Voici donc encore un peu de philosophie et, de la meilleure eau, dans cet hommage triste que je tenais à rendre dans ces pages commentaires à un des plus grands parmi les discrets de cette "discipline", l'épistémologie (littéralement : discours sur la connaissance) ; Lucien Jerphagnon nous a quittés le 16 septembre dernier, à l'âge de 90 ans.
Il a été le disciple de Vladimir Jankélévitch (dont l'hypocoristique, connu, était Janké) et, le professeur de Michel Onfray, qu'il a marqué "durablement"...
Il s'est surtout toute sa vie tenu à l'écart de la société du spectacle, à laquelle ont succombé nombre de nains de la chose philosophique, totalement incapables de faire le travail que l'on attend d'eux, produire des concepts...qui donnent à penser.
Ce grand helléniste, par ailleurs spécialiste de Saint Augustin, était aussi un Monsieur attachant et sensible, sachant manier l'humour et l'ironie à la perfection ; ce maître a, dans toute son oeuvre, magnifié le doute.
Une phrase de Bergson, splendide, peut représenter l'épitomé de l'émerveillement humble qu'a pruduit la philosophie sur ce grand chercheur :" je ne sais pas encore mais, je pressens que je vais avoir su".
Alors, chers commentateurs PCCistes, dont j'ai bien noté depuis longtemps que nombre d'entre vous savaient apprécier "l'objet philosophique", rendons un hommage appuyé à cette grande figure, qui est parti rejoindre "les petites étoiles jaunes" qui peuplent le ciel, ainsi que le disait, non sans facétie, Pierre Dac, à ceux qui affirmaient qu'il n'y avait personne, là-haut...
Extrait :
"De la métaphysique, vous en ferez tout du long, dès lors que vous pris conscience du surgissement sous vos yeux d'un monde contingent et, de cet espace-temps rationnellement injustifiable et, de la présence - mais pour combien de temps ? - d'une ipséité unique dans l'éternité : la vôtre. La vôtre, unique au milieu d'une infinité d'autres, uniques tout autant.
Fini pour vous, comme cela le fut pour moi, le temps des ontologies qui ont tout vu et rien entrevu ; des enfilades de certitudes sans l'ombre d'une perplexité ; des logomachies des "penseurs sachant penser" qui, finalement, ne doutent de rien.
Mais vous viendra et, c'est assez, l'espérance d'entrevoir un instant l'absolu d'où procède l'incompréhensible. Quelque chose de simple, "d'extraordinairement" simple....Si simple, que nous nous demanderons, le jour où nous saurons, comment nous n'y avons pas pensé plus tôt" (Jankélévitch, La mort).
Son dernier ouvrage s'intitule "De l'amour, de la mort, de Dieu, et autres bagatelles" Albin Michel
Dès le titre, le ton est donné....;-) Bonne lecture à tous.
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