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Le sourire des culs (1) par Zetino

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C’était un après-midi du mois de mai. Alors qu’il traversait le jardin Compans avec l’intention de se balader en ville, l’homme repéra deux charmantes jumelles monozygotes assises côte à côte sur la pelouse. Elles fumaient une cigarette qui passait d’une bouche à l’autre après deux ou trois bouffées. Il s’avançait vers elles à pas de flâneur, l’air de rien, tout en calculant qu’elles devaient avoir une vingtaine d’années tout au plus. L’âge de l’amour et de l’aventure, se dit-il. L’âge où l’on s’ouvre à toutes les expériences. Je n’ai pas eu cette chance… Effectivement, il n’avait pas su profiter de ses vingt ans. Son adolescence s’était d’abord engluée dans une timidité maladive, sous l’autorité de parents conditionnés par un moralisme puritain. Ces braves gens, bons chrétiens et incultes, l’avaient gavé de recommandations rigoureuses et de principes simplistes pour le protéger du monde. Il était ainsi passé prudemment à l’âge adulte, dans la méfiance de la nouveauté et de son prochain, veillant à ne jamais chagriner ses géniteurs par un comportement rebelle. Mais à présent qu’ils étaient décédés, il n’avait plus de comptes à leur rendre. Ainsi ce quadragénaire, obsédé par le désir désespéré de rattraper le temps perdu, se décidait enfin à toucher la vie. L’une des jeunes femmes écrasa la cigarette en levant négligemment les yeux vers l’homme tout habillé de noir qui s’approchait d’un pas hésitant. Il marchait le plus lentement possible, afin d’apprécier leurs formes si féminines. Elles portaient un tee-shirt moulant, de couleur jaune pour l’une et verte pour l’autre, qui dévoilait leur ravissant nombril et exposait un décolleté exhibitionniste. Toutes deux étaient vêtues d’une minijupe en jean ne cachant que le strict minimum. Un sourire radieux aux lèvres, il s’agenouilla devant leurs pieds nus en relevant ses lunettes de soleil sur le front. - Bonjour, chers petits anges. Êtes-vous tombés de ce ciel impur qui ne méritait pas d’accoucher de tant de beauté ? Oui, je le crois. Avez-vous crevé son ventre indigne pour retourner à la terre nourricière et faire le bonheur des hommes ? Oui, je le crois. Car vos yeux reflètent l’espoir des premières aurores de l’humanité. Comme je voudrais les attendre en votre compagnie, heureux et immobile, afin de célébrer la grâce féminine jusqu’à la tombée de la nuit. Les jolies jumelles, visiblement étonnées, s’envoyaient des regards interrogateurs en silence. Elles paraissaient flattées de se faire aborder de la sorte par ce quadragénaire au sourire charmeur et au regard sombre, arborant de longs cheveux bruns parsemés de mèches grises, habillé de façon élégante et décontractée. Finalement, elles prirent le parti d’en rire. L’homme interpréta cela comme un encouragement et poursuivit sa déclamation en s’interdisant de loucher sur leurs cuisses bronzées. - Á présent, je sais que les anges ont un sexe et qu’ils sont de bonne humeur. C’est encourageant. Il s’agit maintenant de savoir s’ils sont généreux… Accepteriez-vous, douces lutines, d’accorder à un pauvre solitaire les faveurs de votre grâce ? Oh, juste quelques mots. Je ne vous importunerais pas davantage. Mais si seulement vous pouviez éclairer mon esprit de vos pensées lumineuses, et réchauffer ainsi mon âme errante… Ne serait-ce que quelques minutes… Je vous en prie… ne me renvoyez pas au néant. J’ai tant besoin de me souvenir des ferveurs de la jeunesse, car je les oublie chaque jour un peu plus. Et pour vous remercier de votre gentillesse, je vous offrirais des mots doux, insensés et beaux. Bien sûr, vous ferez semblant de me croire. Vous les prendrez en riant pour jouer avec…Et je serais heureux. Vous voulez bien ? Les jumelles continuaient à s’échanger des éclats de rire complices tout en lui jetant des regards intéressés. L’homme en déduisit que sa présence ne leur était pas importune et qu’elles en redemandaient. Il n’attendait que ça pour persévérer. - Oui, regardez-moi… J’adore vos bouts de ciel bleu sans nuages. Ça me fait du bien, tout cet air pur. Ça m’oxygène. Oui, souriez-moi… J’adore vos blanches dents si sagement alignées. Et peut-être que l’envie vous viendra d’écarter ces herses d’ivoire