Mon vélo sur mesure,
Je voulais vous parler de mon vélo sur mesure. Longtemps, faute de moyens financiers, je me suis contenté comme presque tout le monde, dun vélo de série. Vous remarquerez que je dis vélo, et non bicyclette. Mon ami Antoine Blondin (texagère Sentier, Antoine Blondin na jamais été ton ami) donc Antoine Blondin disait : la bicyclette, cest pour faire les courses et le vélo, cest pour faire la course.
Donc jen reviens à mon vélo sur mesure. Il fallait que mon rêve se réalise. Je ne supportais plus de rouler sur un banal vélo.
Un ami, spécialiste de « La petite reine », me conseilla le nom dun grand vélociste, oui Mesdames, Messieurs, on dit vélociste.
Je me rendis chez celui-ci. Dans le cadre de son activité, il me reçut à guidon ouvert. Avant de choisir pièces par pièces les éléments qui allaient constituer ma machine, il mindiqua quil fallait dabord quil prenne mes mesures, un peu comme chez un tailleur.
Sans problème, je me laissai mesurer sur toutes les coutures. Je voyais que cet homme était consciencieux et méticuleux. Il notait chaque mesure prise. A cet instant, je comprenais tout le sens de « vélo sur mesure »
Tout se passait bien, jusquau moment ou un trouble sinstalla : Mon interlocuteur me demanda décarter les membres inférieurs, afin quil puisse prendre précisément la hauteur de mon entre jambes. Cest vrai quà ce moment-là je fus troublé. Il ny avait pas une demi-heure que je connaissais cet homme quil en était déjà à mesurer mon entre-jambe. Ceut été une vélociste que jaurais pu comprendre, mais après avoir repris mes esprits, je compris que cétait pour la fabrication de mon cadre de vie.
Après quil eut pris toutes les mesures pour la fabrication du cadre, nous passâmes ensuite au choix des différentes pièces qui allaient constituer ce vélo. Il insista beaucoup sur les roues. Je comprenais quil en connaissait un rayon. Ce nétait pas un de ces déjantés comme jai pu en rencontrer. Après moult conseils, joptais pour le modèle qui assure le plus de rendement. A savoir, la roue équipée dun pneu qui touche directement le sol lorsque le vélo avance.
Concernant la selle, il me conseilla de la positionner sur la tige de selle, elle-même rentrée dans le tube verticale du cadre. Il mindiqua que le tube de direction, lui, recevrai le guidon et il insista beaucoup sur le fait de ne pas mettre la selle à la place du guidon et le guidon à la place de la selle. Ceci de manière à ne pas être obligé de pédaler, assis à lenvers, alors que le vélo irait de lavant. Jespère que mon explication vous parait simple. Je réalisais à quel point cet homme était guidé par le bon sens.
Mon vélociste, sachant que je pratiquais le cyclotourisme, me conseilla aussi pour le choix du sac de guidon. Il me fit larticle sur un modèle étanche qui serait plus pratique mon manger ma soupe tout en roulant. Cest là que je me rendais compte que lindustrie du cycle avançait.
Il était maintenant possible de consommer son potage sans descendre de vélo. Une avancée considérable pour les amateurs de « la petite reine »
Le pédalier fut aussi choisi avec soin. Après une mure réflexion. Joptais pour le modèle où, quand une pédale est en bas, lautre est en haut. La chaîne fut sans maillon faible. Les plateaux à lavant furent en dents de 39 45 et la roue libre dun modèle plus ancien de 14 18.
Pour le guidon, mon choix se fit sur un cintre en aluminium fixé sur une potence de marque « Bernard » non, je voulais dire de marque « Pivot »
Il fallait aussi choisir les freins. Jaimais trop la musique pour ne pas choisir des freins à disques, tant à lavant quà larrière. Ils seraient actionnés par des câbles passant à lintérieur du cadre, un peu comme les veines qui passent à lintérieur des guiboles.
Restait léclairage. Un générateur placé sous le pédalier alimenterait, à lavant un far breton, et à larrière, un merveilleux lumignon, que je choisis rouge, puisque cétait la couleur à la mode.
Enfin, les gardes boue seraient en matière de synthèse pour être plus lights
Ainsi, dans mon esprit, ma future machine prenait forme. Il ne restait quattendre que mon vélociste la monte.
Ha ! Un dernier point. Nous navions pas parlé de la couleur. Là, il ne voulut pas me donner de conseils. Ce serait mon vélo, je devais y apporter ma note personnelle. Je choisi un émaillage vieux rose et des chromes sur la fourche de direction et le hauban arrière droit, histoire que si la chaine sautait, le cambouis était facilement essuyable. Mais cher Monsieur le vélociste, la chaîne na pas à sauter sur un vélo sur mesure.
De lemail et du chrome
et que ça brille bordel !
Six mois que jai attendu pour que soit enfin monté ma machine par cet homme de lart si demandé. Six mois dimpatience. Un jour que je lui téléphonais pour lui dire mon mécontentement, il me répondu : « Vous rêver de ce vélo depuis vingt ans, alors vous nêtes plus à six mois prêts »
Cest quil ne faut pas les brusquer les grands maîtres spécialisés en vélos sur mesure.
Enfin, le grand jour arriva. Je pus enfin prendre possession de ma machine rutilante. Le soir même, je la chevauchais pour une randonnée en Marais Poitevin.
Au retour, nous étions tellement heureux, inséparables, elle, elle avait un compagnon, moi
« une petite reine », que nous passèrent la nuit ensemble. Non, non je vous rassure, elle, au pied de mon lit, et moi dans mon lit douillet
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