Prélude :
Les archets ont détricoté les cordes de la harpe, les flûtes se sont faufilées à l'intérieur des trompettes, l'orgue de barbarie a rengainé sa rengaine, la bande à Léon s'est coalisée avec les guéridons du salon pour occuper le terrain, la chorale s'est repliée dans la chambre à coucher, les choristes ont brûlé leurs partitions, les solistes ont pris mal au coeur, le chef a donné le signal des hostilités.
Et pendant ce temps-là :
Le piano refuse de sortir du frigo, l'accordéon file un mauvais coton, la guitare broie du noir, la mandoline se débine, le clavecin et les cymbales font bande à part, le tambour tape sur les nerfs de la batterie, laquelle batterie persiste à occuper la cuisine. Le reste du logis est figé dans un silence glacé, quelques notes hors de portée sont coincées dans la cheminée.
Le choeur :
Accordons nos violons.
Quittons ces airs chagrins.
Déposons nos larmes au sol.
Donnons-nous le la.
Jouissons à l'unisson.
Le public :
Sortons et lisons.
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