qui protègent l’entrée de vos bouches impudiques. J’aimerais tant que vous lâchiez des mots à mes trousses, non pas telle une meute canine courant après mes fesses pour les mordre, mais plutôt comme des papillons multicolores tourbillonnants dans le vent de l’imaginaire. L’homme se grisait de mots et aurait pu en déverser encore sans tituber, mais l’une des jumelles brisa son monologue en faisant preuve d’une soudaine lucidité. - Vous seriez pas en train de nous draguer, monsieur le poète ? - Oh, mademoiselle… Quelle basse intention me prêtez-vous donc ? Non, voyons. Draguer est un mot vulgairement technique qui traduit un mouvement mécanique dénué de toute séduction. Je cherche simplement à vous plaire afin de vous rendre la pareille, car votre jeunesse et votre beauté m’émeuvent. Hélas, je n’ai rien d’autre à vous donner, pour commencer, que des mots… - De toute façon, vous êtes un peu trop vieux pour nous, déclara le plus téméraire des clones. - Oui… Vous avez cruellement raison, mademoiselle. Le temps passe sournoisement… Et bientôt, sans vous en rendre compte, vous-mêmes deviendrez vieilles. Oh, je ne doute pas que vous trouviez rapidement un bon mari pour faire de beaux enfants. Mais j’ose espérer qu’avant cela vous sachiez profiter de vos jeunes années de liberté, goûter à la vie et faire des expériences enrichissantes qui vous laisseront d’agréables souvenirs. - Et c’est vous, l’expérience enrichissante ? insista l’arrogante, d’un air moqueur. Cette remarque le déconcerta. Il chercha quelque chose d’intelligent à dire, mais rien ne venait. Il était soudain à cours d’inspiration. - Quel âge vous avez ? demanda l’autre sœur. - Eh bien… Il suffirait peut-être d’additionner les vôtres pour totaliser le mien. - Quarante ! s’exclama l’une des jumelles. - Ah oui ! Quand même…, ajouta la plus perfide. - Oh, vous savez, l’âge se situe surtout dans le cerveau. J’ai connu des jeunes aux neurones blafards et aux idées déjà bien fripées, et il m’arrive de rencontrer des gens d’un certain âge encore remplis de désirs et à l’imaginaire bourgeonnant… - M’ouais… Mais quand y a pas de sentiments, reprit l’impertinente, ou qu’on se connaît pas, un corps jeune et pas trop mal foutu c’est quand même ce qu’y a de mieux pour provoquer le désir. Je veux dire quand on veut baiser. Parce que c’est pour ça que vous nous avez abordées, non ? - Eh bien… - Pourquoi vous êtes pas allé baratiner la dame, là-bas, celle qui est assise sur le banc avec son petit caniche sur les genoux ? questionna l’autre sœur. - Eh bien… - Vous avez perdu l’inspiration, monsieur le poète ? ironisa la jumelle la plus hardie. - Vous êtes déconcertantes d’intelligence et de franchise, mesdemoiselles. Et puisque vous abordez le sujet sans détour, permettez-moi d’être franc à mon tour. Il est évident que je n’ai pas le visage d’Apollon ni le corps d’Hercule. Aucune auréole de célébrité n’illumine ma tête et ne contribue à déclencher une quelconque idolâtrie parmi la foule féminine. Bref, je n’ai pas eu la chance de Jim Morrison ou du Che Guevara, pour ne citer qu’eux… Comme vous pouvez le constater, je ne suis qu’un homme tout à fait ordinaire, mais qui estime avoir également le droit de tenter sa chance auprès de jolies femmes telles que vous. Au nom de l’humanisme, je vous propose donc de faire connaissance avec mes qualités cachées. De découvrir mes richesses. Ainsi justice sera rendue sous le soleil. Comme les jumelles riaient abondamment, l’homme jeta un rapide coup d’œil aux tressaillements de leur poitrine. Puis il se dit que le moment était propice à une invitation. Aussi ne leur laissa-t-il pas le temps de se reprendre. - Cette chaleur pousse au farniente, vous ne trouvez pas ? Et les corps se déshydratent dangereusement… Puis-je vous offrir un rafraîchissement quelconque, à la terrasse d’un bistrot sympathique ? - Carrément ! s’exclama le plus énergique des clones. - Notez, mesdemoiselles, que cela ne vous engage à rien d’autre que de converser agréablement quelques minutes autour d’un verre. Et si vous me trouvez ennuyeux, vous n’avez qu’à me planter devant ma bière… Les jeunes femmes se concertaient du regard, pesant le pour et le contre, tandis qu’il sifflotait l’Internationale en jetant un œil distrait sur le manège installé quelques mètres plus loin. L’une des