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les 10 mots du printemps 2013 par Touslesbato

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20 mars 2013, voilà c’est le jour du printemps. Le printemps ? Cette année il se fait sacrément désirer. A moins que ce ne soit l’hiver qui s’étire, frileux dans ses draps blancs, quatre fois il nous les a servis tout frais et neigeux. Les premières fois, c’est le ravissement mais quand ça recommence en mars, ça fait comme une répétition un peu trop poussée, on a envie de s’écrier : stop, sors de la scène, tu as (bien) fait ton job, au suivant ! Il a bien du mal à s’exprimer le suivant. D’habitude à la même époque, les saules sont déjà d’un vert tendre, les buissons de camélias nous déversent leurs immenses fleurs rouge framboise à foison et les magnolias s’éclatent dans une symphonie de blanc et de rose à faire pâlir le plus cul cul des metteurs en scène ; cette année : nada. Quelques pensées rescapées de l’hiver, des crocus chétifs et des perces-neiges vaillantes comme d’habitude mais il manque ce jaune vif des jonquilles et des tulipes fraiches, il n’y a que le décoloré des jacinthes maladives qui apparait entre des feuillages fatigués qui tombent déjà sur le sol. Alors oui, je sais qu’il est là, en souterrain. Le froid l’a retardé et le retardera peut-être encore (pourvu que non !) mais il va éclater bientôt. Les bourgeons du camélia sont prêts à exploser, ceux du magnolia m’inquiètent un peu, je les trouve au contraire pas assez gros mais hier j’ai entraperçu cette lueur jaune orangée si familière sur les branches des saules, cette lueur prémisse des pousses vert jaune, à la limite du fluo qui vont grimper sur ses fines lianes, oh j’ai hâte, j’ai hâte… J’ai pourtant confiance depuis le temps. C’est qu’il a du savoir-faire le printemps : mine de rien, les saisons c’est aussi du travail en équipe. Car il faut savoir passer le relais. Savoir doser le froid, savoir faire hiberner la plante en surface tandis qu’en dessous sous la neige et le froid, les racines s’allongent et cherchent leur vitalité loin dans la terre, dehors recroqueviller ses feuilles et ses pétales pour les protéger du gel et des grêlons, faire le gros dos, tandis qu’en dessous le bulbe petit à petit pointe de plus en plus vers la surface, vers la lumière ! N’en doutons pas, tout est prêt et il va venir. Le bouquet, les bouquets du printemps vont être au rendez-vous des ravissements promis. Alors certes, quelques floraisons seront peut-être compromises ou moins éblouissantes que l’année dernière, l’hiver ayant témoigné d’un zèle un peu excessif mais le printemps a plus d’un tour dans son sac. Et plus d’un mois pour se faire beau. Chaque printemps est unique. Ni tout à fait le même, ni tout à fait un autre. Des couleurs retrouvées, le jaune, le vert, le blanc, le rose mais des nuances différentes, comme un concerto de Beethoven chaque année renouvelé, une explosion vaillante et tonique qui vous optimise ou un andante tendre et qui vous serre le cœur de tant de douceurs chuchotées. Cette année je sens que c’est l’andante du 5e concerto de l’empereur qui accompagnera la floraison. Tout ce retard, toute cette lenteur, c’est sur la corde, c’est une envie irrépressible de plus en plus difficile à contenir, ça va s’échapper, ça va couler et ce sera comme un volcan tranquille qui laissera échapper des larmes de lave non explosives, des petites touches impressionnistes qui vont réenchanter le monde, l’hiver a rosi nos joues, le printemps va rosir les lèvres des fleurs et les colorer tendrement sans en faire des tonnes. Comme une évidence de douceur et de quiétude… pas de fracas, pas de tonnerre, la simple envie de vivre et de renaître, d’ouvrir les yeux et les pétales à la lumière, d’étirer ses membres et ses feuilles vers le ciel, de croire encore à la vitalité revenue et à la renaissance d’une nouvelle année. Que ce printemps soit accompagné de deuil ou de grandes joies, de déceptions ou d’amour rencontré, qu’importe. Il est là, c’est ce qui importe. Chaque année, le coup de foudre réinventé pour cette saison magnifique, qui n’en finit pas de recréer la nature et de nous redonner la foi en la vie. Moins de cachet que l’austère hiver, quand il se pare de blanc lumineux mais plus de retenue que l’automne à ses débuts qui nous en met plein la vue pour ensuite se rétracter dans le vent et la pluie. Et tellement plus de fragilité et de gaieté légère dans ses éphémères floraisons que l’été foisonnant et chaleureux qui peut être parfois trop oppressant. Voire carrément insupportable quand il nous fait le coup de la sécheresse. Alors peu à peu, on pourra à nouveau se promener par les chemins dans l’atelier de la nature et retrouver les sensations qui n’appartiennent qu’au printemps, car en cette saison c’est autant les yeux que les narines qui frémissent, ici quand on se penche sur la terre humide, cette odeur de jacinthe bleuie, et bientôt ces grappes de lilas mauve, et là ce jasmin faussement innocent et capiteux, et cette affolante glycine et puis fin mai, le roi des fleurs odorantes celui qui nous badigeonne de son sucré affriolant, ce seringa qui ne paye pas de mine comme ce printemps encore trop emmitouflé mais qui va nous emporter dans son effluve. Le printemps c’est aussi probablement la saison la plus bruyante de toutes. Des bruits oui mais qui mettent en joie. Les oreilles ne savent plus où donner de la tête, c’est la saison de la renaissance des concerts de la nature, et cette année vis-à-vis des sons, on peut dire que le festival printanier a déjà commencé. Le pépiement des oiseaux très tôt le matin, le jour va pointer dans un instant, ça réveille trop tôt mais quelle bonheur de l’entendre c’est le signe que ça a démarré, le crépitement de la grêle de mars, oh pourvu qu’elle ne soit pas trop ardente…. Et ces gros nuages noirs qui s’amoncellent à l’ouest alors qu’à l’opposé le soleil illumine les troncs et les branches des arbres, les oiseaux se tairont d’un coup en attendant de reprendre en chœur une fois la bourrasque passée. Pas encore le bruit des feuilles affolées par le vent car les feuilles ne sont pas encore là mais elles viendront elles aussi et ça bruissera encore plus. Au fait, quel jour sommes-nous ? Ah oui, le 20 mars, c’est confirmé le printemps est bien arrivé et la bonne nouvelle, c’est que ça va durer un bon bout de temps… Profitons-en !

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