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Ponyo sur la Falaise par Gaiainhesky

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S'il est bien quelque chose de peu ordinaire dans le cinéma de Miyazaki, c'est sa capacité à nous catapulter de notre strapontin de cinéma non pas jusqu'à l'écran, ni même dans un quelconque univers diégétique, mais rien de moins que jusqu'au ciel. Au firmament où brille la plus belle étoile qui soit, la plus scintillante, celle qui guida naguère les Rois Mages jusqu'à Bethléem, celle encore qui nous révère, dans nos nuits les plus obscures, toute la munificence du monde. Cette étoile n'a rien de réel. Pourtant sa lumière suffit à mener tous les navires à bon port, toutes les muses à leurs poètes, et l'âme-soeur aux doux rêveurs. Cette étoile que constitue le Rêve. Ponyo ne constituera pas l'intrus dans la filmographie de Miyazaki. Il est certain que des grands Maîtres, nous attendons de grandes oeuvres, et qu'aux fanatiques de cet illustre réalisateur natif du pays du soleil levant, l'erreur n'est pas Miyazakienne. Il est vrai cependant que Le château ambulant (2005) aura pris les traits pour certains puristes d'une cruelle déception (avis que je suis à des lieues de partager, tant me paraît puissante la valeur symbolique du récit), néanmoins il semble bien que le nouveau chérubin du Maître fasse l'unanimité cette fois. Un passage tout particulièrement m'a fortement marquée : lorsque dans Ponyo, l'enfant et la mère attendent dans leur maisonnette la passage du bateau sur lequel le père de famille est capitaine (par conséquent toujours absent) et que celui-ci communique avec eux par le biais de signaux lumineux, afin de leur transmettre tout son amour. Vous me jugerez sentimentale sans doute, et vous n'aurez pas tort, mais ce passage particulièrement m'a semblé d'une grande justesse. La nuit est tombée . Mère et fils sont si proches que cette union sacrée ne fait que renforcer le manque de figure paternelle. Dans cette intimité presque douloureuse tant elle leur semble naturelle, et si joyeuse malgré tout, plane le sceptre de l'absent. Que l'on suppose fantôme, ombre passante d'un bateau. Qui prend pourtant tout l'éclat d'une lueur fendant l'obscurité pour embraser le ciel, embraser le fils et la mère. Pour que se comblent les années perdues. Pour attirer les regards de la maisonnette vers la mer, vers le ciel où continue de briller inlassablement l'étoile du rêve. Ceux qui se réalisent. Et c'est dans cette demi-place au sein de la famille que se glisse un demi bout de fille, Ponyo, hybride de poisson à visage humain. Cette sirène moderne n'est pas sans rappeler l'histoire du prince Blub et de la sirène de Pierre Gripari, ainsi que celle d'Andersen. Comme cette dernière, elle est menacée de devenir écume, le jour où Sosuke cesserait de l'aimer. Il est difficile de s'empêcher de percevoir ces battements de coeur, de ne pas compter, ainsi que Ponyo, les secondes d'éternité que constituent ces moments de tendresse partagée. La crainte de voir Sosuke "chausser les palmes" de son père s'accroît, durant le film, légitimée par les plans qui campent l'enfant fasciné par la mer, par les bateaux (le bateau-bougie miniature), sa connaissance du code de communication fluvial, et finalement concrétisée par le geste symbolique de Sosuke coiffant la casquette de capitaine, réplique exacte de celle de son père. La fin cependant semble contrarier cette destinée préprogrammée : l'enfant accepte Ponyo dénuée de ses pouvoirs magiques, ayant choisi par amour de devenir humaine. Il semble finalement que Sosuke n'était point destiné à conquérir les mers, mais le trésor qu'elle renfermait.

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