu et beaucoup apprécié "Gros Câlin" "La vie devant soi", ainsi que "Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable". En revanche, "LA PROMESSE DE L’AUBE (1960), remettant son auteur dans le contexte de son enfance à sa vie adulte, fait oublier ce qu'il y a de déplaisant chez lui. Après tout, qu'importe! Ce roman autobiographique raconte l’arrivée de Romain Gary et de sa mère à Nice, et leur vie difficile. Mère omniprésente, mère adoratrice, mère aimée : on ne cesse à la fois de s’étonner non seulement de la drôlerie avec laquelle Romain Gary décrit les situations effroyables dans lesquelles sa mère le met, incapable qu’elle est de mettre un frein à son enthousiasme (« tu seras chanteur ! », « tu seras écrivain ! », « tu seras officier ! », « tu seras diplomate ! » suivis d’un « c’est ta mère qui te le dit ! »), mais aussi de son amour pour cette mère étouffante, aux «étonnements prodigieux » , aux « airs de stupéfaction », à qui il voudrait toujours faire plaisir et qu’il craint toujours de décevoir. D'où le récit d’un certain nombre de « farces » qui lui permettent de lui cacher ses fréquents déboires. A paris, où il étudie le droit, incapable de se faire publier, il découpe dans des journaux des articles de ses confrères et les envoie à sa mère. Un jour, alors qu’il n’a pas mangé de toute la journée et qu’il meurt de faim, il passe devant la brasserie Médicis, il voit à travers le rideau « un brave bourgeois en train de manger un chateaubriand aux pommes-vapeurs ». Il s’évanouit « de rage, d’indignation, d’humiliation. » En rentrant chez lui, il fait son « examen de conscience » : « Je découvris que je me prenais trop au sérieux et que je manquais à la fois d’humilité et d’humour…je n’avais pas tenté d’explorer suffisamment les possibilités de la nature humaine.. » Suit le récit drolatique du comptoir chez Capulade , où il engouffre 9 croissants. Il finit par devenir très ami avec le serveur. « Entre 1936 et 1937, j’estime avoir mangé entre 1000 et 1500 croissants sans payer au comptoir de la Capulade. » « J'ai conservé une très grande tendresse pour les croissants…Je ne les digère plus aussi bien qu’autrefois et nos rapports sont devenus plus ou moins platoniques. …mais j'aime les savoir là .Comme dirait le Général de Gaulle, ce sont de bons français. A propos de l’appel du 18 juin il dit ceci : « …je tiens cependant à expliquer que l’appel de ma mère à la poursuite du combat se situe le 15 ou le 16 juin, au moins deux jours auparavant. » Il est difficile de donner une idée exacte de cette œuvre captivante. On y trouve l’origine de la « compassion » (souffrir avec) de Romain Gary, que l’on trouve dans tous ses romans, et principalement dans « La Vie Devant Soi », œuvre autobiographique s’il en est, et sa sensibilité exacerbée. Savoir qu’un tel homme s’est suicidé (comme Stephan Zweig et tant d’autres) fait monter les larmes aux yeux. Gary : « brûle » Ajar : « braise »