sœurs l’observait du coin de l’œil en se disant que malgré la différence d’âge, il avait du charme. La plus délurée était du même avis et songeait que l’occasion se présentait enfin d’avoir une aventure avec un homme plus âgé. Il faut préciser que ces jumelles aimaient les jeux que procure la vie en général et particulièrement ceux du sexe. C’est pourquoi elles n’hésitaient pas à permuter leurs nombreux petits amis, sans que jamais ils ne s’en rendent compte, pour ensuite échanger des commentaires sur leurs pratiques sexuelles. Ces jeunes filles avaient bénéficié d’une éducation très libre au sein d’une famille émancipée financièrement et culturellement. Par ailleurs, elles ne faisaient que suivre l’exemple d’une mère infidèle qui menait son mari et les autres mâles par le bout de leur queue. Ainsi le sentiment amoureux n’entrait pas encore dans leurs préoccupations quotidiennes. Avant de s’y abandonner, elles comptaient bien s’amuser un peu, du moins tant qu’elles ne rencontreraient pas deux beaux jeunes hommes capables de rivaliser avec l’amour qui liait leur âmes. Une demi-heure plus tard, le trio prenait la direction de la place Arnaud Bernard où les jumelles avaient leurs habitudes dans un bar tendance bohème. Ils s’installèrent à une table qui venait de se libérer en terrasse. Un jeune serveur aux longs cheveux dreadlockés débarrassa tout en échangeant des propos amicaux avec les deux sœurs. Apparemment, ils se connaissaient bien et s’étaient déjà vus à midi. Les filles conseillèrent à l’homme une bière rousse. Ils commandèrent tous la même pression. L’une d’entre elles se roula une cigarette et la coinça entre ses lèvres. Il s’empressa de lui donner du feu. Elle le remercia d’un hochement de tête et lui proposa son tabac. Il refusa poliment, indiquant qu’il ne fumait pas. Elle s’étonna qu’il fût alors en possession d’un briquet. Il expliqua qu’il conservait toujours un briquet dans sa poche, ce qui lui permettait d’amorcer un dialogue à l’occasion et de satisfaire un premier désir chez son éventuelle future partenaire. Devant une telle franchise, les jumelles pouffèrent en échangeant des regards complices. Le serveur apporta les consommations. La discussion s’engagea sur des chemins de traverse, tandis que les filles se passaient la cigarette. Il s’aventura à poser des questions innocentes mais précises. Il apprit ainsi que les jumelles étaient ariégeoises et qu’elles suivaient des études à l’école des Beaux-Arts de Toulouse. L’homme leur révéla qu’il aurait bien aimé fréquenter cet établissement, mais qu’il avait échoué aux épreuves d’admission. La conversation bifurqua aussitôt vers ce point commun. Les jumelles aimaient l’art contemporain et souhaitaient se lancer dans des installations duales, mais en attendant de devenir plasticiennes, elles voulaient aller jusqu’au bout de leur peinture. Elles avaient pris l’habitude de peindre en même temps sur la même toile et désiraient transformer cette particularité en style : fusionner leur inspiration sur le même support. Ensuite, elles comptaient bien se passer de support… Il finit par apprendre que les jeunes femmes logeaient seules dans un petit appartement, rue de la Chaîne, juste à quelques pas du café. Les verres étaient vides. La cigarette écrasée. L’homme sauta sur l’occasion pour demander à voir leur peinture. Elles n’étaient pas du genre farouche. Ce quadra se révélait drôle, intelligent, cultivé et si intéressé par l’art qu’elles acceptèrent de lui montrer quelques toiles. En attendant de voir la suite… Lui était réellement intrigué par ces filles, attiré par l’énergie qui émanait d’elles, et souhaitait sincèrement voir leurs travaux. Mais bien sûr, il espérait ensuite une fusion à trois… Il appela le serveur dreadlocké afin de régler l’addition. Et suivit les étudiantes. L’appartement, situé au troisième étage, exigu mais bien éclairé par de grandes fenêtres sans rideaux, exhalait des senteurs d’encens. L’entrée donnait directement dans une minuscule cuisine, séparée de la pièce principale par une table de travail. Le sol était recouvert d’un grand tapis de bambou tressé jonché de coussins colorés. Quelques plantes vertes se dressaient dans les coins. Des affiches décoraient les murs blancs. Il sourit en voyant une reproduction de la célèbre photographie de l’inévitable