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Brassica oleracea par Kunu

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Ma chère Kuku, Permettez ce tendre sobriquet qui vous sied si tant bien. Vos aventures parisiennes m’ont fait mourir de rire, et dieu sait que je ne ris guère. A mon âge, on a déjà ri de tout et en rire à nouveau friserait la lourdeur. Il est grand temps de venir prendre vos quartiers d’été et vos bains d’iode et de sel qui vont si bien à votre postérieur. Vous vous ennuyez à mourir à Paris, pourquoi n’ouvrez vous pas une boucherie chevaline ? Vous n’avez pas franchement la fibre du commerce, c’est le moins que l’on puisse dire, mais je vous verrais bien cernée de grandes carcasses saignantes et fraîches suspendues à des crochets que vous vendriez par tranche hachée menu, tant un bon steak de cheval vaut souvent mieux qu’un long discours. Et puis il faut bien incarner ses idées : mettez vous donc à la carne. Comment ça : « je n’ai plus un gramme de salive à donner aux palabres, dieu fasse qu’il m’en reste encore pour des jeux plus sensuels » ? Seriez-vous devenue bavarde ? Inutile ? Vaine ? et disons le tout bonnement : kuku ? Pouah ! revenez vite à vous-même ! Ici, tout vous attend, et surtout ce qui ne se voit pas, enfin ce que moi, avec mes yeux fatigués je ne vois plus : tous ces mondes que vous déterrez sous le sable et sous les galets, étouffant sous des hordes d’habitudes et de flasque désarroi qui ruissellent en gouttes de sueur le long des corps qui ne savent plus de quel côté se retourner pour échapper aux brûlures. Avez-vous entendu parler de monsieur Le Loreur ? Lisez plutôt cela cet extrait de Rêveuse Bourgeoisie :« Vous allez vous baigner tout à l’heure ? » demanda-t-il Il n’en voulait pas à Agnès de sa nigauderie : tout ce qui la maintenait à un rang modeste le satisfaisait, le rassurait, l’encourageait . « Oh non, c’est Dimanche » « Moi je vais me baigner avec mon ami Le Loreur » Il était fier de son ami Le Loreur. Agnès le regarda un peu moins furtivement. Elle le trouvait admirable. Si droit, plutôt grand, lointain. Il la dédaignait tellement » Cette lecture n’est pas un bonheur, c’est un plaisir si délicat, si fin, si subtil qu’il me semble ne plus rien pouvoir faire d’autre que de m’y vautrer jour et nuit. Il arrive que je ne sois pas très loin de la nausée. Contrairement à la jouissance salutaire, le plaisir de la lecture nous plonge dans d'interminables préliminaires que rien ne vient jamais conclure. Je vous présenterai un ami dont je suis très fier également. Il est peintre et obsédé par les choux fleurs qu’il peint sous toutes ses formes. Il a créé une série intitulée « Brassica oleracea » (le nom latin du chou fleur) et dispose d’un talent incroyable lorsqu’il s’agit de représenter de manière extrêmement réelle le grain blanc qui couvre le dôme de ce légume fleur bien pauvre d’intérêt. Il a également peint un triptyque qu’il a nommé « l’enfermement du chou», où trois panneaux renvoient à des bocaux à l’intérieur desquels sont agglutinés des morceaux de chou fleur. C’est d’un ennui fantastique. Je suis certaine qu’il vous plaira. Considérons dès à présent, ma chère Kuku, que vous êtes enfin arrivée au bout de cette longue jetée où vous perdîtes vos glandes salivaires en bavardages un peu idiots, et qu’enfin nous allons pouvoir ensemble nous amuser un peu. Je vous attends demain de pied ferme en gare de Ploplotte. Soyez digne quoiqu'il arrive. (je le remets pour la suite, je pensais pas que, maintenant je pense que, ceux qui l'ont lu hier sont pas obligés d'y revenir, c'est le début des chroniques de Ploplotte, y'a une suite en fond de cale pour ceux qu'auraient rien d'autre à foutre, y'en a toujours :)

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