Saint-Sylvestre par Nadarc

C’est ce soir chuchota-t-elle à l’oreille de Ludmilla sa poupée Barbie. Je ne peux plus m’arrêter de mouiller. Doux Jésus j’ai détrempé ma petite culotte. Il y a de quoi, depuis tout ce temps que je m’échinais à être sélectionnée pour participer à la Saint-Sylvestre de l’obésité. La parité est plus que respectée, nous serons quarante femmes pour trente hommes. Malgré mes contacts j’ai été recalée par le jury lors des précédentes épreuves de qualification. Je n’avais pas de difficultés à réussir les tests mais il me manquait toujours près d’un kilo pour en peser cent. Persévérant à m’empiffrer j’ai pris le poids dont j’avais besoin et cette année bingo, j’ai décroché la timbale. Entrainée comme je le suis, à dévorer comme quatre ogresses, je me fais fort de gagner le concours de boulimie. Le principe est simple ; manger, manger, manger et encore manger jusqu’à ce que le gong sonne. Dès que l’arbitre donne le signal nous gerbons tous dans une bassine portant notre nom et celui ou celle dont le vomi pèse le plus lourd est déclaré vainqueur. Après, tant sur le fond que sur la forme, la nuit prendra une tournure classique d’orgie parisianiste. Nous échangerons nos vœux de bonheur et de prospérité, le champagne coulera à flots, la cocaïne abreuvera nos sinus et nous nous enverrons en l’air tous ensembles. J’ai regardé des vidéos sur internet, soixante-dix hommes et femmes d’un bon quintal, plus de sept tonnes de viande, en train de batifoler à qui mieux-mieux, ça a vraiment de l’allure.