Che au béret, puis avisa un poster sur lequel un jeune éphèbe aux longs cheveux blonds et mal peignés, avachi sur une guitare acoustique, le regardait d’un air absent. Il jeta ensuite un œil distrait sur des affiches de spectacles et d’expositions, pour enfin examiner avec attention les tableaux des étudiantes, fortement influencées par la période dripping de Pollock. Il les complimenta parcimonieusement. Et comme elles semblaient attendre des commentaires, il s’excusa de n’être pas un grand connaisseur de ce genre de peinture. L’une des sœurs lui dit que ce n’était pas très important. L’autre l’invita à s’asseoir parmi les coussins, puis introduisit un c.d. dans la mini-chaîne stéréo. L’ambiance musicale se révélait plutôt zen : une sorte d’électro-space rythmée par des tablas et traversée par des airs de sitar. L’une des jumelles entreprit aussitôt de rouler un joint, tranquillement assise dans son coin. Elle l’alluma, tira deux grandes bouffées et le passa à sa sœur qui l’imita avant de le tendre à leur invité. Celui-ci n’avait jamais fumé ce genre de chose, mais il fit une exception en songeant qu’une fois de temps en temps ça ne pouvait pas lui nuire, d’autant plus qu’il avait entendu dire que le cannabis était aphrodisiaque. L’herbe faisait son effet. Les filles menaient la conversation de façon débridée, parfois interrompue par des fous rires inopinés, tandis qu’il les écoutait en hochant la tête. Mais soudain il se sentit très mal. Quelque chose remontait du plus profond de son être jusqu’à son cerveau, y tourbillonnait à toute vitesse comme un courant d’air cherchant la sortie. Il était blême. Son cœur battait à toute allure. Ses mains devenaient moites et des gouttes de sueur dégoulinaient sur ses tempes. Il voulait se lever mais n’osait pas bouger de peur qu’en remuant ses tripes un malaise ne le renverse. Toutefois, l’idée de vomir devant ces jeunes femmes, qui assistaient à la scène en éparpillant leurs éclats de rire, lui paraissait insupportable. Il essaya d’abord de se contenir en se concentrant sur les propos des jumelles. Mais au bout de trois ou quatre minutes, le reflux intestinal reprit le dessus. La bouche sèche, il demanda d’une voix fiévreuse où se trouvaient les toilettes, tout en se levant péniblement. La plus effrontée des deux sœurs lui indiqua l’endroit d’un index tremblant de rire, lâchant à son passage quelques commentaires ironiques. Mais comme son équilibre se révélait instable, l’autre sœurette le conduisit jusqu’à la salle d’eau. Une fois seul, il s’agenouilla devant la cuvette et attendit l’évacuation de longues minutes. Mais rien ne sortait. Il devinait pourtant la présence d’un élément à la consistance inconnue, partie intégrante de son être, qui s’obstinait à l’oppresser. Il entendit frapper doucement à la porte. La jumelle qui l’avait guidé jusqu’aux toilettes s’inquiétait. Elle voulait savoir s’il avait vomi, si tout allait bien, si elle pouvait entrer pour se rendre compte, si elle pouvait l’aider, s’il fallait appeler un médecin, etc. Cette voix insistante l’exacerbait. Il comprenait dans quelle situation ridicule il se trouvait, mais n’avait pas la force de répondre ni de se relever. Il eut soudain l’idée saugrenue de prendre une douche afin de se réveiller de ce cauchemar qui n’en finissait pas. L’eau fraîche va te régénérer, insista sa conscience. Il réussit à se redresser tant bien que mal et, s’appuyant contre un mur, se déshabilla lentement. Une fois dans la baignoire, il s’aspergea le visage et le corps avec le jet d’eau. Les étudiantes écoutaient derrière la porte tout en chuchotant, se demandant ce qu’il pouvait bien fabriquer et si elles devaient intervenir. Finalement, la plus hardie des deux décida d’ouvrir sans autre préambule. Elles firent irruption dans la salle d’eau et se figèrent de stupéfaction devant la scène. Il était en train de se masturber d’une main tandis que l’autre tenait le pommeau de la douche face à son visage grimaçant. - Mais ? Qu’est-ce que vous faîtes ? questionna l’une des jumelles, les yeux fixés sur le sexe tumescent. - Faut pas vous gêner, réprimanda la plus autoritaire des deux, en reluquant l’érection. Faites comme chez vous, hein ? - Je… Excusez-moi… Je suis confus… Ça n’était pas du tout prémédité… - On commençait à se faire du souci, reprit