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Vivre à en mourir. par Barioline

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Il y a des jours ou vivre te fait peur. Ces jours-là sont rares heureusement. Mais ils ne sont pas assez rares pour que tu puisses les ignorer. Tu as bien essayé quelques fois de les ignorer. Tu les as traités par le mépris et tu t'en es mordu les doigts. Ces jours là, marqués par ton mépris, t'ont laissé sur le tapis. K O couché. Heureusement pour toi, tu as toujours réussi à te relever. L'arbitre était en congé, ou bien le tapis était d'une épaisseur hors normes, ou bien il y avait tant de monde que personne ne s'est aperçu de rien. Tu sais pourtant que le mépris n'est pas ton affaire. Tu dois te préserver, te protéger sur ta droite, te protéger sur ta gauche, te protéger de tous les côtés. Ces jours là, ton affaire n'est certainement pas mépris mais prudence et patience. Tu restes sur place, tu ne bouges pas, tu fais comme si de rien n'était. Tu avances à terrain couvert, mine de rien ou mieux encore, tu n' avances pas. Tu ne bouges pas, tu campes sur tes positions, tu vis au ralenti, tu fais du sur place. Tout plutôt que de t'aventurer ces jours-là à avoir une idée, un projet, un espoir, une attente, un rêve. Pas question non plus ces jours là, de prendre une décision, de faire un choix, de donner une réponse, de poser une question, d'envisager une solution. Ces jours là tu es invisible, tu te replies sur toi-même, tu te fais oublier. (A supposer que quelqu'un se souvienne de toi). Tu es au fond du trou et tu y es restes. Tu sais très bien le faire. Rien ne vient, rien ne t'atteint. Tu t'habitues à la pénombre, tu t'effaces dans ton coin, ta crasse gagne du terrain. Tu commences à être bien. Ta crasse est tiédasse, épaisse, tu peux t'enfoncer à loisir, te recroqueviller. C'est ta crasse à toi, tu la reconnais, tu t'y complais. Son odeur est ton odeur, une odeur de moisi et de pourri, c'est de plus en plus fétide, c'est malsain … tu es bien. Tu te sens , enfin, dans ton élément. Tu as, enfin, trouvé ta place. Ici tu vas ramper, rejoindre la vile population d'en bas. Tu vas te vautrer, te souiller, te rouler dans la fange. Tout le monde passera sans te voir, sans t'entendre.( A supposé que tu dises quelque chose.) Tu n'auras plus rien à faire, plus rien à dire. Tu n'auras qu'à attendre sans attendre, espérer sans y croire, tu flotteras entre deux fluides putrides, tu bougeras à peine, tu seras au bord de la vie, au bord de la mort. Ta mort. Il y a des jours où vivre te fait bonheur. Ces jours-là sont nombreux heureusement. Ils sont suffisamment nombreux pour que tu les salues avec respect, gratitude ou reconnaissance.Ces jours-là, pas le moindre arbitre, pas trace de crasse. Ces jours-là tu veux tout tout de suite, tu souris dans ta barbe, tu guettes le moindre faux-pas,tu inspectes les travaux finis, tu règnes en maître, tu sors le grand jeu. Tout le monde te veut et ça tombe bien parce que justement, ces jours-là, toi aussi tu veux tout le monde. Autour de toi la liesse bat son plein, les saluts à la joie fusent, les feux de la saint-jean flamboient …. tu te sens bien. Tu peux prendre ton envol, construire des cathédrales, écrire des opéras, entendre des voix, rompre le pain, boire un verre au soleil, t'assoupir devant la cheminée, faire un sort à la fée Carabosse. Tout ça tu sais le faire et tout ça tu le fais bien. Rien à dire, rien à changer. Tu n'as plus qu'à continuer, à te laisser surprendre, à te laisser porter. La vie est là, qui te tend les bras. Ta vie.

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