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Le chat qui venait de la gauche par Annaconte

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Je ne me trompe pas ? les chats noirs qui viennent de la gauche c’est mauvais signe.... C' est un vieux grec qui disait ça. L’avait pas tort. Regardez. Là sur le bas-côté de la route. Cette peluche désarticulée, en travers, allongée sur le talus, noire, avec une tâche rouge sous le ventre, on dirait une peau vidée de sa substance, une véritable peau de chagrin....c’est si triste un chat couché au bord de la route. En plein soleil. En plein été. Il venait de la gauche. Il était probablement en train de traverser la vicinale de Trouduc du Monde, à la limite de la commune de Trifouilli les Oies, où personne n’habite plus, où personne ne va plus. Ya plus une ferme à trente kilomètres à la ronde, pas une habitation, pas un supermarket, "des fois" on en souhaiterait un, même petit, mais non, là rien. Du champ, du champ, rien que du champ. De la friche même. A perte de vue du rien que de la paille jaunie. Des caillasses. De la terre séchée. De la gangrène d’herbe qui vous hache les jambes menu, et de l’épine drue, de celle qui a du servir pour la couronne du fils de Dieu ! Au loin, tout au fond, tracez deux arbres, un bosquet sombre, rien de mieux. Rien de plus. Le chat venait sûrement de là-bas. Il avait du courir toute la nuit, la gueuse on dira, mais aussi le guilledou va savoir, et même la prétentaine, - ou la prétAntaine, les deux mon capitaine !- Il avait du sillonner tous les prés en somme, toute la nuit....à zigzaguer, d’un côté de l’autre, à tracer, félin poète, de savants et amoureux boustrophédons, à labourer la terre, de ses griffes et de ses dents. A l’amadou de ses yeux, il en aura parcouru des chemins et sauté des fossés, lambiné un peu après un rat, tapé la causette avec un vieux compère, qui n’avait plus de voix, et au petit matin, foncé tête baissée, dans la direction de l’autre plaine....Il comptait sans doute y retrouver une belle éplorée qui n’attendait que lui pour faire la noce... Il venait de la gauche. Imaginez-le ce cavaleur noctambule, vif et léger, à caracoler par monts mais ya même pas de monts par ici, et par vaux, la gueule ivre de senteurs poivrées, le poil trempé de rosée et d’espigau*, la moustache électrisée ! Il filait droit devant et le levant l’a surpris, le premier rayon l’a frappé dans sa course, aveuglant sa prunelle en s’y fixant pour l’éternité. Imaginez une musique....Sur cette course folle. Tenez, prenez Rossini, la Pie Voleuse par exemple. Juste histoire de voir....D’entendre....Je vous mettrai le lien là en bas....Rossini, fougueux, impétueux, la course du chat, nuit noire, hop ! musique ! la Pie ! quatrième minute de l'ouverture, écoutez ce que ça donne , pardi ! ça change tout !! Ah le soleil ! la lumière, la fulgurance ! Soudain, une atmosphère à la Camus dans l'Etranger sur sa plage solaire. Le pauvre chat n’a donc pas pu voir venir cette espèce de caisse métallique, rutilante et excitée qui elle aussi arrivait de l’autre bout de l’horizon et au même moment –le monde est petit et le hasard est grand , comment diable est-ce possible ça ? De se rencontrer au même endroit, et à la même seconde, alors que l’espace est immense et vide ?? Pensez à ces problèmes dingues des deux trains qui partent à dix minutes d’intervalle et qui vont finir par se croiser juste sous le tunnel de Laroche Migennes (ce n'est qu'un nom choisi parmi cent autres )alors que l’aiguillage justement est resté coincé à cause de la chaleur estivale exceptionnelle et que l’agent de circulation empêché de finir son casse-croûte n’a pourtant pas eu le temps de prévenir le poste de sécurité !! On ne peut pas dire qu’elle n’y mettait pas du sien, la voiture folle, avec ses vrombissements de tigre mangeur d’hommes, (et de bêtes,) avec sa vitesse de dératée, son moteur bien huilé, on l’entendait à cinq miles, il couvrait largement tous les chants de criquets du département, et les roues crépitaient comme un feu d’artifices lâché sur l’asphalte déjà chaud ! on aurait dit l’oiseau du désert BiBip pourchassé par un Coyote invisible ! un nuage de poussière sur ses ergots de tôle brûlante ! Pour le passage de la voiture, chargez- vous donc une bonne musique tonitruante de malade, à plein tube, volume maximum, amplis modèle pour sourds ! Genre c’est moi que j’arrive à fond les manettes, à fond les turbines, chaud devant, enlevez-vous du milieu, j’écrase tout ce qui bouge ! et je ne m'arrête pas ça va de soit ! Voilà c’est fait. Le hasard. Pas de bol. La faute à pas-de-chance comme on dit ! Ou plus simplement, c'est comme la légende de Samarcande.....je vous la raconterais bien mais je crains de l'avoir déjà fait en d'autres temps ?.... La voiture a déjà disparu. Elle. Le chat noir, lui, a terminé sa course. Il a une tache rouge sous le ventre. Il venait de la gauche. Dans sa pupille dilatée, si on se penche un peu, on peut voir le soleil.... Sur un air de Rossini je vous dis. Musiques du film de Michel Deville 1960 et quelques....L'Ours et la Poupée avec Brigitte Bardot et Jean Pierre Cassel avec une bande musicale créée par Eddie Vartan avec ses potes Micky Jones and Tommy Brown http://youtu.be/l09kATpENvw Then you got everything et aussi Not at all (pas trouvé sur le net) http://youtu.be/_zv8J9I9gAE bo du film (ringard au possible) et Rossini bien sûr ! et sa Pie Voleuse une copine du Chat qui venait de la gauche ! http://youtu.be/K4d0KtLqyN4 allez à 4mn O2 pour l’envolée !!! et voyez la folle nuit d'un chat noir!! musique de Rossini dans le film Signor Bruschino http://youtu.be/xBc8U_fKxZ0 et Semiramis, du même http://youtu.be/wnDYDLxmR8Q * l'espigau, prononcer espi-gào -décidément ces temps ci les herbes folles ça me tient à (et au) coeur, - c'est un mot de chez nous, pour dire les petits piquants de folle avoine-je crois-, qui se fiche dans l' oreille et vous crève le tympan, bon, j'exagère mais ici on dit ça ! pour se faire peur....

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