Une coupe d'enfer par LeTempsDesOranges

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Le travail de l'aide-soignant est très varié, toujours synonyme de charisme et d'empathie, il n'en est pas moins que parfois certains de nos actes relèvent du soulagement des patients.. Aussi l'après-midi nous effectuons les entrées des patients : installation dans leur chambre, démonstration du lit électrique, volets, sonnette etc.. s'ensuit un interrogatoire digne du FBI : allergies, pipi, caca, poids, famille, antécédents etc.. et même religion (on ne sait jamais..). Je grimace un peu je dois dire quand l'heure de la tonte arrive! Non pas la tonte esthétique, la coupe originale,non! je ne suis pas coiffeuse, je suis aide-soignante et je tonds les bras, les jambes et même les pubis! Aujourd'hui je suis gâtée Dr D. fait 10 endos en service et aux ambus : 5 tontes pubiennes pour moi au service médecine... 1ère chambre : Mr B. qui a peine arrivé est déjà en pyjama à 16h, engouffré au fond de son lit le drap remonté jusqu'en haut de la tête, une djellaba sur le dosseret et le petit tapis sur le siège du fauteuil. Je laisse le dossier en suspens et je vais attendre la famille car Mr B. affolé ne parle pas un mot de français. Je lui souris gentiment et lui explique que nous allons procéder à présent à la dite tonte pubienne indispensable... L'homme braque sur moi je regarde effaré, glisse au fond de son lit encore un peu et me fait signe de tête que je peux procéder.. par dessus les draps!!! devant une telle réticence, tant de pudeur je me vois contrainte d'abandonner et j'en réfère à mon infirmière .. 2ème chambre : Mr J. bel homme, la cinquantaine grisonnante, torse bombé, allure jeune sportif très sur de lui.. son épouse sort et je commence l'interrogatoire de rigueur sans m'attarder sur ses yeux verts et sans rougir à certaines de mes questions embarrassantes... M.J a aussi une main bandée depuis quelques jours, un accident domestique dominical me dit-il.. A coté un vieux monsieur là depuis 5 jours, post -opéré et flanqué de 5 membres de sa famille entourant le lit, jacassant et dégustant petits fours et jus de fruit. L'instant tonte arrive : nous décidons de nous installer dans la salle de bain pour plus de ... intimité? pudeur? De sa seule main Mr.J retire short et slip avec souplesse, écarte les jambes, pose les mains sur ses hanches et lève le menton! Je maudis sa main bandée qui aurait pu me sauver ce qui allait m'attendre.. Je lâche au sol un drap blanc prêt à recevoir la toison abondante et je mets en marche l'engin bruyant.. S'entame alors une course contre la montre : les va- et- vient de la lame non coupante a l'air d'émoustiller le monsieur, l'arbre de vie se redresse sous mon nez, fier, droit un "I" a 5 cm de ma bouche : et là je me mets à haïr mon métier! D'une voix mécanique et serrée je lui dit bêtement que c'est bientôt fini et qu'il fait très chaud dans cette salle de bain exigüe ...et lui me rétorque en plaisantant : Prenez votre temps, plus la tonte est longue plus c'est bon!!! Mr.J a le regard plongé dans mon décolleté depuis tout ce temps et moi n'y tenant plus de malaise et de honte je me redresse vivement, lui tend la tondeuse dans sa main valide et lui balance : finissez vous tout seul!!! Je sors dans le couloir, l'air est frais, j'inspire à fond.. Y a vraiment des jours ou je trouve que ce métier dépasse toutes les limites du charisme!

