... Ma patience... Quelle patience?
- "Patience et longueur de temps"... m'emmerdent considérablement.
Je t'attends, je vous attends, oui d'accord mais faut voir, et pas trop longtemps.
Après je ne m'entends plus.
. Pouvez-vous imaginer un match de tennis où Federer attende patiemment en ajustant ses boyaux de chat, l'apparition de Nadal, affairé à parcourir à grandes enjambées la grande périphérie de Roland Garros, scandant :
- "J'irais pas, je veux pas y aller, je suis fatigué, j'ai pas bonne mine, j'ai le spleen, quelque chose comme une allergie de contact, une chiasse. Laissez-moi méditer, faut que je remonte mes idées dans mon idéal, mon idéal dans mes idées... et ma culotte!"
Dès lors et dans l'état de la situation je motiverais volontiers s'il est besoin ce cher Roger :
- Rodger! Va le chercher, ramène-le par la peau de son corsaire, par les cheveux, le bandeau mais ramène-le et en piste pour le tournoi!
. Une rencontre, un rendez-vous, une entrevue, un échange; une rencontre amicale voire pré-amoureuse ressemblerait-elle à un match, un écrit de baccalauréat, un partiel, un concours dans une (grande, moyenne, petite) école, un entretien d'embauche?
Les manifestations psychosomatiques du trac, de la trouille seraient-elles équivalentes?
Sur un site de rencontre, aurait-on justement peur de se rencontrer "en vrai"?
Certains se complairaient-ils dans la douce virtualité?
De petites joies, de grandes satisfactions, des rêves intacts sans se frotter à la réalité?
Un besoin, une envie de "paraître", d'exister, se faire remarquer, distinguer sans trop risquer?
A ces questions, avec le temps, je me suis faite de petites idées, certes pas de grossières généralités ni de grandes idées définitives et sans appel.
J'habite ici en tant que locataire avec un bail officiel reconductible depuis le mercredi 26 août 2009. Je me souviens du jour exact grâce à mon agenda où j'avais noté en caractères gras :
ABONNEMENT PCC d'1 MOIS.
Un an et demi, c'est un anniversaire à partager avec vous, anciens, nouveaux, membres, abonnés, abonnés Premium; ce que je fait par la présente.
Certes j'ai connu deux tentatives d'escroqueries.
Dans un premier temps il s'agissait d' un marchand de biens néo-zélandais habitant Manchester arraché d'un taxi, frappé, et délesté par quelques malfrats de sa montre, sa chaine en or, ses pierres précieuses, ses papiers.
A deux heures et demies du matin, cet abonné premium ne trouvait de secours qu'aucun de moi, petit membre de PCC!
Je lui recommandais de contacter son ambassade, et de se rendre au commissariat de police le plus proche.
Mais me répondait-il en pleurant, menaçant :
- "L'ambassade est en Afrique du sud, trois heures de route en taxi, le commissariat est sale et je n'ai plus aucun argent. J'erre sans manger ni dormir depuis deux jours. Je suis épuisé, éperdu, perdu, sans ressources en pays étranger. Rien, je n'ai rien que toi, my Love. Je t'en prie, sur ma vie, ce qu'il en reste, envoie vite à un agent de sécurité de l'aréoport un mandat par Moneygram de 2000 euros. Rappelle-moi vite, il m'a prêté son portable. Sauve-moi vite my love, je ne connais que toi!
Quasiment dans le même temps, je correspondais avec un avocat argentin en droit international, floué par son épouse volage et frivole à Buenos Aires.
Il m'avait envoyé une photo de lui, un latin lover au regard noir et caressant.
Il résidait provisoirement à Paris et souhaitait se reconvertir dans l'achat-revente de voitures en Afrique.
Avant de se rencontrer, vivre ensemble et s'aimer tendrement, follement, il préparait son premier voyage en Afrique et j'assistais ainsi en direct à tous ces préparatifs.
