Je me suis fait l'effet d'une bonbonne usagée, obole ras le bol.
Voilà ce que j'avais prévu qui est venu, évidemment !
Alors pourquoi tu t'es amusé ainsi ?
Tu dois prendre ton pied à tourner la tête des filles à l'envers. Ca te fait quoi ? Ta dose de volupté peut-être...
Y'a des droits et des devoirs d'humanité pourtant. Tu t'en fous certainement mais pas moi. Alors je t'ai quitté colère, quitte à le regretter plus tard.
Mais pour qui tu te prenais ? Un peu de modestie abruti t'irait à merveille. Lire ou relire Camus aussi. Ne penser qu'à soi est une constante chez certains et certaines hélas...
Certainement, tu n'as pas pensé aux copains qui viendraient après toi et qui devraient faire avec, ce mépris de l'autre qui renforce les défenses et la méfiance.
Dans la toute puissance de ton nombril, tu n'as pas pensé que ta compagne, de par son métier ou ses amitiés, fréquentait des hommes bien plus jolis que toi, des hommes qui jamais ne se permettraient d'user le temps des autres en échanges bidons, pour satisfaire leur égo et autres bêtises du genre.
Pour t'amuser, saches-le, il existe les chiens, les poupées gonflables, les jeux vidéos, les autos tamponneuses, les discothèques.
Tu ne méritais pas un seul de mes mots. J'ai repris ce cadeau, bien trop beau pour toi, trop simplement humain pour ta pomme pourrie et ton penchant concupiscent.
Tu ne méritais pas non plus toutes mes questions et mon inspiration, non !
Bref, je ne te félicite vraiment pas et t'avais promis même, si le hasard nous mettait en présence dans les rues de Paris ou d'ailleurs, un bon coup de pied au cul à l'obscène que tu es.
Le voilà !
Je me sens toujours poubelle aujourd'hui. J'ai dans la bouche un goût de dégueulasse qui me met en colère et c'est bien le moins que je puisse faire pour continuer à être une femme. Parce que tu ne m'as pas investi, jamais, je n'avais aucune importance pour toi. Seul comptait ton horloge, ta sensation d'exister, ton cher nombril.
Tu pourrais faire pénitence par exemple ou proposer maintenant autre chose, une façon de nous donner une seconde chance, de considérer la femme poubelle autrement, d'ouvrir une nouvelle porte, de s'améliorer, d'espérer. Mais il n'y a rien. Rien. Mon nom est personne...
Oh, je pourrais prendre la chose avec humour, te renvoyer tes phrases à la figure en rigolant, en souplesse, ravalant ainsi ma honte. Mais je me sens tellement niée que je n'arrive absolument pas à rire aux éclats, ni à relativiser toute cette humiliante rencontre avec un homme qui s'annonçait pourtant si doucement douce, promesse perdue dans l'espace temps.
Mais à qui tu parlais ?
L'impression d'avoir était un kleenex ne fait pas de moi une malpropre dans la vie. Je ne suis pas une poubelle pour monsieur. Ne plus être à ton goût c'est aussi un état d'esprit.
Ne pas t'oublier ne t'oblige peut-être pas à considérer l'autre mais l'autre, c'est moi, l'autre elle existe, elle avait des choses à partager et puis des choses qu'elle ne voulait pas vivre, qu'elle ne doit plus vivre.
Comment m'ignorer ainsi... Comment être aussi centré sur soi et si peu ouvert sur l'inconnu, le vrai, pas celui de ta petite cuisine ni de ta douche écossaise.
Ce n'est pas comme ça, jamais, que je vois le monde qui m'entoure, celui dans lequel je vis. J'ai été très gentille avec ta poire. Super cool la poule. Pas farouche en tout cas, à l'écoute, en se disant que chacun fait comme il peut. Mais là, Basta !
Pourtant il y avait tout en face de toi pour faire autrement. Il suffisait de me rencontrer, de me laisser un peu de place en tant que personne.
Facile de se payer les mots. Surtout quand mimi en fait les frais. Les pots cassés, je veux bien les payer pour ceux que je casse essentiellement. Le reste, c'est ton histoire, suis pas responsable, encore moins coupable. Ton cholagogue, tu te le gardes bien profond. Mais là je paye la facture hélas, en plein dans le citron tes outils. Je n'en reviens toujours pas de ta cécité.
