Bienvenue dans le monde rêvé de la richesse matérielle… par Jules Félix

Connaissez-vous Huaxi ? Non ? C’est un village chinois qui a actuellement trente mille habitants. Il est situé à l’est de Jiangyin, dans la province de Jiangsu. Il y a plusieurs décennies, il n’avait que deux mille habitants, essentiellement des paysans. Et puis, le miracle du communisme chinois a fait le reste. Six milliards et demi d’euros arrivent chaque année au village. Une croissance de vingt pourcents tous les ans depuis vingt ans ! C’est un développement en spirale, et les Chinois comparent le village à une boule de neige qui grossit progressivement. C’est maintenant un village prospère, où les habitants sont au minimum millionnaires, habitent dans des maisons luxueuses de six cents mètres carré, décorées de splendides œuvres d’art, roulent dans de belles bagnoles et peuvent utiliser le dernier smartphone sur le marché. Tout le système de santé et d’éducation leur est entièrement gratuit. Six photos de Huaxi : http://minilien.fr/a0mopm http://minilien.fr/a0mopn http://minilien.fr/a0mopo http://minilien.fr/a0mopp http://minilien.fr/a0mopq http://minilien.fr/a0mopr Quelle en est la raison ? Ben, le communisme, je vous dis ! À l’origine, en 1961, c’est un bonhomme, Wu Renbao, l’ancien secrétaire général du parti dans ce village, qui a su transformer les paysans en industriels patentés. Deng Xiaoping y a vu une initiative modèle et a tout misé sur cette exemplarité. Tout est fait pour inciter à habiter au village. On y reçoit une maison, une voiture, un téléphone, un compte en banque fourni. En contrepartie, il va falloir bosser. Tous les jours, toute la semaine, dimanche compris. Ils travaillent dix heures par jour. Dans l’industrie. Ce sont eux qui fabriquent tout ce qui se vend maintenant chez nous. Lorsque l’entreprise fait des profits, les salariés ont des primes d’intéressement et en gros, un tiers de ce que gagnent les habitants est dépensé pour leur consommation, et le reste est gardé que les salariés peuvent réinvestir dans l’entreprise ou épargner par ailleurs. Tout est donc super. Ils sont riches, riches comme Crésus, chic ! Le village est tellement réputé qu’on vient de loin en Chine pour le visiter. Il y a des cars de touristes pour venir visiter. Deux millions de Chinois visitent ce village chaque année. Pour entrer dans le village, il faut acheter un billet d’entrée. Plusieurs milliards de yuans arrivent ainsi en plus dans le village, uniquement pour visiter. Un peu comme les propriétés des anciens aristos fauchés. On a le droit de visiter une maison, de discuter avec un gamin ou ses parents, comprendre leur vie. Tout est ouvert. La famille gagne ainsi une prime. Le gamin récite sa leçon. Il a eu peur la nuit avec des cauchemars horribles. Les gens avaient beaucoup de riz et le mangeaient mais il était empoisonné. Du coup, le gamin ne couche pas dans sa grande chambre mais avec ses jeunes parents. On vient même de construire un hôtel géant pour accueillir tous ces touristes. Huit cents chambres, trois mille employés, soixante-quatorze étages, trois cent vingt-huit mètres de hauteur. Rien que ça. Le Longxi International Hotel a été inauguré le 8 octobre 2011 pour le cinquantième anniversaire du village. Quatre photos de l’hôtel géant : http://minilien.fr/a0mopd http://minilien.fr/a0mopf http://minilien.fr/a0mopg http://minilien.fr/a0moph Bientôt, un aéroport international va recruter trente pilotes pour commander les avions et hélicoptères du village. On peut entendre une jeune guide qui cherche à bosser au maximum pour s’acheter plus tard une maison. Elle est payée quatre cents yuans par mois et les maisons coûtent au moins trois cent mille yuans… si bien qui lui faudra économiser pendant un demi siècle pour atteindre son objectif ! mais elle, elle y croit, elle pense que tout va se valoriser, et son salaire plus rapidement que le prix des maisons. Tout est impeccable donc. Toute est parfait. C’est ce que peut penser celui qui regarde ce documentaire de LCP qui a été diffusé (entre autres) le dimanche 12 février 2012. Pourtant… il y a un truc qui cloche. Car les gens sont incapables de profiter de leur argent. Ils n’ont aucun loisir car ils n’ont pas de jour de repos, pas de vacances. Il n’y a pas de restaurant, de lieu de détente pour eux. Il y a juste l’usine, le bureau, la maison. Et surtout, s’ils veulent quitter le village, une fois la fortune faite, eh bien… ils peuvent, mais doivent alors laisser la maison, la voiture, le téléphone et le compte bancaire, car tout cela appartient à l’État. En fait, le gouvernement chinois, comprenant tout l’intérêt pour sa propagande, a investi des milliards dans ce village pour construire ce capitalisme communiste. Donc, l’argent est arrivé du ciel comme par enchantement et trente mille Chinois en profitent vaguement, se croient proches des mœurs occidentales. D’ailleurs, amusant d’entendre que leurs grandes maisons sont considérées de « style européen » alors qu’elles n’ont aucun style ou ressemblent plutôt à de grandes maisons américaines ou canadiennes. Voilà donc le hic. Tout est sous contrôle et ce qui est possible pour un village au départ de deux mille personnes serait bien difficilement finançable pour une nation d’un milliard et demi d’habitants. Ces derniers auront donc juste le rêve d’atteindre ce nirvana matérialiste un peu téléphoné. Huaxi, vous ne connaissiez pas ? maintenant, vous connaissez les bienfaits du communisme chinois. Seul régime sur Terre qui apporte bonheur et richesse, téléphone portable et grosse bagnole, au point que même là-bas, l’honnête père de famille passe son temps à faire briller la carrosserie… Et avec tous les habitants de Huaxi, je crie : vive PCC ! (parti communiste chinois)