L'amour à foison
Bottée d'herbes hautes
La lumière du jour fait son marché
Un panier de soleil sous le bras
Le temps à ses pieds
La suit, fidèlement
Tandis qu'elle musarde
De collines en prairies
Caressant la hampe des arbres
Liant en gerbes les feuillages
Toute présence lui est chère
Laissée là, par la nuit
Aux marées ayant fui
La lumière fait l'amour
Avec passion
Embrassant lisières et buissons
Inaugurant chaque sentier
Leurs récoltes de fruits
Pierres, tendres baisers
Sur la terre
La lumière c'est l'oiseau
Vendangeant les vignes du vent
Inondant la chambre intime des sous-bois
C'est la rivière, croisant et décroisant ses jambes
A la barbe du champ médusé
Lui offrant ses berges, ses troupeaux
La lumière, c'est toi mon amour
Inconsidérément
Quand ta robe se déploie
Comme mille cigognes ensemble
Mes granges n'attendaient que toi
Les récoltes de blé mûr
Accumulées au fil de tes gestes, ta voix
Toutes mes moissons te sont dues
Soupesées par tes seins, ton cou, tes doigts
Mes chaumes chantent sous tes pas
Tu entres quand tu veux
Dans mes villages
Mes jardins fleurissent
À tes chevilles, tes poignets
Ouvrant d'autres horizons
Des étés infinis
Tu goûtes à mes escarpements
Ma mémoire ocre
Mes rires blancs d'amandier
Tes ongles coccinelles ou cétoines
Brillent partout en moi
La lumière c'est toi.
V.
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