Le lit.... par Brianjonestown

Le Lit Elle est là, étendue sur le dos, dans la pénombre de la chambre je peux distinguer sa silhouette mais je ne peux la voir vraiment. Je devine que ses yeux sont ouverts, peut être pas. Je tente de me glisser à ses cotés, la place me manque, elle n’esquisse aucun geste, ne me réserve aucun accueil, aucun refus, elle est inerte. Je n’ai pas envie d’elle, enfin je ne sais plus, je veux juste trouver la paix alors je cherche sa main, je la trouve reposant sur son ventre, je pose la mienne par-dessus, elle ne frémit pas d’un pouce. Je voudrais lui parler, aucun son ne sort, aucun mot ne vient à mes lèvres, je suis condamné au silence de celui qui a déjà plaidé et qui n’a pas été entendu. Je suis condamné tout court d’ailleurs, pour une faute qui me vaudra bien des tourments, une faute si grave qu’aujourd’hui encore la culpabilité m’écrase, je n’ai pas été parfait. Le temps s’étire et la nuit avance, dans peu de temps elle fuira à l’autre bout du lit, contre le mur de notre silence. Je ne dormirai pas et elle non plus, je me relève pour fumer une cigarette dans le salon. Je regarde par la fenêtre. En bas, nos motos se font face, peut être qu’elles s’aiment en secret, elles ne savent pas qu’elles ne se verront plus, moi je le sais déjà, ça arrive si souvent. Ce que ’ignore, c’est que cette fois, c’est pour toujours. Je suis retourné dans le lit, cette fois nos corps ne se touchent plus, je ne dors pas, d’où vient cette voix qui me dit - Et en plus tu ronfles - Excuse-moi Me voilà tout à fait réveillé, je m’étais lâchement assoupi avec en plus ce ronflement ignoble propre à ceux qui sombrent dans le sommeil. Ça m’apprendra à me relâcher, à ne pas être parfait encore une fois. Maintenant la nuit s’achève, elle se lève sans un mot pour emmener son enfant à l’école. Je n’existe pas, je ne suis plus là, je fume une autre cigarette à la porte de la cuisine qui donne sur le balcon, elle me lance - Salut - Salut Elle vient jusqu’à moi, me dépose un chaste baiser, j’ai envie de pleurer, pas elle, jamais plus je ne l'ai revue. Je l'aimais et elle m'aimait bien.