Quelques bagages, faire la rencontre de ses contacts, et signer quelques contrats prometteurs, tel était le programme du mois. L'argent ainsi récolté lui permettrait de payer les droits de la succession de son père malheureusement bloquée à Genève.
Le mois s'écoulait au rythme des mails, web messenger, appels et textos.
Diable, encore une histoire d'Afrique pensais-je.
Un texto, en fin de journée, m'avertit d'un problème.
Un appel nocturne me convia à me connecter et je branchais ma webcam.
Quel était le tarif cette fois?
- 3000 euros, tout ce que tu peux! Ils se sont tous moqués de moi et m'ont abandonné dans un hotel sans climatisation. Ce sont des voleurs, des traîtres! Je n'ai que toi, Princesse Mi Amore!
J'étais devenue une co-aventurière de haut vol, et lui promettais comme au précédent amoureux à distance, l'envoi d'un timbre afin d'écrire à son ambassade, l'ambassade d'Argentine...
Quelques temps plus tard, je faisais enfin de "vraies rencontres" que j'ai précédemment narrées et dont voici le récit.
Toute ressemblance ne saurait être fortuite et j'assumerais pleinement les conséquences de mes actes et mes dires.
Je vivais donc, dans un petit village peuplé d'irréductibles Gaulois, j'étais toujours une femme et j'étais "écrivain". J'étais célibataire et avais zéro enfant. Je m'appelais Vraie-Sousix et j'habitais une hutte spatieuse où je travaillais et dansais toute seule pour me délasser de mes rudes journées.
J'avais des ex et de sacrés ex, mais pas beaucoup, seulement trois, le premier ne compte pas, et un père aussi, nommé Produitchimixettoxix.
J'avais rencontré mon premier ex, celui qui ne compte pas, dans le village, devant une cervoise.
Tout allait bien tant que l'on communiquait avec des messages de fumée quoiqu'il m'engueulait déjà parce que je m'étais trompée dans les signaux.
Il fallait passer par la hotcheminée et je n'avais jamais encore fait de fumées pour communiquer à distance.
Une fois passée par la hot, c'était devenu très hot, surtout devant la petite vitre où il pouvait me voir me déshabiller et me donner du plaisir, toute seule mais encouragée par sa voix et ses quelques paroles prononcées à distance grâce à un petit cornet à fil qui nous reliait.
Quelques jours après, je ne contenais plus le volcan en moi et lui demandais instament un rendez-vous à "La cervoise adorée" et là, Badaboum et Catastrophe!
J'avais plaisanté et affirmé que je viendrais... sans culotte! Ah l'audace des passionnées sensuelles et timides!
Je subis un interrogatoire quant à ma profession :
- Qu'écrivez-vous, à la manière de qui, Qui vous publie?
Las, c'était ma toute toute première fois! J'étais tremblante de désir et d'effroi. Comment raisonnablement assumer ces deux sensations en même temps?
Je me décontenançais aussi sec et perdais pied, me lançais sans courage dans une histoire de projet de ... littérature érotique!
Diable, n'avais-je pas réalisé quelques poèmes dits "érotiques" justement!
La canicule d'août soufflait son foehn. Mon petit coeur battait sous mes petits seins à peine recouverts d'une courte robe légère vert anis entièrement pressionnée sur l'avant. Les larges décolletés de la poitrine, du dos, les volants asymétriques, tous les boutons à pressions se soulevaient au gré de chacune de mes respirations et du vent brûlant des sables.
Je n'étais qu'une loque, un épouvantail femelle de chocolat fondant, une pauvre barde qui attendait son exécution, l'attachement à un arbre puis le le baillonnage, les derniers outrages.
Les derniers outrages tant redoutés, tant désirés n'arrivèrent jamais.
Et pour cause, tandis qu'il m'annonçait se pencher sous la table, j'annonçais à mon tour : une culotte! Une seule!
Peine perdue, Sérieuxsousix me répondit séchement que j'avais grillé tout mon crédit puisque sur cette première entente tacite j'avais failli.
Dans la même journée c'était premier rendez-vous et ultime rateau.