À fleur de peau monsieur parce que c'est là que se joue la présence et l'humanité. Lucide. Sensible. Consciente. Et donc vulnérable, à vif, sans grande protection si ce n'est un rempart de brindilles. De quoi déguster bien comme il faut, être traverser de part en part. Ca secoue, ça remue de partout. Serpillère je suis.
Il suffisait d'y être et laisser faire. C'était pas une histoire de rythme là, mais plus un coup de fusil. Victor Hugo t'aurait dit " Il y a des gens qui vous laissent tomber un pot de fleurs sur la tête d'un cinquième étage et qui vous disent : Je vous offre des roses."
À quoi il a rêvé
Le papillon pivert
Dans ma fleur
Et ma lune qui t'a chanté coucou, comment peux-tu ne pas l'entendre et l'insérer dans ta vie...
Parce que, malgré tout, désolée, blessée, j'avoue pourtant, tu me manques déjà, comme le poisson hors de l'eau. J'aurais bien partagé un gâteau au moka ou une tarte aux pommes avec toi, cet après-midi.
J'aurais bien marché dans la ville ensoleillée en t'enlaçant tendrement, en te tenant la main comme un trésor que personne n'aurait pu me voler. Yeux dans les yeux, j'aurais disparu au fond de toi, me serais baignée là, dans tes flots couleur d'orage, comme un poisson dans l'eau.
Nous aurions fait deux trois courses, des tomates, une mozzarella, des olives noires, du pain, un vin rouge, une soupe et deux fruits pour le dessert. Et ce repas frugal, nous l'aurions dégusté entre nos baisers, nos paroles, nos rires et quelques larmes aussi.
Et puis sur un air de Richard Hawley, allongés sur le lit vert de la grande promesse, nous aurions dansé, emmêlés toute la vie, emboîtés l'un dans l'autre, à gémir, à rire, à pleurer, ou bien à s'échanger nos secrets, à chevaucher nos corps enlacés. Un truc simple qui se donne. On aurait trouvé la mesure, lirrumation parfaite.
Alors, épuisée de bonheur, j'aurais fait du thé, tu m'aurais appelé "mon amour viens viens viens là, tu me manques déjà" et revenant tel l'hippocampe auprès de toi, nous aurions entamé un nouveau voyage comme deux amants sur la lune dans le ciel du jour éclatant.
Juste suivre le mouvement, être conscient de ça.
Et ça, l'échange, c'est plus fort que toi, jurée, irréfragable !!
"Creuser la boue, cueillir l'étincelle" disait Andrée Chedid solaire et inquiète. De l'intime au lointain...
C'est insupportable de ne plus t'entendre.
C'est insupportable de ne pas être reconnue.
C'est insupportable de vivre cela.
J'attends ton rayon vert. Et même si je ne sais plus très bien ce que je fais ici, j'y suis, alors j'y reste encore un peu.
Nous avons tant besoin des autres pour nous assurer que nous valons la peine d'exister.
Mais de muse à muselière, il n'y a qu'un pas.
Je me demande si les saules pleureurs meurent de chagrin. Si de se sentir si laide dans les yeux d'un homme empêche d'être belle à jamais. Il fait très froid tout à coup.
"Aucun cadran n'affiche la même heure.
Aucun amant ne livre la même humeur."
Et puis je vais t'écrire un dernier truc, tout ça c'est du pipi de chat, ça vaut rien, que dalle, tout le contraire de l'insénescence. Des mots, des paroles, du vent. La seule chose qui compte en l'état, c'est d'accorder ses actes avec ses pensées. Faire ou défaire. L'affaire étant défaite, reste à refaire ou disparaître.
Il te suffit juste de me l'écrire, lettre morte en quelque sorte, et au désespoir, passer son chemin pour d'autres contrées moins hostiles.
Il est des vertes vallées que même toi ne peut mesurer ni emprisonner.
Perdre c'est grandir, hélas dix mille fois...
- j'ai même oublié de te demander où tu as trouvé de si beaux yeux -
↧