Samedi après-midi, à Paris, le sens interdit du boulevard Diderot me fit dévier la trajectoire par lavenue Daumesnil. Je me suis alors arrêté à un feu qui était passé au rouge. À ma droite, une voiture de la police municipale. Surtout, faire gaffe. À ma gauche, une petite place avec un écriteau : "Place du 19 mars 1962". Quelle coïncidence ! À deux jours près, je me retrouvais cinquante ans en arrière.
Autant tout de suite dire que cette guerre, je ne lai pas connue, je ne lai pas appréhendée, je men moquerais presque, elle na impliqué aucun des miens, ni des parents, ni des amis, ni aucun proche. Seulement un prof dhistoire, qui nhésitait pas à parler de ses opinions, nous racontant quil était devenu ostensiblement antigaulliste depuis les Accords dÉvian.
Ils ont été signés le 18 mars 1962 avec un cessez-le-feu prévu pour le lendemain. Parmi les négociateurs, Jean de Broglie, Robert Buron, Louis Joxe et Bernard Tricot. Ils ont mis fin à plus de sept ans dun conflit terrible.
Michel Debré en a avalé ses idées sur lautel de la loyauté et de la fidélité. Le peuple français les a ratifiés dans sa grande sagesse le 8 avril 1962 à presque 91%, laissant place à lère Pompidou (qui sacheva le 2 avril 1974) et à la véritable république gaullienne.
Ignorant plus quindifférent. Nest-ce que le fruit de mon conditionnement informationnel depuis toujours ? Je ne sais pas. Jai le sentiment, lintuition, que la France vit encore les conséquences de cette guerre dAlgérie. Que la montée dun parti extrémiste, que les tensions dans les quartiers difficiles, que lislamophobie de moins en moins masquée, que la haine de létranger, que tout cela nest quune conséquence dune mauvaise digestion, par quelques uns, de cette guerre qui a fait environ cent soixante-quinze mille morts, dont un septième, des Français et le reste, des Algériens.
Je suis convaincu dailleurs que sans De Gaulle, cette guerre aurait duré au moins dix ans de plus, quil ny avait quun héros de la guerre qui pouvait imposer ce quaucun dans la classe politique nenvisageait, lindépendance de lAlgérie, que les cent quatre ans de présence française avaient trop gravé lesprit français pour abandonner si vite la partie.
Et je me reprojette sur le conflit israélo-palestinien, ou dautres conflits longs de plusieurs générations
Comment dire qui a tort dans la mesure où le point de vue de chacun peut être compris et que seuls, des hommes ou des femmes dÉtat, qui ont de la trempe, de laudace et du courage, ont la possibilité de faire la paix. Javais cru que Rabin et Arafat aurait pu la faire avec les Accords dOslo.
Algérie/Palestine : pourquoi ai-je rapproché les deux ? Parce quen dommages collatéraux, la France semble payer encore un lourd tribut dans les consciences politiques.
Aujourdhui, un tueur fou sen est pris à une école juive, apparemment après sen être pris à des militaires. Macabre anniversaire
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