J'ai envie de vous parler d'eux,
D'eux que je croise chaque jour
Eux avec qui je vis cette parenthèse Bretonne
Eux qui trimballent comme moi leur baluchon de douleurs!
Elle pousse sur ses bras pour traverser les couloirs
Son il est triste et ses traits ridés
La voilà dans cet était depuis trente ans
On a beau la faire sourire elle a fini d'espérer!
Vous l'entendez arriver de loin
Sa voix porte loin, comme sa haute stature
Son rire franc illumine les jours gris
Elle bouffe la vie et se fiche de son genou en vrac!
Il est la gentillesse même, ses yeux pétillent d'humour,
Ils se bordent parfois de lacs de larmes tellement il est sensible
Aux autres, aux gestes tendres d'amitiés, ses émotions il ne peut les cacher
Ses os sont en verre et se cassent, mais sont cur est tendre et solide!
Il a la fougue de sa jeunesse, et la passion de son métier d'agriculteur
Il aime travailler sa terre et continue coute que coute, cherchant le fauteuil tous terrains
Le tracteur qui va bien, il est homme de la terre et y plante ses roues
Son beau sourire se crispe sous ses douleurs, et resurgit sans jamais se plaindre!
C'est un marin qui un matin a croisé un tracteur avec sa moto,
Son mètre quatre-vingt-douze a du mal à tenir dans un fauteuil
Aucun n'est à sa taille, il faut pour lui du sur mesure,
Il a le cur gros comme le pompon de son chapeau, et sa Douce garde fermement sa main dans la sienne!
Elle est arrivée un peu sur son quant-à-soi, mais le voile est vite tombé,
Pour nous régaler de son sourire, de sa gentillesse , de sa tendresse et de sa générosité,
Les pleurs sont venues quand elle a su que ce ne serait plus pareil, puis elle a réalisé
Qu'au milieu de nous elle était si peu abimée et tellement gâtée par la vie, qu'elle est devenue partage!
Son rire est magique, ses vingt cinq ans sont énergiques, il sait que plus jamais il ne sera couvreur,
Mais il sait qu'il a son fils et que pour lui il va se battre, reprendre les rennes de sa vie,
Il m'appelle mamounette c'est un gentil fiston de passage
C'est un grand cur et un sourire de soleil !
Il est dans son lit ou sur son chariot plat, fichus escarres cauchemars des paraplégiques,
Il garde sa joie de vivre et son rire franc, il est tendre autant qu'il est ours,
Sa Maman le couve comme un enfant malgré ses cinquante deux ans,
Il aime mettre sa main dans la mienne et laisser juste le temps à la tendresse de faire son uvre!
Ils sont ceux là et quelques autres, nous sommes une population chamarrée,
Le froid nous fait nous resserrer autour de la cheminée du foyer,
Les flammes viennent lécher nos douleurs et sécher nos larmes,
Les propos s'échangent, les guitaristes font vibrer les cordes
Et nous rions et chantons à pleine gorge !
Agnès (Kerpape 3 décembre 2011)
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