J'ai toujours beaucoup aimé le cinéma de Nanni Moretti qui reste actuellement un des meilleurs réalisateurs italiens de sa génération. Son "Journal intime" par exemple était une petite merveille d'ironie et de finesse.
Avec Habemus papam, on retrouve le côté pétillant de Moretti au début du film, notamment avec la panne d'électricité qui plonge les cardinaux dans le noir : le contraire de "Fiat lux" en quelque sorte!
Sans rentrer dans le détail de l'intrigue, on peut noter que la première demi-heure est vraiment du grand Moretti. Et ensuite?
Ensuite, il y a une réflexion du réalisateur qui m'a fait penser, comme le titre de mon commentaire l'indique, à "Des hommes et des dieux"; mais la spiritualité du film de Beauvois est devenue l'esprit, la drôlerie, voire l'ironie un peu désenchantée de Moretti.
Les situations ne sont pas si éloignées que ça : dans le Beauvois, on voit des religieux qui se posent des questions sur leur mission, et sur le sens du sacrifice d'une vie individuelle par rapport aux efforts que nécessite la survie de la communauté.
Au fond, Habemus papam pose la même interrogation : faut-il sacrifier sa vie personnelle pour devenir pape? A partir de là, les réponses divergent car les contextes des deux films sont diamétralement opposés.
Moretti va alors développer un parallélisme permanent entre le monde du Vatican et le théâtre, et ce thème va articuler toute la suite du propos.
Il est vrai qu'avec ses ors, ses costumes, ses loges et ses balcons, le Vatican est le théâtre du monde chrétien : il s'y déroule parfois des tragédies, plus souvent comme ici des farces, mais finalement peu importe le registre.
Ce qui compte par dessus-tout, c'est que l'on considère le spectacle avec distance car c'est connu depuis longtemps : "The world is a stage" et le faste du culte catholique participe avec force à cette comédie humaine plus que divine.
Il me semble que c'est surtout ce règne des apparences et du luxe que Moretti a mis à l'index, de manière brillante.
En d'autres termes, le réalisateur serait un nouveau Luther des temps modernes!
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