la première. - Hé ben, tu vois qu’y avait vraiment pas de quoi, répliqua l’autre à sa sœurette. - Laissez-moi vous expliquer… Je ne me sentais pas bien du tout, vous comprenez. Je transpirais abondamment. Alors j’ai eu l’idée de prendre une douche afin de me rafraîchir et de sortir de ce malaise. Mais ça n’a pas réglé le problème. Au contraire, je sentais que j’allais vomir dans la baignoire… - Bah ! - Quel dégoûtant ! - Écoutez-moi… Je vous en prie, ne me jugez pas… Et comprenez-moi. Je sentais bien que jamais je n’aurais eu la force d’atteindre la cuvette… Enfin, bref… C’est alors qu’une autre idée m’est venue. Je me suis dit qu’il fallait que je me concentre profondément sur quelque chose de fort pour bloquer ce renvoi intempestif… Alors j’ai pensé au plaisir. Il me semble franchement qu’il n’existe pas de meilleur remède que le plaisir sexuel pour oublier tous les maux. Voilà… J’étais en train de penser à vous, à vos jolies cuisses bronzées, à vos seins animés, à vos corps de femmes épanouies et heureuses de vivre… Et je peux vous assurer que c’est efficace ! Je n’ai plus du tout la moindre envie de vomir. Je me sens beaucoup mieux ! Certes, encore sous l’emprise du cannabis, mais plus du tout malade… Et terriblement excité… Les étudiantes se regardèrent et éclatèrent de rire. L’homme était satisfait de la tournure que prenaient les évènements. Il avait déjà oublié le malaise qui l’avait conduit dans cette pièce et la situation ridicule dans laquelle les jumelles l’avaient trouvé. Il reprenait confiance en lui et commençait même à s’impatienter. - Alors ? Qu’est-ce qu’on fait ? s’empressa-t-il de questionner. - Comment ça, qu’est-ce qu’on fait ? demanda l’une d’entre elles. - Eh bien… ça serait dommage de ne pas profiter d’une telle érection, par exemple… - C’est vrai que c’est tentant, répliqua la plus libertine. Et vous croyez qu’y en aura assez pour deux ? - On peut toujours essayer. - Vous avez déjà couché avec deux femmes en même temps ? interrogea l’autre sœur. - Non. Ni en même temps, ni l’une après l’autre. - Ça vous excite, hein ? se moqua la plus perverse. - Oui. - C’est classique comme fantasme, chez les hommes, énonça l’autre jumelle. - Il ne faut jamais renier ses classiques. - J’ai constaté que vous avez pas d’alliance, reprit-elle. Vous êtes pas marié ? - C’est bizarre, à votre âge, remarqua la plus sournoise. - Il n’y a pas d’âge pour se marier. - Vous avez quand même une copine, non ? insista-elle. - Non. Pas en ce moment. - Ça fait longtemps que vous avez pas fait l’amour ? demanda l’autre sœur. - Dites, vous ne voulez pas qu’on discute de tout ça après ? Parce que je suis vraiment très excité, là… - Moi aussi, avoua l’une. - Bon ! D’accord, acquiesça la plus autoritaire. Mais vous avez intérêt à assurer. Parce que nous, on fait absolument tout ensemble. Alors si vous donnez du plaisir à ma sœur, il faudra être aussi généreux avec moi, hein ? - Oh, je suis d’un naturel très généreux, d’ordinaire. J’espère seulement que vous ne serez pas trop exigeantes pour une première fois… Les filles se consultèrent un instant du regard, puis se dévêtirent devant lui sans la moindre gêne. Les anges n’ont jamais eu de pudeur, songea-t-il. Et c’est peut-être pour ça que ce coquin de Michel-Ange aimait tant les flatter du pinceau… Hé ! Hé !, à nous trois, mes belles angelottes… Il remarqua, non sans un certain trouble, qu’elles se ressemblaient en tous points : épaules étroites, seins dressés, hanches rondes, ventre plat, poils de pubis rasés en une bande verticale, cuisses musclées. Mais une vision plus générale lui permit de constater que l’une paraissait légèrement plus mince que l’autre. Il sortit de la baignoire. Raide de joie, car il allait faire l’amour à deux jeunes et jolies filles qui n’attendaient que ça. Ses yeux rebondissaient dans tous les sens pour essayer de tout appréhender à la fois. Elles attendaient côte à côte, la tête haute et les mains derrière le dos, fières de leur corps et l’esprit libre. Elles attendaient en souriant qu’il prenne les choses en mains. Mais il restait là, sans bouger, droit et con. Il hésitait sur ce qu’il devait faire en premier. Les prendre toutes deux par la taille et les embrasser ? Toucher le sein de l’une ? Caresser la fesse de l’autre ? Mais par laquelle commencer en premier ? Comme