Magnana et ses conquêtes par Minos36

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Quand Magnana me racontait ses conquêtes féminines il devenait épique. Inénarrable ! C’est en tant que marchand de poésie – disait-il - que j’ai obtenus mes plus beaux succès auprès de ces femmes. Ce n’est pas un hasard si la plupart des mes aventures érotiques je les ai eues avec des profs de français. Elles m’offraient leur corps sans sourciller, ma condition de poète leur permettait de se sentir moins coupables, et si les cas échéant elles devaient renoncer à des beaux mâles, elles le faisaient au nom de la culture et de la défense de la poésie. Je me marrais car je rentrais dans ses statistiques sociologiques. Mais je n’avais aucune illusion- disait-il – je savais que si elles couchaient avec moi c’était plus par pitié que par envie. Physiquement je n’apportais rien. Cette conscience m’humiliait, mais je ne me rebellais pas. Parmi ces femmes il y avait l’intello, pull V en cachemire, jupe en laine l’hiver, béret Uniqlo, lunettes Ralph Lauren, collier Caroll, besace Inouï, parapluie Barbara Rihl, bottes de cuir Victoria Couture. Il y avait l’urbaine, veste en laine, séduisante par les manches courtes, top en satin et dentelles, jean en coton mélangé, collier Sita Murt, montre Agatha, ceinture Pimkie, besace Lamarthe. Il y avait celle qui se la jouait « masculin », manteau en laine, liquette en coton, leggings en laine, chapeau printemps, foulard et sac épice, cravate Mango, bracelet Victoria F. Le confort de d’une telle tenue séduisait dans l’absolu. Il y avait la branchée, veste en cuir, pull en mohair, pantalon en laine, foulard et sac Guess, ceinture Uniqlo, bottines Repetto, parapluie Glove Story. Je me laissais séduire par ces matières savamment mélangées. Seul point en commun : l’âge, entre cinquante cinq et soixante ans ! Des femmes magnifiques, élégantes, qui se foutaient pas mal de ma poésie, mais qui jouaient les intellos pour se donner bonne conscience. Leur hypocrisie scintillait comme leurs habits de bourgeoise. J’étais à mon tour hypocrite ! Souvent elles se complaisaient à me raconter leurs problèmes familiaux, leurs histoires de divorce, leur enfance brimée. Tous les bobos dont peuvent souffrir ces classes moyennes, échappées aux destins prolétariens avec l’illusion de faire partie de la bourgeoisie, étaient étalés à longueur de nuit. Pendant la pause elles me faisaient part de leur engagement pour changer la société, car elles étaient de gôche, mais je sentais que leur idéal n’était bâti que sur des sables mobiles. L’autre sujet favori c’était leurs voyages au bout du monde où, le contact avec d’autres civilisations, les avait changées. Souvent, entre un voyage aux Antilles et un en Thaïlande, elles racontaient leurs manifestations, ou leur aide financière, apportée à telle ou telle autre ONG, comme les dames patronnesses, jadis, avaient leurs grandes œuvres de charité. A les écouter on pouvait imaginer facilement qu’elles renonceraient au prochain voyage en Afrique pour donner l’équivalant à une ONG quelconque. Il n’en était rien : comme les dames patronnesses n’auraient jamais renoncé à leurs bijoux ou à leurs robes en soie, ces modernes chevalières de la moderne charité n’auraient pas renoncé à leur petit confort. Si parfois j’osais leur dire ce que je pensais, elles s’énervaient, se fâchaient, et prenant de poses de nouveaux moralistes, se lançaient dans des diatribes contre les syndicats ouvriers, le parti communiste, Staline, Marchais et tutti quanti. Elles terminaient par affirmer que la manière de faire de la politique avait bien changé, que je m’attardais sur des modes de l’autre siècle, et que je n’étais qu’un pauvre poète naïf. Si je pouvais reprendre la main, et souvent c’était possible, je me vengeais en leur faisant l’amour avec le plus de violence et de mépris possible. J’ai bu du champagne et vins fins avec elles, j’ai goûté à des mets raffinés dans les bons restaurant où elles me traitaient. J’en ai rencontré des vraiment humanistes, mais elles n’étaient que de rares exceptions que je pourrais compter sur les doigts de mes mains. La plupart étaient formatées, conformes au modèle que la société leur imposait. Quelques unes étaient vraiment pourries. Certaines invoquaient les grands principes, mais elles n’avaient pas des vraies passions. J’ai couché dans des hôtels, dans leurs maisons à la prétention bourgeoise. Je pouvais mesurer la petitesse de leurs idées. Cette femme délicate, au physique d’une aristocrate, n’était, en tant que femme, qu’une pauvre soumise à un abruti de mari. Telle autre, qui collectionnait les grands auteurs des éditions de la Pléiade, et se prenait pour un mécène des pauvres poètes de mon état, ne subissait que les plus vulgaires chantages d’un mari, politicien régional, qui voulait moderniser sa région, mais ne faisait que moderniser et enrichir son patrimoine personnel.. Telle autre encore n’était que l’esclave d’un mari, petit industriel, qui exploitait la main d’œuvre étrangère. Après l’acte charnel, dans lequel elles excellaient toutes, intellectuellement je m’ennuyais, moralement j’étais écœuré. C’est pourquoi, pour me sortir de cet état d’ennui, il m’arrivait, pour me sortir de leurs griffes mortelles, de me jeter dans les bras d’une vulgaire prolétaire qui sentait l’usine ou l’alcool !

