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chiche et c'est bon par Sois toi

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Elle savait d’un savoir sûr que tout cela avait un sens, et que si son jardin était exempt de ces mourons ou de ces pourpiers qui colonisaient le terrain, elle saurait du même coup éclaircir non pas la situation de son couple, puisqu’elle avait finalement décidé de se séparer de Lucky, mais la sienne, de situation. Et qu’elle était au centre de ce monde qui meurt et qui prospère, qui décide même quand on ne veut pas, décide de s’installer sans y être invité , décide de ne pas continuer dans ces conditions, les seules qu’elle croyait pouvoir offrir, décide de se liguer en s’agglomérant au risque de s’entretuer, décide aussi, car la mort se décide, de disparaître, malgré la peine qu’elle en avait et qui lui avait fait , non pas se souvenir, puisqu’ils vivaient en elle, les morts de ceux qu’elle avait le plus aimés, non pas se souvenir, mais les refaire vivre à nouveau en plantant , un cica, pour le fils, un figuier pour Eva, et pour elle, pour elle, un pied d’éléphant bien ancré dans la terre, rond et offrant sa corolle de feuilles, un pied si ancré dans la terre que personne plus jamais ne pouvait la blesser. Ils décidaient donc, ces mauvaises herbes et ces nouveaux arbustes mais tout dépendait non de ce qu’elle croyait être réel, mais de ce qu’elle, elle décidait de voir, et finalement, après bien des hésitations, et bien des souffrances aussi, elle préféra se dire que tout était une expérience et donc un cadeau. Elle se rendait compte que malgré les sentiments et l’accord apparent, rien n’avait été construit durant toutes ces années, et la relation s’effondra avec une brusquerie qui lui fit peur. Même les mauvaises herbes résistaient mieux aux coups de binette que pour les exterminer elle donnait avec force, comme si cela, ce furieux acharnement qu’elle y mettait allait mettre fin à ses tourments. Ils redevinrent deux étrangers, ne se rappelant plus de la date de l’anniversaire de l’autre, s’éloignant chacun chacune avec plus rien qui puisse les rapprocher, rien en commun, l’arrachage facile et pas d’efforts à faire. Et curieusement, parallèlement, le fait d’arracher lui faisait mesurer tout l’amour qui l’entourait, les bébés inconnus qui lui tendaient les bras, les multiples sourires qu’elle échangeait, le chêne liège qui s’était installé dans le meilleur endroit, et le pêcher indiscret, et l’abricotier clandestin, que de toute façon elle ne pouvait exclure puisqu’elle ne pouvait pas lui demander ses papiers et de plus les êtres aimés, et puis aussi, et pas des moindres, les amants intermittents, mais dont la longueur des préliminaires rachetaient la fugacité de leur passage, et qui l’émerveillaient chaque fois par leur inventivité, ces bonheurs de chaque jour, ces éclats de soleil, cette entente de chaque instant avec les hommes de cette terre d’où elle ne venait pas, la chaleur de ceux qui l’entouraient dans ce pays qui n’était pas le sien oui, c’était l’amour tout ça qui ne l’abimait pas. La terre qu’elle laissait sans prédateur végétal s’offrait à elle, s’ouvrait devant, et le vide qui pèse se transformait en espace intérieur, pas en friche, ah non, pas en friche.

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