Chaque matin, je reprends le métier, le métier de vivre.
Car la nuit a fait son uvre, dispersé mes bouquets patiemment composés, troublé l'ordonnance précaire et fragile de l'instant de grâce.
Chaque matin, s'ouvre ainsi mon bel atelier.
Le savoir-faire n'y suffit pas puisqu'il s'agit de réaliser un tout neuf savoir-vivre, l'équilibre magique, unique d'un jour, d'un jour seul.
J'avance, j'avance, je danse, je balance sur la cime des jours, je m'endors dans l'abîme des nuits.
Je me rassure en chantonnant, j'étouffe ma peur, moi qui sais si mal me protéger, si peu m'épargner.
Un coup de dés n'abolit pas le hasard, un coup de foudre ne grave pas une destinée.
Certes, certes !
Mais voilà, j'ai du goût pour le romantisme noir : « Nosferatu », « Dracula », « Rebecca », « Freaks », les vampires, succubes et incubes, les fantômes et les monstres.
Vis-à-vis de Dante, « Monk » Lewis, Baudelaire, Edgar Allan Poe, Gustav Klimt, Egon Schiele et ses « Maisons en arc à Krumau », je n'émets aucune réserve, j'adhère comme cachet à la lettre.
L' Éros et Thanatos, le duo duel, cette farouche équipe, sauvage équipée entre ombre et lumière, passion frisson vertige, forment ma matière, ma manière d'être au monde.
Je ne hais rien davantage que l'ennui sans saveur au palais, l'imaginaire sans envergure ni démesure.
Je réclame l'éclat et le fracas, l'éblouissement et la ferveur, les rires en cascades, l'émotion de la Beauté enfin envisagée, dévisagée, la fulgurance.
C'est dit!
Quelques uns comprendront cette exigence que je m'applique comme je l'applique à ceux qui m'entourent.
D'autres moquerons mon caractère entier. Je les plains.
C'est mon portrait que j'ai tenté de brosser. C'est moi.
Prenez-moi ou ne me prenez-pas !
V.V
"La Bataille des 10 Mots" :
Atelier, bouquet, savoir-faire, unique, protéger, coup de foudre, voilà, vis-à-vis, cachet, équipe.
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