Il est des saines colères, je nose pas dire des saintes colères car la colère redoublerait probablement. Cest tout lintérêt de lélection présidentielle, tout lintérêt de ces micro-candidats qui ne sont pas connus mais qui ont pourtant des choses à dire, et cest vrai, jai pensé que ce quils disent aurait pu être dit par dautres, dont laccès aux médias est plus facile.
Le lundi 16 avril 2012 en fin de soirée, il y avait un "Mots croisées", lémission dYves Calvi sur France 2, assez particulier : cest la première fois et la seule fois quil y a un débat (un vrai débat !) entre les dix candidats. Les cinq premiers candidats ont dédaigné le jeu mais pas les cinq autres. Ainsi, Nathalie Arthaud, Jacques Cheminade, Philippe Poutou, Eva Joly et Nicolas Dupont-Aignan ont fait le déplacement (les autres se sont fait remplacés).
Au bout dune petite demi-heure de débat, vers les vingt-trois heures, est venu le sujet de limmigration. Franchement, qui trouve que cest le sujet prioritaire numéro un en France ? Javais fait part dun excellent reportage sur "Soir 3" qui montrait que limmigration a fait revivre un petit village de Calabre.
http://www.pointscommuns.com/lire_commentaire.php?flag=L&id=102411
Dupont-Aignan a eu quelques mots intelligents en disant quil nexiste pas dimmigrés mais des étrangers ou des Français, quelle quen soient leur origine (en revanche, ensuite, ça nallait pas très bien).
Après le papotage du représentant de la marine nationale, voici que Nathalie Arthaud est sortie de ses gonds, et avec raison. En disant qu'elle en a marre qu'on les montre du doigt, les immigrés, qu'ils ont déjà beaucoup trimé et on leur dit qu'ils sont de trop et qu'il faut se barrer.
Et elle est partie dun truc très concret. Elle a dit que les étrangers, on est bien content quil y en ait, dans les entreprises automobiles, du bâtiments ou même de lentretien. Et elle a demandé aux autres invités sils ont remarqué quelques minutes avant le début de lémission quelle dame avait balayé le studio. Bizarrement pas vraiment franchouillarde.
Elle a alors tout lâché : les immigrés ny peuvent rien de tout le malheur des Français. Hélas, ensuite, en défendant les immigrés injustement boucs émissaires de certains, elle a ciblé dautres boucs émissaires, les sales capitalistes alors que le réel problème, cest quon est bien incapable de vendre correctement à létranger notre excellente valeur ajoutée. Le riche ny peut pas plus que limmigré. Ce quil faudrait plutôt, cest se mobiliser pour léducation (surtout les langues étrangères), pour linnovation et pour le commerce extérieur.
Cela dit, cette colère ma paru très saine. Cétait la première fois que je voyais quelquun dire correctement ce que je pensais : immigration, faux problème, en somme.
Et cela me fait sens avec un vieux reportage fait en préparation des élections législatives de mars 1978 où Le Pen père était filmé un soir chez lui autour dune table. Bon vivant, nhésitant pas à faire de lhumour et à chanter, il est passé à un moment du dîner à du brain-storming. Il avait dû faire dans les 0,7% à la présidentielle de 1974 et il voulait monter un peu ; cest là quest né le thème de limmigration avec des phrases du genre : je crois que ce sera un thème porteur, les communistes commencent à protester contre les immigrés qui prennent le travail des Français, etc. Toute lhabileté du populiste homme politique à dénicher les vraies cacas qui sentiront encore après plusieurs décennies.
Bref, ce thème navait rien didéologique, juste un belle tarte à la crème électorale. Qui a excellemment bien marché jusquà atteindre le second tour dune présidentielle et près dun électeur sur cinq.
Apparemment, trente-quatre ans après, la tarte à la crème fonctionne toujours aussi bien. Merci Naty de ce coup de gueule !
Épisode précédent :
http://www.pointscommuns.com/c-commentaire-lecture-102369.html
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