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Jai couché ces dernières lignes longtemps après (je ne couche jamais avec mes lignes dès le premier soir).
Je nai pas pu sur le moment, il a fallu que je remonte la pente.
Je vais faire court : la soirée se déroula merveilleusement.
Connivence immédiate : elle eut la même mésaventure un an plus tôt dans un colloque : couic aussi.
Le genre de coïncidence qui vous cimente une complicité inextinguible.
On a ri, mangé, bu plus que de raison, badiné.
Des signaux furent échangés : notre biosphère semblait viable, il y faisait doux.
La demoiselle me souriait : elle nétait pas difficile.
Au sortir du resto, après avoir repris ma démarche de grand-ouest, à balancer sur des équilibres périphériques, comme jaurais dû my attendre, clac, couic, crac, la tuile
lentorse, à ne plus pouvoir poser pied à terre : la cheville droite sétait barrée en sucette (je les ai fragiles ; elles enflent facilement).
Elle, prévenante, adorable : « Faudrait mettre de la glace »
Cétait le signal, lopportunité : «Tu as raison, jai si mal
suis pas loin
je vais tenter de rentrer
»
« Tout seul ? Je vais te remorquer
Aller Abi, prends lappui »
Alors je lenlaçais pour quelle me ramène doucement, et même un peu tendrement je crois bien.
Je fermais les yeux, je ne sentais plus rien
que son parfum
joubliais tout.
Mes clés, 2 tours de serrure et là !
Dabord les relents de décomposition : les bries, les miasmes du chien Garbure !...
Je sentis un mouvement de recul
Puis la vue, lamoncellement, les godillots immondes, les chaussettes, le futal: une aquarelle immense qui semblait peinte à la matière fécale
Incrédulité étouffée, quelques pas en arrière
puis la cavalcade
Elle se barrait fissa sans demander son reste !
Alors quelle devait déjà être au niveau du local poubelle jai eu encore la présence desprit de lui hurler :
« Tu ne veux même pas emmener une bonne part de brie ? »
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Voilà c'est la chute ... merci de tout coeur à ceux qui ont tenu le coup jusqu'ici... Au fait ? Vous savez quoi ? Les chaussures : je les ai foutues à la benne
Ite missa est.
Reste maintenant à taper l'épilogue en bouclant la boucle. La boucle des lacets de chaussures qui firent couic :
« Dans un bon mois je men retournerai au domaine dAndouilly, finir la pose des dernières bornes. Je ne ressemblerai plus au citadin cravaté que je fus et messire Noé nen aura pas plus cure.
Le déluge aura cessé depuis des millénaires, mais, sait-on jamais, je suerai sous un gros ciré breton la canicule de juillet tout en caressant sur les flancs de neuves et inutiles cuissardes. »
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