Paris
J'aime beaucoup cette ville, pareille à une âme immortelle qui vit en dehors du temps.
On s'y perd dans ses rues qui dédallent à l'infini, on s'y retrouve dans ses grandes artères ou dévale la vie à vive allure.
De monuments en expositions, de bistros en quartiers atypiques, la foule grouille, vous aspire et vous expire de ses entrailles à ses jardins. Le battement incessant de ce monstre vous maintient haletant dans son étreinte.
Rive gauche, rive droite nombreux sont ceux et celles qui essayent de s'identifier comme une mode, un style, à la recherche d'appartenance à un groupe ou une tribu.
Je suis au centre de la scène, au cur de ma vie, à l'épicentre d'une fracture qui prend naissance dans mes racines. Rive gauche, rive droite cela ne signifie rien pour moi, je suis incapable de choisir, je ressens la tromperie de ces alternances, de ces faux semblants de tous bords. Toutes ces promesses de bonimenteurs flattent le désespoir et usurpent le trône à venir.
Je nage à contre courant et je fais une pause devant Notre Dame, ultime recueillement, silence obsessionnel précurseur d'une paix intérieure en devenir.
Il a coulé tant d'eau depuis tant de saisons qu'il me faut revenir à la source de mes erreurs. Je me rappelle avoir été bon nageur alors je crawl ferme. Je n'avance plus mais qu'importe, c'est si beau quand l'effort est inutile.
Je suis entre deux eaux et je brasse à pleines enjambées, j'entends les clapots des bateaux pneumatiques qui s'approchent.
L'homme aux pieds palmés qui me saisit se risque d'un sourire, émergence d'un rayon de chaleur dans toute cette eau de froideur.
Je pense que le premier qui fait bonne pêche est exempté de tournée générale le mois durant. Métier difficile que la pêche au cadavre en eau douce, ce genre de convention doit permettre d'aider à vivre le quotidien.
Il emmène précautionneusement ce poids mort contre lui et le hisse sur son canot de sauvetage, il vient de me libérer.
Ma brasse est devenue aérienne et je file à mon corps défendant sa mort face aux récupérateurs de vies.
Mes erreurs sont derrière moi et coulent vers une mer d'indifférence.
Je ne suis plus rien, qu'une partie d'un tout incrusté dans ce caillou qui traverse l'espace des non dits. Je m'imagine dans une enveloppe charnelle filant dans l'air frais d'un matin d'été. Nous allons fusionner dans cette terre originelle et germer là où tout à commencé, là où tout va recommencer.
Lcm
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