Dialogue avec mon linge par Idzig

A quoi sert un lavomatic si ce n’est à laver son linge ? Laver son singe au sens propre, et puisqu’il n’y rien d’autre à faire que de regarder le tambour tourner, il est possible de profiter du moment pour lire, ou pour réfléchir, arrêter de s’activer, penser. L’autre jour donc, au lavomatic, je lisais « Dialogue sur la nature humaine » , dialogue entre Boris Cyrulnick et Edgar Morin, et ce dernier me disait, à haute voix, «que l’amour est la seule force que l’on oppose à la mort ». L’endroit était calme, juste l’alternance du silence et du bruit du tambour de la machine; j’avais donc le temps de réfléchir à cette affirmation, entre chaque mouvement de tambour, et même jusqu’à aller me poser l’autre question : l’inverse serait-il vrai ? La mort serait elle la seule force que l’on peut opposer à la perte de l’être aimé ? Mais déjà Boris me répondait : « faire vivre une idée, c’est au contraire la débattre, la combattre, chercher à tuer certains éléments qui la composent ». Il disait aussi « dès l’instant ou j’ai une certitude, la certitude est le meilleur de mes tranquillisants, or on connaît les effets des tranquillisants, ils font dormir et engourdissent la pensée » . Le bruit régulier de la machine à laver risquait d’engourdir ma pensée si je n’y prenais garde : la perte de l’être aimé n’est pas une raison pour se tuer ! déjà que l’on tue le temps en attendant que la machine fasse son cycle ! Il disait aussi, « je suis persuadé que l’on peut et doit vivre avec l’incertitude » l’incertitude de quoi ? de ne pas trouver un jour le bonheur ! « La vie est une navigation sur un océan d’incertitude », me rappelait-il . La machine poursuivait son cycle, et tout à coup, le silence, plus rien ! : la mort ? non ! elle avait finit son cycle, la machine …..la vie poursuivait son cour. Je devais transférer le linge dans le séchoir maintenant……. Je ne sais pas si je vous ai convaincu, ou plutot si Boris et Edgar vous ont convaincu, mais en tout cas, moi je suis convaincu d’une chose :après le cycle du séchoir, il va falloir que je repasse, faute de trépasser, sous des tonnes de linge en retard. La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Idzig