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Ecoute la voix du vent ... par Botticella

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Tu me trouveras peut-être Au bout de cette route argentée Qui tremble sous la soie des neiges de l’enfance J’y suis accrochée à l’étrange Assise sur une roche Sous les rayons de lune qui effacent l’aurore Regarde Je suis enracinée au fond de ces nues du hasard Où les blanches libellules se mêlent au crépuscule Qui déteint sur mes mains Tu me trouveras peut-être Au fond de cet univers trouble qui s’embrase soudain Dans cette chaleur des nausées Sous le satin des sables du souvenir d'opale Mirage de nos coeurs où se brisent les songes On y entend gémir la vie qui ruisselle d’absence Là où germent les âmes égarées en chemin J’y suis crucifiée Recouverte des voiles incertains de l’attente Et je frissonne sans cesse D’un vent fou et glacial qui me rend éternelle Regarde Mes ailes sont délicates Elles baignent dans la mer Qui m’a offert ses vagues translucides et rebelles Mon corps s’y est couché dans leur froideur pulpeuse Mais la couche est si belle en ses dragons d’écume Là s’élèvent les clameurs Tu me trouveras peut-être Au bord de ces falaises D’où s’échappe le temps qui vomit sa misère Tu verras les brumes vertes qui recouvrent ma nuit Dans ce silence profond indécent et charnel Où le vertige s'égare aux portes des langueurs Regarde La mémoire est nocive parfois dans son regard Je me suis évadée de tous ces grands carnages qui me barricadaient J'ai couru sous l'orage pour m'éloigner très vite de la mélancolie qui déchirait mon corps J'ai laissé des lambeaux de ces fibres trop molles cramponnées au faciès du désespoir mystique Le bal froid de l'absurde déployait tous les vides J'ai tué le néant en découpant l'espace La sagesse est trop fade Liquide inconsistance d’une momie blafarde Il fallait affronter les spectres terrifiants Pour savoir que l'enfer attend les lentes détresses Je me suis apaisée Tu me trouveras peut-être Au fond de ce jardin Où tu m’as aperçue avec les sortilèges Baignant dans les hautes herbes brûlantes de sève acide Entourée par le vent Et les poissons de roche qui roulent d’impatience Au tournant du mystère Là s’enracinent les prières sur cette terre d’écorce Regarde Je suis tombée au fond du puits Dans ce lac de bleuets où mes yeux ont déteint Je nage sur un gazon d’épines parfumées Et de fleurs d’ébène au goût de giroflée Ma chevelure s'éparpille Dans ces lianes de sucre du chèvrefeuille en fleurs Où je bois l'espérance Mais si tu veux me trouver Il faut vaincre Le hasard et les naufrages profonds Il faut vaincre La transe du souvenir et l'étrange qui vacille Il faut vaincre Le vide et les ombres qui tremblent Mais si tu veux me trouver Tu dois prendre la route Qui étincelle sous l’or des sources de l'aurore Lorsque surgit la métamorphose Dans les bosquets de feu où des genêts rutilent Mais si tu veux me trouver Écoute la voix du vent Qui a dit aux étoiles Qu’il te faut m’enlever dans le secret du soir Au creux de tes bras élancés d’immense oiseau sorcier Mais écoute le vent Qui a dit à la mer Qu’il te faudra ôter tes écailles d'argent Étincelantes la nuit mais dévorantes le jour Cassantes de leurs fibres d’acier Qui nuisent à la flamme de ma chair de mousse Au parfum d’abricot de framboise et de musc Mais écoute le vent Qui dira à ton âme Qu'il te faut revêtir ta peau de saltimbanque Où brille ton regard tendre Et tes ailes de feu Qui cherchent cette amazone aux seins et aux pieds nus Dansant sous la lune pâlie Mais écoute le vent Qui a dit aux forêts rutilantes des dunes Qu’il te faut m’emporter Loin des océans gris sans chaleur et sans fond Et caressant mon coeur en mon âme noyé Qu'il te faut déposer mon corps et mon esprit au port des songes lustrés Où nous attend drapée en sa beauté suprême Comme les déesses amantes de l’Olympe sacré La lumière silencieuse d’un amour infini Mais si tu veux me trouver et m'aimer Écoute encore la voix du vent ... Botticella

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