Allongé sur le sofa, je savoure le pouvoir occulte de mes boniments .
Une fois de plus Martine a gobé mes salades. Cette prétendue "réunion de travail" qui me vaut de rentrer si tard ce soir est enfin digérée.
Mais le pinaillage sur mon emploi du temps me gave déjà. Et si je veux poursuivre mon aventure avec Claire, il me faudra quand même trouver autre chose...
C'est plus fort que moi. Je suis hanté par cette salope.
Dans la salle de bain le bruit familier de l'eau qui ruisselle sur le corps de Martine me berce.
La suite de la nuit s'annonce torride. Il va falloir assurer une seconde fois...
Les paupières closes je l'attends. Des effluves de peau brulante et de cheveux mouillés me parviennent.
Elle s'approche.
Un froissement d'étoffes. Probablement son peignoir qui glisse de ses épaules... Je l'imagine déjà.
Son corps qui se colle à moi. Son étreinte humide.
Un hurlement strident interbolise mes douces pensées...
Devant moi, ma douce moitié s'est transformée en harpie. Elle brandit ma veste et un bout d'étoffe qui ressemble étrangement au... au string que portait Claire tout à l'heure... La garce !
- C'est quoi cette saloperie que tu planques dans ta poche !
J'ai juste le temps d'esquiver le vase en granit de tante Marguerite, mais je suis beaucoup moins chanceux avec la chute des étagères qu'il percute.
Trente kilos de romans divers me dégringolent sur le pif... je vacille... Les vingt cinq centimètres d'épaisseur d'un Atlas Universel m'éparpillent définitivement sur le canapé.
- Nom de Dieu... Martine ça fait mal... je vois des étoiles partout maintenant !
- Des phosphènes... ça s'appelle des phosphènes... pauvre débile ! Réplique Martine (Martine ne peut s'empêcher de jouer les intellos à tous moments)
- Pffff... N'empêche que ça fait vachement mal !
En guise de réponse elle m'écrase le nez dans les bouquins en beuglant que je suis un salaud ! Je tente une sortie en lui tendant la brochure qui m'écorche la joue.
- "La tentation nihiliste" de Jaccard !!! Tu pensais l'avoir égaré Chérie !
Elle me déboite une oreille avec le dernier Musso.
Ma bravitude s'arrête là. Je glisse sur le sol pour rejoindre la sortie à quatre pattes.
Ma valise me double dans la ligne droite du couloir.
- N'oublies pas tes affaires Salopard !! et porte tes pénates au diable... Je ne veux plus jamais voir ta gueule.
"Ah ! C'est qu'elles voient si bien, les femmes, en une seconde, la chose qu'on n'aurait pas dû laisser traîner !"
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