Cher ex, chéri, votre livre délicatement glissé sous ma porte ce matin me rappelle votre obscène propension à frapper vos amantes du sceau de vos cholagogues lectures.
Vous avez pris soin, fidèle à vos habitudes, de corner le haut des pages que vous me voulez destiner. Dois-je vous rappeler, cher indécent, que cette manie me froisse au plus haut point, et quune nouvelle fois, je me dois de refuser votre obole.
Rappelez-vous lune de nos premières nuits...
Nous avions échangé des regards forts concupiscents toute la soirée durant, et finîmes bien sûr dans les bras lun de lautre. Jaurais du prendre le temps de vous examiner les sens, car vous étiez en vérité dans un bien drôle détat. Vous aviez avalé tous ces mots, vous les trouviez irréfragables, et avez bien vite tenté de me les imprimer sur la peau et dans les artères.
Nous en étions à nous chevaucher avec entrain au creux des draps, sous lil attentif et un poil réprobateur dun portrait de Victor Hugo. Pour parfaire votre effet sans doute, vous avez choisi lultime moment pour insérer et déclamer votre citation préférée du grand monsieur :
"Il y a des gens qui vous laissent tomber un pot de fleurs sur la tête d'un cinquième étage et qui vous disent : je vous offre des roses."
Seulement moi, "je ne voudrais pas mourir avant quon ait inventé les roses éternelles", et je ne me privais pas de vous le dire.
Quel joyeux bordel à mots, notre lit, que seule une irrumation aurait pu faire taire !
Tout ce cirque avait bien mal fini, entre polochons, coups de quat de couv, fumerolles de bons mots, et querelles de poches et de pléiades.
Non, vraiment, vous memmêlâtes par trop les pinceaux, très cher.
Soyez assuré de linsénescence de mes sentiments, mais tout de même, ne vous approchez pas de trop près.
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