Voilà*, tu es retournée dans ton atelier*, tu as ressorti tes pinceaux, tu t'es souvenu de ton savoir-faire*, en préparant le bouquet* composé de la délicate huile dillet alliée à celle de lin et broyé les pigments. Sur la toile en vis-à-vis*, tes deux mains forment cette étrange équipe* ; elles tracent les lignes, mêlent les couleurs pour produire des images avec ce cachet* unique* qui leur appartient. Elles seules savent te protéger* des orages de colères, des pluies de larmes, des coups de foudre* où tu te brûles.
Vois, en un tour de main, née du néant, sortie de l'absence, la trace que tu peux suivre sans t'égarer.
Là, tu n'as plus besoin de tourner en rond pour affronter tes ombres, de t'emmêler les pieds en trébuchant sur les sentiers du souvenir, de parer aux coups du sort, de te décomposer en morceaux dissonants et de broyer du noir. Sur la toile nette et blanche se déforme cette envie de vie, de perdre la tête, de prendre tes jambes à ton cou, de courir à corps perdu ; par petites touches déliées.
Peut-être est-ce de nouveau ton tour d'avoir à te lier jusqu'au bout à cette quête, à cette course aux trésors cachés, où revient par à coups ce désir fou d'un roi protecteur, malgré les échecs ; mais aujourd'hui tu n'as plus d'avis, tu ne vises pas plus loin que le bout de ce fond uni et mat, tu étales la peinture doucement comme une caresse.
Et qui peut dire comment cela tournera, qui peut savoir ce qui en sortira, et qu'est-ce que cela peut faire?
Toi, tu n'en sais rien, tu ne dis mot et tu souris.
Et un peu de ziq : http://www.youtube.com/watch?v=iF8kJvgp0_Q
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