Cuerdas par Genese

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C’est un court métrage d’animation. Il a gagné les Goya, les Césars espagnols, cette année. Il est en train de faire le tour du monde des festivals. Car Cuerdas (Cordes) est un petit film poétique et bouleversant. Il raconte l’histoire d’un petit garçon différent qui arrive dans sa nouvelle école. Une petite fille va devenir son amie. En 10 minutes, Cuerdas raconte un monde, une aventure humaine, inspirée par les enfants de Pedro Solis Garcia, son réalisateur. Disponible en DVD accompagné d’un grand beau livre en Espagne, il y rencontre un succès unique dans l’histoire du court métrage d’animation. Cuerdas peut se regarder plusieurs fois, sans jamais lasser. Ce film est une merveille. Pas encore disponible en France, on peut le regarder sur ce site spécialisé dans le handicap : http://ensemblepourleselevesensituationdehandicapdansle41.over-blog.com/2014/04/des-cordes-court-metrage-d-animation.html Vous pouvez sélectionner les sous –titre en anglais, même si l’on peut le regarder sans comprendre le texte. Mais quelques phrases sont essentielles. Attention aussi à bien aller jusqu’au générique de fin, un plan noir peut donner l’impression qu’il est terminé, avant la fin justement.

L'Inde chez vous ! par Jeepee

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Souvenirs d'étudiant, chez les amies d'amies en banlieue... des fêtes dansantes et colorées, des cockails improbables à essayer et des bougies, des bougies ! Une absence de RER et de chauffeurs potentiels, trop fatigués... on dort sur place dans un canapé. Réveil dans la belle lumière franche et chaude d'un début d'été. Et la musique de Najma qui vous accompagne. Elle vous désoriente (on est où !?!) mais vous soigne de l'inconfort et du mal de crâne naissant (cocktails + canapé pour 4 + nuit courte + soleil très matinal = forcément mal de tête). Vous avez commencé un voyage vers la lumière, vous êtes en Asie, vous saluez le soleil, vous êtes dans de bonnes dispositions finalement, positif ! Une musique d'avant la mode Bollywood (1989 !), parfaitement produite et déjà best-seller à Londres ou à New-York ! Une voix jeune et chaude qui vous fait dresser les poils des bras, un style traditionnel et moderne, intemporel. Vous êtes transporté... c'est décidé, vous irez un jour en Inde ! (...vous n'irez qu'à Londres... comme tout le monde !) Najma Akhtar : Qareeb www.youtube.com/watch?v=VFI27vpI5mY www.youtube.com/watch?v=i7br0fHjONE

Nouvelle vie par Fragonarde

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Le cimetière est peuplé de gens irremplaçables, je me disais, en suivant, dans la foule immense, le corbillard au loin. Toute la bourgeoisie du canton s'était donnée rendez-vous. Il est des engagements que l'on se doit de tenir. Imaginez que l'on en tienne compte à l'heure du jugement dernier. On n'est jamais trop prudent, je m'étais dit, en m'y rendant. J'avais entraperçu sa toute jeune veuve qui tentait tant bien que mal de conserver la première place, malgré l’opprobre du cercle familial, le mépris des enfants du défunt et le courroux de sa première femme devant encore se partager les condoléances avec celle qui avait pris sa place. Il n'en aura pas profité beaucoup de sa nouvelle femme de trente ans sa cadette. A cinquante cinq balais, épouser cette jeunette, ça avait fait jaser, mais l'argent, bien à profit, promis pour les uns et les autres, savait, mieux que toute morale, faire entendre raison. Deux ans pendant lesquels il avait essayé de tenir ce nouveau rythme de sorties régulières, de soirées arrosées, de footing pour garder la ligne, de travail intensif pour permettre le standing exigeant de l'une et l'autre de ses femmes. Entre la pension versée à l'une et les besoins de la nouvelle, il n'avait pas ménagé sa peine. Et puis, il fallait aussi satisfaire sa toute jeune épousée. Il lui avait fallu consulter, se viagrer pour assurer au fil des jours passants. Il pressentait que, bientôt, son billet ne serait plus valable. Alors il avait multiplié les pilules de plaisir, à s'oublier lui-même, obnubilé par la crainte de ne pouvoir bientôt plus la satisfaire. D'autant qu'elle souhaitait, d'un enfant, pérenniser leur amour. Même s'il se trouvait âgé, il ne pouvait rien lui refuser. Les mois passant, il avait consulté à ce sujet, c'est comme cela que je fis la connaissance du couple. Les multiples examens passés ne lui laissaient comme espoir qu'une très faible probabilité de réussite. Il avait eu la chance d'apprendre quelques temps avant ce funeste jour qu'il allait devenir père. C'est aussi ce qui lui avait causé sa perte. Je ne l'aurais pas laissé s'occuper de mon môme.

