"Dédé l'embrouille était un type pas catholique...Max le Daron lui emboita le pas très prudemment.."
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Le facteur haussa le ton en insistant;
"Max le Daron lui emboita le pas très prudemment...."
Un filet de bave au coin de la bouche, Thérèse s'était assoupie, pour de bon cette fois-ci.
Contrarié, Gaston le facteur, referma le roman et sans même marquer la page le balança sans façons sur les genoux de la vieille.
Trois jours qu'il relisait le même chapitre.... la vieille bique sombrait toujours au début du même passage.
Il faisait pourtant un tas d'efforts pour la maintenir éveillée. Il insistait sur les mots au moindre ramollissement d'attention et faisait grincer sa chaise dès que la tête de la rombière basculait vers sa poitrine.
Il en arrivait même à se racler la gorge en tournant les pages de peur qu'elle ne se débine chez Morphée pendant les blancs !
Devant la cheminée, seul le greffier de la maison semblait s'être rendu compte de l'interruption de lecture. Etirant sa carcasse décrépite il lorgnait alternativement, vers Gaston, vers son pote le canari qui ronflait toujours la tête sous l'aile et vers un poison rouge décoloré par le temps et l'ennui.
Gaston alluma une cibiche et se leva pour remuer quelques unes des boites crasseuses qui encombraient le haut d'un vaisselier.
Le pognon était forcement quelque part...
Dans son dos, incommodée par la clope, Thérèse gobait l'air en roulant des yeux de merlan mort.
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Le facteur entrebâilla une fenêtre pour évacuer la fumée.
- Manquerait plus qu'elle crève avant de m'avoir mis sur son testament ! Marmonna-t-il
Désappointé il fit le tour de la salle à manger et médita en se grattant la tête. Puis il sonda le plancher à coup de talons...
- Nan de Dieu...mais il est bien quelque part le grisbi de cette vieille carne !
L'espace d'un instant il fût tenté de retourner toute la maison, d'éventrer fauteuils et canapés, mais il se raisonna aussitôt ; Gaston valait mieux que tous les baltringues de la ville venus ici, à tout hasard, proposer leurs services pour se rapprocher du magot.
Contrairement à ces vautours Gaston avait tout le temps devant lui.
De modestes services en attentions discrètes, d'humbles lectures en petits travaux de jardinage, il finirait bien par devenir le bienheureux héritier.
Et tout ça, sans aucune manuvre interlope.
S'apprêtant à sortir pour achever sa tournée, il remonta le plaid sur les genoux de Thérèse "Encore une bonne action à mon crédit ! Pensa-t-il "
Lorsqu'il ouvrit la porte d'entrée, un courant d'air fit voler les rideaux du salon. La cage du canari vacilla vers la cheminée, tournoya sur son pied en emportant le bocal du poisson. Minou eu juste le temps d'avaler la friture avant que le verre ne lui tranche les roubignoles...
Au milieu des braises le volatile fit trois tours de perchoir avant de griller comme un gros papillon jaune.
Devant cet apocalypse, la vieille tenta de se lever, se prit les jambes dans le plaid et se fendit le crane sur la table basse.
Gaston referma la porte doucement.
"Il ne lui restait plus qu'à dire adieu à l'héritage"
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