Suis pas devenue italienne par hasard, bien sûr la Strada vu en cachette mais j'étais bien trop jeune pour comprendre jusqu'où l'amour peut vous pousser
Paolo Conte...... le virus était déjà inoculé.
Moi qui me souviens de mon premier baiser, de mes colères de petite fille, de la voix de mon père, comment ais-je pu oublier
On venait, avec celui qui m'a offert son plus beau cadeau (mon fils) d'emménager dans un pavillon planqué dans une cour du 20e, inhabité depuis 30 ans, tout à faire.
J'avais remarqué, dans la plus grande pièce sous un lino qui avait du être posé sous le régime de Pétain, un parquet de chêne, posé à l'ancienne.
Le bois est comme la peau, il se souvient de la dernière caresse...... J'y passais tout mon temps..........j'aime cette matière, à la fois vivante et inerte.
C'était un dimanche, on écoutait France Inter avant l'horrible pub « pour ceux qui ont queq chose entre les oreille » moi des fois (souvent) j'ai que du fromage blanc même pas sucré, des fois on est sur of et d'autres on est géniaux, humains quoi !!!
Bref, c'était un dimanche, y'avait Livre Inter et ce jour là passait un extrait d'un bouquin de Cavanna le jour il découvrit que sa papa allait être emporté par Néo, comme le mien peu avant, assise sur mon parquet au milieu de mes outils, j'écoute, la main crispée sur les copeaux de vieux lino........
Il rentre les bras chargés de matériels divers, me trouve figée, s'agenouille, me berce, je lui raconte, je crois qu'on est parti au resto après il a fait ce qu'il a pu pour me redonner le sourire qu'il aimait tant.
Et le lendemain, il m'a sorti de son sac LES RITALS, c'est ainsi qu'est né cet amour. Ont suivi tous ses bouquins, les RUSSKOFS BETE ET MECHANT GABRIELLE L'OEIL DU LAPIN MARIA
................. je les ai lu relus comme on respire.
Je pourrais en écrire des pages et des pages, sur son père qui avait toujours des os pour les chiens qu'il appelait tous PATAUD, sur le noyau de pêche qu'il a planté et protégé d'un parapluie...........
Un homme qui disait « la patrie elle est là où qu'est le travail » la rue saint Anne à Nogent cette communauté besogneuse et digne, tous de Betola je crois....... c'est ainsi oui que l'italie est entrée en moi.
La nuit parfois je prenais un bouquin ou l'autre et filais dans ma chapelle Sixtine, je pensais à sa maman qui ruinait sa santé en ménage, au père qui bossait sans relâche, je grattais ponçais et un beau jour mon amour de sicilien est rentré le parquet avait retrouvé sa splendeur d'antan, je m'y étais usé les mains et ruiné mes lombaires, mais aucune chimie dans mon ouvrage.
Je me suis dit bêtement que ces deux pères, le sien et le mien si semblables à leur manière, devaient être fiers de nous.
Et puis Cavanna n'a pas fait que me faire aimer l'Italie, il aime les femmes comme j'aime qu'on m'aime avec peur et désir, ses mots crus ne m'ont jamais effrayée au contraire, il m'a fait comprendre le regard que peut poser un homme sur une femme. C'est peut être depuis ces lectures que je suis devenue l'amoureuse que je suis.
Après, on s'est fait tous les films italiens, ceux d'après-guerre jusqu'aux années 70, à chaque fois, je disais c'est là-bas que je veux mourir...... il me fallait des heures pour revenir ici
Il aura fallu Pcc pour qu'enfin, je mette des mots sur un voyage qui m'a conduite à
..... moi
Il est bien rare que je signe des com, c'est le deuxième, je crois...........
Gillda l'Italienne
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