Je l'appelle donc mon "ex d'une seule journée". Et pourtant par Toutatis, j'avoue l'avoir suivi dans ce village.
Salut Sérieuxsousix et quand le foehn re-soufflera, je m'en iras...
Mon premier vrai ex fut tout un poème.
Je maitrisais parfaitement tous les messages de fumées du village et recevais les siens pressants pendant que j'écrivais un dimanche.
Ses fumées m'invitaient à boire un lait de chèvre ou manger un sanglier tout de suite.
Ses fumées m'interrogeaient :
- "Par Toutatis, ce vous écrivez vous est-il réellement arrivé? Que le ciel me tombe sur la tête si je ne vous rencontre pas dans l'heure pour vous parler de mon père et de ma soeur!"
Pressée comme un navet bouilli, je lui faisais remarquer qu'il ne savait pas conjuguer les signaux de fumées, et s'emmélait dans la syntaxe. J'étais furieuse d'avoir à faire à un si piètre manieur de feux, et pour le coup c'est moi qui déchiffrais mal ses messages.
Qu'il bouche sa cheminée et me laisse tranquille!
Hélas il était revenu à la charge et j'avais cédé. Qu'il vienne à l'aube m'accompagner chez TrarieuxClinix où j'allais me faire réparer une cloison nasale.
Les jours, les nuits passant, mon Sanspseudoenix était devenu si prolixe, si curieux, interrogatif, directif, injonctif, correctif, invasif et intrusif que je décidais de lui donner dix jours de congé avant de partir à Lutèce, afin qu'il me quitte de son propre chef et jouisse de cette mâle rupture.
De Jouissance, il était bien question puisque dans cette parenthèse, j'avais accepté de rencontrer un nommé Monosyllabix d'un autre village de la Gaule, situé dans les montagnes.
Messages de fumées, arrivée en chariots à boeufs, ballade dans Lugdunum, cervoise nouvelle, poisson grillé, tout était parfait. Monosyllabix m'avait embrassée et l'emportement de notre désir nous avait mené jusqu'au matin.
Lui, il montait le lendemain chez les Vikings et moi dans la capitale.
Comme je sentais encore la bouche, les mains, tous les membres de ce corps juste découvert et mis en friches! Les mots, les sensations fourmillaient quand je fus brusquement tirée de mon extase.
Mon hôtesse Bonnemine me présenta une de ses amies, villageoise des montagnes qui connaissait, reconnaissait tout particulièrement et intimement mon Monosyllabix.
Je me décomposais, le coeur moisi en alerte, titubant, pleurant de rire, riant en larmes sur le trottoir de Lutèce.
Fort heureusement mes amies lutéciennes étaient là, tendres, rieuses, belles, éclatantes de vie. Quelle joie d'une part et quel hallali de l'autre!
Monosyllabix vint à nouveau me rendre visite à Lugdunum, puis encore et encore, et enfin disparut.
Plus de messages de fumée de son village dans les montagnes. Puis un message surgit enfin qui signifiait :
- "Je n'ai plus de feu dans ma cheminée, c'est l'hiver de neige, neige dans mon coeur, neige de la contemplation, introspection noyées dans le génépi de mes montagnes solitaires".
Pendant ce temps, je me débattais avec les messages de fumée de Sanspseudoenix, qui m'accusait d'extrème romantisme, d'extrème sensualité, d'extrème égoïsme, d'idéalisme amoureux et me pressait d'aller consulter Clinicpsychiatrix.
Trouverais-je enfin la douceur féminine, la docilité?
Saurais-je jamais me défaire de mon indépendance d'esprit, décrire l'unanismisme de l'univers et renoncer à jamais aux textes érotiques qui montrent mon seul désir sans volonté de partage avec la planète?!?!
Sanspseudoenix aimait à relater ses récits de montagne mais ne pouvait plus supporter l'esprit de notre petite communauté. Pas un de nos membres ne trouvait grâce à ses yeux. Il l'avait donc quittée sans regret et ne voulait plus en entendre parler. Mais sans cesse il m'interrogeait :
- "Pourquoi restes-tu dans cette Petite Communauté Conne? et me conseillait des communautés, des villages littéraires pour mieux écrire.
