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Dire... désir par Misty44

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Ecrire, dire les instants où le désir l'a emporté sur l’enfermement. Accorder à ce désir un espace, une clarté, un sens. Je suis la seule à pouvoir trouver ce qui donnait un sens à ma vie. A savoir ce qui m’a rendue heureuse et pourrait me rendre heureuse à nouveau. A tenter de déterminer ce qui m’a empêché d’être heureuse, ce qui venait des autres, ce qui venait de moi, de ma perception. J'écris beaucoup sur l’amour, non pour le rêver, mais pour m'en envelopper. Pour le faire vivre. Toute forme d’amour, amour-souvenir, amour-invention, amour-espérance. Et ce soir, dans cette nuit hivernale et incertaine, je me demande si l'amour et l'écriture ne naissent pas de la même nécessité : celle de ne pas renoncer, celle de s'interdire de se laisser glisser, emporter dans la course erratique de la vie, et de perdre le désir des choses, d'oublier ce que c'est que la vie qui flamboie et la joie qui emplit le corps et la tête. Oui, écrire et aimer procèdent sans doute du même mouvement, celui de se dresser vers le ciel et de se laisser traverser par la vie. Ecrire pour témoigner de ce désir d’aller à contre courant de ce qu’on sait ne pas pouvoir retenir, cette vie qui vous file entre les doigts, qui perd son battement, sa pulsation, chaque minute un peu plus. Ecrire… dire… désir. Quand finit notre guerre de désir, quand cessent les tambours de notre sang, quand s'apaisent les volées d'oiseaux sur nos tempes, je prends ta main. J’ai besoin d’elle. Et aussi, de ce regard rivé l’un sur l’autre dont rien ne saurait traverser le champ... Ce regard, pour nous sauver à chaque fois de la nostalgie de ces instants déjà passés. Garder à jamais en mémoire ces gestes qui ont la splendeur des réminiscences – une paume tendue vers ton visage, un doigt qui joue à suivre le bord de tes lèvres, mes bras comme un fleuve où je te berce et te promène. Mais si on nous sépare… Comment imaginer que je puisse être privée de tes mains? Quand je ne t'ai vu depuis longtemps, je suis plus nue qu'un arbre en hiver, et le jour et la nuit me sont givre et gerçure. Si on nous sépare… Le feu me tiendra-t-il lieu de tes mains? J'ai seulement pour nous sauver les mots qui viennent sous mes doigts, je les choisis, pour inscrire quelque part la trace de ton mouvement et du mien, ensemble.

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