le curiste par Passetoutgrain

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J'ai toujours aimé Hermann Hesse, à commencer par "Le Loup des Steppes". Hermann/ Harry, qui rencontre Mozart au théâtre "où seuls les fous sont admis", Mozart qui devant le sérieux de Harry, se met à hurler de rire..Oui, Le Loup des Steppes faisait fureur dans les années 70 ( 40 ans? Impossible..!). On lisait "Le Loup des Steppes" comme on allait voir les films de Bergman. Il y fallait de l'enthousiasme, et personnellement, en ce qui concerne Bergman, je ne m'y risquerais plus! Pour en revenir à Hermann Hesse, ayant entendu récemment de grands éloges de son "Jeu des perles de verre", par quelqu'un dont je partage les goûts en matière de littérature, je me plongeai dans cette lecture. Ce plongeon se termina par un "plat" qui me laisse de très mauvais souvenirs. Je dus m'arrêter à la page 50! Je ne comprenais rien à cette symbolique, ça m'ennuyait copieusement... Bref, je dus m'avouer que je n'étais pas une intellectuelle (ce dont je me félicite de temps en temps..). En revanche, je voudrais vous signaler un véritable bijou de cet auteur, qui s'associe dans mon esprit à Thomas Mann, Knut Hamsun et Robert Walser. Il s'agit du "Curiste". "Le curiste" est le récit autobiographique (un récit fort court d'ailleurs) d'un homme qui va faire, comme son nom l'indique, une cure dans une station thermale. La description de son arrivée dans l'établissement où il a réservé une chambre est une merveille d'humour,comme tout le reste de ce récit. On a l'impression qu'Hermann Hesse est réconcilié avec l'existence. Il y a en particulier deux pages sur le bruit provoqué par un Hollandais au-dessus de sa tête, qui est à mourir de rire. On est loin de "Mort à Venise", et je dirai fort heureusement, même si le livre de Thomas Mann est un chef d'oeuvre qui ne prétend nullement égayer.. C'est un récit très gai, ce qui surprend chez un auteur assez pessimiste.. J'en profite aussi pour signaler un récit fort drôle de Thomas Mann intitulé, je crois,"Maître et Chien" (à vérifier..). On dit que Thomas Mann répondit à toutes les lettres de ses lecteurs, y compris à une lectrice qui faisait parler son chien. Il répondit de chien à chien!

Quatre chiffres par Larscene

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Quatre chiffres Quatre chiffres comme sésame, une porte ouverte sur la vérité. Quatre chiffres pour apaiser mes doutes et mes craintes. Tout commença en 2001, c'était beau, très beau même, notre naïveté d'ado portait à elle seule notre histoire déjà compliquée. Des années de bonheur, quelques heureux événements, une confiance aveugle, des erreurs de parcours........et là, la confiance d'ordinaire aveugle commence à recouvrer la vue, à s'effriter, devenir méfiante Ces quatre chiffres, il me les faut ! Pas pour avoir raison mais pour me prouver que j'ai tort. Les mois passent, les années aussi du coup, la confiance muée en paranoïa, les bonnes nuits de sommeil ont laissé place aux fringales nocturnes interminables. Puis un jour, touché par la grâce, une combinaison apparaît, les verrous sautent les uns après les autres...... voilà mon sésame, paranoïa transformée en vérité, je me rends compte après coup qu'il est trop tard. Bienheureux sont les ignorants. Quatre chiffres qui devaient me libérer sont aujourd'hui un fardeau La curiosité est un vilain défaut

anima par Il est midi

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On dirait qu'elle regarde le ciel un ciel vide comme une lettre close toute en regard qui va paupière où ose la rose de ce soir qui ne fut pas la seule car elle n'est pas la même qui venait toute d'en-haut ( celle que tu lisais dans les amours défuntes ) des paris murmurés par delà les tombeaux ont attesté du vivre la plus simple contrainte et tu vas au devant d'une épée qu'elle invente sans avoir entendu que tu n'as pas de chair que tu n'es pas ici ce qu'elle a cru sur terre que tu es tout un monde au sein de qui se hante un baiser sur ta joue hyrondelle ou bien soeur un présent pour celui que tu désires connaître un sonnet pour l'ami qui écrit dans son coeur et une rose blanche au profond de nos vies

