Fantaisies automnales ,
L'été se signait encore, les couleurs diaphanes du soir s'entrechoquaient timidement avec les reflets scintillants de ces illuminations parsemées au travers de ces contrées , où quelqu'âme insolite se reposait de sa journée de labeur..
Nous en fûmes, sur ces traces encore hantées par le bruit des cliquetis d'armes, de brodequins lourds imprégnés de cette terre de Champagne, aux rives des deux Vallées, là où l'Aisne patiemment suit son cours, s'octroie quelque divertissement en baignant ces villages , desquels il ne resta que ruines, que morts, que lenteur académique pour une reconstruction hâtive et insipide pour le restant des jours.....
A l'orée de cette vallée, là où encore tinte ce carillon , où résonne encore et toujours, ces mélopées , ces sonates desquelles Ivris Gitlis fit couler ses larmes de joie et de paix , à ces êtres épris de culture, de savoir, de partage , le tout dans une forme de simplicité contagieuse, je m'en fus, Gentilhomme mon compagnon piaffait de joie , son regard embrassait l'horizon, son galop m'autorisait à le comparer à ces cavaliers prussiens, dont ni l'espace ni les lieux les faisaient reculer, la chevauchée des Walkyrie était encore en leur mémoire, celle - ci leur donnait cette fougue au passage des rivières, dont la couleur de ce bleu tiède se mélangeait à celle de ce sang abreuvant les berges et y déposant ces êtres de si peu de valeur eu égard ces nantis qui les haranguaient avec une véhémence injustifiée..
Dreyfus, Teilhard de Chardin, Giono dont " Les Grands Chemins " hante toujours mon esprit, Léon Werth avec " Le Soldat Clavel "... oui, nos pas se sont croisés, les sabots de Gentilhomme ont épousés leurs fines poussières que le temps n'ensevelira jamais, les routes vagabondaient au travers de bois épars, entrecoupés de ces creuttes où le repos était de rigueur , où le pansement des plaies béantes se faisaient, dans d'atroces souffrances, ces cris résonnent encore ici à Paissy , lieu de villégiature d'Alain , d'ici il embrassait ces collines douces, hantées par un passé dont les cicatrices jamais ne se fermeraient..
Le doux cheminement du temps se mariait à la chevauchée de Gentilhomme , je lui apprenais la lecture de l'horizon, là se signait encore Napoléon, fier sur son socle, embrassant le mémorial des Marie - Louise, Heurtebise, Oulches la Vallée, que de noms dont l'histoire n'effacera pas ces soupçons de vie, aujourd'hui de ces chaumières calfeutrées, recroquevillées sur elles -mêmes, quelques soubresauts égaient encore la moiteur vespérale ..
Craonne nous fut de tout repos, le pas se fit lent, le regard plus aiguisé, les traces plus mystérieuses, plus enfouies dans la mansuétude de ces autochtones dont le seul espoir reste le bruit de la ville et de ses bottes... du passé, le vieux village surgissait, au croisement de ces artifices de culture, l'homme y inscrivit son passage, les pierres laissaient apparaître des portes cochères, des puits délabrés, des escaliers recouverts de mousse et sur lesquels l'astre dessinait quelques méandres de plaisir...
Nous en fûmes sur cette sente à travers bois, là ,où dans ce vieux cimetière repose, cet ami de toujours, cet ami des Poilus, et dont la légendaire diatribe jamais ne s'oubliera , Yves Gibeau, humblement se conjugue au passé, à l'imparfait d'un temps agonisant, et au présent d'instants dont l'épaisseur des branches entrelacées recouvrant sa tombe laisse apparaître son regard éperdument beau de beauté...des fleurs , des myosotis égaient ce parchemin de vie...
La douceur du soir, nous enveloppa, nous étions comme dans les limbes.. l'âme vagabondait à l'aune de ces jouissances dont seul l'esprit est amoureux...
La fantaisie se fit automnale....
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