Préambule
Avant de lancer lhomme du lundi en orbite, je suis obligée de préciser pour celles et ceux qui ne connaissent pas la 1e version quen fait Fleur Bleue sera très fidèle parce quelle naura successivement que 7 hommes dans sa vie mais quelle les retrouvera régulièrement à des jours précis, un pour chaque jour de la semaine à croire que son père était horloger. Alors bien sûr les esprits pinailleurs diront « et la capote, et le sida
et combien y a de clés et pourquoi çi et pourquoi ça et patati et patata
.).
Cest un conte, dites-moi, est-ce que dans les contes on attrape des maladies vénériennes ou mortelles (à part des langueurs ou des empoisonnements certifiés « pur sortilège de la plus moche des sorcières ou de la plus jalouse »), et certes il y a bien des histoires de clés un poil barbues voir carrément bleues de peur quand elles ne voient pas rouges, mais en fait à bien y réfléchir, dans un conte, il y a plein de trucs pas normaux qui nous paraissent tout à fait normaux, en plus mon conte a des aspects normaux voir très normaux mais faut se méfier de leau qui dort car bon bref, cest comme ça un point cest tout et dailleurs cest fini de chipoter parce que maintenant il est vraiment temps de vous présenter lhomme du lundi :
"Liam était un homme tranquille, qui se lèverait de son lit sans râler, avec même une certaine bonhommie et irait préparer le café, en noubliant pas que Fleur Bleue ne prenait jamais de sucre avec, siffloterait un air léger et primesautier en faisant griller le pain, jamais le même que le dernier lundi et pas tout à fait un autre, et ces petits airs la réveilleraient tout à fait et la feraient se lever quasi magiquement en direction de la cuisine. Elle baillerait, il sourirait, attraperait une tartine et dirait beurre salé ou sans sel tout en connaissant davance la réponse, elle ferait la moue bien sûr et puis ils croqueraient à belles dents les tartines du lundi.
Il faut dire que Liam était un gourmand et nhésitait pas en outre à mettre la main à la pâte. En effet, en très peu de temps il sétait habitué à la configuration de lappartement. Il connaissait comme sa poche tous ses recoins, et savait trouver en quelques secondes la casserole adéquate pour préparer un repas du tonnerre. Il était capable dimproviser un met délicieux avec tout ce qui trainait dans la cuisine. Elle était ébahie par linventivité dont il faisait souvent preuve dans la réalisation de ses plats. Il avait fait pousser sur le balcon un chapelet dherbes aromatiques et en parsemait volontiers chacune de ses créations. Il avait aussi réussi à dénicher le producteur bio du coin et concoctait tranquillement des mets savoureux aux arômes subtils et pourtant puissants.
Liam avait aussi longtemps contemplé la vie des chats et peu à peu avait adopté leurs très saines habitudes de vie. Jamais un mot plus haut que lautre, un calme voir une indifférence olympienne face aux vicissitudes de la vie, une paresse calculée, non ce nétait pas ça, le juste geste voir le non-geste si nécessaire.
Comme les chats, il avait donc un effet apaisant sur elle. Comme si elle entendait en continu un ronronnement inaudible des autres et que pourtant elle percevait distinctement. « Rien ne sert de sen faire, le temps se chargera de défaire tous les nuds, même ceux qui nexistaient pas ». Forte de cette maxime intérieure, elle lui pardonnait volontiers sa conversation plus que fantomatique, sa légère tendance à lembonpoint, et sa fâcheuse manie de faire la sieste nimporte où et à nimporte quelle heure."
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