Lourd, le poids des jours et des heures. Davantage ne sera pas possible. Même les livres cette fois napportent plus de réconfort... Délestage : tout poser là. Tout troquer contre létendue large du ciel et ses envols doiseaux.
La cuisine dont vous aviez éteint le feu sous la poêle un soir, - pour traverser la rue et manger Burger en face, sur le coin du comptoir graisseux,- puis fermé la porte pour ne plus voir cette vaisselle sale empilée sur lévier,- remue un peu des casseroles, jette une nappe fraîche sur la table, et généreuse, sans rancune, vous lance une invite.
Retourner à ses fourneaux nest jamais vain ! Rituel, abolition des contingences, reconquête de signes, de codes, de recettes, dépoussiérage fébrile de vieux grimoires usés par les mains de vos aïeules, remplissage des marmites, préparation de bouillons dherbes, mitonner, mijoter, réduire.... vous savez mieux que moi encore, quels gestes vous viendront, si naturellement, et quel plat, quel couteau, quel poivre vous choisirez pour réaliser un mets de roi avec si peu de choses : un oignon, une aubergine, un poivron, de lail ...une pincée légère de fleur de sel, et déjà le parfum !
Cest comme entrer dans un jardin. Le potager de céramique en sait quelque chose qui accueille pour le rinçage à grande eau les fruits, les légumes, et parfois quelques fleurs dacacia.
Malaxée longuement entre vos doigts, cest la poésie qui lève sous le torchon blanc, lentement, pour vous plaire, et vous enchanter plus tard, quand vous retirerez du four le pain, avec précaution pour ne pas briser sa croûte chaude et dorée, et craquante à souhait !
Dans cette cuisine là, pas de censure, plus de frontières, tout est permis. Melting-pot de couleurs, dodeurs et de saveurs.. Et le jus liquoreux des abricots qui dégouline sur la main et que lon lèche... ce premier plaisir sans fin du goût de vivre !
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