Quantcast
Channel: Les commentaires de Pointscommuns.com
Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

Les enfants blonds de Göttingen par Genese

$
0
0
Longtemps j’ai aimé ce nom, Göttingen. Un peu mystérieux, ténébreux même, romantique à coup sûr. Pourtant, longtemps aussi, je n’ai pas cherché à savoir ou pouvait se trouver Göttingen. C’est qu’une belle chanson a sa part de rêve et n’a que faire de la réalité. Le poète à toujours raison. Et puis, j’ai fini par aller voir. Ah, pas sur place non, sur la toile. Et c’est vrai, «Bien sûr ce n'est pas la Seine, Ce n'est pas le bois de Vincennes, Mais c'est bien joli tout de même, à Göttingen » Göttingen, un peu perdue au milieu de l’Allemagne, capitale de la Basse-Saxe, cité universitaire renommée, baroque, romantique. 130 000 habitants aujourd’hui, beaucoup moins en ce mois de juillet 1964 lorsque Barbara y pose sa valise pour un soir et un récital. Grand retour en arrière pour une bien belle histoire : Nous sommes en 1963. Barbara n’est pas encore très connue. Elle chante à l’Ecluse, un cabaret parisien. Un allemand, Hans-Günther Klein, l’écoute chanter et adore. Il l’aborde, revient. Il lui propose de chanter dans son théâtre, à Göttingen. Barbara refuse. Il insiste, elle finit pas céder. A regrets : « Seule et déjà en colère d'avoir accepté d'aller chanter en Allemagne » écrira-t’elle dans ses mémoires. On peut comprendre : moins de 20 ans après la fin de la guerre, Barbara a de quoi manquer d’enthousiasme : petite fille juive, la future Barbara a dû quitter Paris en 1940 et se cacher pendant 5 ans. Ce qui n’en donnera que plus de force à une chanson à venir. Mais ça commence mal. Lorsqu’elle arrive à Göttingen, sa seule exigence n’est pas respectée : sur scène, il n’y a qu’un piano droit, au lieu du piano à queue espéré. Les déménageurs de piano sont en grève depuis la veille ! Qu’à cela ne tienne, une dizaine d’étudiants parmi les spectateurs proposent alors d’en chercher un. Ils le trouveront chez une vieille dame et, avec une heure et demie de retard, Barbara sera sur scène. Elle aura droit à une ovation dans le Junges Theater. Hans-Günther Klein prolonge son contrat de huit jours. Le huitième jour justement, Barbara est dans le jardin du théâtre. Des enfants jouent là. Pour remercier ce public si chaleureux, elle écrit une chanson en leur hommage. Chanson qu’elle chantera le soir même, sur une musique inachevée. Grande émotion. Emotion bien plus grande qu’en France, où Göttingen mettra longtemps à être acceptée. Mais avec le temps, Göttingen deviendra l’hymne de la réconciliation franco-allemande : En 2003, le chancelier Gerhard Schröder, lors des commémorations du traité d'amitié franco-allemande de 1963, chantera les derniers vers de Göttingen: «Oh, faites que jamais ne revienne Le temps du sang et de la haine…» A Göttingen, il y a aujourd’hui une rue Barbara, beaucoup de distinctions, et une ville qui chaque année fait fleurir sa tombe à Bagneux. C’est vrai, c’est bien joli tout de même, à Göttingen… http://www.youtube.com/watch?v=Aad4Bm_Y0So

Viewing all articles
Browse latest Browse all 5180

Trending Articles