Ils seront vingt à quitter le port des Sables dOlonne le 10 novembre pour un tour du monde de trois mois en solitaire sans assistance et sans escale.
Je sais que ces bateaux coûtent horriblement cher et quils nont plus grand-chose à voir avec celui qui emmenait en 1968 Bernard Moitessier sur sa longue route. Mais je suivrai quand même le prochain Vendée Globe Challenge parce que ces vingt-là, technique ou pas, vont accomplir un véritable tour de force et parce que je suis sablaise.
Ici, la fièvre qui nous prend tous les quatre ans est en train de grimper.
Nous allons passer un mois à regarder sur les pontons la préparation des bateaux en discutant parfois avec les skippers qui sont le plus souvent simples et abordables.
Le jour du départ toutes les embarcations de la ville, de la plus petite barque au plus gros chalutier, formeront une hétéroclite armada pour escorter en mer les navigateurs.
A chaque arrivée, de la première à la toute dernière, de jour comme de nuit, des milliers de personnes se masseront sur les quais pour accueillir les concurrents.
Pendant toute la durée de la course, dans les lieux publics et les commerces, il y aura de grandes mappemondes apposées au mur où des punaises de couleur ou des petits fanions indiqueront la position des différents bateaux.
Chaque classe de chaque école aura choisi son skipper et le suivra dans son périple.
La ville entière vibrera au gré des heurs et malheurs des navigateurs et moi je vibrerai surtout pour la petite Samantha Davies.
A la dernière édition de la course, en 2008, je travaillais encore.
Je métiolais dans un bureau triste vaguement égayé par des plantes vertes anémiées et daffreuses cartes postales de vacances épinglées au mur et jalignais à longueur de journée les chiffres, moi qui naime que les lettres.
En plus cétait lhiver et jappartiens, je le regrette, à une espèce qui nhiberne pas.
Tous les soirs je rentrais chez moi, le moral à zéro, et jallumais lordinateur pour voir les vidéos et photos postées par les navigateurs solitaires depuis le grand large.
La plupart étaient aussi découragés que moi parce quil y avait eu trop de vent et de la casse ou au contraire pas assez de vent et du sur place.
Alors, vite, jallais voir du côté de Samantha.
Sam, la petite britannique, nétait jamais découragée et cétait un vrai bonheur de la voir toute jeune et menue, perdue au beau milieu de locéan.
En pleine tempête elle clamait face à la caméra son immense bonheur dêtre là et narrêtait de sourire que lorsquun gros paquet de mer lui claquait dans la figure.
Dans le calme plat, la pétole, elle chantait et dansait sur le pont ou se refaisait une beauté avant de grimper faire des réparations dans le mât.
Elle avait toujours la conscience aigüe de sa chance de pouvoir vivre son rêve.
(A cet instant du commentaire la rédactrice sarrête songeuse et sinterroge: pourquoi sommes-nous tant de velléitaires et sont-ils si peu à connaître jeunes le but de leur vie et à latteindre ?)
Je me repassais sa vidéo en boucle et ça y est, ça mavait changé les idées, javais complètement oublié le bureau et le temps exécrable.
Samantha Davies a fini le Vendée Globe 2008 avec une belle quatrième place et cette année, à trente sept ans, elle sera la seule femme de la course.
Je nai pas fini de vous parler delle et, en attendant, je vous propose de la découvrir ou de la retrouver sur le pont de son Roxy le temps de quelques brèves séquences.
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