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La mariée de l'apocalypse par Minimee

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A l'occasion du passage à Cannes de son récent long métrage, Von Trier a fait couler beaucoup d'encre et pousser des hurlements à ses admirateurs en prononçant des paroles obscènes et avinées, que je ne répèterai pas ici. Qu'à cela ne tienne, Melancholia est depuis quelques semaines en salles et n'en est pas moins jugé "magistral" par la critique. Le public suit, et moi qui déteste la plupart des films de Von Tirer, j'ai suivi. Le film est constitué de 3 "tableaux" distincts dans leur traitement, indispensables à la cohérence de l'ensemble. Etonnamment, Von Trier y rend un hommage évident au dernier film de Tarkovsky : le Sacrifice. Les deux auteur n'avaient pourtant rien en commun : D'un coté, l'arsenal lourd d'un mal dans sa peau: narcissisme masochiste, cabotinerie malsaine, saillies perverses, haine de soi et des autres, morale à deux balles et j'en passe. De l'autre : souffle austère de la beauté, quête mystique de l'envers du temps, recherche aux frontières l'inconnu, capacité à sonder le mystère sans apporter de réponse... pour nous pousser toujours plus loin. La catastrophe latente, dans Mélancholia, se déroule comme dans Le Sacrifice, loin des ville ou même d'une agglomération. On ne quitte pas, durant tout le film, la propriété entourée de bois et de lacs, des protagonistes. Mais si, chez Tarkovsky il s'agissait 30 ans plus tôt, d'une Ile Suédoise peuplée d'intellectuels de gauche, chez Von Trier, époque bling bling oblige, on est chez de richissimes américains, dans un univers cosmopolite in-situable. Toutefois, là n'est pas l'important : on est sur Terre, en regard de l'Ailleurs qui s'approche à grande vitesse et menace de tout détruire. Si Von Triers a choisi d'inscrire son histoire de fin du monde dans "le Monde" où l'on donne encore des fêtes somptueuses, où l'on se marie en limousine et en robe longue haute couture, dans un chateau, à proximité d'un golf à 18 trous, c'est en grande partie parce que cet univers lui donnait accès à l'imagerie propre aux rêves de cinéma : 1 : immortaliser Kirsten Dunst en Ophélie préraphaélite, flottant sur l'eau dormante (tableau n°1) 2 : justifier qu'il y ait chez ces gens là, un télescope puissant et un jeune père versé en astronomie, pour observer la planète qui s'approche (Melancholia) 3 : que l'héroïne ait une soeur (Charlotte Gainsbourg), aussi brune qu'elle est blonde et reconstitue ainsi la paire fondamentale du fantasme made in Hollywood 4 : donner à Charlotte Rampling le rôle de la mère, la plus égocentrique et odieuse qui soit, bien sûr (il faut bien que Von Trier mette en scène son alter égo) 5 : se fendre au beau milieu du film - tableau n°2- d'un remake de Festen, pompé à son ami et fervent disciple du Dogme Thomas Vitemberg (mais façon Mad Men sur le retour, qui auraient mal tourné)... pour ne citer que quelques exemples. Mais dans le 3ème tableau, la lumière du jour transforme le film en un conte dérangeant, où de nombreux motifs entraperçus jusque là, prennent sens. Ceux-ci vont-ils s'inscrire durablement dans nos mémoires de cinéphiles, parce que Von Trier a eu le courage de tourner les trois dernières séquences à hauteur d'enfant, avec innocence? Ou parce que dans cet hommage secret au Sacrifice - moins bouleversant toutefois de poésie que l'oeuvre de Tarkovsky- en regardant Melancholia, on pense aussi à Solaris, autre planète vénéneuse qui s'approcha trop des hommes...

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