Place du Tertre, à Montmartre...
Chez Maurice, c'était bien, comme chez Lorette, on y faisait la fête...
Maurice savait nous accueillir, toujours avec le sourire, même si nous n'avions pas un sou en poche.
C'était un Corse originaire d'un petit village de montagne ; il était généreux, droit, très grand non seulement par la taille, on aurait dit un géant, mais aussi par l'esprit.
Lorsque la bande de copains que nous formions arrivait joyeusement dans son petit restaurant, avec en tête du groupe, l'artiste-peintre, Lucien Lacombe, toujours prêt à caricaturer le patron et les clients, après nous être débarassés de nos manteaux au vestiaire, nous commandions, immanquablement, un plat de moules-frites arrosé d'un gros-plant bien frais.
L'ambiance y était chaleureuse, nous passions des moments agréables ; Maurice était un peu notre famille à tous ; il aimait nous raconter des histoires de sa Corse natale, son passé de pâtre des montagnes, ses brebis, le fromage qu'il fabriquait avec le lait de son troupeau, le bois de châtaignier qu'il sculptait l'hiver, à l'aide d'une gouge, pour en faire de petits objets.
Il savait nous passionner avec ses récits, nous aimions sa verve et son accent. Il semblait si heureux de nous faire partager ses souvenirs mais, parfois, nous le soupçonnions de broder autour de tout cela.
Au fil des années, les situations devenaient de plus en plus rocambolesques mais, tel un héros, il se sortait toujours des écueils les plus vertigineux.
Il nous avait raconté également cette demande de rançon contre la remise en liberté d'un homme influent et qui avait malheureusement mal tourné.
Il était intarissable.
Les années ont passé depuis mais je n'oublierai jamais toute cette époque merveilleuse de ma vie.
A travers tous ses récits, il ne cherchait pas à syncrétiser, c'était loin de ses prétentions, mais simplement à nous faire part de sa propre philosophie, Carpe Diem, "Cueille le jour sans te soucier de quoi demain sera fait"
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