COUPABLE !
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Il y a sept jours quils mont condamné, à peine le temps quil a fallut à Dieu pour jongler avec ses pièces multicolores de jeu de construction
La vraie différence, avec ma pauvre poire, cest que le Grand Miséricordieux sest offert une sieste universelle, après sa connerie récréative
Pour moi, dormir na plus de sens ! Du moins je ne le situe plus.
* * *
Glang ! GLANG ! Toujours ce même bruit du maton, monotone et gourd, qui senchaîne péniblement aux grilles, constituant le sol de la prison. Lheure du courrier - 14 H 30 tapantes nous annonce nos jamais souvenirs et larrivée sans fanfare de cette face de fion, pondu une nuit de démangeaison en deux minutes, par de braves gens sans avenir ; jai nommé : La Défroque ! On lappelle ainsi, parce quil ne se passe pas un jour sans que sa chemise bleue réglementaire ne pendouille de son bénard trop court.
Oh, il y a si peu à dire contre lui ! Cest un quidam quon finirait par aimer sil ne fallait pourrir en taule. Il ne nous emmerde pas et, parfois, ne rechigne pas à tailler la bavette. Disons quon se sent mieux quand il tringle Bobonne, au fond de son F1, loin de nos miches !
Faut comprendre ! Labsence de cerbères sajoute à lévasion des soirs venus
Lorsquon est enfermé, lobscurité avive lesprit, déchaîne le miracle de percer la tristesse figée à nos trois murs paysagés. Le taulard est enferré à eux, tout le jour, sans quaucunes de ces toiles maussades ne séclairent de vos rêves dhorizon
Comme pas mal de détenus, je nai jamais ni lettres, ni colis. Personne na plus rien à faire de moi ! Les potes, cest génial tant que vous nêtes pas un poids ou une faute de goûts collés à leur mesquine image. De toute façon, même mes vieux manquent de savoir-vivre et me prennent pour le dernier des tarés, sauce Charles Manson !
Fidèle à son habitude, La Défroque plante sa carcasse devant les barreaux, puis leste de deux ou trois mesures ses yeux de cocker, finit en aspirant une bouffée dair carcéral et, dans une conversation plus proche du monologue que du dialogue, se lance dans son trip. Nathalie est son sujet préféré. Et il nest pas très dur de se rendre compte quil peut parler pendant des heures de sa Nathalie. Son sujet le passionne, un peu comme si son existence navait dintérêt que dans la thèse, quil poursuit depuis vingt ans, et qui petit à petit, doit être considérée comme luvre de sa vie. Il faut le voir, une gosse devant un Boys Band, un doigt entre les cuisses, pareille à mon foie devant une mer de whisky, pleine de poissons-blondes et de coraux sans filtre
Ce qui métonne, sans me rassurer, cest quil me parle damour : depuis vingt-trois ans quil connaît sa moitié, il continue à en être amoureux. Son il sillumine comme celui dun môme. Sa bouche grimace denvie de rire. Il ne tient plus en place. Simplement en y pensant, il jouit du bonheur
Il laime !
Jaurais du le voir venir et lenvoyer se faire foutre au sud de nulle part, ce mou duniforme ! Il était clair, quà force de lécouter sextasier sur son petit couple, je méchouerais sur les rives maudites de mon passé.
Jamais tranquille ! ! !
Cétait il y a trois jours, et il ny avait toujours pas de courrier pour moi. Comme dhabitude, le silence subit la connerie de lhomme qui na rien à dire et sen va en pleurs ! Je ne vois pas pourquoi on condamne la pomme originelle ! LErreur centrale sinscrit dans la création du binôme. Déjà là, on lavait dans los ! Quel clown le vieux Barbu ! LHermaphrodite ; ça cétait lavenir ! Et pas quun peu, pas de guerres en Eden, et encore moins de Grand Rouge en béquilles.
Allons ! Que tout homme se plonge dans la fontaine de la naïade multi sexe, et cesse de me faire chier !
La Défroque ne se doutait même pas du mal quil me faisait à triturer le dernier électrochoc de mon palpitant. Cette sale histoire, qui ma valu la maison darrêt, et qui dans deux minutes, allait crever entre deux barreaux dacier plantés dans la porte dune cellule grise.
* * *
Son petit nom, cétait Vanessa, à ce que racontaient les journaux. Jen étais fier, jamais jusqualors je navais espéré sortir avec une fille aussi belle. Sa beauté sadonnait à son mystère avec la plus distinguée maestria. Lart quelle mettait à ce prestige mépatait de jour en jour. Mon sommeil relevait de mes souvenirs
Avant elle je connaissais déjà ma fascination pour le mythe de la grande blonde délicate. Ne layant encore rencontré, je nen pouvais concevoir lultime réalité.