La poésie de Magnana par Minos36

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......cent poèmes, soit une centaine par an, soit un tous les trois jours et demi…Sachant qu’un poème, avant d’être mis sur le papier, te hante l’esprit pendant deux ou trois jours, on peut voir comme Magnana, tous les jours que dieu avait faits, vécut en pensant à sa terre d’origine et en s’exprimant dans sa langue maternelle, car tous les poèmes d’exil étaient rédigés en italien. Quelle souffrance ce fut la sienne ! Même quand il baisait Magnana pensait à sa terre ! Magnana écrivait un poème ou se laissait envahir l’esprit par des éclats de mots, des fragments de phrases qui lui rappelaient sa terre ! Un calvaire ! Si on mesure son pessimisme à cette aune, alors on comprend et on se demande où Magnana a trouvé la force pour ne pas se suicider en ces années là ! Rien ne semblait pouvoir arrêter ce flux de poèmes, ce jet en continu de complaintes douloureuses, ce chant obsessionnel d’amour et de haine pour la terre natale ! Pourtant la source se tarit d’elle-même le jour où Magnana rentra en Italie à l’automne de 1975 ! J’ai recouru aux services de mon ex collègue, enseignant d’italien au lycée, afin qu’il m’en traduise quelques uns de ces huit cent poèmes. Il le trouva si beaux qu’il les traduisit tous et j’ai pu goûter à cet amour désespéré que Magnana avait chanté, décliné pour sa terre, pendant huit années sans aucune pause ! La voix poétique de Magnana dans ces « Poèmes d’Exil », était une voix de chair, elle possédait un corps. Et on pouvait le voir, ce corps, saigner et laisser s’échapper, par ses blessures, toute cette douleur surhumaine. La voix poétique de Magnana était faite de sang, de corps, de viscères. Une voix poétique qui, comme un virus, s’était infiltré dans son âme, s’était propagée dans les moindres fibres de son esprit, sans jamais lui laisser un instant de répit depuis ce mois d’octobre où Magnana avait quitté son pays. Une fois que la traduction fut terminée, voilà le discours que me tint mon ex collègue : « Ton Magnana n’a jamais su qu’il appartenait à cette génération des fondateurs de la poésie italienne contemporaine : Ungaretti, Montale et surtout Quasimodo, qui partage avec Magnana le sentiment de l’exil, ayant lui aussi fui sa terre. Mais il faut ajouter tout de suite, qu’il était arrivé en retard. Dans les années 70 la génération des jeunes loups, comme Sanguinetti ou Balestrini ont étouffé les voix de leurs prédécesseurs, sous le tintamarre accompagnant leurs déclarations d’une subversion radicale de l’écriture. Les textes aliénés, schizophrènes, illisible, l’illisibilité étant la condition même de l’authenticité, qu’ils produisent ont fini par détourner le lecteur d’une poésie dite de tradition et donc méprisable. J’ignore si Magnana a proposé ses poèmes à un quelconque éditeur, mais s’il l’a fait, il a assurément essuyé des moqueries et du mépris pour son œuvre. En ces années de plomb de la décennie 70-80, et tu as souligné que Magnana se trouvait en Italie, il n’était plus questions de pulvériser les mots, comme le souhaitaient les poètes de l’avant-garde, au moment où explosaient les bombes ! Devant la violence, venant d’un côté ou de l’autre, rouge ou noire, seuls les Mots justes, précis, clairs, peuvent alimenter le débat et proposer un futur. On peut se demander, par ailleurs, si l’absence du Mot n’a pas contribué à