il ne se décidait pas, la plus volontaire des deux lâcha un bon ! exaspéré, prit sa sœur par la main et l’entraîna dans le couloir. - Je vous suis ? demanda-t-il en considérant avec envie leurs fesses rondes comme deux planètes déclipsées qui s’éloignaient de son orbite. Elles répondirent par des rires qui rebondissaient jusqu’à ses oreilles et lui semblaient aussi coquins qu’engageants. L’espace d’une seconde, ces deux jolis culs lui avaient souri en chœur et son cœur s’accélérait. Il leur emboîta le pas, précédé d’une érection impatiente. La première porte donnait sur une chambre, mais elle était vide. La suivante était la bonne. Les étudiantes l’attendaient, assises sur le bord du lit, les bras et les jambes croisés à l’identique. Elles pouffaient en regardant son sexe érigé. L’homme songea un instant qu’il pouvait s’agir d’un rire moqueur envers ses attributs masculins. Mais il ne fit pas de commentaire et s’approcha lentement. La plus excitée des deux s’agenouilla pour saisir la turgescence avec la bouche. Elle suçait si maladroitement qu’il sentait les dents de la gourmande. L’autre ne tarda pas à rejoindre sa sœur. Il avait la vague impression que les jumelles s’échangeaient son pénis comme une vulgaire sucette. Mais il se concentra sur son plaisir, les yeux fixés sur leurs mouvements de tête, sur leurs lèvres, enfouissant ses mains dans leur brune chevelure. Les filles interrompirent bientôt la fellation pour se redresser ensemble. Elles grimpèrent sur le grand lit, remuant leurs jolies fesses à son intention, et s’allongèrent sur le dos en réclamant expressément leur dû. Il fut légèrement frustré par ce brusque sevrage mais obéit à leur injonction. Il regrettait de n’avoir à sa disposition qu’une seule langue, qu’une paire de mains pour toucher ces offrandes, alors qu’il en fallait bien deux ou trois de plus afin de parcourir l’étendue de leurs richesses tout en assouvissant ses appétences. Il prodigua alternativement pendant quelques minutes un double cunnilingus, aussi égalitaire que possible, heureusement secondé par un index habile. Mais il trouvait cela épuisant, d’autant plus qu’il ne pouvait lécher une jumelle sans que l’autre en redemande et vice-versa. Il fut donc satisfait de constater, d’après certaines réactions physiques et manifestations orales, que l’une d’entre elles atteignait enfin l’extase. Mais l’autre s’offusquait déjà, réclamant une pénétration, car elle exigeait aussi son orgasme. L’homme n’était pas contre une intromission. Il estimait même l’avoir méritée, et souhaitait jouir équitablement. La revendicative lui indiqua un petit panier en osier sous la table de chevet. Il y découvrit un tas de préservatifs (aux goûts variés et de diverses couleurs) sous emballage transparent. Il choisit un noir à la réglisse, l’enfila et pénétra doucement l’insatisfaite, tout en s’appliquant à caresser sa sœur qui refusait de rester en dehors du coup. Il fut ainsi obligé de s’occuper successivement de l’une, puis de l’autre, car toutes deux exigeaient son sexe à tour de rôle. Au bout de quelques minutes, il suggéra que l’une s’allonge sur l’autre afin de faciliter le changement de partenaire. Mais elles refusèrent catégoriquement : leur fusion était expressément réservée à leur art. Alors il leur proposa de se mettre à quatre pattes et côte à côte afin de les prendre par derrière. Lorsqu’une des jumelles se mit à gémir de façon ostentatoire, annonçant ainsi l’arrivée des spasmes significatifs, il lui resta fidèle jusqu’à l’éjaculation. Ensuite il regarda tristement l’autre cul qui attendait son tour en dodelinant. - Alors ? Et moi ? Tu vas pas me laisser dans cet état… J’ai encore envie de jouir. Viens, reprends-moi ! - Allez, sois gentil, occupe-toi de ma sœur. - Mais c’est que…je peux plus, là… - Quoi ? T’as déjà éjaculé ? questionna la plus autoritaire des deux. - C’est-à-dire que… - Hé ben ! T’es un rapide, toi ! conclut-elle. - Il faudrait que je me repose un moment avant que ça revienne… - Combien de temps ? demanda la plus magnanime. - J’en sais rien, moi. - Tu devrais le savoir, reprit l’autre. C’est quand même ta bite. Tu devrais savoir comment fonctionne ta bite. - On croyait que les vieux avaient plus d’expérience… - Mais ça n’a rien à voir ! Et j’ai autre chose à foutre que d’observer comment ça marche ! - Pour quelqu’un qui est curieux de la vie en général, c’est quand même un minimum que de comprendre le fonctionnement de sa propre sexualité, commenta la plus critique des deux jumelles. - Ouais ! Surtout celle d’un homme… Parce que ç’a pas l’air très compliqué. - Ah ça vous fait rire, hein ? - C’est la tête que tu fais qui nous fait rire. - Qu’est-ce qu’elle a, ma tête ? - C’est une tête de nœud ! - N’importe quoi ! Un rien vous amuse, hein ? Je vous croyais plus intelligentes. Vous me décevez beaucoup. Il avisa des mouchoirs en papier sur la table de chevet, en sortit un du paquet afin d’enlever proprement le préservatif usagé, noua le bout de latex, puis l’enveloppa avec le mouchoir qu’il reposa sur le meuble. Ensuite il s’assit sur le bord du lit. Il ne savait plus quoi penser de ces sœurs sarcastiques, qui se comportaient soudain comme des gamines trop gâtées, et se demandait ce qu’il pouvait bien faire pour sauver la face. - Il est peut-être pas très performant, s’exclama la plus perfide, mais au moins, il est propre. C’est bien, ça. - Ouais ! Parce que c’est rare, chez les mecs… - Quoi donc, frangine ? La performance ou la propreté ? - Mégères, va… - Oh ! Le mâle est susceptible, constata la plus féministe. - Mais on plaisante, voyons. - Je ne trouve pas ça drôle. - C’est parce que t’as pas d’humour. - Disons plutôt que le vôtre n’atteint pas mon esprit. - Houlà ! monsieur est difficile… - Ouais. Et le voilà qui boude, maintenant. - Bon, vous avez fini ? - Oh ! Regarde comme ça rétrécit… - Bahh ! Ça devient tout flasque… - Il a une petite bite, finalement, lâcha la plus ironique. - Allez y ! Rigolez, petites idiotes. Rigolez tant que vous pouvez, si ça peut vous soulager... - Il serait pas un peu éjaculateur précoce, avança la plus sévère ? - Ah ? Tu crois ? Peut-être bien… - Oui, vraiment, vous me décevez beaucoup. - C’est toi qui es décevant. Hein, frangine ? - Ouais. C’est peut-être un beau parleur, mais dès qu’il faut s’y mettre… - Que de la frime, ces poètes… - Laissez donc la poésie tranquille, je vous prie ! Vous n’y entendez rien. - Hé ! C’est qu’il va nous faire sa grosse colère… - C’est parce qu’il a perdu son inspiration. - Il va falloir attendre que ça revienne. - Vous cherchez quoi, au juste ? - Du plaisir ! cria la plus exigeante des deux sœurs. - Oui ! Du plaisir ! - Des orgasmes ! - Oui ! Des orgasmes ! Les étudiantes s’étaient levées. Enlacées, elles sautaient sur le lit comme s’il s’agissait d’un trampoline. Elles riaient et gémissaient exagérément afin de simuler un plaisir intense. Il leur demanda de se calmer, d’arrêter leurs bonds. Mais elles ne l’écoutaient pas et poussaient des criaillements. Ces cris aigus s’infiltraient douloureusement dans ses oreilles jusque dans son cerveau, lui donnant l’impression que ses tempes allaient imploser. Ces soubresauts faisaient tressaillir son cœur. La température de son corps provoquait une abondante transpiration. Il tentait de calmer sa colère effervescente en serrant fort ses poings sur ses cuisses. - Allez ! sois cool, dit l’une des sœurs en lui ébouriffant la chevelure. - On va se fumer un autre joint et ça ira mieux, d’accord ? conclut l’autre. Elle essaya de lui titiller le pénis avec son pied avant de descendre, mais la maladroite lui écrasa les testicules. Il hurla de douleur en protégeant de ses mains ses organes génitaux. Une nuée d’anges passa. Les filles sautèrent hors du lit pour se pencher immédiatement au-dessus des parties sensibles. Elles voulaient voir. Mais il refusait de montrer. La coupable se confondait en excuses tandis que l’autre lui assurait que ce n’était pas bien grave, que ça allait passer, qu’il fallait peut-être y mettre de la glace. Elles insistaient pour examiner de plus près le sexe recroquevillé dans les paumes de l’homme amer. - Allez, laisse-nous faire. On va le cajoler. - Oui, on va le câliner. - Le caresser… - Le branler… - Le lécher… - Le sucer… Mais il n’avait pas l’intention de céder à ces succubes ricanantes. Il les repoussa d’un non ! si autoritaire qu’elles reculèrent de surprise. - Vous me faites chier, maintenant ! - Mais ? Qu’est-ce qui te prends ? - Foutez-moi la paix ! - T’es malade ou quoi ? - C’est vous, les débiles ! Les jumelles le regardaient avec de grands yeux stupéfaits. Il leur en voulait méchamment. Ces