Comment expliquer à ce crétin de taulier le pouvoir quexerçaient sur moi ses océans dyeux bleus ! La trogne béante de ce débile gobait les mots de mon récit comme un python des ufs
Devant elle naissait ma cécité, son regard marrachait le droit de voir. Mon âme sy réchauffait, roulée dans le sable chaud des infinis plages qui habillaient le petit paradis de son iris. Je laimais, et pour elle réinventais le mot aimer. Mais lhomme nest pas sur terre pour aimer à ce degré. Un tel amour nexiste que dans les mains de Dieu. Ainsi ma passion superlative minterdisait la bonhomie. Lui parler métait impossible. Chaque nuit mon amour mûrissait, tandis quelle ne saisissait pas le pouvoir de mon immobilité. A chaque perche quelle me lançait, je me défilais de trouille
Aujourdhui, je ne peux plus briller en son astre, seul me reste à combattre mon désespoir, armé daigreur et daliénation sociale !
* * *
Lenterrement a eu lieu hier à quinze heures
La tête contre un mur, jai pleuré. Le ciel pleurait et lopinion sortait ses mouchoirs.
Lenquête, plus longue que prévue, avait retardé linhumation de deux jours. Faites la une ! Et les flics et la tourbe vous considéreront toujours comme plus inhumain que vous ne lêtes, ce qui les poussera à vérifier et revérifier, dans lespoir morbide de retrouver des traces ou motifs suffisants, afin de faire de vous le monstre, le nouveau Parangon de labomination. Je voulais assister à la cérémonie, mais ils avaient refusé. Cela faisait de moi une bête de cynisme. Le directeur me le fit payer en me retirant la télé et la radio, mes seuls sens alors capables de suivre les obsèques de Vanessa
Dans sa boîte, jarrivais à laimer encore ; la simple vue de son bois maurait satisfait
Qui sont les brutes : les monstres ou le pouvoir de lopinion ou de linstitution ?
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Lorage tonnait et le tonnerre grondait, cétait un de ces soirs à ne rien espérer ! Dehors, les néons denseignes multicolores secondaient léclair tranchant, au cur de la tragédie urbaine. De plus en plus, en animal affolé par la puissante nature, la populasse se terrait grouillante dans ses foyers. Quelques âmes égarées, romantiques, traînaient sur la place leur carcasse reflétée dans lindifférence par les pavés mouillés
Ce spectacle résonnait en flashs imagés, projetés sous le vice de ma caboche. Jétais si désoeuvré que je minventais le metteur en scène de la vie. Chaque élément se dessinait et se coordonnait selon lhumeur du moment. Et je me rendais compte quil métait peu difficile de mimproviser petit dieu de lexponentiel microcosme de mes pensées
Mais quelles possibilités davenir peuvent bien se dresser pour ce douloureux petit monde ?
Il était plus de 20 H 30. On était mercredi, javais froid et entrais dans un tabac.
Mon attention fut attirée par deux mains qui sagitaient nerveusement autour de photocopies, quun sauvageon trombone se piquait à essayer dassembler. Ces mains saffligeaient de la plus drôle des gaucheries, puisquelles avaient lair de se battre chacune sur un terrain quelles protégeaient de leur envahissante sur.
Jamais je navais vu plus belle uvre que ces mains. Narcisse avait du souffrir en offrant sa chair au Pygmalion génial qui les sculpta. Leur jeu muet mhypnotisait. Je devais rencontrer la porteuse de ces miracles
Il me fallait percer le mur de ses longs cheveux enflammés, my ressourcer. Rien ne mempêcherait de couler sur son onduleuse cambrure. Jémergerais à sa vue.
Jattendais quelle paye.
* * *
Entourée des autres, la solitude dépeint ses abysses. Le néant parvient, en grand Inquisiteur, à vous submerger. Noyade
Juste un visage familier. Simplement, un regard amical ; rien, pas despérance possible, seule lincandescence dune fidèle cigarette semble me réchauffer. Le désarroi imperceptible me broie en cet instant de dépit. Je suis infesté par mes angoisses les plus instinctives. Ma tristesse, mon Erreur !