instaurer cette violence qui a ensanglanté l’Italie pendant cette maudite décennie. Si Magnana avait pu être publié, sa poésie aurait contribué à donner un sens à la société civile ? Vaine question ! Il est clair que personne avait envie de donner un sens à quoi que soit. Le titre, « Poèmes d’Exil », introduit directement au cœur de la thématique de Magnana. L’exil est un thème qui est cher aux poètes italiens : Dante fut exilé pour raisons politiques, Pétrarque en Avignon dut sentir les affres douloureuses de vivre éloigné de sa Toscane, au XIXème siècle Ugo Foscolo dut quitter les îles grecques où était né et s’en aller à travers l’Europe avec son manque de patrie. Et au XXème Salvatore Quasimodo sera exilé de sa Sicile natale et le poète lui offrira un madrigal inégalable « Mais nessuno mi porterà nel Sud ». Magnana avait abondamment de qui s’inspirer. Mais l’exil de Magnana se fait plus explicite, et je dirais plus universel, dans la mesure où il nous amène à nous voir tous exilés de nous mêmes. L’exil de Magnana est beaucoup plus explicite et sa polysémie plus riche car il nous renvoie à la rupture, à la perte, avec cette partie de nous-mêmes que nous ne retrouverons plus jamais et dont la nostalgie va marquer nos itinéraires. Son exil devient donc une frontière ontologique que nous ne pouvons pas franchir. Nous sommes exilés et le mur de l’exil nous enferme. Tout homme est destiné à se mouvoir dans ce cercle infernal. Ce qui m’interpelle le plus dans la poésie de Magnana c’est le flux de ses vers qui dure pendant huit longues années sans jamais cesser un seul jour, sans discontinuité, et cela contre vents et marées d’une mode poétique qui le condamnait d’avance et le ridiculisait aux yeux de ses contemporains. Magnana ne renonce jamais à l’expression de sa poésie et se condamne à rester de ce côté-ci de la société, en s’infligeant ainsi un nouvel exil. Nous y trouvons la volonté qui fonde son obstination poétique : dire par la beauté de la poésie, sans renier le Verbe, ce que la raison dénie ? Son chant poétique explose en mille feux d’artifice, alors qu’en tant que poète il est condamné à vivre dans un monde, et dans une mode, qui veut l’enfermer dans l’égotisme et le solipsisme d’une modernité où les mots sont réduits à l’os pour en faire une immonde bouillie. Et soudain, son chant s’arrête. La source se tarit. Aucun poème d’exil ne sort plus de la plume de Magnana. Cela se vérifie dès son retour en Italie. Nous pouvons soulever mille questions : que s’est-il passé ? Qu’a-t-il vécu de si traumatisant pour que sa voix devienne à ce point muette ? Ce sont les questions que tu te poses. Je sais. Constater comment, pendant huit longues années, ce chant d’exil a dominé le flux poétique de Magnana, comment il a décliné ce mot exil de mille façons, et soudain voir le silence s’installer, cela nous donne le vertige. Il ne t’a jamais dit les causes de son silence ? Au fond nous pourrions faire une comparaison avec Rimbaud. Lui aussi cesse d’écrire, dès lors qu’il devient marchand d’armes. Je sais que cette explication ne te suffit pas : nous savons ce que devient Rimbaud en Afrique, et toi tu voudrais savoir ce que Magnana est devenu pendant cette parenthèse de cinq ans passés en Italie. Il a toujours refusé de t’en parler, et que son chant d’exil ait cessé après cette période t’intrigue et te questionne davantage. » …………………………………………………………………...

