J'avais connu Maurice aux porte de l'église de Ste Foy les Lyons, à un tire d'aile de Fourvière :
nous distribuons des tracts pour obéir au mot d'ordre de Marchais : tendre la main aux chrétiens .
Qui s'en souvient ? Sans vouloir CARICATURER mon camarade Georges, je crois qu'il avait raison.
Maurice habitait à Ste Foy comme moi et comme Gilles le facteur.
Ce samedi nous étions allés voir le film LACOMBE Julien dans le quartier de St Paul, derrière Perrache. Puis Maurice nous invita chez lui. Sa femme, Corse d'origine, contre toute attente nous avait préparé MOULES et frites que je mangeais pour la première fois, arrivé depuis peu de mon Aspromonte sauvage.
Maurice, professeur de français, venait de quitter l'Education Nationale pour se dédier à la peinture et à la sculpture. Pour cela il payait une rançon : il avait vendu son pavillon de Villeurbanne et logeait maintenant dans les HLM de STE FOY. certes il s'agissait d'un F 4, mais en traversant son couloir qui tenait lieu de Vestiaire, on voyait bien que la misère avait commencé à s'infiltrer dans le foyer.
Après les moules , le vin blanc, un Chignin venu de Savoie, coula toute la nuit , par douces vaguelettes qui nous permirent d'écouter l'histoire de Maurice et d'accéder à son art. Il travaillait moins avec une gouge et plus avec les pinceaux et les couleurs.
Quand nous nous séparâmes à 5 h. du matin, nous avions fait un tour VERTIGINEUX de l'histoire de la peinture, du marxisme, et de la Résistance, sans compter le poèmes de Baudelaire ou Aragon, que Maurice récitait pour une raison ou une autre nous submergeant d'une VAGUE GEANT( E)
J'avais la tête qui me tournait, je sentais qu'elle allait éclater, et pas à cause du vin blanc.
Maurice, avec ses connaissances, sa sagesse, sa peinture, m'avait jeté dans le tourbillon de la vie.
Des circonstances douloureuse firent que je ne rencontra plus Maurice.
Trente huit ans après l'invitation de Voltuan a fait que je ressuscite ma nuit " Chez Maurice ".
Merci Voltuan.
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