Vers une heure, je buvais, trop peut-être ! Non, jamais trop ! Je métais réfugié dans une boite minable. Le bar avait lair dune rivière de glaise ponctuée de tâches brunâtres. Une lumière rouge massommait de sa passion. Jétais seul, comme dhabitude, à boire comme un con ! Un jeune con qui se sentait vieux et sale. Autour de moi, sentonnait un pauvre brouhaha froufrouteux
vide. Lunivers dans ce quil y a de plus nu. Je crevais mais je laimais ma Vanessa, comme lordure qui mavait pris en possession. Je laimais sans jamais pouvoir le lui dire.
Lautre lattendait. Cétait une pétasse à forte qualité callipyge. Jai arpenté le bitume derrière leur nuage rose pendant deux plombes. Depuis cinq jours je les suivais comme un amant jaloux, bouffé bien plus par son cur que par ses couilles. Elles se foutaient bien de mon stratocumulus.
Deux heures à ruminer ma rage, ce soir là, suffirent pour laimer à jamais. Déjà, le macadam se dérobait. Javais à men débattre, men échapper. Elles, le goudron ne les reniflait pas ! Mais moi
Prendre la place de cette poule devenait mon objectif. Vanessa était à moi ! ! !
Après que cette salope lui ait récuré la gorge à grand coup de langue profane, elle se retira, et Vanessa sortit sa clé pour rentrer chez elle.
Le quartier de la cathédrale mavait depuis longtemps impressionné. La nuit, son atmosphère baroque convenait parfaitement à la situation qui devait arriver.
La lune mabandonnera sa pitié.
Encore une fois, mon regard plongea sur son corps. Il me renversait lâme, mes sens se perdaient au cur de ses angoisses, que je ne connaissais même pas. Mais il me semblait les ressentir. Javais pu palper la honte de sa différence sexuelle de sa destinatoire maladie
En ma chair pointait comme le dégoût de mon instinct jalousement obscène.
Où en étais-je de mes pensées ? Homme, que désires-tu dans la chaleur de ta queue ?
Son champagne jaillissant dexistences en émoi, ou peut-être ne dis rien !
la foi dun plaisir inacceptable aux vues des bonnes murs
Je navais dès lors dautre choix que de lui avouer mon AMOUR. Pareil aveu métait possible quen la reconnaissance dapparaître dans ma définitive peur, sous le visage du monstre ! Je ne doutais plus de cette solution.
Lensemble meurtrier se socialise dans lunisson de lanatomie. Il te faut jouir, puis pleurer ; par ce râle, tu découvriras ta pleine carnation. Pas de honte, jamais ! Sinon, gare à lerreur qui prendra vie en toi, finissant par muer en un ver incurable
Lui, elle, nous, je, tu, il, moi : qui étaient-je-tils ?
Rien, monstre dAvanie ! Un cri de survie voilà tout ! Il nous faut être à nous même, sans honte,
nos propres réflecteurs.
Ses derniers mots avaient retenti dans ma tête, fusant de paroi en paroi, aux quatre coins de la cathédrale de la vie et de ses hasards. « Pour le meilleur et pour le pire ! ». Je les entends parfois au fond de ma cage. Le docteur ma expliqué que ça passerait. Une pilule midi et soir. Au sein de ces murs, tous peuvent y entrer : anthropoïde, bête, plante, objets matériels et immatériels. « Pour le meilleur et pour le pire. ». Ce furent les ultimes paroles de ma victime. Ses yeux, avant de mourir, avaient étincelé de fragilité, et de partout sétaient envolés, en une sainte confession de couleur, pétales de roses, violettes et orchidées. Partout, leffluve de lamour contre nature, du réel à lirréel, avait angoissé et pénétré mon cur denvieux
Pour ma folie, je lai bénie, lui brisant la nuque sur le trottoir dune ville dont le nom, désormais, mutilait la légende de lhétérophonie.
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La Défroque poursuivait sa tournée en songeant à Nathalie
Mon histoire, il sen foutait, je nétais quun malade sanguinaire de plus ! Mon crime, lopinion des bien pensants loublierait. Il serait temps de sacharner sur un autre monstre.
Pour ma part, je devrais savoir si jétais lui, elle, ou un individu se révélant dans la symbiotique paradoxale des deux sexes. Je savais désormais quils existent, eux les anormaux du cur. Pourrais-je les regarder ? Pourrais-je madmettre si josais me dévoiler à moi : celui quon ma appris à être
Quête identitaire, mon camarade de cellule maidera. Pour changer, je laurais dans le cul ! Cette fois, je lespérais.
Sur le mur, jai gravé VANEsSsA, avec trois S. Je suis suspendu à lun de ses esses afin de me souvenir de mon acte
de boucher
Vole papillon !
Vole.
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