Difficile de ranger Topor dans une case. Comme un rat, il se faufile dans les interstices des murs d'étiquettes que l'homme s'empresse d'ériger autour des auteurs trop libres.
Topor est toujours resté libre vis à vis des groupes et partis politiques. Son engagement s'est fait en faveur des droits de l'homme, son allergie : la médiocrité. Il exerçait pas moins de huit métiers : dessinateur, écrivain, scénariste, dramaturge, journaliste et acteur, poète et artiste... une fuite face à la routine, véritable mort cérébrale. Touche à tout, il a laissé derrière lui une oeuvre aussi considérable que méconnue.
On le connait surtout pour ses collaborations aux émissions Téléchat, Merci Bernard et Palace dans les années 80, ses apparitions dans quelques films comme "Nosferatu, fantôme de la nuit", ses collaborations avec Hara-kiri, mais son oeuvre est bien plus importante. Ses nombreuses pièces de théâtre, des centaines d'ouvrages, la plupart introuvables, édités souvent chez d'obscures éditeurs rajoutent à sa carrière une dimension mystérieuse et indiscernable ! Une oeuvre fantomatique...
Je le vois comme un Dadaïste à la Prévert, avec un coeur de Choron !
Au sujet du "savoir dessiner" son idée était claire :
"Par une étrange aberration, bien des gens croient que dessiner comme tout le monde signifie "savoir dessiner". Ils disent "je sais" dessiner tel animal, ou "je ne sais pas" dessiner un portrait ressemblant. Pourtant, dessiner ce n'est pas savoir, c'est imaginer. C'est inventer, à son propre usage, un code de formes et de signes, afin de de se parler tout seul, pour communiquer avec les différentes couches de l'inconscient."
Et au sujet de la création, l'erreur était son maître mot :
« L'erreur, comme le rire, est le propre de l'homme. Mais infiniment plus créatrice. »
(Lire aussi son manifeste Erroriste).
Merci pour lui.
Laurent
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