pourquoi D.Lodge est populaire.. par Passetoutgrain

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Dans ce livre, qui est le premier de la trilogie de D.Lodge sur le milieu universitaire, Deux professeurs échangent leur poste. Pendant que Philip Swallow, professeur sans grande ambition, retourne aux Etats Unis où il est déjà allé avec sa femme, qu'il laisse seule avec leurs trois enfants pour une période de 6 mois, Morris Zapp, connu de ses étudiants comme un esprit sarcastique et brillant, vient "s'enterrer" en Angleterre dans l'université de Rummidge, afin de prouver à sa femme qu'il peut encore faire un mari acceptable et moins volage, dans l'espoir de garder ses enfants. En arrivant à Rummidge le professeur Zapp trouve une chambre au dernier étage de la maison du Dr O'Shea, pauvre et doté d'un certain nombre d'enfants : "il semblait manquer de sommeil, d'argent, de plaisirs, de tout, sauf de soucis". Quand Zapp avait loué une télévision couleur, "le Dr O'Shea était devenu complètement fou. Il avait suivi les livreurs dans l'escalier et avait tourné autour d'eux sans voir qu'il les gênait...".Le professeur Zapp avait fini par lui dire : "eh bien, s'il y a quelque chose que vous avez envie de voir, vous n'avez qu'à monter..." "Et c'est ce qu'il fit. Malheureusement les goûts du Dr O'Shea en matière de télévision se limitaient aux comédies de mœurs et aux feuilletons sentimentaux, devant lesquels il réagissait avec la plus naïve crédulité, se tordant et faisant des bonds sur son siège, tapant sur l'accoudoir de son fauteuil et donnant de grands coups de coude dans les côtes de Morris, tout en maintenant un flot de commentaires hautement personnels sur l'action:"AhAh! Bien fait pour toi, mon gars, tu ne t'y attendais pas...Oh! Qu'est-ce que c'est que ça, qu'est-ce que c'est que ça, sale petite drôlesse? Ah, ça va mieux comme ça, ça va mieux...NON, NE FAIS PAS CA, NE FAIS PAS CA ! Doux Jesus, ce gosse va me tuer..." et ainsi de suite...On faisait mieux comme compagnie." Quant à Philip Swallow "il y avait bien un domaine où il passait pour une autorité : c'était un excellent correcteur pour les étudiants de premier cycle, scrupuleux, minutieux, sévère mais juste...Ses propres sujets d'examen étaient de vraies œuvres d'art sur lesquelles il travaillait avec amour pendant des heures, les pomponnant, les polissant, manipulant avec dextérité les soit/soit, équilibrant judicieusement les questions...amenant les candidats...à discuter de brillantes épigrammes de son invention qu'il déguisait en citations tirées de critiques anonymes." (Suite au prochain numéro! Non, Non, je rigole..)

Vin par Rolando68

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Calice de la vie Ton vin est bien amer Ton raisin s'est nourri Des labeurs de la terre Et quand parfois l'ivresse Empourpre mon visage Il naît une tendresse Pour ce divin breuvage Sur tes lèvres Amour le vin devient nectar Sur tes lèvres Amour Je me meurs de le boire Ivresse éphémère Au matin envolée Si le vin est amer Buvons-le pour.. Rêver!

L'été est à par Passeraile

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L'été est là Je jardine Au fond de mon âme Une lame de fond Me fait verser des larmes Et fait dans la mare des ronds L'été est là Je jardine J'irai à Paname Je n'y ferai qu'un bond Dans les rues j'y promènerai mon âme Même si je tourne en rond L'été est là Je jardine Je pense à mon ancien bonheur Je pense à mon fils, mon garçon Alors je fonds comme un glaçon Et souvent le soir je pleure L'été est là Je jardine Souvent j'ai perdu courage Vie de désespoir sans solutions Je n'avais que la mort en partage J'étais inerte, sans passions L'été est là Je jardine Certes je continuerai A lutter à sourire Dans l'adversité me conterai De hausser les épaules et de rire L'été est là Je jardine

Sultana Tabet par Warikaduna

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Elle est très belle, elle a vingt deux ans et elle est veuve. Le poète la rencontre alors qu'il étudie ( 1898/1901) à l'université de Beyrout et en tombe éperdument amoureux. Elle est la soeur d'un de ses amis. Sa beauté le hante, il la dessine au fusain....il reste ce portrait d'elle, visage de madone, les yeux baissés à la fois fragile et forte, "modeste" comme on disait autrefois, dans son attitude. Il lui écrit avec passion, mais ses réponses décevantes ne sont que des notes formelles et sans chaleur. Elle meurt de façon soudaine et inexpliquée. Quelques temps plus tard, une de ses amies remet à Gibran quelques souvenirs et un paquet de dix sept lettres qu'elle n'avait jamais envoyé....elle a emporté le secret de cet Amour dans sa tombe. Il ne reste rien sauf ce dessin .... J'aime l'idée romantique de ce lien renoué par delà la mort.... De mots d'amour qui traversent le vivant...et restituent la présence de l'être aimé.
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