Je suis allé chercher mon frére au train. Il avait encore cette grande gueule lachée sa vindicte sur deux controleurs, la serveuse du wagon-bar, une petite vieille et trois adolescents aux cheveux longs.
Un phénomène mon frangin. Toujours en boule. A trouver les autres moches.
Et lui il est beau ?
Non.
Il est con et mème pas beau.
Mais c'est mon frère. Alors je vais le chercher au train...je l'héberge aussi. Il est "monté à Paris" pour deux motifs bien précis. Un entretien d'embauche. Et un entretien de débauche.
Bon le 1er c'est pas vraiment une embauche, c'est plutot une validation d'une promotion il passe smicard de merde à, presque smicard de merde en "presque chef".
Alors il dit :
"Ouais je me fais avoir, je devrais trouver autre chose mais je suis caaasssé, et puis là je vais avoir un bureau avec une fenêtre" "Je mets en place des projets personnels en mème temps"
Tu parles - sa principale qualité professionnelle c'est de tout encaisser et de tout oser. Et bien sur de faire chier les plus faibles.
Avant il était vendeur "expert" en bricolage, ça lui allait bien. Et puis mal au dos.
Pouf, reconversion.
Maintenant il est prospecteur par téléphone. Un bien joli métier.
Il a des vélléités de ceci ou de celà mais ça va jamais loin.
Plus intéressant l'entretien de débauche. Parce que forcément il drague sur internet. Et il finit par vendre sa soupe, c'est un peu son métier.
Il a des rencards. Il prétend qu'il faut tester la "compatibilité des sens".
Enfin bref il s'introduit dans leurs vies, les embobine et finit par arriver à ses faims, heu fins.
Là la nana habite prés de chez moi , alors il profite du trajet payé par son boss pour "conclure" avec la pauvre fille.
Pauvre pas forcément d'ailleurs. La solitude sévit dans toutes les classes sociales.
Et comme ce con ment comme un arracheur de dents...Il sévit aussi, dans toutes les classes sociales.
En l'occurence là c'est pas le cas. ...ça fait longtemps qu'il la cuisine. Lui a fait miroiter qu'il pourrait la sortir de sa condition...
C'est mon frère mais je le trouve dégueulasse. Je lui dis.
"ouais c'est facile pour toi, t'as la classe , un bon métier - tu tombes ce que tu veux",
Bref demain aprés-midi il va à l'embauche et en fin d'aprés-midi à la débauche. Il passera me dire au revoir, il est trés famille, et je l'amenerai au train.
Le lendemain soir il se pointe à l'heure, il est trés ponctuel aussi, tout rigolard :
"wouha la tete qu'elle a faite quand je lui ai dit que j'étais marié (il l'est), et que je m'étais trompé , que ce n'était pas ce que je croyais...elle avait des grosses fesses, j'aime pas, et puis elle faisait des manières au lit...et ça c'est un cas d'incompatibilité ..." j'écoute à peine, je fuis son regard porcin...tout ce que je veux c'est qu'il parte.
"Putain je l'ai laissée en pleurs sur son lit, mais quelle conne aussi..."
On va à ma voiture, et au loin je vois arriver une jeune femme les cheveux au vent, toute décoiffée.
Lui tout à son épopée cradingue il voit pas, n'entend pas, la misère humaine qui vient vers lui.
Elle a passé un vieux sweat noir et un jean en sortant en urgence, visiblement, elle va pas bien.
Ca a été trés vite, arrivée à 10 metre elles s'est arrétée de venir vers nous.
Elle était pieds nus, en pleurs.
Lui continuait à me raconter je ne sais pas quoi "...mutuelle...CE..."
Moi je la fixais sans rien dire , pourquoi je ne me suis pas arrété ?
Finalement il a regardé devant lui. On était à 2 metres.
Elle a levé son bras - son flingue a bout de son bras était pas trop gros, avait l'air vieux. Un pistolet d'ordonnance de l'arriere grand père sans doute.
Quand il l'a vu il a dit : "Vaness...Elo... heu... merde arretes merde , t'es con ou quoi..."
Jusque là je ne sais pas si elle était décidé, elle avait les yeux brouillés dans le vague.
Quand il a dit "con" - j'ai su qu'elle allait tirer. Elle a visé.
BANG BANG BANG
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