Au milieu dun pré, un jour, jai vu une île,
Là, sous la voûte, un champ détoiles que le ciel
Triste nimbait ; la nuit dessinait un asile,
Comme un ciboire offert au « sang » sacrificiel.
Un chien pouilleux léchait dans leau dune ravine,
Létoile du matin allongeant ses drapés.
Les pieds nus sur le sol humide, une gamine
Tisonnait un cerceau aux tons bruns et râpés.
Jouet de quatre sous des gosses que la pluie
Habille et porte au nid douillet où loisillon,
Siffle les mots joyeux sous la peine enfouie,
Plus haut que son malheur et moins que le grillon.
Mâchonnant sa chanson, une fleur à la bouche,
Assis sur un cageot et le regard mouillé,
Un feu comme un joyau, un vieil homme, un manouche,
Etalait ses chicots à lenfant barbouillé.
Non, il ne pleurait pas, aucun rebond, les flaques
Frissonnaient sous le vent que souffle Salomé,
Entre les chariots, les arbres, les baraques,
Son bouton dor au bec et son cur abimé.
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