Il faut avouer qu'il manifestait une obsession, vivre ensemble, faire les courses ensemble et le plus vite possible.
Je l'avais très vite compris puisque j'essayais de dormir entre ses ronflements. J'essayais d'écrire aussi pendant qu'il ronflait.
A sept heures le soir, c'était l'heure du sanglier à rôtir, à huit, l'heure de mettre ses braies de nuit, et à dix l'heure de dormir.
Ce que j'avais pu imaginer de la gauloiserie ne le concernait en rien. La séduction n'était que temps perdu donc harassant; la sexualité, un plaisir d'animaux sauvages; ma sensualité, un péché de Messaline (une romaine dépravée!)
Je m'étais révoltée invoquant Lilith notre ancêtre et j'avais fait place nette pour Samaël qui devait venir.
Las, Samaël était désabusé comme Monosyllabix, et Sanspseudoenix remâchant son dépit, attendait de prendre sa revanche :
- "Tu vois si tu n'avais pas déconné, nous serions toujours ensemble mais tu ne sais pas te tenir avec ton amour romantique, ton désir impérieux et ton écriture sans retenue."
Et c'est là que parvint le parchemin de Produitchimixetoxix, que j'appelais papa.
Il empoisonnait tout, l'espoir, mon travail, ma vie et me demandait des comptes sans cesse.
J'ai repris mes messages de fumée mais contre le mépris, la rage, la haine et l'éternel reproche d'être encore en vie, que pouvais-je faire à part disparaître.
J'avais alimenté la cheminée avec les parchemins par trop optimistes de BorixCyrulnix, le niais, à l'éternel sourire aux lèvres, promenant sa séduction et son charisme à travers toutes les petites fenêtres de la Gaule. Il ne me restait plus qu à continuer à écrire dans mon village.
Produitchimixettoxic, papa décéda en juin dernier d'une "longue et douloureuse maladie" de la plèvre. Satanée amiante!
Me voilà célibataire, symétriquement orpheline et je viens de fêter 52ans!
Je loue toujours ma hutte dans le village gaulois, et j'envoie des signaux de fumées régulièrement. Je ne compte pas quelques eclipses sans conséquences.
Alors, quoi de neuf au village?
Chez les Gaulois célibataires, on attend, on s'envoie des messages, on organise des fins de semaine à travers la Gaule, autour d'un sanglier et de cervoises comme il se doit.
A dire vrai, les Gauloises ne m'ont jamais vraiment décue, quelques tours de passe-passe sur l'âge réel et la véritable apparence, mais ça me fait pleurer de rire pour ces infortunées.
Les Gaulois, les hommes, je les ai trouvé fatigués d'attendre et déçus par leurs rencontres, la plupart du temps.
En mettant à part ceux qui cherchent à détrousser le maximum de Gauloises vertes, ceux qui veulent vivre ensemble tout de suite, il reste certains désabusés qui trainent la chaine de leurs années qui voudraient bien mais s'excusent ou pas, du peu qu'ils ont à offrir, se confisent dans une solitude dite "choisie", un idéal abstrait, flou, indéterminé et confortable pour une seule personne.
Certains se plaisent à séduire, séduire de toute façon.
Volutes veloutées de toute fumée blanche, grise, noire et bigarrée.
Volutes du discours savant, pertinent, impertinent, poétique, obscur, pathétique voire grandiloquent.
Fumée, fumée mais où sont les flammes, où sont les incendies?
Que ceux qui souhaitent s'immoler seuls dans la forêt, s'exécutent sur le champ!
Silence chez les Gaulois aujourd'hui comme hier, avant-hier, l'année dernière.
Mais qu'attendent-ils? Attendent-ils seulement? Se décideront-ils?
Heureusement qu'il y a l'amitié entre Gauloises sinon je serais partie à Rome.
Les Romains, des gens très civilisés m'a-t'on dit.
V.V
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