petites connes méritent une bonne paire de gifles, lui dit une voix intérieure. Elles n’ont aucun respect pour toi. Les sœurs hésitaient pourtant entre la compassion et le rire. Mais la vue de ce pauvre quadragénaire nu, aux cheveux en bataille et au sexe flaccide, finit par déclencher chez elles un fou rire idiot. Comme tous les fous rires. Et ces éclats mutilaient sa dignité. Il se leva brusquement et transperça les étudiantes du regard. Comprenant d’instinct que la situation ne s’arrangeait pas, elles s’empressèrent de lui tourner le dos afin d’occulter cette scène qui s’avérait si comique. Mais sans succès. Leurs gloussements se poursuivaient interminablement. Il perdait patience. Il se sentait ridicule. Humilié. Une sorte de nausée l’envahissait. Ses pensées dégénéraient. Ces culs hypocrites, auparavant si sympathiques, n’affichaient plus qu’un sourire moqueur face à son impuissance. Il faut que tu en finisses avec ces deux rictus indécents, lui dit la voix intérieure. Il bouscula les jeunes femmes et partit en courant dans la salle d’eau afin de récupérer ses vêtements. Dans le reflet du miroir suspendu au-dessus du lavabo, il aperçut un lâche s’habiller rapidement. Un froussard familier qui, une fois encore, préférait s’enfuir plutôt que de faire face. Ils se défièrent un instant du regard. Les jumelles étaient restées une bonne minute dans l’expectative. L’une préconisant l’attente sereine, l’autre suspectant le pire. Finalement, ne le voyant pas revenir, elles prirent la décision d’aller voir ce qu’il faisait. La porte était ouverte. Leur regard fut immédiatement attiré par quelque chose que l’homme tenait dans son poing fermé. Au moment où elles entraient dans la pièce, il fit jaillir la lame d’un couteau à cran d’arrêt. Elles se pétrifièrent instantanément. Les yeux fixés sur la lame. La bouche béante et muette d’incompréhension. Elles ne savaient quoi penser de la tournure que prenaient les évènements, s’il s’agissait d’un jeu ou bien d’une intimidation quelconque. Leurs prunelles s’interrogeaient à toute allure. En définitive, comme il arrive parfois dans les drames, la plaisanterie vint soulager la tension : - C’est pas le moment de bricoler, lança la plus téméraire. L’homme ne répondit pas et s’approcha d’elles, les bras le long du corps, tenant le couteau pointé vers le sol. Un étrange sourire était crispé sur son visage tandis que ses pensées fluctuaient dans le chaos le plus total. Les étudiantes, qui préféraient toujours voir le bon côté des choses, s’envoyaient des œillades interrogatives, attendant avec impatience la suite du canular. Il leur ordonna de se retourner et de se pencher en avant, les mains appuyées sur le fond de la baignoire. Elles obéirent en ricanant, s’imaginant que leur invité désirait assouvir un quelconque fantasme. Il reluqua avec un sentiment de puissance ces culs railleurs. Les jumelles eurent le temps d’échanger une dernière plaisanterie ironique au sujet de la virilité de leur invité. Il reçut violemment la boutade comme un dernier outrage. Et embrocha indifféremment l’une des sœurs, puis l’autre. L’homme erra une bonne heure dans les rues, réfléchissant confusément à l’acte irréparable qu’il venait de commettre. Sa conscience ne le lâchait pas : toi qui n’as jamais fait de mal à personne… Comment as-tu pu faire une chose pareille ? Il se demandait ce qui allait se passer à présent. Finalement, une idée lui traversa l’esprit. Il entra dans un bar et repéra une table isolée dans un coin. C’est parfait pour ce que je vais faire, se dit-il. Il regardait autour de lui en attendant le serveur. La vie continuait normalement, alors qu’il venait certainement de tuer deux jolies filles innocentes. Il commanda une bière qu’il but en deux longues gorgées. Puis une autre, qu’il prit le temps de déguster. Il avait d’abord songé qu’en se soûlant il aurait peut-être le courage d’aller se dénoncer à la police, mais il avait déjà du mal à terminer sa seconde bière, alors… De toute façon, les empreintes dans l’appartement et le préservatif qu’il y avait laissé constituaient des preuves irréfutables de sa culpabilité. Eh bien voilà, se dit-il. Il n’y a plus qu’à laisser faire. C’est quand même plus facile d’attendre que la police fasse son travail.

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