J'ouvre un il sous le ciel. Sa lumière m'aveugle.
Sa main sur mon ventre nu. Comme une araignée de chair montant la garde au bord de mon sexe soumis...
C'est la première chose que j'aperçois après ce chaos de luxure où ma volonté s'est abimée.
Déconcertée par ce réveil amer, je respire un parfum inconnu. Celui de l'homme à qui je me suis donnée.
Sur mon épaule sa tête est lourde. Comme le remord qui me dévore déjà. Du bout des dents.
Le plaisir s'est éclipsé . Comme un voleur.
Il s'est endormi contre moi.
Indécent de sérénité.
Et pourtant je ne lui en veux pas. Pas encore.
Je n'ose bouger ce bras sur lequel il s'est assoupi. Glacé, engourdi comme ma raison.
Affronter la réalité, je ne suis pas pressée.
L'ombre hostile d'un arbre voisin nous assiège. Depuis combien de temps sommes nous là ?
Au bas de la colline, des portières claquent, des moteurs ronflent.
Le parking du restoroute se vide lentement.
Un papillon paresse sur l'une des dernières fleurs de l'été. Il est somptueux et je me dis que Léo aurait tout tenté pour le capturer...
L'évocation de mon petit dernier me trouble. Cet homme qui sommeil me tourmente.
Un malaise tenace, ravageur. Je frisonne.
Il ouvre les yeux...
Ébouriffé comme un gosse il me sourit. Irrésistible. Je ne souvenais plus qu'il le fut à ce point.
Le silence de son regard rallume des images. Je revois cette main tendue tout à l'heure...
Mon embarras avec cette carte de crédit qui boude mon addition. L'il soupçonneux d'un patron fébrile et lui...
Lui le sourire au bout des lèvres, qui sabre mes emmerdes comme un preux chevalier.
Et puis la lente et délicieuse descente aux enfers. Un, deux , trois cafés pour retenir le temps qui file.
Des histoires puériles qu'on n'a jamais osé raconté à personne. Des rires en pagaille pour cacher son trouble.
Des minutes de silence, à tourner la cuillère dans un café froid.
A espérer un miracle.
A prier pour que la course du soleil s'immobilise définitivement sur sa mèche blonde. A espérer que la pendule s'assoupisse quelques heures.
Le tango de mes doigts sur la table... au milieu du sucre qui saupoudre le bois verni... Des arabesques audacieuses qui viennent frôler ses mains.
Ses paumes chaudes et gourmandes qui me couvent déjà.
Et puis derrière l'auberge, le chemin de pierres qui grimpe dans les vignes... De la poussière plein les souliers, du bonheur plein le cur.
Le soleil pour oublier qui je suis, sa jeunesse pour pardonner où nous allons.
Des cailloux qui roulent dans les ornières et nos rires d'insouciance qui s'envolent dans le vent...
Il m'a aidé à réajuster ma tenue. Sur le trottoir de l'auberge seuls deux véhicules stationnent encore...
L'un en direction du sud, l'autre du nord. Nous nous en amusons un peu. Mais le charme est rompu...
Après une derrière étreinte, il me griffonnera son téléphone sur un bout de papier.
Au bord de la nationale les portières claquent presque en même temps.
Deux gifles sonores qui achèvent cette romance...
Du nord au sud un numéro de téléphone se ballade sur la route. Au hasard des vents de camion...
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